1.3 Niche écologique et résistance
1.3.2 Résistance aux agents physico-chimiques
Les études à propos de l'inactivation de L. monocytogenes par
la chaleur ont donné des résultats contradictoires. En effet,
pour certains auteurs, L. monocytogenes peut supporter une
pasteurisation [BEARNS et GIRAUD, 1958] ou est détruit [DONNELLY,
et coll., 1987].
Différents temps et températures ont été testés pour évaluer la
thermorésistance de L. monocytogenes dans le lait.
DOYLE (1987) a retrouvé des germes survivants après 16,4 secondes
à 73,9*C. Ces auteurs ont montré que la thermorésistance de
L. monocytogenes est liée à sa présence intraleucocytaire. Par
contre, l'étude de BUNNING et coll. (1986)
1.3 Niche écologique et résistance.
montre que la position intraleucocytaire ne permet pas de
protéger ce germe après une exposition de 1,9 secondes à 71,7°C.
BUNNING et coll., (1992) ont cependant observé une augmentation
de la thermorésistance de L. monocytogenes à 71,5°C après avoir
été exposé à un premier choc thermique de 15 minutes à 48°C avant
la pasteurisation.
L'étude de la thermorésistance de L. monocytogenes s'est étendue
à d'autres produits alimentaires [SCHOENI et coll., 1991; BUDU-
AMOAKO et coll., 1992; HARDIN et coll., 1993].
BUDU-ÀMOÀKO et coll. utilisant un modèle de chair de homard
artificiellement contaminée, ont pu calculer des valeurs de
réduction décimale à divers temps et températures. Celles-ci
allant de 97 minutes à 51,6°C à 1,06 minutes à 62,7°C.
SCHOENI et coll. ont étudié différents temps et températures
allant de 22,4 minutes à 54,4°C à 2,56 minutes à 62,8°C. Les
valeurs de réduction décimale calculées dans cette étude montrent
que L. monocytogenes est plus résistante que Salmonella dans la
viande de boeuf.
1.3.2.2 Réfrigération.
L. monocytogenes est un germe mésophi le (croissance optimale
à 37°C) qui peut toutefois survivre et se multiplier à 4°C [MASSA
et coll., 1990, 1991]. Le temps de génération de L. monocytogenes
à 4°C est de 29 heures [ROSENOW et MARTH, 1987]. La conservation
prolongée des aliments contaminés à basse température (4°C)
favorise la prolifération de ce germe psychrotrophe et augmente
le risque de transmission de L. monocytogenes à l'homme.
1.3.2.3 pH et agents chimiques.
L'acidification est un moyen très efficace pour préserver
les produits alimentaires fermentés des germes pathogènes.
Cependant, L. monocytogenes, contrairement à d'autres pathogènes,
est capable de survivre dans des milieux acides dont le pH est
compris entre 3,9 et 4,1 [SCHààCK et MARTH, 1988]. La tolérance
de L. monocytogenes à des pH bas dépend toutefois de la nature
de l'acide présent [àHAMAD et MARTH, 1990].
Cette bactérie résiste également dans les milieux basiques à pH
9,6 [CONNER et coll. 1986], survit dans des milieux très hostiles
contenant 16 % de NaCl [HUDSON, 1992], 30 ppm de nitrite de
sodium [SCHLYTER et coll., 1993], 40 % de bile ou 0,5 % de
tellurite de potassium [LOWRY et TIONG, 1989; VARABIOFF, 1992].
En plus de la résistance aux agents physico-chimiques, ce germe
est capable de s'attacher à la surface de divers supports solides
formant ainsi des biofilms. La formation de biofilms permet non
seulement la survie de ce germe dans des milieux très hostiles
[REN et FRANK, 1993] mais aussi le protège contre l'action de
certains désinfectants [ttOSTELLER et BISHOP, 1993],
1.4 LISTERIOSE.
La listériose est une infection bactérienne dont l'évolution
peut être fatale. Elle se manifeste sous forme de méningites,
méningo-encéphalites, septicémies et avortements. Les sujets à
risques sont les femmes enceintes, les foetus ou les nouveaux-
nés, les immunodéprimés et les personnes âgées. La listériose
peut aussi se développer en l'absence de cause prédisposante
[JONES, 1990; JENSEai et coll., 1994].
1.4.1 Manifestations cliniques.
1.4.1.1 Forme clinique chez la femme enceinte.
La listériose chez la femme enceinte est une infection
bénigne pour la mère mais sévère pour le foetus et le nouveau-né
[POYÀRT-SÀLMERON et coll., 1990]. Les signes infectieux chez la
femme enceinte sont en général discrets : syndrome pseudo-grippal
avec une fièvre élevée, toux, infection urinaire, troubles
digestifs et angines. L'évolution de l'infection maternelle peut
aussi avoir pour conséquence la mort foetale ou une naissance
prématurée [SCHUCHAT et coll., 1991]. Les septicémies néonatales
et les pneumonies sont très fréquentes et le taux de mortalité
est très élevé chez les enfants infectés [BURETTE et coll.,
1992] .
1.4.1.2 Formes cliniques du nouveau-né.
La listériose néonatale était la forme la plus souvent
diagnostiquée. L'infection du nouveau-né est le plus souvent due
à une transmission foeto-maternelle. Beaucoup plus rarement elle
est d'origine nosocomiale [LARSSON, 1978; CAMPBELL et coll.,
1981].
Les enquêtes épidémiologiques réalisées en France ont montré que
les formes néonatales représentaient 60 % des cas de listériose
avec un taux de létalité avoisinant 21 % [HUMBERT et coll.,
1976].
Le nombre de cas de listériose non néonatale tend augmenter ces
dernières années. C'est ce que rapportent BURETTE et coll. (1992)
et JONES et coll. (1994). L'étude épidémiologique réalisée par
JONES et coll. montre que 62,5 % des cas de listériose recensés
ces dix dernières années en Angleterre étaient non néonataux.
La listériose néonatale se traduit par des signes cliniques
non spécifiques de souffrance néonatale. On distingue des formes
néonatales précoces et tardives.
La forme néonatale précoce survient souvent quelques jours
avant l'accouchement, le foetus est infecté par voie
transplacentaire et cette infection peut mener à la mort foetale.
Le traitement de la femme peut éviter l'infection foetale.
La listériose néonatale tardive se contracte pendant le
passage de la filière génitale. Les signes d'infection du
nouveau-né débutent 7 à 8 jours après l'accouchement.
L'infection peut également être asymptomatique.
L. monocytogenes peut dans ces cas être isolée entre autres à
partir du liquide gastrique, du méconium ou du placenta.
1.4.1.3 Formes cliniques chez l’adulte.
La listériose chez l'adulte et le grand enfant se manifeste
essentiellement par des formes neurologiques ou septicémiques.
Les formes neurologiques sont les plus fréquentes (54 % des cas)
et les plus graves (taux de létalité: 66,6 %) [BURETTE et coll.,
1992].
Les formes neurologiques apparaissent sous divers aspects à
savoir : méningites, méningo-encéphalites et encéphalites pures.
La méningite est souvent d'apparition brutale. La fièvre peut
être élevée. Le diagnostic est fait par prélèvement de liquide
céphalo-rachidien.
Le syndrome méningé est parfois précédé d'un épisode infectieux
fébrile pour lequel le patient est traité, ce qui a comme
inconvénient de négativer les cultures et de retarder le
traitement adéquat.
Les méningo-encéphalites sont souvent précédées ou accompagnées
de symptômes tels que des vomissements répétés, des céphalées
violentes et des troubles physiques variés.
Les formes septicémiques sont moins fréquentes, elles s'observent
habituellement chez des malades soumis à des thérapeutiques
immunodépressives et des personnes atteintes de cancers ou
d'hémopathies malignes [SCHUCHAT et coll., 1993]. La létalité des
formes septicémiques est plus importante que celle des formes
neuro-méningées.
Les atteintes localisées semblent relativement rares :
conjonctivites, adénites, péricardites, abcès et arthrite
rhumatoïde [GALLÀGHER et WATANAKUNAKORN, 1988; BOOTH et coll.,
1990].
Figure 4. Mécanisme d’infection des cellules épithéliales de l’intestin par
L. monocytogenes proposé par CZUPRYNSKI (1994).
1, adhésion de L. monocytogenes aux cellules épithéliales de
l'intestin; 2 multiplication du germe dans le cytoplasme; 3,
migration et colonisation des cellules adjacentes; 4, infection
des macrophages.
1.4.2 Physiopathologie et immunité.
La porte d'entrée de l'infection chez l'homme est localisée
aux voies aériennes supérieures et au tube digestif. L'homme peut
se contaminer par l'intermédiaire du milieu extérieur, mais la
principale source d'infection est la consommation de produits
alimentaires contaminés [FLEMING, 1985; HO et coll., 1986; DILLON
et PÀRTEL, 1992; SCHLECH et coll., 1993]. Le portage intestinal
chez l'homme est très variable, de 1 % à 26 %. Ces variations
dépendent des individus et de leurs occupations [SCHUCHÀT et
coll-, 1991].
L'étude de CZUPRYNSKI (1994) montre que le portage intestinal de
du germe peut entraîner une infection à L. monocytogenes.
L. monocytogenes est un germe opportuniste capable d'infecter in
vivo et in vitro "non seulement les macrophages mais aussi
d'autres cellules non phagocytaires [CZUPRYNSKI 1994; CHÀSTELLIER
et BERCHE, 1994].
Le mécanisme d'infection suggéré par CZUPRYNSKI est schématisé
dans la figure 4. L. monocytogenes est une bactérie invasive. En
contact des cellules épithéliales de l'intestin, ce germe induit
sa propre phagocytose. Une fois à l'intérieur du cytoplame, il
détruit la membrane vacuolaire, se multiplie, infecte les
cellules adjacentes et atteint les macrophages.
D'après l'étude de TILNEY et TILNEY (1993), l'entrée de
L. monocytogenes dans les macrophages se fait par fixation de la
bactérie à un récepteur de la membrane cellulaire par
l'intermédiaire d'une protéine pariétale, l'internaline.
Immédiatement après ce contact, la bactérie est phagocytée par
le macrophage (figure 5a).
Figure 5. Un système modèle d’infection des macrophages par L. monocytogenes
A l'intérieur du phagosome, L. monocytogenes détruit la membrane
vacuolaire par la listériolysine O et la phospholipase C et
atteint le cytosol.
La bactérie induit rapidement une polymérisation de l'actine
cellulaire sous la forme d'une queue de comète que la bactérie
laisse derrière elle alors qu'elle se meut à l'intérieur du
cytosol (figure 5b). Certaines bactéries atteignent la membrane
du macrophage adjacent et la déforment au point de former des
pseudopodes très longs (jusqu'à 50 /im). Lorsque les cellules sont
jointives, ces pseudopodes s'invaginent dans la cellule adjacente
et donnent naissance à une vacuole à deux membranes contenant la
bactérie. L. monocytogenes est capable de lyser cette vacuole et
de réinitier un nouveau cycle d'infection (figure 5c).
L'assemblage des fragments de l'actine n'est pas distribué de
manière uniforme à la surface de la bactérie mais elle se trouve
polarisée à une extrémité (figure 5d). Après deux heures et demie
d'infection la bactérie est capable de se déplacer dans le
cytoplasme à une vitesse d'environ 1 /im par seconde. Cette
vitesse est corrélée à la vitesse de polymérisation de l'actine
[TILNEY et TILNEY., 1993].
A partir du foyer infectieux localisé, les germes passent
dans le sang. Ils sont Rapidement retenus par les cellules
phagocytaires du système réticulo-endothélial, en particulier
dans le foie et la rate. Après un stade initial de destruction
lié probablement aux macrophages, les bactéries survivantes se
multiplient dans les macrophages et envahissent le parenchyme
adjacent, créant des foyers de nécrose sur le bord des
capillaires sanguins. Les bactéries, à nouveau se disséminent
dans le sang. Cette dissémination expose le système nerveux
central à une atteinte infectieuse.
La survie de L. monocytogenes dans les macrophages est une
composante majeure du pouvoir pathogène de ce germe. La
localisation de la bactérie dans ce type de cellule induit une
réponse immunitaire de type cellulaire, les anticorps ne jouant
aucun rôle dans l'élimination lors d'une infection primaire ou
dans la protection lors d'une réinfection [MITSUYANÀ et coll.,
1990].
1.4.3 Traitement.
Introduits en médecine humaine dans les années 1940, les
antibiotiques ont indiscutablement permis de traiter un grand
nombre de maladies infectieuses. Leur utilisation massive a
entraîné la sélection rapide de souches résistantes. Cette
évolution s'est traduite par l'émergence de nouveaux caractères
de résistance ainsi que par la dissémination de gènes de
résistance chez la quasi-totalité des germes bactériens
pathogènes pour l'homme. La sensibilité de L. monocytogenes a peu
évolué depuis plusieurs décennies. In vitro, cette bactérie est
très sensible aux antibiotiques efficaces sur les germes à Gram
positif [ROHMER et coll., 1992]. Les antibiotiques actifs sont
la pénicilline G, l'ampicilline, l'amoxicilline, les aminosides,
l'érythromycine, la tétracycline, le chloramphénicol, la
rifampicine, et l'association triméthoprime-sulfaméthoxazole
[BOISIVON et coll., 1990]. Parmi les aminosides, la gentamicine
et la tobramycine ont une meilleure activité que la kanamycine
ou la streptomycine [WIGGINS et coll., 1978].
Malgré la sensibilité de L. monocytogenes à de nombreux
antibiotiques, la listériose humaine reste fatale dans 30 à 51,6%
des cas [NOLLA-SALAS et coll., 1993; HUDSON, 1994]. La mortalité
élevée de la listériose s'explique en partie par la difficulté
de poser rapidement le diagnostic ou par les sites d'infections
difficilement accessibles aux traitements.
En effet, L. monocytogenes est un microorganisme intracellulaire
facultatif capable de se développer dans les macrophages dans
lesguels le germe peut être protégé des antibiotigues grâce à la
membrane du phagosome [DREVETS et coll., 1992], Récemment,
DREVETS et coll. (1994) ont montré que la gentamicine est capable
de détruire L. monocytogenes à l'intérieur des macrophages.
La première souche clinique de L. monocytogenes
multirésistante, BM4210, a été isolée par POYART-SÀLMERON et
coll.(1990). Cette souche était résistante à la streptomycine,
à l'érythromycine, à la tétracycline, à la minocycline et au
chloramphénicol. Les expériences de conjugaison de POYART-
SALMERON et coll. ont montré que l'ensemble des caractères de
résistance était porté par un seul plasmide transférable de 37
Kb, appelé pIPSll.
1.5 Transmission de la listériose.
Chez l'homme, deux modes de transmission de la listériose
sont possibles, à savoir : la transmission directe et indirecte.
La transmission directe est peu fréquente. Des cas très rares ont
été signalés, notamment dans des maternités [CAMPBELL et coll.,
1981; PEJAVER et coll., 1993], chez des vétérinaires, chez
certains éleveurs et chez du personnel de laboratoire [JONES,
1990]. Par contre, la transmission indirecte par l'intermédiaire
d'aliments contaminés est la source d'infection la plus souvent
évoquée [FLEMING et coll., 1985; HO et coll., 1986; DILLON et
PATEL, 1992].
1.5.1 Présence de L. monocytogenes dans les aliments.
si les fromages à pâte molle ont été fréquemment incriminés
dans les récentes épidémies de listériose humaine, Listeria
monocytogenes peut être isolé de nombreux autres aliments
d'origine animale ou végétale : lait, crème glacée, légumes,
poissons, crustacés, viandes et volailles [DILLON et PATEL, 1992;
DORSA et coll., 1993; HARNAYANI et coll., 1993; HELKE et coll.,
1993]. La consommation de ces produits implique un risque de
transmission de la listériose à l'homme.
1.5.1.1 Produits laitiers.
Le lait cru peut être contaminé par L. monocytogenes [HARVEY
et GILMOUR, 1992]. DOMINGUEZ-RODRIGUEZ et coll. (1985) ont trouvé
que 45,3 % des échantillons de lait cru analysés étaient
contaminés par ce germe alors que NOURA et coll. (1993) n'en
trouvent que 12,7 %. L'environnement de la collecte et de la
conservation est la cause la plus souvent évoquée pour expliquer
la présence de L. monocytogenes dans le lait [FEDIO et JACKSON,
1992]. La mammite listérienne pose également un problème
particulier car elle peut être atypique et le lait de bovins
atteints a un aspect normal.
