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Résistances liées à l’espèce :

Diagnostic Clinique

Figure 21: Colonies d'Ureaplasma spp. [210]

1.1.6. Résistances naturelles et antibiotiques actifs

1.1.6.2. Résistances liées à l’espèce :

Cette résistance naturelle concerne essentiellement le groupe macrolides Lincosamides-Streptogramines-Kétolides (MLSK). Parmi les mycoplasmes humains, M.pneumoniae et

Mycoplasma génitalium sont naturellement sensibles à tous les MLSK, excepté la

lincomycine qui présente une activité modeste sur ces deux espèces [222].

Ureaplasma urealyticum est sensible aux macrolides, Kétolides, Streptogramines mais résiste

aux lincosamines. A l’inverse, Mycoplasma hominis résiste aux macrolides ayant un cycle à 14 et 15 chainons. Il est sensible à certains macrolides à 16 chainons et aux lincosamides mais non à la spiramycine; autre macrolide à 16 chainons. Le profil est proche de celui trouvé chez

Mycoplasma fermentans. Parmi les Kétolides, Mycoplasma hominis est résistant à la

télithromycine mais sensible à la céthromycine [222]. 1.1.7. Résistances acquises

Trois mécanismes de résistances acquises sont connus chez les bactéries : altération de la cible de l’antibiotique, modification enzymatique de celui-ci ou absence d’accumulation par baisse de la perméabilité ou efflux actif.

Seuls des altérations de cible et mécanismes d’efflux ont été décrits chez les mycoplasmes. [219] La résistance peut être acquise par mutation ou transfert de gènes [216]. Les mycoplasmes se caractérisent par des taux de mutation élevés. L’étude de plusieurs génomes de mycoplasmes séquencés a montré la faible quantité d’information génétique dédiée au système de réparation de l’ADN [216]. Ce mécanisme de résistance concerne toutes les classes d’antibiotiques utilisées pour le traitement des infections à mycoplasmes.

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Peu d’études sur la résistance in vitro et in vivo des mycoplasmes aux antibiotiques étaient disponibles jusqu’à il y a peu de temps. Des résistances acquises aux trois classes d’antibiotiques utilisées sont décrites pour Mycoplasma hominis et Ureaplasma urealyticum.

Mycoplasma pneumoniae et Mycoplasma genitalium restent très sensibles aux antibiotiques.

Cependant, certaines souches de Mycoplasma pneumoniae ayant acquis in vivo une résistance aux macrolides et in vitro une résistance aux trois classes d’antibiotiques, ont été décrites [223]. Par ailleurs, comme ces deux espèces sont difficiles à isoler, le nombre d’isolats cliniques étudiés est limité et la survenue de résistance acquise est mal documentée [216,223].

1.1.7. 1.Tétracyclines

La résistance acquise aux tétracyclines est connue depuis longtemps chez Ureaplasma

urealyticum et Mycoplasma hominis, mais pas chez Mycoplasma pneumoniae.

Des souches du M.pneumoniae à sensibilité réduite aux tétracyclines (CMI ≤ 2 μg/ml) ont été obtenus en vitro en présence de concentrations croissantes de tétracyclines. Cette sensibilité réduite aux tétracyclines est liée aux mutations de la poche de liaison à la tétracycline de l'ARNr 16S [223].

Une résistance de haut niveau aux tétracyclines est associée à la présence du déterminant Tet(M). Chez les mycoplasmes, le déterminant est situé sur un transposon conjugatif, présent chez Mycoplasma hominis et Ureaplasma urealyticum, il est le seul déterminant de résistance aux antibiotiques acquis naturellement par les mycoplasmes humains. [216]. Les glycocyclines, telles que la tigecycline, restent actives contre les souches de Mycoplasma

hominis résistantes aux tétracyclines et porteuses du gène Tet(M), Ce n’est pas le cas pour les

souches d’Ureaplasma urealyticum. La protéine Tet(M) a une homologie avec les facteurs d’élongation EF-Tu (elongation factor thermo unstable) et EF-G (elongation factor G), et sa fixation sur le ribosome entrainerait un changement de conformation de celui-ci, empêchant la fixation de la tétracycline sans altérer la synthèse protéique. La fréquence de la résistance acquise des mycoplasmes génitaux aux tétracyclines, varie selon les pays et l’exposition des populations aux antibiotiques. Elle a été évaluée à environ 10% chez les patients vus à une consultation pour infections sexuellement transmissibles, au Royaume Uni [224] et moins de 5% en France. Néanmoins, ce taux augmente de façon significative en France, spécialement pour Mycoplasma hominis.

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1.1.7.2- Groupe MLSK

En général, les résistances acquises aux MLSK semblent encore rares chez M.pneumoniae 10.2217/FMB.11.18, Des cas de résistances ont été rapportés après traitement par les macrolides ou lincosamides, conduisant à un échec thérapeutique [216].

La résistance aux macrolides est émergée chez M.pneumoniae depuis 2000. En particulier au Japon et en Chine où 30 à 90% des isolats de M.pneumoniae sont résistants à l'érythromycine et à l'azithromycine. Cette émergence est également évidente dans les isolats au États-Unis et l'Europe. La résistance est due aux mutations de l'ARNr 23S, cible ribosomale des macrolides [223].

