Le problème à résoudre est maintenant le problème de Neumann tridimensionnel :
∆
yχ
i=0 dans Ω
gpour i=1,2,3
∂ χi ∂y.n=−n
isur Γ
gs ∂ χi ∂y.n=−n
isur Γ
gl<χ
i>
Ωg=0
χ
iest priodique surΓ
gg(5.14)
Le vecteur localχ est tridimensionnel, ses trois composantesχ1,χ2etχ3dépendent a priori
dey1,y2ety3. Le tenseur de diffusion de vapeur d’eau homogénéiséD
homvest toujours donné
par :
où le tenseur de tortuosité τ est calculé d’après (5.10). Le tenseur de diffusion de vapeur
d’eau homogénéisé dans le cas tridimensionnel s’écrit de manière générale :
D
homv=
D
hom11D
hom12D
hom13D
hom21D
hom22D
hom23D
hom31D
hom32D
hom33
(5.16)
Les cellules élémentaires qui seront étudiées dans cette section étant symétriques, le tenseur
de diffusion de vapeur d’eau homogénéisé sera isotrope. Il s’écriraD
homv
=D
homvI où D
homvdésigne le coefficient de diffusion de vapeur d’eau homogénéisé qui sera calculé
numérique-ment.
5.6.1 Inclusion cubique
Nous commençons par étudier une cellule élémentaire simple. Considérons la cellule
élé-mentaire de la Fig.5.14(a) engendrant la microstructure périodique représentée sur la figure
5.14(b). La taille de la cellule élémentaire est un cube de côté 1. L’inclusion cubique de coté
(a) Cellule elementaire contenant une inclusion cubique (b) Microstructure périodique associée
F
IGURE5.14 – Inclusion cubique considérée
a, située au centre de la cellule élémentaire, représente la phase solide Ω
s. Comme en 2D,
on suppose ici que le liquide mouille l’inclusion solideΩ
sde façon aléatoire, en y déposant
un film très mince (domaineΩ
l) dont l’épaisseur sera négligée dans la résolution numérique
du problème (5.14). Cette hypothèse se justifie pour le régime hygroscopique étudié, compte
tenu des faibles teneurs en eau mises en jeu.
Pour chaque type de béton (C15,C22, BHPA1 et A2), la taille a de l’inclusion solide
est déterminée de façon à respecter la teneur en gaz donnée choisie pour la comparaison. Le
coefficient de diffusion de vapeur d’eau homogénéisé relatif associé est calculé par (5.15)
après résolution numérique du problème (5.14). Les paramètres de la simulation numérique
(teneur en gazθ
g, taille de l’inclusiona), et les résultats obtenus (coefficients de diffusion de
vapeur d’eau homogénéisés) sont présentés dans le tableau (5.11).
Type de béton C15 (HR=33%) C22 (HR=12%) BHP A1 (HR=12%) BHP A2 (HR=12%)
a 0.95 0.9525 0.9605 0.9562
θ
g0.143 0.136 0.114 0.126
ε
p0.15 0.14 0.12 0.13
D
expθ(10
−10m
2.s
−1) 0.771 1.03 0.17 0.15
D
homθ(10
−10m
2.s
−1) 17.075 16.33 4.9≤D
homθ≤6.3 4.6≤D
homθ≤5.5
DhomθDexpθ
23 15 28≤
DhomθDexpθ
≤37 30≤
Dhomθ Dexpθ≤36
Tableau 5.11 – Comparaison entre coefficients de diffusion expérimentaux et théoriques pour
les bétonsC15,C22, BHPA1 etA2 (modèle d’inclusion cubique)
On observe un écart légèrement plus important entre valeurs théoriques et expérimentales
que dans le cas d’une inclusion carrée en 2D, pour les mêmes valeurs de la porosité et de
l’hu-midité relative. Cela peut s’expliquer par le fait qu’en dimension 2, pour les faibles porosités
considérées, on était à la limite de la percolation (les distances entre deux inclusions solides
étaient très faibles). Ainsi, la diffusion d’humidité pouvait se trouver freinée ou bloquée à
certains endroits, ce qui n’est pas le cas en 3D compte tenu de la topologie.
Par la suite, afin d’essayer d’approcher de façon plus pertinente la microstructure réelle
des matériaux cimentaires étudiés, nous allons considérer des cellules élémentaires
tridimen-sionnelles plus complexes, présentant une forte tortuosité et constrictivité.
5.6.2 Inclusion tridimensionnelle plus complexe
(a) Cellule elementaire plus complexe
(b) Microstructure périodique associéeF
IGURE5.15 – Modèle de microstructure périodique plus complexe considérée.
