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L'Educateur n°5 - année 1962-1963

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(1)

}.5 mt ann~e

1

~r

Décembre 62

Revue pédagogique

~imensuelle

de l'Institut Coopératif de t'Eco le Moderne et de la F.I.M.E.M.

,J'éducateur

Au sommaire :

• 25 élèves par classe ! C. Freinet.

e La part du maître : P. Le Bohec - LE SOLEIL DE LA LIBER Tt.

• Maternelles : Mm e Berteloot - DtSORDRE... OU VIE ?

• Comment je travaille dans ma classe.

e Vie de I'I.C.E.M. et de la F.I.M.E.M.

• Livres et Revues.

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HENRI WALLON

Au moment de mettre sous presse, nous apprenons le décès de Henri WALLON qui a été un des maitres de la psychologie et de la pédagogie contemporaines.

Si quelques divergences regrettables nous avaient quelque peu éloignés de lui ces dernières années, nous ne saurions oublier avec quelle simplicité et quelle camaraderie il nous avait aidés durant les étapes difficiles de nos premiers tâtonnements. C'est avec émotion que nous tenons à lui rendre ici le témoignage d'amitié et de reconnaissance que nous devons à sa mémoire.

Aux maîtres des classes de perfectionnement

C. Freinet •

Collègues exerçant dans des IMP, Classes de Perfectionnement - recerant des élères de plus de 14 ans,

- pratiquant les techniques Freinet, la correspondance intH•

scolaire ou désirant les pratiquer, faites-rous connaltre.

Nous pourrons : - organiser des échanges,

- mettre en commun nos upériences.

Enro yez ros noms et adresses ~:

R. GIOT

21, Rue de Caumont LISIEUX (Calvados) .

R T P Samedi 22 et Samedi 29 D6ccmbre Aux 4 vents 13 Il 50 • 14 H 10 FRANCE Il Diffusion d cnregtstromcnts scolaires et coaptc rendu sonore du stage rencontre de t ra vaU techniques sonores 1962 Audenge bassin d \rcachon

·.

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Pour l'aboutissement d'U11.e de nos revendications essentielles :

ACTUALITIFi DE L'IFiCOLE MODERNE

Améliorer les conditions de travail des Educateurs : 25 élèves par classe !

c. Freinet

Nous menons la bataille depuis près de dix ans et sommes heureux de voir qu'elle commence à porter ses fruits.

Nous la menons à vrai dire depuis 35 ans, depuis le jour où nous avons pensé qu'il était vain de ressasser les théories les plus imposantes - on en discute depuis des siècles - et que notre devoir d'éducateurs du peuple était de faire passer dans la pratique de nos classes les rêves plus ou moins exaltants des pédagogues.

Dans cette lutte, contrairement à ce qu'on aurait pu croire nous nous sommes heurtés moins aux conceptions psychologiques, philosophiques ou sociales qu'aux obstacles matérielsettechniques;

les outils traditionnels nous paraissaient dépassés, mais Il fallait

Inventer, créer, fabriquer les outils nouveaux; ces outils il fallait habituer les maîtres à s'en servir, et c'est ce qui s'avèrera le plus difficile ; il fallait, pour que nos expériences Influencent la masse, que soient réalisées un certain nombre de conditions matérielles sans lesquelles d'ailleurs aucune pédagogie ne saurait être valable.

La surcharge des classes nous paraissait alors être l'obstacle majeur: exiger un nombre normal d'élèves, c'était exiger des créa·

lions de postes, donc le recrutement nécessaire, donc de meilleurs salaires, le tout aboutissant presque automatiquement à une nouvelle pédagogie.

Mais que ne nous a·t-on pas dit, même dans nos rangs quand, au Congrès d'Aix-en-Provence en 1955 nous avons lancé le mot d'ordre 25 enfants par cluse et créé l'Association qui devait popu·

!ariser cette revendication, et avec quelle obstination certaines organisations syndicales se sont ingéniées à ridiculiser puis à saboter notre entreprise ?

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Nous apportions certes du nouveau, e!

l'avant-garde n'a jamaos bonne presse dans les systèmes établis. C'est bien en vain que nous disions le vice de forme de revendications qui sent strictement matéroelles, qui sont des revendications de fonctionnaires mais non de foncloonnaires-instiluteurs et qui nous privent de certains atouts que nous vaudrait notre essentielle qualifocallon.

Notre raisonnement de bon sens reste toulours valable .

Si l'Ecole fonctionne mal, si les résultats en sont contestables, l'instotuteur, en l'état actuel des choses, en porte seul, auprès des parents et de l'administration. la res·

ponsabllité. C'est à dessein d'ailleurs qu'on a entretenu chez les parents cette idée ances·

traie que la qualité de l'Ecole dépend exclu·

slvement de la valeur pédagogique, technique et morale du maitre. Nul no leur a jamais expliqué que le rendement scolaire, comme tous les rendements industriels ou commer·

claux est subordonné aux conditions de fonc·

tlonnement de t'Ecole, et que les éducateurs usent leurs nerfs et leur santé à travailler dans une atmosphère, et solon une technique dont ne voudrait aucun ouvrier ou fonction·

nalre un tant soit peu spécialisé.