Un isolat clinique d’Ureaplasma urealyticum, résistant aux macrolides a été obtenu chez un patient présentant une urétrite traitée par érythromycine [216]. Une diminution de la fixation de l’antibiotique sur les ribosomes était observée mais le mécanisme moléculaire n’a pas été identifié. La fréquence de la résistance acquise aux macrolides dans les isolats cliniques de

Mycoplasma hominis et Ureaplasma urealyticum est connue mais, probablement très basse

[216].

1.1.7.3- Fluoroquinolones

La résistance acquise in vitro aux fluoroquinolones a été décrite seulement chez les mycoplasmes génitaux. La fréquence de cette résistance est là encore inconnue mais probablement basse, estimée à moins de 1% pour Ureaplasma urealyticum. Des isolats cliniques de Mycoplasma hominis et d’Ureaplasma urealyticum ont été obtenus chez des patients traités par des fluoroquinolones et dont la plupart était immunodéprimés. Une prise antérieure de fluoroquinolones était le plus souvent retrouvée. Des résultats comparables ont été obtenus par sélection in vitro de mutants résistants de M.hominis et M.pneumoniae en présence de différentes fluoroquinolones dont les plus récentes, levofloxacine, trovafloxacine, gatifloxacine, moxifloxacine et gémifloxacine. Les fréquences de mutation étaient plus basses pour les nouvelles fluoroquinolones que pour les plus anciennes comme l’ofloxacine ou la ciprofloxacine [216].

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Une étude plus récente étalée sur une période de 9 ans (2005–2014) montre une différence importante dans le taux de sensibilité à des différents antibiotiques, et le degré d'utilisation d'antibiotiques pourrait être une cause majeure. Bien que les fluoroquinolones soient théoriquement un traitement intéressant pour les infections à mycoplasmes, les résultats actuels ont montré que la plupart des souches de M. hominis étaient résistantes à la ciprofloxacine (taux de résistance de 40,0 à 83,6%) et à l’ofloxacine (taux de résistance de 47,1 à 86,2%) [225].

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Tableau VII : Ecart des CIM (microgramme / l) des différents antibiotiques

vis-à-vis des différents mycoplasmes [216]

Antibiotiques M.pneumoniae M.genitalium M.hominis Ureaplasma urealyticum. Tétracyclines, glycocyclines Tétracycline 0,25-0,63 0,06-0,12 0,2-2 0,05-2 Doxycycline 0,02-0,5 <0,01-0,3 0,03-2 0,02-1 Minocycline 0,06-0,5 <0,01-0,2 0,03-1 0,06-1 Tigecycline 0,06-0,5 ND 0,125-0,5 1-16 Groupe MSLK Erythromycine 0,004-0,06 <0,01 32-1000 0,02-4 Roxithromycine <0,01-0,03 <0,01 16-64 0,06-4 Clarithromycine <0,004-0,125 0,01-0,06 16-256 0,004-2 Azithromycine <0,004-0,01 0,01-0,03 4-64 0,06-0,5 Josamycine <0,01-0,02 0,01-0,02 0,05-2 0,03-4 Spiramycine <0,01-0,25 0,12-1 32-64 4-32 Midecamycine <0,015 ND 0,25 ND Clindamycine <0,008-2 0,2-1 0,008-2 0,2-64 Lincomycine 4-8 1-8 0,2-4 8-256 Pristinamycine 0,02-0,05 ND 0,1-0,5 0,1-1 Quinupristine 0,008-0,12 0,05 0,03-2 0,03-0,5 Telithromycine 0,0002-0,06 <0,015 2-32 0,015-0,25 Cethromycine 0,001-0,016 ND 0,008-0,031 0,008-0,031 Fluoroquinolones Pefloxacine 2 ND 1 1-8 Norfloxacine ND ND 4-16 4-16 Ciprofloxacine 0,5-2 2 0,5-4 0,1-4 Ofloxacine 0,05-2 1-2 0,5-4 0,2-4 Sparfloxacine 0,008-0,5 0,05-0,1 0,008-0,1 0,003-1 Lévofloxacine 0,5-1 0,5-1 0,008-0,5 0,12-2 Trovafloxacine 0,008-0,5 0,03-0,06 0,008-0,06 0,008-0,5 Galifloxacine 0,06-1 0,12 0,06-0,25 0,25-2 Moxifloxacine 0,06-0,3 0,03 0,06 0,12-0,5 Gemifloxacine 0,008-0,12 0,05 0,0025-0,01 0,008-0,25 Garénoxacine 0,015-0,12 0,06-0,12 0,008-0,25 0,06-0,25 Chloramphénicol 2-10 0,5-25 4-25 0,4-8 Aminoglycoside Gentamicine 4 ND 2-16 0,1-13 Nouveaux agents Linézolide 64-256 ND 2-8 >64 Evernimicine 2-12 ND 1-16 8-16 ND : Non déterminé

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1.2. Diagnostic Bactériologique Indirecte: