III. Résultats 2. Place du médecin généraliste parmi les sources d’information sur la santé 2.1. Résultats des études qualitatives Les sources d’information des adolescents sur la sexualité, la contraception et les IST étaient abordées par huit études qualitatives constituant une population mixte d’adolescents filles et garçons. (6–13) Les sources d’information des adolescentes filles étaient abordées plus spécifiquement concernant la sexualité par deux études (16,19) et concernant la contraception par six études (14–19). Les adolescents garçons et leurs sources d’information sur la sexualité étaient analysés par une étude (20). 2.1.1. Sources d’information et personnes ressources Au sujet de la sexualité, les sources d’information mentionnées par les adolescents filles et garçons étaient Internet avec les sites et les forums, les médias avec la télévision, la radio et la presse magazine, les établissements scolaires avec les séances d’éducation à la sexualité au collège et les cours de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre), les livres éducatifs, les brochures, les campagnes publicitaires et campagnes de prévention, les films pornographiques et les Les personnes ressources identifiées par les adolescents filles et garçons sur la sexualité étaient les ami(e)s et les pairs, la famille avec la fratrie et les parents, en particulier les mères, le ou la petit(e) ami(e) et les adultes du collège ou du lycée notamment les IDE scolaires et les professeurs. Les mentions des professionnels de santé en dehors des établissements scolaires correspondaient aux médecins généralistes, aux gynécologues, aux personnels des CPEF, aux pharmaciens et aux assistants sociaux. (6–20) Sur la contraception, les adolescents filles et garçons ajoutaient la pharmacie spécifiquement pour la contraception d’urgence (13) et le pédiatre (9). Les autres sources évoquées étaient identiques à celles se rapportant à la sexualité. (6,8,9) Les études s’intéressant uniquement aux adolescentes filles ne faisaient pas apparaitre de nouvelles sources ou ressources d’information sur la sexualité. (14– 19) Concernant la contraception, en plus des ressources déjà citées ci-dessus, les adolescentes filles ajoutaient les numéros de téléphone dédiés et la sage-femme. (14,15,17–19) L’étude qualitative portant spécifiquement sur les adolescents garçons n’identifiait aucune nouvelle source non encore évoquée. (20) 2.1.2. Détail des sources et des personnes ressources 2.1.2.1. L’entourage Pour les adolescents, les pairs et amis choisis étaient ceux de confiance et crédibles, en particulier les plus âgés avec un début d’expérience. Les conversations sur la sexualité étaient considérées comme assez rares entre les plus jeunes. Certains adolescents considéraient que le groupe pouvait représenter une pression et pousser à se vanter ou à fabuler. Certains adolescents garçons disaient se confier préférentiellement aux pairs du même sexe ; d’autres abordaient le sujet avec leurs amis quel que soit leur genre. Les adolescents disaient utiliser l’humour pour dédramatiser le sujet. (10,11,13,20) Le rôle du ou de la petit(e) ami(e) était cité mais peu développé. (7,15,20) Les adolescents estimaient que la famille (hors parents) leur permettrait une parole libre et sans jugement idéale pour évoquer la vie privée, en particulier la fratrie. Les grands-parents, parrains et marraines étaient aussi évoqués en fonction de l’histoire familiale de chacun. (7,10–13,15–17) Concernant les parents, ils étaient perçus comme disponibles ou réticents sur le sujet. La mère était citée préférentiellement, surtout par les filles et aussi par certains garçons, tout comme le parent du même genre. La discussion était décrite comme moins naturelle qu’avec les pairs et pouvait s’initier à leur demande ou à celle des parents. Les adolescents disaient s’en tenir aux généralités comme l’anatomie et la physiologie, sauf en cas de problème ou de sensation de gravité d’un élément. Certains adolescents n’envisageaient pas de discuter de sexualité avec leurs parents par peur d’un discours moralisateur ou inquisiteur, certains ne l’envisageraient que d’une façon indirecte et l’ouverture exprimée antérieurement sur le sujet favoriserait l’abord de ces sujets. Certains adolescents ressentaient et exprimaient parfois des interdits familiaux sur la sexualité. (7,10–13,15–17) 2.1.2.2. Internet Internet était vu par les adolescents comme la source illimitée et immédiate avec une liberté d’expression anonyme, la machine enlevant d’après leurs dires la gêne ou la peur du jugement ; Internet était vu comme une source d’information initiale et un outil de vérification pour lequel certains adolescents exprimaient leurs doutes quant à sa fiabilité variable. Certains adolescents affirmaient que l’anonymat pouvait être source de non fiabilité ; ils vérifiaient avec Internet les informations reçues dans le quotidien et/ou recoupaient les sites Internet entre eux. Des sites Internet et des forums étaient utilisés. Internet était aussi vu