• Aucun résultat trouvé

Répartitions des accidents et des zones d’habitations des impliqués

CHAPITRE 4. ÉTUDE DE L’ACCIDENTOLOGIE DES PIÉTONS DE 10-15 ANS SUR LA LMCU À PARTIR DES PV

4. ANALYSE SPATIALE : DE L’ACCIDENT VERS L’ESPACE

4.1. Répartitions des accidents et des zones d’habitations des impliqués

Après avoir mis en évidence l’analyse de la base de données dans sa dimension accidentologique, une analyse spatiale est entreprise afin de mieux comprendre la répartition des accidents des adolescents piétons et d’en définir les enjeux.

Dans un premier temps, les accidents sont localisés sur le terrain d’étude de la métropole lilloise. Cette localisation a été effectuée en standardisant les données recueillies des procès-verbaux d’accidents et à l’aide du processus de géocodage du logiciel de SIG Arcgis. Les domiciles des impliqués sont, quant à eux, localisés au centroïde d'un quadrillage de 200 m de côté afin de garantir la confidentialité de cette donnée.

Carte 19 : Répartition des lieux d’accidents et de domiciles des impliqués piétons de 10 -15 ans

Le semis de points des accidents et des domiciles des victimes piétons adolescents, tel que présenté ci- dessus (Carte 19), met en évidence une concentration de ces évènements et des domiciliés piétons impliqués, aux niveaux des secteurs de Lille (plutôt au sud de la ville), de Roubaix et Tourcoing, et quelques zones en proche banlieue de ces deux villes.

De manière générale et assez attendue, comme cela apparaît sur la Carte 19 où chaque point représente un accident ou un domicilié (un point pouvant en cacher d’autres lorsque plusieurs accidents ou domiciliés sont localisés à la même adresse), la répartition des accidents de piétons adolescents reflète la structuration urbaine de la métropole : plus nombreux dans les villes de Lille, Roubaix et Tourcoing, présents en nombre non négligeable dans les communes de leur banlieue et beaucoup moins fréquents dans les communes rurales. La localisation des domiciliés selon leur lieu de résidence est assez similaire de prime abord.

Chapitre 4. Étude de l’accidentologie des piétons de 10-15 ans sur la LMCU à partir des PV

Afin d’approfondir ces résultats, un calcul de la densité des accidents des piétons de 10-15 ans est effectué. La méthode utilisée est celle des « Kernel » ou « densité de noyau ». L'outil densité de noyau calcule la densité des entités se trouvant dans le voisinage de ces entités.

Pour améliorer ce diagnostic territorial (voir Carte 20 et Carte 21), la cartographie de densités locales d’accidents de piétons adolescents réalisée sous ArcGIS (dont on retrouvera une explication de la méthode dans Huguenin-Richard, 1999) permet de visualiser de manière surfacique et continue le nuage de points composé d’évènements ponctuels discrets (les accidents). Cette représentation donne une idée de l’intensité locale de l’occurrence de l’évènement, que la seule vue du semis de points ne restitue pas (un point pouvant en cacher un ou plusieurs autres). Cette méthode permet aussi de s’affranchir des découpages administratifs (tracé ajouté a posteriori sur la carte afin de mieux se repérer), puisqu’il n’y a pas d’opération d’agrégation de données préalable au traitement cartographique.

Plusieurs lieux à forte densité locale d’accidents apparaissent sur la Carte 20, notamment à Roubaix (comités de quartier Roubaix-Centre, Roubaix-Est et Roubaix-Nord), dans deux comités de quartier de la ville de Lille (au sud, dans le comité de quartier Moulins et plus à l’ouest de la ville, dans le comité de quartier Vauban) et un autre lieu à forte densité au nord de la commune de Wasquehal. Des densités locales d’accidents plus diffuses apparaissent aussi dans certaines communes de la banlieue des principaux centres urbains : à Lambersart, Mons-en-Barœul et Wattrelos (au nord-est de Roubaix)24.

Carte 20 : Densités locales d’accidents de piétons adolescents selon le lieu de l’accident

24

Voir les communes et les comités de quartier dans l’Annexe 3 : « Le découpage de la LMCU en communes et quartiers retenu par l'étude ».

Les densités locales des lieux de résidence des piétons adolescents accidentés mettent en évidence une répartition plus marquée en périphérie des victimes dans le sud de Lille, à Mons-en-Barœul et Roubaix mais pas dans tous les comités de quartier cités précédemment (Roubaix-Nord et Roubaix-Est).

Carte 21 : Densités locales des lieux de résidences des victimes d’accidents de piétons adolescents

Pour affiner l’analyse de la répartition géographique des accidents de piétons adolescents à partir de leur semis de points, nous avons mis en œuvre une méthode de recherche exploratoire de concentrations spatiales locales anormalement élevées (Openshaw, 1995). Peu fréquente en accidentologie, cette méthode de comparaison statistique de la distribution spatiale d’une sous- population de points référencés spatialement (ici les accidents de piétons adolescents) avec sa distribution théorique associée (dans notre cas, l’ensemble des accidents de piétons sur la métropole lilloise), construite sous l'hypothèse d'une répartition spatiale aléatoire, permet de mettre en évidence des regroupements dans l’espace d’accidents de la sous-population qui peuvent être associés à la notion de « points chauds ou dangereux ». Ces points chauds ou dangereux correspondent à des espaces où la concentration d'accidents de piétons adolescents est significativement supérieure à ce qu'on peut attendre compte tenu de la concentration des accidents de piétons de tous âges en ces lieux. La significativité des écarts observés entre ces deux distributions est testée par application de la loi de Poisson (Banos & Huguenin-Richard, 1999). En pratique, la comparaison des deux semis de points est réalisée à l’intérieur de fenêtres circulaires mobiles de rayons variant entre deux intervalles fixés a priori. Elles sont générées de manière aléatoire sur l’ensemble du territoire d’étude de manière à le couvrir entièrement et plusieurs fois. Les fenêtres à l’intérieur desquelles sont détectées des concentrations anormales d’accidents de la sous-population, et pour lesquelles le test statistique n’attribue pas le résultat observé à une distribution aléatoire, sont cartographiées. Elles montrent, comme sur la Carte 22, des zones que l’on peut considérer, soit comme plus dangereuses pour les piétons adolescents que pour les autres piétons, soit simplement plus fréquentées par les adolescents.

