Chapitre I : Contexte et Objectifs
I.3 Vaccination des nourrissons dans le Programme Elargi de Vaccination (PEV)
I.3.5 Réponses vaccinales des nourrissons aux vaccins du PEV
Les études sur la question de la réponse vaccinale des enfants infectés par le VIH sont
assez discordantes selon les valences vaccinales. Cependant, d’une manière générale, ces
études suggèrent fortement que les enfants infectés par le VIH-1, qu’ils soient sous
traitement antirétroviral ou non, répondent moins bien aux vaccinations que les enfants non
infectés. La réponse vaccinale des enfants infectés par le VIH est liée à l’âge à la vaccination
et au statut immunitaire (pourcentage de CD4 et charge virale) (Rousseau MC et al, 1999;
Moss WJ et al, 2003; Pancharoen C et al, 2004).
Le rôle de la malnutrition protéino-énergétique sur la réponse aux vaccins du PEV n’est pas
très bien connu. Certaines études ont montré que le taux de séroconversion était le même
chez les enfants souffrant de malnutrition que bien alimentés, mais les enfants sous
alimentés produisent tardivement et à des taux faibles les IgG sécrétoires (Galazka A,
1993a). Selon les recommandations du PEV, il faut vacciner en priorité les enfants sous
alimentés car la rougeole entraîne un risque de complications importantes et aggrave l’état
nutritionnel.
Contexte et objectifs
a) Poliomyélite (vaccin polio oral trivalent – VPO)
- Chez les enfants non infectés par le VIH, une analyse des informations accumulées
dans les pays en développement montre que la réponse vaccinale est très variable.
Après 3 ou 4 doses de VPO, les taux de séroconversion sont de 73% (de 36 à 99%)
pour le sérotype 1, de 90% (de 71 à 100%) pour le sérotype 2 et de 70% (de 40 à
99%) pour le type 3. Certaines études suggèrent que la souche vaccinale de type 2
et d’autres pathogènes entériques interfèrent souvent avec les types 1 et 3, ce qui
expliquerait les taux de séroconversion plus faibles pour le sérotype 3 puis pour le
sérotype 1 (Robertson S, 1993).
- Chez les enfants infectés par le VIH, une étude menée en République Démocratique
du Congo (ex Zaïre) a montré que 97% de 48 enfants vaccinés à moins de 4 mois
avaient développé une réponse vaccinale satisafaisante (Ryder RW et al, 1993). Ce
résultat, très intéressant, peut être la conséquence de la circulation du virus sauvage
dans le pays au moment de l’étude.
b) Diphtérie - tétanos - coqueluche (DTC)
- Chez les enfants non infectés par le VIH, 94 à 100% des enfants présentent une
séroconversion pour la diphtérie et le tétanos avec des titres d’anticorps supérieurs à
100 mUI/ml après des trois premières doses du vaccin diphtérie-tétanos-coqueluche
(DTC). Mais il existe des différences selon les études en ce qui concerne la durée de
l’immunité induite par la primo vaccination pour la diphtérie. Le type de vaccin, le
schéma vaccinal et le niveau d’exposition aux corynébactéries peuvent expliquer en
partie cette situation (Galazka A, 1993c; Galazka A, 1993b). Dans une étude incluant
221 enfants sénégalais chez qui les vaccins contre la diphtérie, le tétanos, la
coqueluche, la poliomyélite et l’hépatite B avaient été administrés en trois doses à 1
mois d’intervalle à partir de l’âge de 3 à 5 mois, les auteurs ont montré que 86% des
enfants présentaient pour la réponse au vaccin contre la coqueluche des titres
d’agglutinines supérieurs à 10 (seuil de positivité), quatre mois après la primo
vaccination (Relyveld E et al, 1991). Cette protection décroît avec le temps comme
l’ont montré dans une autre étude Grimpel et al. Chez 360 enfants français ayant
reçu quatre doses (primo vaccination et rappel à 18 mois) de diphtérie tétanos
coqueluche (germe entier) et testés entre 0,5 et 158 mois après cette série de
vaccination les titres d’anticorps contre les différents antigènes Bordetella pertussis
Contexte et objectifs
- Chez les enfants infectés par le VIH, une revue de la littérature (Rousseau MC et al,
1999; Moss WJ et al, 2003) montre que la proportion des sujets développant des
titres d’anticorps protecteurs varie, selon les études, de 40 à 100% pour ces vaccins.
