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Diagnostic Clinique

1.1. Manifestations respiratoires

1.1.1. Infection des voies respiratoires supérieures

Dans la majorité des cas, l’infection se limite aux voies aériennes supérieures. Après 2 à 3 semaines d’incubation apparaissent une fièvre, des céphalées, une sensation de malaise et une toux sèche. La toux augmente en intensité pendant 1 à 2 jours. Le début progressif des symptômes s’oppose au début souvent brusque de la grippe et des infections à Adénovirus. Dans 5 à 10% des cas, l’évolution se fait vers une bronchite ou une pneumopathie [64,118].

1.1.2. Asthme, bronchite et exacerbation de bronchopathie chronique obstructive

L’infection par Mycoplasma pneumoniae chez le patient asthmatique a fait l’objet de nombreuses recherches. L’exacte contribution de cet agent infectieux dans la pathogenèse, l’exacerbation et l’asthme stable, reste encore débattue.

L’infection par M. pneumoniae, par l’hyperréactivité bronchique induite, semble être un facteur précipitant l’entrée dans la maladie asthmatique, chez les sujets prédisposés.

De plus, M. pneumoniae est retrouvé dans 18% chez l’adulte [119], 50% chez l’enfant des exacerbations d’asthme [120,121]. Il est également présent dans les voies aériennes basses en quantité plus importante chez l’asthmatique et pourrait agir comme facteur d’entretien de la réponse inflammatoire chronique.

Si le rôle certain de M. pneumoniae dans l’asthme est démontré, son éradication pourrait influencer l’évolution naturelle de la maladie et permettre un meilleur contrôle de l’asthme [122,123].

Les macrolides, par leurs propriétés anti-infectieuses et immunomodulatrices, auraient alors une place dans la prise en charge thérapeutique de l’asthme, notamment à visée d’épargne cortisonique dans les asthmes persistants sévères corticodépendants [124].

52 1.1.3. Pneumopathie atypique

Mycoplasma pneumoniae est le principal agent responsable des pneumopathies

communautaires de l’adulte jeune. Les pneumopathies atypiques représentent 15% des pneumopathies communautaires [42] et 26% des pneumopathies atypiques [125].Le terme de pneumopathie atypique primitive a été créé pour décrire les pneumopathies dues en particulier

à M.pneumoniae.

La pneumonie due à M. Pneumoniae peut souvent présenter un tableau clinique trompeur avec des symptômes légers et indistincts, comme les myalgies, adénopathie cervicale, toux non productive, rendant difficile la distinction avec d'autres infections des voies respiratoires supérieures provoquées par des virus et d'autres bactéries atypiques. Les groupes d’âge les plus touchés par M pneumoniae sont les enfants d’âge scolaire et les jeunes adultes, dont les épidémies se produisent généralement pendant la saison d’automne. En dehors de ses symptômes atypiques, les manifestations de M pneumoniae peuvent varier considérablement, allant des symptômes bénins des voies respiratoires supérieures à la pneumonie et autres manifestations extra-pulmonaires en l'absence de pneumonie, y compris les signes dermatologiques, cardiovasculaires et du système nerveux central [126]

1.1.4. Complications respiratoires

Des études récentes [127] ont montré qu’il existait des séquelles respiratoires à distance et notamment des anomalies de la diffusion pulmonaire. Ces anomalies sont avant tout liées au retard et/ou à l’insuffisance de l’antibiothérapie. Les infections expérimentales chez le modèle murin montrent l’existence d’infections chroniques et persistantes avec de la fibrose pulmonaire autour du foyer, probablement en rapport avec une hyperproduction de cytokines [128]. Il est fort possible que ce soit les mêmes phénomènes que l’on retrouve chez l’homme. Et ce, d’autant plus que l’on a déjà décrit des fibroses pulmonaires post-infection pulmonaire sévère à mycoplasme.

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1.2. Manifestations uro-génitales [17]

1.2.1. Infections génitales masculines

1.2.1.1 Urétrites non gonococcique :

L’urétrite non gonococcique est l’infection sexuelleent transmissibles la plus fréquentes chez l’homme. 20 à 50% des cas sont due à C.trachomatis, et 10-30% sont dues à M.genitalium. Les autres causes sont Ureaplasma urealyticum, Trichomonas vaginalis, les anaérobies. [129] Les Ureaplasmes sont associés aux uréthrites non gonococciques d’une manière incohérante. Les études antérieures ne faisaient pas la différence entre les deux espèces, Ureaplasma

urealyticum (biovar 2) et U.parvum (biovar 1). Il y a de plus en plus de preuves que U.parvum

est non pathogène, et seul U.urealyticum est pathogène. [129]

U.urealyticum peut représenter 5 à 10% des cas de NGU aiguë, mais est souvent détecté sans

urétrite. [75].