L. monocytogenes a également été isolé dans 16 % des échantillons
de fromages à pâte molle analysés en Italie, dans 14 % en France,
dans 12,2 % en Allemagne et dans 6,6 % en Suisse [FINI et
GILBERT, 1988; BREER et SCHOPFER, 1988].
Les autres types de fromages ne sont pas toujours indemnes de
contamination. Dans une étude réalisée par TERPLAN (1988) sur des
fromages à pâte dure et demi dure, L. monocytogenes a été isolé
respectivement dans 8,9 % et 7,1 % des échantillons.
La présence de L. monocytogenes dans les fromages peut
résulter de la contamination du lait. Elle peut également se
faire pendant la fabrication des fromages, leur maturation ou
leur distribution. De nombreuses études ont montré gue les
fromages fabrigués avec du lait pasteurisé peuvent également être
contaminés par ce germe [FERNÀNDEZ-GàRÀYZÀBAL et coll., 1985;
BILLE et GLAUSER, 1988; NOURA et coll., 1993]. L. monocytogenes
est un germe capable de persister ou même de se multiplier au
cours des différentes étapes de la production [PEARSON et MARTH,
1990; BUAZZl et MARTH, 1992]
1.5.1.2 Produits camés et volailles.
L'industrie de la viande et des volailles représente un des
principaux secteurs de l'industrie alimentaire en raison de la
valeur nutritive de ces aliments. Cependant, en raison même de
ces qualités nutritionnelles, ces produits constituent un terrain
très favorable à la contamination microbienne. Les germes
susceptibles d'être rencontrés dans la viande proviennent soit
de l'animal lui-même soit de l'environnement pendant les
opérations de découpage, de transformation et de conditionnement.
JOHNSON et coll. (1986) ont démontré que l'environnement des
abattoirs est la principale cause de contamination.
Les produits carnés n'ont été que rarement impliqués dans la
transmission de la listériose humaine bien que le pourcentage de
contamination soit relativement élevé [KERR et coll., 1988;
GIRARD et BOUVET, 1993]. En effet, L. monocytogenes a été
retrouvé dans 36 % des échantillons de viandes analysés dont 30%
des produits étaient destinés à être consommés crus [PINNER et
coll. , 1992]. WONG et coll (1990) retrouvent L.monocytogenes
dans plus de 50 % de volailles vendues au détail.
1.5.1.3 Produits végétaux.
Actuellement on ne dispose que de peu de données concernant
la contamination des végétaux par L. monocytogenes malgré leur
incrimination dans la transmission de la listériose humaine.
L'épidémie de Boston fut principalement causée par la
consommation de céleri, de tomates et de laitue [HO et coll.,
1986]; alors que pour l'épidémie survenue au Canada, c'est la
consommation d'une salade de choux crus qui a été impliquée,
preuves bactériologiques à l'appui [SCHLECH et coll., 1983].
LAINE et NICHARD (1988), ont isolé L. monocytogenes dans des
produits de la quatrième gamme, c'est-à-dire les légumes frais,
prédécoupés et prêts à l'emploi. PINNER et coll. (1992) ont
trouvé lors d'une investigation épidémiologique aux Etats-Unis
que 11 % des végétaux et 3 % des fruits prélevés dans les
réfrigérateurs de patients étaient contaminés par
L. monocytogenes.
1.5.1.4 Poissons et crustacés.
La qualité bactériologique du poisson et des crustacés est
étroitement liée, d'une part à leur environnement naturel, et,
d'autre part aux conditions d'hygiène lors de la transformation
et du conditionnement [DILLON et PATEL, 1992; DORSA et coll.,
1993]. L. monocytogenes a été isolé de 9 à 50 % de différents
produits de pêche [WEAGANT et coll., 1988; FARBER, 1991]. La
consommation de poissons a été incriminée dans la transmission
de cas de listériose humaine en Nouvelle Zélande [DILLON et
PATEL, 1992].
