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Les bactériophages fécaux :

X. La résistance aux antibiotiques :

La résistance aux antibiotiques est un phénomène général observé pour toutes les espèces bactériennes rencontrées chez l’homme et elle est liée à leur inéluctable évolution. Elle s’observe à divers degrés à l’égard de tous les membres d’une famille d’antibiotiques donnée. On assiste de surcroît à des multirésistances, c’est à dire au fait qu’une bactérie est résistante en même temps à plusieurs familles d’antibiotiques [106,107,108].

1. Quelques facteurs favorisants :

La prescription à grande échelle et parfois impropre d’antibiotiques fait que les bactéries évoluent constamment vers la résistance. Plusieurs études ont établi que l’apparition de la résistance est associée, d’une part, à la surconsommation d’antibiotiques et, d’autre part, à des traitements trop longs et insuffisamment dosés.

Le recours intensif à des antibiotiques dans l’élevage animal industriel (en particulier des volailles) contribue au phénomène de résistance. En milieu vétérinaire, les antibiotiques issus de la pharmacopée humaine sont utilisés sans règles strictes soit comme promoteur de la croissance, soit à des fins prophylactiques et thérapeutiques. Cette pratique très répandue de traitements antibiotiques sur une longue durée conduit inévitablement à la sélection de bactéries multirésistantes, en particulier des entérobactéries et des entérocoques. Eliminées du tube digestif des animaux, les bactéries passent dans les effluents, l’eau et, selon la chaîne alimentaire, finissent par coloniser le tube digestif de l’homme (flore intestinale). Lors de l’abattage des animaux, une contamination de la viande est quasi inévitable. Un moyen de pallier ce problème serait d’utiliser des antibiotiques différents de ceux utilisés en médecine humaine.

L’administration répétée d’antibiotiques chez l’homme ou l’animal élimine les bactéries sensibles et sélectionne les seules bactéries résistantes, lesquelles en profitent pour se développer et en donnant de nouvelles générations résistantes. L’autre phénomène important est la dissémination des gènes de résistance vers des bactéries sensibles au sein d’une même espèce mais aussi au sein d’espèces éloignées [107,108,109,110,111,112,113,114,115] .

2. Les types de résistance :

On connaît deux types de résistance :

 Résistance naturelle : elle est programmée sur le génome bactérien, donc fixe et constante à l’intérieur du taxon c’est-à-dire présente dans toutes les souches de l’espèce considérée. A ce titre, elle constitue un critère d’identification. Elle préexiste à l’usage des antibiotiques.

 Résistance acquise : consécutive à des modifications de l’équipement génétique chromosomique ou plasmidique. Elle ne concerne que quelques souches d’une même espèce mais peut s’étendre : leur fréquence varie dans le temps mais aussi dans l’espace (région , ville, hôpital…). Elle constitue un marqueur épidémiologique [107,116,117,118].

3. Les phénotypes de résistance :

Quand on étudie la sensibilité d’une souche à plusieurs antibiotiques, on détermine son phénotype de résistance aux antibiotiques. Si la souche n’exprime que des résistances naturelles, on dit qu’elle appartient au phénotype "sauvage" ou sensible. Si des résistances acquises ont modifié sa

sensibilité, elle exprime un phénotype de résistance qu’on peut identifier et dont on doit tenter de déterminer le mécanisme. Ces phénotypes sont souvent désignés par les initiales des antibiotiques devenus inactifs : ainsi une souche résistante à la kanamycine, à la tobramycine et à la gentamycine appartient au phénotype KTG [116].

4. Le support génétique de la résistance :

La résistance naturelle est programmée dans le génome bactérien. Les modifications génétiques responsables de résistance acquise sont chromosomiques, secondaires à une mutation portant sur le chromosome ou extra-chromosomiques par acquisition de gènes.

Les résistances mutationnelles : elles sont :

spontanées : elles préexistent à l’utilisation de l’antibiotique, stables : elles se transmettent verticalement dans le clone bactérien,

spécifiques : elles n’intéressent qu’un antibiotique ou qu’une famille d’antibiotiques à la fois,

rares : le taux de mutation se situe habituellement entre 10-7 et 10-8.

La résistance par mutation est peu répandue en clinique (moins de 20% des résistances acquises). L’usage de l’antibiotique sélectionne les souches résistantes et la parade consiste à associer les antibiotiques. Ce type de résistance est observé, entre autres, chez les mycobactéries [116,118].

Les résistances extra-chromosomiques : dont le support est un plasmide ou un transposon acquis par conjugaison ou plus rarement par transduction.

Elles sont fréquentes (plus de 80% des résistances acquises).

Elles sont contagieuses et se transmettent horizontalement entre bactéries cohabitant, même d’espèces différentes.

Elles peuvent concerner plusieurs antibiotiques, voire plusieurs familles d’antibiotiques, entraînant une polyrésistance.

La résistance plasmidique concerne la plupart des antibiotiques. Seuls y échappent les rifampicines, les polypeptides, les nitrofuranes, les quinolones et les glycopeptides. Toutes les espèces bactériennes y sont sujettes.

L’usage d’un seul antibiotique dont la résistance est codée par un gène de plasmide sélectionne les souches résistantes à toutes les molécules dont le gène de résistance se trouve sur le plasmide, ce qui entraîne la sélection rapide de souches polyrésistantes [108,109,116,118,119].

5. Mécanismes de résistance :

Pour être efficace, un antibiotique doit parvenir au contact de la bactérie, ce qui implique qu’on tienne compte, dans la prescription, des données pharmacologiques telles que la posologie, la voie d’introduction, la diffusion tissulaire et le métabolisme de la molécule. Il doit ensuite pénétrer dans la bactérie, n’y être ni détruit ni modifié, se fixer à une cible et perturber ainsi la physiologie bactérienne. Si l’une de ces conditions n’est pas remplie, l’antibiotique, même correctement administré, se révèle inefficace. Ce phénomène appelé résistance est lourd de conséquences et doit être, si possible, dépisté au laboratoire.

Les bactéries se défendent contre l’action des antibiotiques : en se rendant imperméables à leur pénétration ; en produisant des enzymes capables de les inactiver ; en modifiant la structure de leurs cibles [116,120]. A. Diminution de la perméabilité :

Elle concerne la membrane extérieure (pour les bactéries Gram négatif) ou la membrane cytoplasmique (pour toutes les bactéries). C’est le mécanisme le plus souvent responsable de la résistance naturelle. Il peut concerner :

les beta-lactamines les cyclines

les phénicols les macrolides

On peut rencontrer ce mécanisme dans la résistance mutationnelle (beta-lactamines, quinolones, aminosides, phénicols) ou dans la résistance plasmidique (tétracycline) [118,121].