Les cheminots dénoncent certains vices techniques de l'exploitation des réseaux et las d'être les lampistes, s'organisent pour assurer leur sécurité. Les mineurs font de même, avec plus d'insistance et de méthode encore ; /a Sécurité Sociale enquête sur les locaux où travaillent ouvriers et employés.

Mais quelle voix s'est élevée, quelle organi·

satlon s'est mobilisée pour que le public en général et les parents en particulier soient mis au courant des dangers très graves - physiologiqués et psychiques - que courent leurs enfants dans les classes surchargées, dans les cours de récréation surpeuplées et du fait aussi de l'ompréparatoon d'une large partie du personnel enséignant ?

Ne nous étonnons pas si, quand nous réclamons de meilleurs salaires, nul ne s'en

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émeut et si presse et radio restent obstiné·

mont muets. On est beaucoup plus sensible aux arrêts de travail des boueux et des croque·

morts qu'à la vacance occasoonnelle de quel·

ques classes.

C'est parce que notre fonction apparaît aux yeux des parents - et en partie par notre faute comme mineure qu'on no fait rien pour la revaloriser. '

Pour que l'Ecole ait, dans la nation, la place qui lui revient en serait peut ·être autrement si les éducateurs commençaient leur action coopé·

ratlve par le bon bout, par l'incidence technique et humaine de leur métier.

Demandons que les syndicats désignent des commissions de surveillance et de contrOle comme il en existe pour les autres profes- soons. Ces commissions pourraient com·

prendre : des délégués du personnel (pré·

sentés par les syndicats), des délégués des parents. un ou plusieurs médecins, des dé·

légués de l'administration. On soumettrait à celte commission les cas extrêmes qui ap- paraissent comme un scandale : classes surchargées, cubage insuffisant, à cause de cette même surcharge, exiguïté des cours, bruits obsédants, locaux insuffisants. avec manque plus ou moins total d'outils de travail etc... La presse serail informée. Les diverses assemblées auraient à en délibérer. Vous verroez alors les parents s'intéresser à cette lutte dont la santé et l'éducation de leurs enfants seraient l'enjeu. Ils seraient eux·

mêmes d'accord pour que les commissions, dans quelques cas graves, puissent ordonner la fermeture de certaines classes pour des raisons de sécurité, comme on ferme une mine suspecte.

Les instituteurs ne seraient plus seuls à réclamer, à leurs risques et périls. leur voix seraot mieux entendue. Un courant nou- veau serait créé.

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Comme une telle activité aménerait immanquablement à des créations de classes, le nombre des éducateurs devrait augmenter nécessaorement. Mais pour que ce nombre puisse augmenter, pour que les classes ne soient pas tenues par des J&unes sans for·

mati on, Il faudrait reconsidérer le recrutement, donc les salaires.

L'Ecole à tous les degrés prendrait dans la nation et dans le budget la place qui devrait être la sienne, et nos revendications auraient alors plus de chances de réussir.

La santé des maitres Cette formule d'action à la base contri·

buerait aussi à poser et à résoudre une

revendicalion que nous croyons essentielle

et que les organisations syndicales sous·

estiment totalement : celle de la santé des maîtres.

Les organisations syndicales ont agi, il est vrao, efficacement pour ce qui concerne les soins aux éducateurs que la rigueur de leur métier a rendus malades, et ce n'est pas nous qui allons méconnaître l'importance des réalisations exemplaires de la MGEN.

Oui, les instituteurs malades sont bien soignés, mais n'y aurait-il pas lieu d'étudier les mesures à prendre pour qu'ils ne deviennent pas ma·

lades? Dans neuf cas sur dix, les accidents graves qu'on soigne dans les établissements de la MGEN sont dOs aux mauvaoses condi- tions de travail. La surcharge des classes dans des locaux surchauffés et au cubage insuffisant, suscite automatiquement la lu·

berculose. Les élèves nerveux et entassés dans des locaux trop populeux, mal agencés techniquement, avec un excès de bruit, et aussi : ce qui n'est pas négligeable des mé·

thodes qui demandent aux éducateurs une tension hors nature, tout cela prépare aux maladoes nerveuses à tous les degrés, et parfoos incu(ables.

Il ne suffit pas de dire que la tuberculose et les affections nerveuses sont des maladoes

professionnelles des éducateurs. C'est l'aspect passif du problème, lutter contre les causes qui mènent à ces maladies en seraot l'aspect actif et dynamique.

A notre Congrès de Mulhouse, un de nos vieux militants venait dire à la tribune, aux applaudissements des 500 participants :

«Bien sOr, nous voulons de meilleurs salaires, mais si on ne change rien à nos conditions de travail, nous serons usés avant l'heure et ne pourrons pas même profiter d'une retraite chèrement payée. Ou'on nous aide à vivre d'abord et à travailler humaone·

menti•

C'est l'appel que nous lançons nous aussi aux organisations syndicales. Les condi- tions administratives et sociales changent à vue d'œol dans notre monde en mouvement.

