Ce qui doit faire notre force, c'est la connaissance parfaite des textes officiels.
Nous devons constamment nous appuyer sur eux et leur faire rendre gorge : ils prOnent à longueur d'alinéas les théories pédagogiques qui n'osent pas dire leur nom et en tête des·
quelles nous devons nous efforcer cons·
tamment de rétablir le chapeau «Ecole Mo·
derne ».
Au demeurant des plus favorables quant aux techniques Freinet. voyons de plus près.
Le Bulletin Officiel de l'Education Na·
tionale N• 26 du jeudi 6 octobre 1960 donne, par le truchement de la circulaire du 8 sep·
tembre 1960, sous l'en-tête général « Travaux Scientifiques Ex~rimentaux », rubrique ~Prin·
clpes Pédagogiques » alinéas 1 à Il, page 9 à 11, les recommandations suivantes:
1° • ... ~partir du concret, du réel. de
l'ex~rlence accessible aux enfants el non d'un exposé ex-cathedra, livresque ou verbal ...
.. la référence A l'observation directe du milleu local s'Impose ... .t.
Qu'avons-nous demandé d'autre ? Sans commentaire.
2" • ~ motiver ainsi la présentation de toul matériel ou de toul exercice d'observation par le recows
a
un (ail pris dans /'ex~rience de l'enfant ou observable dans le milieu local, ou emprunté à l'actualité afin d'éviter une pro-gression trop mécanique el trop systématiqueR. Jardin
où le choix des travaux para/Irait dicté par une décision arbitraire el ~a priori .t du professeur ».
C'est ici un des passages les plus Ecole Moderne qui soit. On y consacre le principe de la motivation et par un enchaînement lo·
gique de cause à effet il faut bien en venir au texte libre, moyen d'investigation par excellence quant au domaine expérimental de t'enfant.
On nous offre ensuite le milieu locall Je ris 1 Et l'actualité 1 Je Jubile 1 •••
Enfin on s'Insurge contre la progres-sion logique. Au pays de Descartes 1 Quelle révolution 1 L'Ecole Moderne aurait-elle ses ultras bien tapis dans les cartons des mi-nistères ? En ces périodes de complot. de plébiscite, pourquoo NON ?
3° · « Selon les principes des méthodes actives (c'est sOremcnt un lapsus : à ce qui va suivre, c'est • mod• rnes» qu'il faut lore, mais nos lecteurs auront rectifié d'eux-mêmes 1) faire toute leur place ... aux suggestions, obser·
valions et ex~rimentalions faites par les élèves eux·mémes, en acceptant erreur el lllonne·
ment » (c'est la Direction des Programmes qui souligne, pas moi).
L'expérience tatonnée adMise, justifiée, otnclal isée. non seulement dans sa lettre mais aussi dans son esprit, non seulement dans la pratique mao1 encore dans sa théone, ainsi apparalt acceptée, avalisée l'Ecole Mo·
darne Française.
21
4• -... "par exemple : ne pas se contenter de faire construire des cour~s ou des gra-phiques de températures ou des relevés que /es 4/~ves n'auraient pas effectués eux-mêmes ».
Sans commentaire. Ou plutOt si. Mort à la caricature de l'Ecole Moderne. aux écoles qui ont gardé les apparences de la vie mais tué l'esprit. Car avant îout l'Ecole Moderne est un état d'âme qui exige que l'on sonde les réalités et non que l'on se contente des globalisations extérieures.
6" - "Recourir chaque (ols qu'il se peul j /'organtuüon du travail en équipes ».
Après Ferrière. Cousine!, Freinet a repris cette conception. Elle nous est donc familière, 0 combien 1
6• . "lier l'observation des r6alilés lo·
cales el actuelles qu'on aura choisi d'étudier j celle des mêmes réalités dans d'autres régions el d'autres lemps en recourant soli A un échange direct de documents d'Information par corres-pondanctts scolaires, soit A toul autre docu-menlaüon géographique el historique de carac-IHe aussi concret de façon A donner A l'obser-vation directe forcément lim/16e sa pleine ex-tension et valeur culturelle JI.
Voilà maintenant la correspondance in-terscolalre, et sous toutes ses formes, ce qui nous entraîne à la constitut1on d'une coopé-rahve scolaire vivante.
Il est évident que les échanges régu-liers seront nécessaires (dans une 151' par exemple) pour comparer au jour le jour, au mois le mois, les relevés météorologiques et déterminer les constantes des différents climats. D'où nécessité de la correspondance, d'un organisme de classe avec un autre or-ganisme de classe. D'où la création obliga·
22
•
loire d'une coopérative de classe. De même qui peut écrire à Haroun Tazieff pour des renseignements sur les volcans sinon le responsable devant la classe, le secrétaire de la coopé ? Et pourquoi ne pas doubler ces liens pédagogiques de liens sentimentaux en échangeant individuellement des lettres avec des élèves d'une classe amie? Toute
la correspondance est contenue dans cet
alinéa.
7'> - "Ne jamais perdre de vue, ams•
qu'Il est souligné ci-dessus que ces exercices dans la mesure oil il ne peut pas y avoir de connaissances claires sans exprttsslon précise et adéquate, sont en méme temps des exercices de langage et fournissent A l'expression orale et écrite. sous la (orme de comptes rendus Individuels ou d'équipes, une matière qui pourra para/Ire beaucoup plus naturelle que certains sujets parfois traités dans les exercices de vo-cabulaire, de description ou de rédacüon "·
Nous en venons ici au compte rendu.