Considérons pour finir, une cellule élémentaire encore plus complexe géométriquement
que les précédentes, représentée sur la figure 5.15(a). Elle est constituée d’une sphère de
rayonr
csituée au centre de la cellule élémentaire, de huitièmes de sphères de rayonr
ssitués
aux sommets, et de quarts de sphères de même rayon r
ssitués aux milieux des arrêtes des
côtés. Les rayons des sphères r
cet r
ssont choisis de façon adéquate en suivant la même
démarche que précédemment, afin de s’approcher au mieux des données (porosité et humidité
relative des matériaux). On obtient les résultats numériques présentés dans le tableau (5.12).
Nous constatons que l’on obtient des valeurs de
DhomθDexpθ
qui sont plus proches des valeurs
expérimentales que dans le cas d’une cellule contenant une inclusion cubique 3D. L’écart
existant encore entre les valeurs théoriques et expérimentales peut s’expliquer entre autres
par le phénomène d’emprisonnement de l’air qui n’est pas pris en compte par notre modèle
et qui réduit la cinétique du transfert hydrique.
Type de béton C15 (HR=33%) C22 (HR=12%) BHP A1 (HR=12%) BHP A2 (HR=12%)
r
s0.36 0.36 0.36 0.36
r
c0.3805 0.386 0.403 0.3935
θ
g0.143 0.136 0.114 0.126
ε
p0.15 0.14 0.12 0.13
D
expθ(10
−10m
2.s
−1) 0.771 1.03 0.17 0.15
D
homθ(10
−10m
2.s
−1) 11.2 9.43 2.7≤D
homθ≤6.4 2.59≤D
homθ≤3.09
DhomθDexpθ
14 9 15≤
DhomθDexpθ
≤20 17≤
Dhomθ Dexpθ≤20
Tableau 5.12 – Comparaison entre coefficients de diffusion expérimentaux et théoriques pour
les bétonsC15,C22, BHPA1 etA2 (microstructure périodique 3D complexe)
5.6.3 Analyse et discussion
La comparaison effectuée à la section5.4entre la valeur du coefficient de diffusion
hy-drique théorique obtenue à partir d’une modélisation simple de pores cylinhy-drique infinis,
et la valeur obtenue par détermination expérimentale au laboratoire, a montré un écart
im-portant entre expérience et théorie. Cet écart imim-portant était dû au modèle très simple de
pores cylindriques considéré, où aucune tortuosité ni constrictivité géométrique n’était prise
en compte. Par la suite, nous avons considéré des cellules élémentaires bidimensionnelles
et tridimensionnelles plus complexes géométriquement, présentant une certaine tortuosité et
constrictivité. Le calcul du coefficient de diffusion homogénéisé n’a été possible que
numé-riquement en utilisant le logiciel Comsol Multiphysics. La dernière cellule élémentaire
tridi-mensionnelle considérée dans la section5.6.2était la plus réaliste en terme de représentativité
géométrique du matériau cimentaire réel d’une part, et d’autre part permettrait d’obtenir des
porosités faibles (de l’ordre de celles correspondant aux matériaux réels étudiés), ainsi qu’une
tortuosité et une constrictivité importante (géométrie complexe).
Cependant, les résultats obtenus sur ces cellules élémentaires bidimensionnelles et
tridi-mensionnelle, montrent que la complexité géométrique de la microstructure du milieu poreux
(avec une forte tortuosité et constructivité) est un paramètre important, mais pas suffisant pour
retrouver les valeurs expérimentales du coefficient de diffusion hydriqueD
expθ.
Même dans le cas où les valeurs théoriques et expérimentales restent assez éloignées, on
remarque la même tendance générale pour les résultats obtenus. Les valeurs de D
homθpour
le bétonC22 sont toujours inférieures à celles obtenus pour le bétonC15, qui elle-mêmes
sont du même ordre de grandeur (correspondant au minimum obtenu) pour les bétons BHP.
Cette tendance générale peut s’expliquer par le fait que le phénomène d’emprisonnement
de l’air, qui réduit la cinétique de transfert, n’est pas prise en compte dans notre modèle.
Or, les bétonsC15, BHPA1 et BHPA2 présentent une distribution de porosité polymodale
traduisant leur faible micro-porosité (voir Figs.5.1et5.2). Comme l’eau commence à
occu-per par condensation les petits pores, même pour une d’humidité relative assez faible, l’air
emprisonné s’oppose à la saturation, ce qui explique un rapport assez élevé de
DhomθDepxθ
pour ces
bétons. Par contre, le bétonC22, qui présente une distribution monomodale de taille de pores,
contient beaucoup moins de petit pores que les autres bétons, ce qui rend l’emprissonnement
de l’air moins important, et par conséquence le rapport
DhomθDepxθ