1.2.1.2. Prostatite et épididymite :

Différents travaux ont fait état d’un rôle possible des mycoplasmes génitaux tel que

Mycoplasma hominis, Ureaplasma urealyticum et Mycoplasma genitalium dans les

prostatites. C’est ainsi que Mycoplasma genitalium a pu être mis en évidence par PCR dans 4% [130] des biopsies de prostate chez les personnes atteintes de prostatites chroniques idiopathiques. De rares publications évoquent la responsabilité d’Ureaplasma urealyticum et

Mycoplasma hominis dans les épididymites. Qu’il s’agit de prostatite ou d’épididymite, le rôle

des mycoplasmes parait minime [131,132] 1.2.2. Infections gynécologiques

Chez la femme, le rôle des mycoplasmes est plus complexe, il peut se manifester à différents niveaux du tractus génital. Les espèces les plus impliquées sont Mycoplasma hominis et

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1.2.2.1. Vaginose bactérienne

Mycoplasma hominis est l’espèce la plus probablement concernée. La place d’Ureaplasma urealyticum est difficile à apprécier en raison du tôt très élevé de colonisation chez la femme.

Mycoplasma homonis n’est pas l’agent de la vaginose bactérienne (VB) mais y est fortement

associé. Il fait partie des bactéries qui prolifèrent au cours de ce tableau clinique caractérisé par un déséquilibre de la flore vaginale. Il est retrouvé chez près de deux tiers des patientes atteintes de vaginose en nombre élevé contre moins de 10% chez les femmes indemnes.[134]

Ureaplasma urealyticum prolifère également au cours de la vaginose, mais à un taux moindre.

La présence de mycoplasmes en quantité importante peut être à l’origine d’une extension à l’endomètre et aux voies génitales hautes. Par ailleurs, plusieurs études font apparaitre un lien entre Mycoplasma hominis et Trichomonas vaginalis suggérant que, in vivo, Trichomonas

vaginalis pouvait être un vecteur pour Mycoplasma hominis. [135].

1.2.2.2. Mycoplasmes et cervicites

La responsabilité des mycoplasmes dans les endocervicites s’avère difficile à établir. En ce qui concerne Mycoplasma hominis et Ureaplasma urealyticum, la majorité des auteurs considèrent qu’ils n’ont pas de rôle pathogène au niveau du canal cervical [136].

Quelques études ont démontré la capacité inflammatoire du M.genitalium responsable des cervicites chroniques chez les femmes HIV Positives [96,137]

1.2.2.3. Mycoplasmes et infections génitales hautes

Bien qu’il n’existe pas de consensus sur la question, la plupart des publications indiquent que les mycoplasmes génitaux peuvent être impliqués dans les infections génitales hautes, endométrites et salpingites [138].

Concernant Mycoplasma hominis et Ureaplasma urealyticum, l’incertitude persiste sur leur rôle exact dans la survenue d’infection génitale. Il n’a jusqu'à présent pas été démontré qu’ils pouvaient être le seul pathogène en cause dans les infections pelviennes ou, la plupart du temps, d’autres micro-organismes sont également mis en évidence. La notion qui prévaut à l’heure actuelle est que ni Mycoplasma hominis ni Ureaplasma urealyticum n’ont le rôle de

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pathogène principal dans les infections pelviennes mais que, en présence d’autres microorganismes, leur pouvoir pathogène peut s’expliquer [139]. L’imputabilité du rôle pathogène aux seuls mycoplasmes est cependant très discutable. Le fait de traiter les infections génitales à l’aide d’antibiothérapies probabilistes à large spectre rend, en outre, difficile toute évaluation de leur rôle exact. En revanche, Mycoplasma genitalium semble posséder un pouvoir pathogène indiscutable [140].

1.2.2.4. Infections sexuellement transmissibles

Les infections à mycoplasmes font parties des infections sexuellement transmissibles, mais le problème ici est le celui d’interprétation : les mycoplasmes font déjà partie de la flore commensale vaginale, particulièrement Ureaplasma urealyticum [141,142], cependant ils peuvent provoquer des infections [143]. Il faudra tenir compte, dans l’interprétation, d’un ensemble d’arguments: site anatomique d’isolement, nature des mycoplasmes, notions quantitatives, circonstances cliniques. Si l’isolement d’Ureaplasma urealyticum à partir d’un prélèvement vaginal n’a pas de signification, il n’en est pas de même pour une biopsie de l’endomètre. La quantité de mycoplasmes obtenue en culture a, elle aussi, une certaine importance dans un prélèvement cervicovaginal devra attirer l’attention. La notion de pathologie obstétricale, d’infection génitale haute devra également être prise en compte [144].

1.2.3. Mycoplasmes et troubles de la reproduction

Les données scientifiques disponibles concernant le rôle des mycoplasmes dans les troubles de la fertilité sont encore trop parcellaires, voire contradictoires et ne permettent pas d’aboutir à des conclusions indiscutables.

Quatre études sérologiques ont examiné la relation d’infertilité tubaire avec les antécédents d’infection à mycoplasma genitalium [145-149].