à l'enquête, à la conférence. Ils apparaissent plus prisés que la rédaction si souvent stu-pide et dénuée d'esprit. Techniques qui nous sont chères s'il en est 1
Au fond, voulez-vous être un «bon»
maitre de CEG-Cycle d'orientation ? Soyez Ecole Moderne 1
Tout semble donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ... Je crois, cependant, qu'il faut aller doucement et commencer par lA où flmt Candide : cultivons notre jardm, c'est-à-dire, forts de ces données légales, voyons ce que chacun peut faire, compte tenu des cont1ngences matérielles Inhérentes è chaque école ... et des premières réalisations de I'ICEM pour les CEG.
R. Jardin
VIE D& L'LC.E.M.
ProJets et réalisations de I'I.D.E.M.
(lltStltut Dauphinois de I'Éoole Moderne)
Un musée dauphinois d'Art Enfantin ...
JI y a deux ans nous visitions le Musée d'art enfantin de Coursegoules. Dans les anciennes salles qui devaient résonner, au-trefols, sous le pas lourd des martres de céans, la fraîcheur, la naïveté dans ce qu'elle a de pur et d'honnête, l'enthousiasme, ont pris place. Dessins, peintures, céramique, tapisserie ont remplacé les landiers, les lu-minaires, les crédences d'antan. C'est le musée de l'Ecolo Freinet, qui émerveille, parce que, par delà la modestie des réalisa-lions, se devine l'amour de la vie qui est à la base des techniques Freinet. Ce musée a hanté nos pensées, nos réunions et nous avons rêvé, nous aussi, d'un musée d'art enfantin caché dans quelque creux accueil-lant de nos montagnes. Hélas 1 nous n'avons pu découvrir pour l'instant ce refuge Idéal.
Ou moins, nous avons trouvé une école qui a bien voulu, grèce à un inspecteur primaire, prêter une oreille attentive à nos projets.
Et notre musée d'art enfantin est en voie de réalisation : panneaux, étagères et rayon-nages attendent les productions que plus de trente écoles nous annoncent. Nous pen-sons que des maîtres, des élèves viendront puiser dans ce musée, l'inspiration et l'exemple qui sont les moteurs de l'émulation et de la création art1stique.
H. Culllal'd
... Et un musée d'Histoire Naturelle
Par ailleurs, nous organ1sons un musée d'un autre genre grèce aux collections que notre ami Boissieux, archéologue, met à notre disposition : Il s'agil de collections d'Histoire naturelle : zoologie, conchyliologie, entomologie etc ... Ces documents vont être rangés dans des bottes qui trouveront place dans le local que nous occupons rue Les-diguières. Quelle sera l'u!llisalion de cette documentation 1 Expositions lhnérantes, éven-tuellement, prêts aux instituteurs et profes-seurs. La collection conchyliologique que nous possédons, servira à l'identification des coquillages ramenés chaque année par les enfants, retour de colonies de vacances à la mer ou à l'océan. De nombreux industriels nous ont remis d'abondantes documentations qui constituent d'ores et déjà une synthèse de l'économie régionale. Tout ceci conshtue le musée scolaire type que chaque école peut el doit posséder. Et toute cette activité rejoint les idées qui prédominent à l'Ecole Moderne : mettre entre les mains des enfants les docu-ments nécessaires pour l'observation et l'ex·
périmentatlon. Faute de ne pouvoir assurer la liaison si profitable et si bénéfique entre l'école d'une part et l'usine et les trava•lleurs d'autre part, du moins les enfants pourront-•ls prendre contact avec les résultantes qui sont l'émanation de la technique et du lr'l•all modernes.
23
Un musée d'Histoire locale
Nous voudrions aussi et dans une autre branche, organiser un musée d'Histoire locale.
En effet, les objets et documents anciens sont encore abondants et les chercheurs peuvent être nombreux. Il s'agit de sauver de l'oubli et de fa destruction les choses du passé qui représentent fe travail, la suite d'efforts qui constituent le progrès écono-mique et scientifique ; pédagogiquement, ces choses renferment l'intérêt et l'attrait propres à éveiller la motivation qui conduit nos travaux. En outre, de même que chaque p1erre n'a une histoire qu'autant qu'elle est liée aux événements géologiques qui se sont déroulés sur place, les objets n'ont de valeur hiStorique que parce qu'ils expriment la vie de ceux qui ont vécu sur les lieux où ont été trouvés ces objets : un fer à bœufs ne peut se comprendre que dans son élément qu'est fa montagne ; une taque ou plaque loyère avec ses mscriptions, n'a un intérêt qu'en fonct1on de l'emplacement qu'elle a toujours occupé. S'il n'est pas toujours possihle de conserver la documentation historique sur place, du moins faut-tl faire en sorte que cette documentation reste dans le pays ou dan:; fa région. C'est dans ce but que Pellis-Sier cherche à juste titre, à constituer un musée d'H1sto1te locale dans sa commune ; c'est pour les mêmes raisons que nous cherchons à orgamser un musée dans la vallée du Gré-Sivaudan et ailleurs.
Ces réalisations se font, en ce qui nous concerne, en accord et en collaboration étroite