par quelques adolescents comme un outil de séduction avec les réseaux sociaux et un moyen d’exhiber son corps. (7,8,10–13,16,17,20) Certains adolescents, filles et garçons, avaient été confrontés à la pornographie en particulier via Internet. Elle constituait une source d’échange social par le conseil et le partage d’adresses de sites Internet. Les garçons disaient la voir comme une source de plaisir sexuel ; les filles exprimaient une sensation de honte et d’incompréhension. Au sujet la pornographie, certains adolescents disaient plus ou moins explicitement avoir conscience de la distance entre la mise en scène fictive et la réalité des relations sexuelles. (12,13) 2.1.2.3. Les médias La télévision était évoquée mais considérée comme peu intéressante sur le sujet. Elle était parfois considérée comme une source d’information sur les violences sexuelles avec les journaux télévisés. Les campagnes de prévention, notamment sur les préservatifs, pouvaient être considérées comme embarrassantes voire jugées omniprésentes. (12) La radio n’était pas considérée comme une source importante par les adolescents car la sexualité y était ressentie comme peu évoquée ou tard le soir. (12) Les livres étaient évoqués qu’ils soient pornographiques ou non. L’exemple du Kâma-Sûtra était cité en particulier. (12) La presse écrite était évoquée principalement au travers des revues pornographiques. Les magazines et la presse écrite n’étaient pas spontanément évoqués dans les études qualitatives. (12) 2.1.2.4. Les établissements scolaires Le collège et le lycée étaient perçus par certains adolescents comme le lieu où les bases communes des connaissances sur la sexualité leur étaient enseignées. Ils le définissaient comme un lieu d’information, d’échanges entre pairs et de premier recours avec les IDE scolaires. (20) Les séances d’éducation à la santé sexuelle reçues au collège étaient décrites par les adolescents comme permettant d’exprimer leurs questionnements et utiles pour savoir quoi faire en cas de problème ; des adolescents pointaient l’âge de l’intervenant parfois trop éloigné du leur, la présence du professeur et celle des autres élèves qui pouvaient freiner leur expression dans sa forme ou son contenu. En outre, l’absence de répétition de ces séances dans le temps favoriserait d’après certains adolescents un oubli progressif des informations reçues. (10–12) Les professeurs étaient en général envisagés pour une conversation individuelle après que les séances d’éducation à la santé sexuelle aient eu lieu. (10,11) Les IDE scolaires étaient décrites comme crédibles bien que peu disponibles et sollicitées principalement en cas de problème (prévention secondaire). Leur rôle de délivrance de la contraception d’urgence était évoqué par quelques adolescents. (11–13) 2.1.2.5. Les structures institutionnelles Les CPEF étaient évoqués comme une référence pour les informations d’un accès facile et adapté en cas de difficulté ou de problème sur la sexualité. La confidentialité y était possible pour évoquer les sujets intimes ; leur existence ne semblait pas connue de tous les adolescents. La rapidité de la prise des rendez-vous et la gratuité de ceux-ci étaient appréciées par certaines adolescentes filles. Les CPEF pouvaient cependant être considérés comme des lieux pour « filles à problèmes » (14). La connaissance de leur existence était parfois décrite comme étant amenée par les pairs pour la contraception en général et pour la contraception d’urgence dans une moindre mesure. (6,11,13,14,17) Les numéros de téléphone dédiés étaient cités par les adolescentes filles pour leurs questions sur la contraception. (17,19) 2.1.2.6. Les professionnels de santé en dehors des établissements scolaires Le médecin généraliste était peu évoqué spontanément sur le thème de la sexualité mais décrit comme crédible et compétent (17). Il constituait à la fois une source d’information fiable et une aide potentielle sur les plans thérapeutique et de prévention secondaire. Son rôle préventif et éducatif était reconnu par les adolescents sur la sexualité (10–12) et sur la contraception (9,18). Certaines filles préféraient parler de sexualité avec leur médecin généraliste plutôt qu’avec leur gynécologue (16). Le gynécologue était identifié et perçu comme le spécialiste de l’information et de la prescription de la contraception. (9,18) Le rôle du pédiatre est évoqué mais non développé par les adolescents. (9) Les pharmaciens étaient mentionnés pour leur rôle dans la délivrance de la contraception d’urgence ; la gratuité éventuelle de celle-ci n’était pas connue de tous les adolescents. (13) La sage-femme était évoquée spontanément dans une seule étude réalisée dans un CPEF par une interne en médecine. (18) Enfin, un sentiment de saturation d’informations était exprimé par certains adolescents dans quelques études. (10,18) Dans le document Revue systématique de la littérature sur la place du médecin généraliste dans l’éducation à la sexualité et à la santé sexuelle des adolescents en France (Page 30-37)