Deux de ces études ont démontré une corrélation significative entre la présence d'anticorps contre Mycoplasma genitalium et infertilité tubaire confirmée par laparoscopie, indépendantes de la positivité sérologique du C.trachomatis.

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Les mycoplasmes pourraient induire un état inflammatoire potentiellement délétère pour les gamètes. Différents travaux, et notamment ceux de l’équipe de S.S. Witkin [150] ont montré une élévation significative et potentiellement délétère des facteurs de l’inflammation au niveau de la flore vaginale de femmes infertiles. Cependant, la plupart des patientes ainsi étudiées étaient aussi porteuse d’une vaginose bactérienne et celle-ci était probablement la véritable cause de cette inflammation [151].

On estime que 15% des cas d'infertilité masculine sont liés à des infections génitales. [152]. Une méta-analyse a examiné l'association entre les ureaplasmas génitaux (Ureaplasma

urealyticum, Ureaplasma parvum) et les mycoplasmes (Mycoplasma hominis, Mycoplasma genitalium) et le risque d'infertilité masculine.

U. urealyticum et M. hominis étaient significativement associés à l'infertilité masculine;

cependant, U.parvum et M. genitalium n'étaient pas associés [153].

Différents travaux et notamment ceux de l’équipe canadienne de C.A. Lingwood [154] ont établi que les mycoplasmes induisaient, chez l’animal et dans l’espèce humaine, des altérations fonctionnelles du spermatozoïde (par l’intermédiaire notamment des sulfoglycolipides). Il en résulterait une inhibition de la capacité de reconnaissance des ovocytes. Chez l’animal [155] les mycoplasmes présents dans le sperme peuvent être transmis à l’embryon au cours de processus de fécondation in vitro et infecter celui-ci.

1.2.4. Infections obstétricales

Les mycoplasmes et tout spécialement Ureaplasma urealyticum sont fréquemment retrouvés au niveau de la flore génitale des femmes enceintes. Leur responsabilité dans la survenue de complications obstétricales comme la chorioamniotite avec ou sans rupture prématurée des membranes et l’accouchement prématuré est vraisemblable bien qu’on ne sache pas s’ils sont le facteur pathogène unique ou essentiel, puisqu’ils sont le plus souvent isolés dans le cadre d’une vaginose bactérienne [65].

57 1.2.5. Avortements à répétition

Plusieurs études récentes [156,157] permettent de conclure au rôle possible d’Ureaplasma dans les avortements à répétition.

En effet dans 28% [65] des cas, le liquide prélevé par aspiration tubaire chez des femmes présentant des avortements à répétition contenait Ureaplasma urealyticum alors qu’il n’était pas présent que dans 8% [71] des cas chez un groupe témoin. Il faut d’ailleurs signaler qu’il est assez fréquent de trouver Ureaplasma urealyticum dans les tissus du fœtus rejeté.

1.2.6. Infections néonatales :

M. hominis colonisent 11 % des femmes enceintes. Il peut être responsable d’infection

intra-amniotique. Sa présence dans le liquide amniotique, à une concentration supérieure ou égale à l02 colonies/mL, est significativement associée à celle d’autres pathogènes [158].

U. urealyticum est également associé à des chorioamniotites, des avortements, des

accouchements prématurés et une augmentation de la morbidité et de la mortalité périnatale.

U. urealyticum pénètre dans le liquide amniotique, y compris en l’absence de rupture des

membranes. La colonisation – 48 % chez la mère et 19 % chez le nouveau-né – est habituellement asymptomatique [158].

Les nouveau-nés colonisés sont habituellement asymptomatiques. Toutefois, M. hominis/U.

urealyticum peuvent être responsables d’une pneumopathie associant à la détresse

respiratoire, des images radiologiques non spécifiques, une hyperleucocytose élevée, supérieure à 30 000/mm3 évocatrice [159] ; elle se révèle dès la naissance ou après un intervalle de quelques jours. Des atteintes systémiques – septicémies ou localisées – infections oculaires et cutanées, sont rares. Une méningite est à différencier d’une colonisation simple du LCR retrouvée dans 1 à 9 % des LCR. Ces infections méningées sont surtout le fait d’U. parvum et peuvent se compliquer d’hydrocéphalie, voire d’abcès cérébral [160].

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Tableau IV: Pathogénie des différentes espèces de mycoplasmes génitaux.

Tableau clinique Espèce

Infections génitales masculines

UNG Epididymites Prostatites U.urealyticum(15-20%),M.genitalium U.urealyticum U.urealyticum ? M.genitalium Infections gynécologiques Vaginoses Cervicites Endométrites salpingites M.Hominis, u.urealyticum M.genitalium

M.Hominis, U.urealyticum ,M.genitalium M.Hominis, M.genitalium

Infections maternelles

Chorioamniotite Fièvre du post partum

M.Hominis, U.urealyticum M.Hominis, U.urealyticum Atteinte du nouveau-né Infections néonatales Dysplasie broncho-pulmonaire M.Hominis, U.urealyticum U.urealyticum

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2. Chlamydia