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CHAPITRE 4 RÉSULTATS ET ANALYSE

4.2 Structure du réseau de collaboration CRSNG

4.2.2 Réseaux de chercheurs et de firmes

Afin de mesurer l’impact des collaborations avec des partenaires industriels ou des organisations gouvernementales sur le réseau CRSNG, les relations entre les organisations ainsi que celles entre les organisations et les chercheurs ont été rajoutées. Une fois encore, on considère uniquement la composante majeure du réseau afin de déterminer si la structure de petit-monde est présente. L’effet direct de l’ajout des liens de partenariat industriel est l’augmentation de la taille de la composante principale, comme visible à la Figure 4-8 et dans le Tableau 4-9. Effectivement, la composante principale est désormais de cinq à six fois plus grande, dépendamment de la période. Ces nouveaux liens créent le pont entre des sous-groupes de chercheurs qui étaient préalablement déconnectés. Ainsi, la composante principale est désormais davantage représentative du réseau de collaboration complet.

Figure 4-8: a) La composante principale du réseau 2009-2013 de collaboration chercheurs- organisations (où les organisations sont en vert et les chercheurs en rouge) et b) les liens surlignés

Tableau 4-9: Impact des liens avec les organisations sur la taille de la composante principale

Période Chercheurs uniquement Chercheurs et organisations

2003-2007 100 531 2004-2008 95 552 2005-2009 59 539 2006-2010 100 616 2007-2011 99 640 2008-2012 99 636 2009-2013 113 661 2010-2014 115 702

L’analyse de petit-monde a de nouveau été réalisée sur ce nouvel ensemble de liens et les résultats se trouvent dans le Tableau 4-10. On note les grandes valeurs de SW, démontrant ainsi la présence d’une structure de petit-monde. La Figure 4-9 permet de voir l’augmentation de la variable SW permise par l’ajout des organisations dans le réseau. En lien avec la théorie, cela signifie que les organisations ont un rôle clé en termes de transmission et d’intégration de savoir.

Tableau 4-10: Propriétés de petit-monde pour la composante principale du réseau de collaboration chercheurs-organisations

Période Taille du réseau CC/CC(rd) l/l(rd) SW

2003-2007 531 87,4 1,05 83,4 2004-2008 552 77,5 1,07 72,1 2005-2009 539 65,2 1,08 60,5 2006-2010 616 77,3 1,04 74,2 2007-2011 640 94,3 1,16 81,7 2008-2012 636 116,4 1,14 102,2 2009-2013 661 133,3 1,12 119,1 2010-2014 702 158 1.147 137,7

Figure 4-9: Évolution de variable SW pour les deux types de réseaux (avec et sans organisations) Pour déterminer, spécifiquement, quelles organisations jouent un rôle clé dans le réseau de collaboration, les mesures de centralité ont été calculées pour ces dernières. Ici, une distinction entre les partenaires purement industriels et les organismes paragouvernementaux a été faite. Uniquement les organisations se démarquant des autres, du point de vue de la centralité, ont été choisies dans les figures suivantes. Pour commencer, on peut observer la mesure de centralité d’intermédiarité normalisée des firmes, à la Figure 4-10. On distingue très bien deux phénomènes. D’abord, Bell Canada cède sa place d’acteur le plus central du réseau, en terme d’intermédiarité, à Research in Motion Limited à partir de la fenêtre 2008-2012. Dès ce moment, la centralité de Bell Canada chute jusqu’à la dernière période étudiée. Ensuite, aussitôt qu’à la période 2003-2007, on voit clairement que Nortel dégringole de sa position du plus central en intermédiarité. Cela correspond bien au moment de ses difficultés financières bien connues du marché canadien. De manière moins prononcée, Telus gagne du terrain dans les récentes périodes. On note que les firmes les plus importantes du réseau sont des acteurs de l’industrie des télécommunications. Les firmes de télécommunications sont des utilisateurs de technologies et parfois même des producteurs, comme dans les cas des équipements de télécommunications (Rao, 1999). Leur position à la confluence de technologies logicielles et matérielles, ainsi que

0 20 40 60 80 100 120 140 160 SW SW- avec org.

leur rôle de fournir des services, font d’eux d’importants intégrateurs de connaissances (Berger & Luckmann, 1991; Malerba & Orsenigo, 1996).