Chapitre 4. Étude de l’accidentologie des piétons de 10-15 ans sur la LMCU à partir des PV

Des surconcentrations d’accidents de piétons adolescents apparaissent ainsi au nord de Wasquehal (zone déjà identifiée sur les cartes précédentes), sur la commune de Marcq-en-Barœul, dans le sud de Lille (comité de quartier Lille-Sud), à l’est de la Villeneuve-d’Ascq (comité de quartier Près-Bourg- Château), à Tourcoing et à Wattrelos (comité de quartier Sapin-Tilleul-Martinoire-Mousserie). Il est à noter que certains comités de quartier présentant pourtant des densités locales d’accidents fortes comme dans les villes de Lille et Roubaix, et précédemment mentionnés, n’ont pas été identifiés par cette méthode comme lieu de surconcentrations locales d’accidents de collégiens.

Carte 22 : Zones de concentrations anormales d’accidents de piétons adol escents dans la métropole lilloise

Toujours dans le principe d’identifier des zones présentant un niveau de danger plus grand pour les piétons adolescents, nous avons ensuite mené une étude à l’échelle des comités de quartier (en agrégeant les données d’accidents de fait). La méthode utilisée est celle du quotient de localisation. Cet indicateur statistique s'applique à un tableau de contingence. Il donne « la mesure de l'importance relative d'une modalité dans une unité spatiale comparée à son poids dans l'ensemble des unités » (Huguenin-Richard, 1999 ; Pumain & St-Julien, 2010, réédition). Il caractérise le degré de concentration d'une sous-population dans une unité en la comparant aux autres unités d'un même ensemble géographique. Cette comparaison de la situation locale et globale permet de s'affranchir de l'information structurelle liée au découpage spatial (par exemple, le poids démographique de chaque comité de quartier très hétérogène sur la LMCU) et de faire émerger la propre structure de la sous- population.

En accidentologie, le quotient de localisation peut être interprété comme l’estimateur d’un risque relatif, correspondant au nombre d’accidents observé dans une unité spatiale (Yij) rapporté au nombre

d’accidents attendu (Eij) :

QLi = Yij / Eij avec Eij = Yi. x Y.j / Y .. Avec :

- i une unité spatiale et j une sous-population d’accidents - Yi. le nombre total d’accidents observé en i

- Y.j le nombre total d’accidents de la sous-population observé dans la zone d’étude

- Y.. le nombre total d’accidents observé dans la zone d’étude

(Florence Huguenin-Richard, 2000)

Il s’agit, en fait, d’établir le rapport entre deux ratios d'accidents : un ratio local en (i) et un ratio global à l’échelle de la zone prise comme référence. Si le quotient de localisation est égal à 1, la situation en (i) correspond à la situation moyenne de l'ensemble du territoire. Un quotient inférieur à 1 signifie que la modalité est sous-représentée en (i). Lorsque le quotient est supérieur à 1 et à mesure que les valeurs augmentent, l'indice montre une surreprésentation de la modalité en (i). Cette unité spatiale présente une concentration d'événements nettement plus importante que dans les autres unités spatiales. Différents niveaux de concentration peuvent être cartographiés en fonction de seuils qui expriment un écart plus ou moins grand par rapport à la situation globale.

Chapitre 4. Étude de l’accidentologie des piétons de 10-15 ans sur la LMCU à partir des PV

Sur les deux premières cartes présentées ci-dessus, il est intéressant de remarquer que la spatialisation des comités de quartier, dans lesquels le quotient de localisation fait apparaître une surreprésentation (en vert foncé sur les cartes) des accidents de piétons adolescents ou des lieux de résidence des adolescents victimes d’un accident en tant que piéton dans la LMCU, ne met pas en évidence les mêmes lieux. La carte en haut à droite montre que les lieux de résidence des adolescents victimes d’un accident en tant que piéton sont plus fortement surreprésentés dans les centres villes de Lille et Roubaix, du fait de l’usage plus important de la marche à pied dans les centres villes. La carte en haut à gauche fait apparaître les lieux où les accidents de piétons adolescents sont en plus forte proportion

parmi l’ensemble des accidents piétons : comités de quartier appartenant à la banlieue de Lille- Roubaix-Tourcoing, et quelques communes périurbaines. Ces lieux correspondent à des espaces plus fréquentés par les piétons adolescents que par les piétons des autres tranches d’âge, ou bien où leur risque est plus élevé, par rapport aux autres piétons. La carte du bas présente les territoires où sont surreprésentés les accidents graves et mortels, identifiant les communes de Mons-en-Baroeul et Roncq. L’interprétation de ces résultats nécessite l’utilisation de données de mobilité, afin de prendre en compte le niveau d’utilisation de la marche à pied dans les différentes zones.

Par ailleurs, une spatialisation des cinq principaux scénarios d’accidents piétons 10-15 ans est réalisée.