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La figure 4.3 montre une carte de la population des systèmes convectifs rencontrés pour l’en- semble de la période 2002-2004 juin-juillet-août-septembre (JJAS), avec en correspondance une carte des précipitations issue de GPCP (Global Precipitation Climatology Project)(Huffman et al. [1997]). La couverture nuageuse associée aux MCS est accumulée pour l’ensemble des saisons et pour chaque point de grille, puis est normalisée de manière à être exprimée en heure par mois. Par exemple, une valeur de 160 observée pour un point de grille de la baie du Bengale indique que

la couverture nuageuse associée aux MCS a été observée 160 heures en moyenne par mois. Cette couverture nuage haut moyenne est illustrée figure 4.3-b.

FIGURE4.3 – a- Précipitations issues de GPCP en mm/jour pour la période 2002-

2004 JJAS ; b- Population des clusters convectifs pour la période 2002-2004 JJAS ; c- Couverture nuage haut exprimée en h/mois pour la période 2002-2004 JJAS ; d- Orographie pour la zone d’étude ; point de grille de 2,5˚.

Les résultats présentés ici sont en adéquation avec les précédents atlas de MCS, basés sur des définitions de MCS, des algorithmes de suivi, et des observations satellitaires différentes, qu’ils soient issues d’études locales (Tomasini et al. [2006], Fiolleau et al. [2009]), ou globales (Mohr et Zipser [1996], Liu et al. [2008]). On peut noter que le maximum d’occurrence des MCS correspond généralement avec les maximums de précipitation. Au-dessus de l’Atlantique, une structure zonale et homogène s’étend de la côte guinéenne jusqu’à la longitude 40˚W (Machado et al. [1992]). Pour ce qui concerne la région indienne, trois comportements bien connus peuvent être observés dans ces cartes :

– le maximum local sur le flanc Ouest du Ghats,

– la présence d’un grand nombre de MCS sur la côte Est de la baie du Bengale (Zuidema

[2003])

– la présence d’une large région structurée principalement de manière zonale et correspondant

à la Zone de Convergence Inter-Tropicale (ZCIT) (Roca et Ramanathan [2000]) dans l’océan Indien.

Sur les continents, les distributions de MCS et de la pluie montrent des caractéristiques clas- siques de la mousson. Les précipitations d’Afrique de l’Ouest et les systèmes convectifs ne dé- passent pas 17,5˚N, mais s’étendent plus au Nord et atteignent l’Himalaya jusqu’aux environs de 27,5˚N dans la région indienne. Le lien fort qui existe entre l’orographie et la présence de MCS est aussi bien observé avec des maximas locaux sur les montagnes guinéennes, le mont Cameroun et le plateau éthiopien pour l’Afrique de l’Ouest. Seuls quelques systèmes sont observés à l’Est de la vallée du grand Rift (Jackson et al. [2009]) qui constitue une barrière naturelle entre le bassin indien et ouest africain. En ce qui concerne la région de mousson indienne, on retrouve une popula- tion importante de MCS dans la région appelée "maritime continent" proche de Bornéo (Williams et Houze [1987]), avec une occurrence similaire à ce qu’on peut trouver dans la péninsule indo- chinoise. Les cartes révèlent également que le maximum local de couverture nuageuse observé sur le côté Est de la baie du Bengale apparaît comme étant le maximum global sur l’ensemble de la région d’étude.

La figure 4.4 illustre la distribution de la population des MCS en fonction de leur durée de vie. Le mode de la distribution est de 5 h, et bien que les systèmes plus longs que 36h soient rares (moins de 100 sur l’ensemble de la région et de la période d’étude), les MCS peuvent atteindre des durées de vie supérieures à 50 h.

La figure 4.5 montre une fonction de distribution cumulée de la couverture nuage froid des MCS en fonction de leur durée de vie. Tandis que les systèmes de courte durée de vie dominent les statistiques en terme de population, leur contribution en terme de couverture nuageuse est faible. Par exemple, les systèmes de durée de vie inférieure à 10 h contribuent jusqu’à 80% à la population totale, mais seulement 30% en terme de couverture nuage haut. De même, les systèmes durant plus de 24 h représentent 5% de la couverture nuageuse alors qu’ils comptent peu en terme de population.

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44 46 48 50 Lifetime [h] 100 101 102 103 104 105 Population demi-vie: 9.00H max lifetime: 58.50H

FIGURE4.4 – Distribution de la durée de vie de l’ensemble des MCS pour l’ensemble

de la région d’étude. 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44 46 48 50 LifeTime [h] 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 integrated population MCS population

MCS population weighted by their integrated area

FIGURE 4.5 – Distribution cumulée et normalisée de la population des MCS (trait

plein) en fonction de leur durée de vie pour l’ensemble de la région d’étude ; en fonction de la population des MCS pondérée par leur surface cumulée le long de leur cycle de vie (trait pointillé).

