Chapitre II : Sources de données
II.1 Mon implication dans les projets de recherche
J’ai assuré dans les deux études susmentionnées un rôle de coordination. D’abord
Coordinateur au Cameroun de l’étude ACIP-EPIPEV, avec le Docteur Ionela Ngouandika
(Institut Pasteur de Bangui) et le Docteur Laurence Baril (Institut Pasteur de Paris), Je suis
actuellement Coordinateur Sud de l’étude ANRS-PEDIACAM avec Professeur Albert FAYE,
Coordinateur Nord (Hôpital Robert Debré, Paris).
Sur le plan pratique, j’ai participé aux différentes étapes du processus de préparation des
protocoles de ces études. Ensuite, je me suis chargé de la mise en place, du suivi et de la
valorisation.
Concernant la mise en place, j’ai assuré toutes les démarches nécessaires pour l’obtention
des autorisations réglementaires (autorisation du Comité National d’Ethique du Cameroun,
l’autorisation administrative du Ministère de la Santé Publique pour le démarrage des
recherches et l’avis des associations des personnes vivant avec le VIH). Puis, j’ai mené les
contacts avec les administrations des différents hôpitaux participants pour le lancement des
activités. Enfin, j’ai préparé les procédures de mise en place et de suivi du projet, participé à
la conception des cahiers d’observation et au recrutement du personnel dédié à l’activité de
recherche, à la commande du matériel et des équipements.
Chapitre II : Sources de données
- des visites de supervision dans les sites participants afin de s’assurer du respect des
procédures dans le déroulement des activités
- des réunions entre différentes équipes impliquées et le Promoteur pour faire le point
sur l’avancement des activités et veiller au respect des objectifs (réunions
téléphoniques mensuelles, réunions trimestrielles du comité de pilotage, réunions
annuelles du comité scientifique)
- la gestion du personnel dédié
Par rapport à la valorisation, j’assure la vérification de la qualité des données, les analyses
statistiques et la préparation des drafts d’articles et de communications. Ces derniers sont
ensuite envoyés aux partenaires pour recueillir les différentes contributions afin de finaliser le
document et procéder à sa soumission.
Enfin, je m’assure toujours que les résultats de nos recherches sont discutés avec les
autorités de santé en vue de faciliter le processus d’appropriation et de vulgarisation.
Chapitre II : Sources de données
II.2 Etude ACIP-EPIPEV : Comparaison de la réponse aux
vaccins utilisés dans le Programme Elargi de Vaccination
(PEV) chez les enfants infectés et non infectés par le VIH-1
en Afrique sub-saharienne
II.2.1 Objectifs
L’objectif principal était d’évaluer le rôle de l’infection VIH par transmission verticale sur la
réponse aux vaccins utilisés dans le Programme Elargi de Vaccination (PEV) chez les
enfants âgés de 18 à 36 mois vivant au Cameroun et en République Centrafricaine (RCA). Il
s’agissait plus spécifiquement de :
- Quantifier et comparer la persistance des anticorps aux vaccins du PEV (vaccin
contre la poliomyélite, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la rougeole) chez les
enfants infectés et non infectés par le VIH.
- Etudier l’influence des caractéristiques cliniques et biologiques des enfants sur la
relation entre l’infection VIH-1 et la réponse des enfants aux vaccins utilisés dans le
PEV.
II.2.2 Schéma de l’étude
Il s’agissait d’une étude transversale multicentrique portant sur deux groupes d’enfants nés
de mères séropositives pour le VIH. Ces enfants étaient inclus et suivis dans quatre
structures hospitalières au Cameroun : le Centre Mère et Enfant de la Fondation Chantal
Biya (CME-FCB), le Centre d’Animation et d’Action Sanitaire et Sociale (CASS), le Centre
Hospitalier d’Essos (CHE) à Yaoundé et l’Hôpital Laquintinie à Douala (HLD) et dans un site
en République Centrafricaine : le Centre Hospitalier National et Universitaire - Hôpital
Pédiatrique à Bangui. L’ensemble a été conduit, sous la coordination du Centre Pasteur du
Cameroun, de l’Institut Pasteur de Bangui et de l’Institut Pasteur de Paris.
II.2.2.1 Critères d’inclusion
- Enfants nés de mères séropositives pour le VIH, nés à terme (≥37 semaines de
grossesse), âgés de 18 à 36 mois et non allaités depuis 6 mois ou plus au moment
de l’inclusion dans l’étude.
- infectés (Groupe 1) ou non infectés (Groupe 2) par le VIH-1, sur la base d’une
sérologie VIH réalisée à partir du 15
emois de vie.
Chapitre II : Sources de données
- consentement écrit par l’un des parents ou le représentant légal.