L’immunité contre le tétanos est plus proche de celle des enfants non infectés du
même âge alors que l’immunité de la diphtérie est beaucoup plus faible (Pancharoen
C et al, 2004). En République Démocratique du Congo (ex Zaïre), 96% de 48 enfants
infectés par le VIH et âgés de moins de 4 mois avaient développé une réponse aux
vaccins contre le tétanos, mais seulement de 71% pour le vaccin contre la diphtérie
(Ryder RW et al, 1993). Concernant la coqueluche, une étude en Italie montrait que
75% de 12 enfants âgés de 6 à 107 mois infectés par le VIH1 avaient développé des
anticorps à la suite d’une vaccination par un vaccin acellulaire contre la coqueluche,
mais avec une moyenne géométrique des titres d’anticorps plus faible que chez les
enfants non infectés (de Martino M et al, 1997).
c) Rougeole
- Chez les enfants non infectés par le VIH, les taux de séroconversion se situent entre
80 et 90% après une vaccination réalisée à l’âge de 9 mois. Les anticorps ont été
retrouvés 8 à 16 ans après la vaccination chez 85% des sujets même en l’absence
d’une nouvelle exposition (Cutts F, 1993).
- Chez les enfants infectés par le VIH, la prévalence des anticorps après la vaccination
contre la rougeole chez les enfants infectés par le VIH varie de 17% à 100%, avec
une médiane de 60%. Cette large variation de la réponse vaccinale est fonction de
l’âge à l’immunisation, du nombre de doses reçues, du test biologique utilisé, du délai
depuis la dernière vaccination et du niveau d’immunodépression au moment de la
vaccination (Moss WJ et al, 2003). En RDC (ex Zaïre), 65% des 48 enfants avaient
des anticorps 3 mois après la vaccination anti-rougeoleuse faite à l’âge de 9 mois. Le
temps médian de perte d’anticorps contre la rougeole chez les sujets infectés par le
VIH était d’environ 30 mois (al-Attar I et al, 1995).
Une étude au Brésil chez 21 enfants infectés par le VIH1 et 29 non infectés, âgés de
15 mois à 13 ans, ayant reçu en routine au moins deux doses de vaccin ou au moins
une dose de vaccin avant le premier anniversaire, a montré que la proportion
d’enfants avec des titres d’anticorps supérieurs ou égaux à 50 mUI/ml (test de
neutralisation sur plaques) était de 57% chez les enfants infectés et 100% chez les
enfants non infectés (Lindgren-Alves CR et al, 2001).
Contexte et objectifs
En Ouganda, une étude incluant 243 enfants infectés et non infectés par le VIH âgés
de 17 à 41 mois vaccinés contre la rougeole à l’âge de 9 mois, a montré que la
proportion des sujets présentant un titre d’anticorps supérieur ou égal à 15 ELISA
UI/ml était de 48% (24/50) chez les sujets infectés et de 63% (121/193) chez les
enfants non infectés. La malnutrition était significativement associée à une mauvaise
réponse anticorps contre le vaccin antirougeoleux (Waibale P et al, 1999).
Les travaux menés chez des enfants infectés par le VIH sous multithérapies
antirétrovirales suggèrent l’intérêt d’une revaccination contre la rougeole et le tétanos
après la restauration immunitaire (Melvin AJ et al, 2003; Farquhar C et al, 2009).
Contexte et objectifs