Ces résultats confirment les précédentes études sur la dépendance d’échelle des systèmes convectifs (Machado et al. [1992], Gambheer et Bhat [2000]). Ils montrent également que les systèmes de très longue durée de vie (150 h) segmentés par les algorithmes de suivi habituelle- ment utilisés, ne sont pas identifiés par l’algorithme de suivi TOOCAN. Comme on a pu voir dans le chapitre précédent, la longue durée de vie de des systèmes peut être due aux techniques de dé- tection par simple seuil en température de brillance, aux techniques de suivi par recouvrement, et aux observations géostationnaires de résolution temporelle de 3 h.

Les statistiques de taille maximum atteinte par les MCS durant leur cycle de vie sont illustrées figure 4.6. La distribution montre que les clusters convectifs présentent un large spectre de taille

de 103km2 jusqu’à un million de km2. Une population similaire est observée pour un intervalle

103 104 105 106 SIZE max [km2] 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 integrated Population Average Smax: 19757km2 Median Smax: 9513km2

FIGURE4.6 – Distribution cumulée et normalisée de la population des MCS en fonc-

tion de leur taille maximum pour l’ensemble de la région d’étude.

de MCS atteignant une surface supérieure à 105km2décroît fortement avec la taille. Ainsi, 50% de

la couverture nuage froid est associée à des systèmes atteignant une taille maximum de 104km2.

L’autre moitié est expliquée par les systèmes possédant une taille maximum jusqu’à 105km2.

Les plus gros mais très rares systèmes dépassant cette taille de 105km2 contribuent à 5% de la

couverture nuageuse totale.

Total Océanique Continental

Population couverture

nuage haut Population

couverture

nuage haut Population

couverture nuage haut classe 1 24% 1,5% 23% 1,5% 26% 2% classe 2 76% 98,5% 77% 98,5% 74% 98% classe 2a 76% 77% 75% 76% 77% 79% classe 2b 24% 23% 25% 24% 23% 21%

TABLEAU4.2 – Fraction de la population et de la couverture nuage haut pour chaque

classe de systèmes exprimée en % ; les classes 2a et 2b sont relatives à la classe 2.

La contribution relative de chaque classe de MCS à la population totale et à la couverture nuage haut totale est présentée dans le tableau 4.2 pour la région globale, sa partie continentale et sa partie océanique. Avant tout, on peut observer que la classe 1 ne contribue qu’à 1,5% de la couverture nuage haut totale alors qu’elle représente 24% des systèmes convectifs. La classe 2 contribue au reste de la population et de la couverture nuageuse totale avec 76% et 98,5% respectivement. La classe 2b explique environ 24% de la population de la classe 2a et de la couverture nuageuse tandis que la classe 2a domine la population des MCS en terme de nombre et de couverture nuageuse.

Les cartes présentées figures 4.7 et 4.8 représentent la contribution relative des classes 1, 2a et 2b à la population totale et à la couverture nuage haut totale respectivement pour des points de grille de 2,5˚. En ce qui concerne la classe 1, on peut observer que la contribution des MCS à la population totale ne dépasse jamais 30%. On peut cependant observer quelques particulari- tés régionales : dans la région de l’océan Atlantique, la contribution de MCS de la classe 1 à la

population totale est au maximum de 10% pour une grande majorité des points de grille, alors que pour la région ouest africaine, cette contribution est comprise dans un intervalle [10%-30%]. En revanche, pour l’ensemble de la région d’étude, la contribution de la classe 1 à la couverture nuage haut est inférieure à 5% (figure 4.8), à l’exception de quelques points de grilles. En ce qui concerne la classe 2a, on peut noter que la contribution en terme de population est plus importante dans la région africaine que dans la région indienne. Dans l’océan indien, cette contribution à la population totale est comprise dans un intervalle [60%-70%], alors que dans l’océan Atlantique elle correspond à un intervalle [65%-70%]. La contribution relative à la couverture nuage haut de la classe 2a est plus forte sur les continents que sur les océans de l’ordre de 5 à 10%.

FIGURE 4.7 – Contribution des classes 1, 2a et 2b à la population totale des MCS

pour des points de grille de 2,5˚, exprimées en pourcentage de la population totale.

En résumé, les statistiques obtenues en utilisant ce nouvel algorithme de suivi confirment les principales caractéristiques des systèmes convectifs de mousson déjà connues mais permettent de mettre en évidence les particularités sur le cycle de vie des MCS. Ainsi, il est montré qu’une seule classe basée sur une définition simple domine la population des MCS dans les régions de mousson. Cette catégorie est analysée plus en détail dans les paragraphes suivants.

FIGURE4.8 – Contribution des classes 1, 2a et 2b à la couverture nuage haut totale pour des points de grille de 2,5˚ exprimée en pourcentage de la couverture nuage haut totale.