Les enfants ayant reçus une corticothérapie, une transfusion sanguine ou des
immunoglobulines dans les 3 mois précédant la proposition de participation à l’étude
n’étaient pas inclus (Figure II-1).
Enfants infectés par le VIH par transmission verticale
GROUPE 1
Enfants non infectés par le VIH nés de mères séropositives pour le VIH
GROUPE 2
- âge compris entre 18 et 36 mois
- Nés à terme (=37 semaines de grossesse) - Avoir reçu avant l’âge d’un an et certifié
par le carnet de vaccination :
- 3 doses de vaccins contre la
diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite
- une dose de rougeole
Un ou plusieurs événements suivants dans les 3 derniers mois précédant :
- Corticothérapie longue - Transfusion sanguine, - Immunoglobulines - Notion de rougeole - Allaitement maternel
Proposition de participation / signature du consentement par l’un des parents ou le tuteur légal
INCLUSION
Evaluations clinique et biologique
OUI INCLUSIONNON
NON
Figure II-1 : inclusion d’enfants dans EPIPEV, 2004-2006, Cameroun et RCA
II.2.2.2 Origine des vaccins utilisés dans le PEV au Cameroun et en RCA
L’approvisionnement en vaccins dans les Programmes de vaccination au Cameroun et en
RCA répond aux procédures des « marchés publics » avec de nombreux fournisseurs qui
interviennent dans le domaine. Les enfants concernés par cette étude ont été vaccinés entre
2002 et 2004. A cette époque, les principaux fournisseurs de vaccins aux Programmes des
deux pays étaient :
- Serum Institute of India et Aventis Pasteur : le vaccin contre la diphtérie, le tétanos
et la coqueluche
Chapitre II : Sources de données
- Serum Institute of India : le vaccin contre la rougeole
II.2.3 Recueil des données
Un questionnaire standardisé a été administré à tous les parents ou tuteurs d’enfants
répondant aux critères d’inclusion par le médecin. Les enfants ont été examinés pour
compléter les données sociodémographiques, les antécédents familiaux de maladie à
prévention vaccinale, les paramètres anthropométriques, les symptômes et signes cliniques
et les traitements en cours au moment de l’inclusion des enfants dans l’étude. Ensuite, un
prélèvement sanguin unique (d’environ 10 ml chez les enfants infectés par le VIH et 7 ml
chez les enfants non infectés) a été effectué et transmis après étiquetage anonyme aux
laboratoires des Instituts Pasteur pour les analyses biologiques prévues dans le cadre de
l’étude. A ce niveau, les aliquots ont été systématiquement fait pour le titrage des anticorps
contre les différents antigènes du PEV et conservés à -20°C.
II.2.4 Evaluation de la réponse humorale aux vaccins du PEV
Le titrage des anticorps contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite (types 1, 2 et 3) et la
rougeole a été effectué localement dans chacun des sites coordinateurs (Centre Pasteur du
Cameroun et Institut Pasteur de Bangui). Une partie des sérums a été envoyé au Centre
National de Référence de la coqueluche et autres Bordetelloses à l’Institut Pasteur de Paris
pour la recherche des anticorps contre la coqueluche. Tous les échantillons ont été testés en
duplicates et le résultat était la moyenne des deux déterminations. Les seuils de
séropositivité choisis pour chaque antigène vaccinal comme seuil de protection
correspondaient à ceux fournis par le fabricant du kit ou par l’OMS. La réponse vaccinale a
été considérée comme adéquate si elle était égale ou supérieure à ce seuil, inadéquate si
elle était sous ce seuil.
Diphtérie et tétanos
Les anticorps contre la diphtérie et le tétanos ont été mesurés en utilisant un test ELISA
(Diphtheria ELISA IgG test kit et Tetanus ELISA IgG-Genzyme Virotech, Rüsselsheim,
Germany). Les sérums avec un titre d’anticorps ≥100 mUI/ml ont été considérés comme
positifs, c’est-à-dire conférant une protection immunitaire.
Coqueluche
Chapitre II : Sources de données
contre les fimbrae, la pertactine et autres autotransporteurs. Les résultats positifs ont été
définis par les valeurs égales ou supérieures à la valeur de la 1
èredilution testée (1/20
dilution). Les titres positifs ont été considérés comme les signes d’une infection en
l’absence d’une dose de rappel entre les deux dernières années avant le prélèvement.
- Les anticorps contre la toxine pertussique (TP), spécifique à B. pertussis (Simondon F et
al, 1998) détectés par une technique ELISA. Le sérum était considéré positif si le taux
d’anticorps était supérieur à 25 EU/ml. Ces anticorps anti-TP ne persistent pas plus de 2
ans après administration du vaccin à germe entier de la coqueluche. De plus, les titres
d’anticorps anti-TP>100EU/ml ont été considérés comme prédictif d’une récente infection
avec B. pertussis, en l’absence d’une dose de rappel faite dans les deux ans avant la
collecte de l’échantillon analysé (Edwards KM et al, 2004).