Figure 4-10: Centralité d’intermédiarité normalisée des firmes dans le réseau de collaboration Le portrait est encore plus net si l’on regarde la centralité des vecteurs propres, à la Figure 4-11. On rappelle que cette mesure se base sur l’importance relative de chaque connections des acteurs. On voit qu’à partir de 2006-2010, Research in Motion devance de loin les autres firmes et est l’acteur le plus central, selon cette mesure. Ici encore, l’importance de Nortel décline au fil du temps. Afin de ne pas alourdir le texte, la centralité de degré n’est pas affichée dans le corps de l’ouvrage car elle dégage principalement la même histoire. Cette dernière est toutefois placée en Annexe G et les tableaux de données de tous les graphiques de centralité présentées dans cette sous-section sont en Annexe H et I.

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 Bell Canada

Nortel Networks Corporation IBM Canada Ltd

Ericsson Canada Inc. MPB Communications Inc. Research in Motion Limited COM DEV International Ltd. Telus Corporation

Sierra Wireless Ericsson Canada Inc. Nokia Corporation

ITF Optical Technologies Inc. TRLabs

Figure 4-11: Centralité de vecteurs propres des firmes dans le réseau de collaboration Du côté des organisations gouvernementales ou paragouvernementales, la mesure de centralité d’intermédiarité normalisée se trouve à la Figure 4-12. Seulement quelques-unes d’entre elles montrent une valeur plus grande que 0,3 au cours de la période 2003-2014. Le Conseil national de recherches du Canada (National Research Council of Canada ou NRC), qui était l’organisme public le plus central en intermédiarité en 2003-2007, montre une valeur décroissante tout au long de la progression temporelle. À l’inverse, Industrie Canada, maintenant appelée Innovation, Sciences et Développement économique Canada, affiche une tendance croissante et se positionne comme l’acteur public le plus central dans les récentes années. Ce renversement de positionnement entre ces deux joueurs pousse à penser que la volonté gouvernementale a évolué vers une formule de partenariat industrielle plutôt que de la recherche fondamentale. On note également la Défense nationale (National Defence) montre une courbe de centralité de la forme d’une cloche, avec un maximum local au réseau 2007-2011. Il est difficile d’interpréter ce résultat puisqu’un second acteur du département de la défense, soit Recherche et développement

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 Bell Canada

Nortel Networks Corporation IBM Canada Ltd

Ericsson Canada Inc. MPB Communications Inc. Research in Motion Limited COM DEV International Ltd. Telus Corporation

Sierra Wireless Ericsson Canada Inc. Nokia Corporation

ITF Optical Technologies Inc. TRLabs

pour la défense Canada (Defence Research and Development Canada) apparaît également sur le graphique. Ce dernier montre une croissance constante depuis 2003-2007. Il faudrait connaître la nature des projets de chacun afin de bien les distinguer.

Figure 4-12: Centralité d’intermédiarité normalisée des organisations publiques dans le réseau de collaboration 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7

National Research Council of Canada Communications Security Establishment National Defence Institut national de la recherche scientifique Defence Research and Development Canada Industry Canada PROMPT- Quebec

Alberta Informatics Circle of Research Excellence

Canadian Space Agency Centre National de la Recherche Scientifique Communications and Information Technology Ontario Communications Research Centre Canada

Au niveau de la centralité de vecteurs propres, l’évolution de celle-ci pour les organismes publics se trouve à la Figure 4-12. On voit qu’il y a seulement deux organisations avec une importante valeur de centralité: le NRC et le Centre de la sécurité des télécommunications (Communications

Security Establishment). Le NRC perd de l’importance de centralité tandis le Centre de la sécurité

des télécommunications en gagne. Cela est cohérent avec la place prépondérante des firmes du secteur des télécommunications. Il est intéressant de constater que l’acteur le plus central du réseau, tous nœuds confondus, était un organisme public pour les périodes 2003-2007, 2004-2008 et 2005-2009.

Par la suite, c’est une firme, Research in Motion, qui a pris ce rôle. Ce constat, combiné à la montée d’Industrie Canada dans la centralité d’intermédiarité, renforce l’idée que le réseau de collaboration est de plus en plus mené par les partenariats industriels. Ici encore, on revient aux orientations données aux initiatives gouvernementales favorisant les collaborations avec l’industrie. Les TIC font partie des domaines scientifiques appliqués qui permettent de développer un grand nombre de produits sur le marché, d’année en année (Rosenberg et Nelson, 1994). Ce faisant, la proximité entre la recherche universitaire et l’industrie est palpable.

Figure 4-13: Centralité de vecteurs propres des organisations publiques dans le réseau de collaboration