1.5.2 Dose infectante.
On ne dispose pratiquement pas d'informations sur la dose
minimale infectante de L. monocytogenes et il n'y a pas non plus
d'études quantitatives fiables sur la corrélation entre la
quantité de nourriture contaminée consommée et le risque
d'infection. SCHLECH et coll. (1993) considèrent que plus de 100
unités formant des colonies (UFC) de L. monocytogenes par gramme
constitue un danger potentiel. Le fromage à pâte molle de
Californie contenait par exemple 10^ à 10^ UFC de L.monocytogenes
par gramme [LINNAN et coll., 1988]. SWAMINATHAN et coll. (1988)
ont trouvé 10® UFC par gramme dans un Brie suspecté d'avoir
provoqué des cas de listériose.
Figure 6. Evolution des cas déclarés de listériose en Belgique.
(1985-1991).
*, nombre de cas de listériose humaine signalés à l'Institut d'Hygiéne
et d'Epidémiologie, Centre National de Réference des Listeria, Dr. André.
1.6 Epidémiologie.
Mille sept cent cas de listériose humaine sont rapportés par
an aux Etats-Unis, 200 à 300 en France et 25 à 56 en Belgique.
L'évolution des cas déclarés de listériose en Belgique depuis
1985 est illustrée dans le figure 6. Il est important de signaler
qu'en Belgique la listériose n'est pas une maladie à déclaration
obligatoire, ce qui implique une sous-estimation de l'impact de
cette infection sur le terrain.
La listériose humaine semble être caractérisée
essentiellement par des cas sporadiques et parfois par des
épidémies localisées.
1.6.1 Les épidémies de listériose.
Plusieurs épidémies de listériose ont été recensées de par
le monde ces dix dernières années surtout en Europe et en
Amérique (tableau 2). Les régions tropicales semblent beaucoup
moins touchées. Il est cependant extrêmement difficile de
recueillir des informations dans les pays d'Afrique, d'Asie
et d'Amérique du sud. Il est difficile d'estimer si cette
situation reflète des différences dans les habitudes alimentaires
ou l'absence de structure médicale adéquate. Dans ce contexte,
nous pouvons donc supposer que la listériose est un problème à
l'échelle de la planète.
Les épidémies les plus marquantes ont été celle du Canada
en 1981, celle survenue dans le Massachussetts en 1983,
l'épidémie Californienne de 1985, de Suisse en 1983-1987 et plus
récemment l'épidémie survenue en France [SCHLECH et coll., 1983,
Tableau 3. Principales épidémies de listériose survenues
en Europe et aux Etats-Unis.
Locmlité / année Nombre
de eu
Mortalité
(*)
Sérotjrpe Aliment
impliqaé
Réferences
Nova Scotia 1981 41 Choux ScUechetcoU.. 1983
Boiton 1983 49 Lait Fleming et coU.. 1985
Loi Angeles 1985 142 34 Fromage Linnan et coU., 1988
Philaddlpliie 1987 36 l/2a ND Schwartz et coU., 1989
France 1976 162 ND 4b ND Carbonelle et col., 1978
1992 25 20 4b Rillettes Ginixl et Bouvet., 1993
Angleterre 1981 11 45 l/2a ND MacLauchlin et coU.,1986
Allemagne 1983 25 28 4b ND Nicolai-Scholten etcoU., 1983
Aatnche 1986 28 25 l/2a ND TnlzeretcoU., 1987
Suiiae 1983-87 122 28 4b Fromage Bille et Glanaer., 1988
FLEMMING et coll., 1985; LINNAN et coll-, 1988; BÀCK et coll.,
1993]. Au cours de ces épidémies des preuves bactériologiques ont
été établies impliquant des aliments particuliers (fromage à pâte
molle de type mexicain. Vacherin, choux, lait pasteurisé et
rillettes).
Les enquêtes visant à mettre en évidence une origine
alimentaire nécessitent, outre des analyses bactériologiques
approfondies, une étude épidémiologique et souvent une étude de
cas-témoins.
Les deux épidémies les mieux investiguées sont incontestablement
celle de Californie et celle de Suisse qui partagent un certain
nombre de points communs qui ont orienté les épidémiologistes.
Les patients ont été hospitalisés dans un très petit nombre
d'hôpitaux, ce qui a permis la mise en évidence de l'augmentation
rapide du nombre de cas. Les aliments contaminés responsables
appartenaient à des productions locales, et, dans les deux cas
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