Rougeole
Les anticorps contre le vaccin de la rougeole ont été initialement mesurés à l’aide d’un kit
commercial ELISA (Enzygnost Anti-measles virus/IgG, Dade Behring, Marburg, Germany)
dans lequel les plaques sont cotées avec le virus rougeoleux inactivé (Scott S et al, 2005).
L’antisérum de référence contre la rougeole (code #92/648, National Institute for Biological
Standards and Control (NIBSC), Hertfordshire, UK) a été utilisé pour calibrer l’analyse. Les
résultats étaient classés comme négatif (∆OD < 100 mUI/ml) ou équivoque (100 ≤ ∆OD ≤
335 mUI/ml) ou positif (∆OD> 335 mUI/ml). Parce que le pourcentage des échantillons
positifs était faible dans les deux groupes avec cette technique (16,0% et 62,3% d’enfants
infectés par le VIH et non infectés par le VIH, respectivement), tous les échantillons ont été
re-testés en utilisant un autre test (Measles IgG capture EIA, Microimmune Ldt, Brentford,
UK) (Cohen BJ et al, 2006). Ce test qualitatif a été réalisé par le laboratoire de virologie du
CHU de Caen, laboratoire associé au Centre National de référence de la rougeole.
Brièvement, les plaques étaient cotées avec les anti-IgG humain et une nucléoproteine
récombinante avec l’antigène rougeole a été utilisée pour détecter les anticorps spécifiques
contre la rougeole. Les sérums ont été considérés positifs aux IgG contre la rougeole si la
DO était 1,25 fois plus élevé que la moyenne des DO des 3 puits de contrôle négatifs.
Poliomyélite
Les titres d’anticorps neutralisants contre chaque type de poliovirus ont été mesurés en
utilisant un test de séroneutralisation basé sur une procédure recommandée par l’OMS
(WHO/EPI, 1997). La puissance du sérum de référence maison (identique dans les deux
sites) a été testée en parallèle avec le 2
eréactif international de référence pour les virus
Chapitre II : Sources de données
internationales (UI). Les dilutions en double du sérum allant de 1/8 à 1/1024 ont été
incubées. Le titre d’anticorps neutralisant était la dernière dilution du sérum qui avait protégé
50% des cellules en culture. La détection d’anticorps à la dilution 1:8 était considérée
positive pour le sérotype de poliovirus (équivalent de 0,6 UI pour poliovirus 1, 1,1 UI pour
poliovirus 2 et 0,3 UI pour poliovirus 3). La moyenne géométrique des titres de chaque type
de poliovirus était calculée en UI pour tous les échantillons.
II.2.5 Autres analyses biologiques
Les analyses biochimiques (transaminases, amylasémie et protidémie), charge virale et
numération des lymphocytes TCD4, TCD8 et TCD3 ont été réalisées. En dehors des
résultats de la sérologie vaccinale, tous les autres résultats biologiques ont été directement
rendus aux cliniciens pour la prise en charge des enfants prélevés à l’inclusion.
II.2.6 Estimation de la taille des groupes
L’hypothèse initiale était basée sur un pourcentage de réponse adéquate (au-dessus du
seuil de protection attendu pour chaque valence) chez les enfants nés de mères
séropositives de : 95% chez les enfants non infectés et 70% chez les enfants infectés. Un
ajustement de Bonferroni a été effectué afin de tenir compte des tests multiples (n = 6, alpha
= 0,05/6 = 0,008). Avec un risque alpha = 0,008, une puissance à 80%, et un test bilatéral, il
fallait inclure 63 enfants par groupes.
II.2.7 Nombre de sujets inclus dans l’étude ACIP-EPIPEV
Au total, 177 enfants étaient éligibles, parmi lesquels 129 ont été inclus entre novembre
2004 et Mai 2005 : 51 enfants infectés par le VIH (groupe 1) et 78 non infectés par le VIH
nés de mères séropositives pour le VIH (groupe 2) (Figure II-2). La puissance recalculée sur
les hypothèses initiales de 95% et 70% est un peu plus faible que prévu : 76%.
Chapitre II : Sources de données
Figure II-2 : Diagramme décrivant l’inclusion d’enfants, EPIPEV, 2004-2006, Cameroun
et RCA
Groupe infecté VIH+ Groupe non infecté VIH-
Bangui
16
Yaoundé, Douala
38
Bangui
88
Yaoundé, Douala
35
Bangui
16
Yaoundé, Douala
35
Bangui
44
Yaoundé, Douala
34
51 VIH+ 78 VIH-
129 enfants inclus
P
ré
—
in
c
lu
s
io
n
In
c
lu
s
io
n
T
o
ta
l
Chapitre II : Sources de données