Il ne faut pas craindre de reconsidérer de même nos condotions de lutte. Alors, avec les parents, intéressés comme nous à un meilleur fonctionnement de l'Ecole nous mè·

nerons avec plus d'efficacité l'actoon indis·

pensable pour le progrès de l'Ecole Laoque.

Des ordres du jour votés dans les sections Pourquot ai-je cru bon de reprendre aujourd'hui une argumentation souvent avan·

cée déjà ici-même? C'est que je voens juste·

ment de recevoir dovers comptes rendus et ordres du jour qui me montrent que l'action souhaitée est heureusement commencée.

En juillet dernier nos camarades de Haute-Savoie (vérifler vos dernières et avant dernières édotions de juillet) avaient fait voter par leur section syndicale, une motion re·

commandant cette défense de nos condiltons de travail. Cet ordre du jour devaot être pré·

senté au Congrès du SNI. Nous n'en avons eu aucun écho.

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Voici aujourd'hui une motion votée à Lyon par l'AG de la FEN, et une motion du Conseil Syndical de l'Ardèche :

L'Assemblée Générale de la FEN a eu /feu dimanche 18. La motion a été adoptée à l'unanimité moins 18 abstentions :

« La totale réussite de la grève des pa- rents d'élèves du RhOne et de l'Hérault cou·

ronnant la Quinzaine d'action /a/que a mis en évidence la volonté des parents de voir aboutir la plus vitale et la plus urgente de nos revendications.

Obtenir un nombre d'enseignants el de locaux correspondant réelfemenl au besoin de noLre enseignement.

Ce soutien eflectif des parents d'élèves ne nous invile·l·il pas è aller de l'avant et à ne plus nous contenter chaque année

«d'attirer seulement l'attention des pouvoirs publics •·

L'assemblée générale demande donc au Congrès de mettre à l'élude un plan qui pré- vOlt de ramener en 3 ou 4 ans (1) el par étapes, les eflectafs de toutes les classes à 25 élèves maximum.

D'envisager une action énergique pour faire activer ce plan par les pouvoirs publics et pour assurer l'application de chaque étape.

L'assemblée générale pense que l'étude de ce plan pourrait être faale en collaboration avec les représentants des parents d'élèves,..

11 Le Conseil Syndical de la section ardé- cholse du SNI, réuni à Privas le 8/11/62.

Après avoir tiré les conclusions de la campagne laïque de la rentrée, salue les actions qui ont été menées dans le cadre de la Quinzaine (grève des parents, etc).

Le C.S. estime cependant qu'il n'est pas suffisant chaque année • d'attirer l'at-

(1) • Nombre à déterminer exactement par les spécialistes en se basant non sur la bonne volonté gouvernementale mais sur ses possibilités réelles •·

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tentlon " du public et du pouvoir sur le man- que de postes, les classes surchargées etc.

Il pense que la bataille pour un nombre de postes correspondant aux besoins, la réduction des eflectofs dans les classes, des conditions de travail meilleures, est une bataille urgente et permanente.

En conséquence Il demande au SNI : - de préparer sur ces objectifs un plan prévoyant notamment de ramener par étapes l'effectif de chaque classe à 25 élèves au plus,

- et de prévoir à chaque étape de ce plan des actions énergiques pouvant aller jusqu'à une grève prolongée •·

Il faut poursuivre l'action.

Ne manquez pas une occasion d'en mon- trer l'urgente nécessité ; discutez-en dans les sections syndicales ; portez la question au bulletin syndocal. Ecrivez des articles pour l'Ecole Ubératrice.

Expliquez en résumé que :

« Pour une plus grande etr.cacité de leur lutte revendicative, les instituteurs de- mandent que l'accent soit mis par les syndi- cats, par les associations de parents, par les organisations laïques sur l'amélioration indispensable de leurs conditions de travail:

classes surchargées, cubage d'aor insuffisant, bruit, locaux et cours de récréation trop exi- gus, méthodes pédagogiques à reconsidérer avec les outils modernes indispensables, les revendications administratives et maté- rielles devant être la conséquence naturelle de notre lutte pour une meilleure école.

Les 1 nstituteurs demandent que le mot d'ordre de 25 enfants par classe devienne progressivement une réalité et que soient constotuées des commissions de contrôle chargées d'enquêter et d'mterven1r dans tous les cas graves qui leur seront sognalés "·

Et tenez ·nous au courant.

C.F.

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LA PART DU MAITRE

Le soleil de la liberté

Une camarade m'a dit :

«J'al fu ton dernier article. ff m'a surprise.

Je ne comprends pas comment vous pouvez obtenir de tels textes dans votre ·classe. Per·

sonnelfement, je n'al jamais rien eu de sem·

blabfe. Depuis le début de cette année, par exemple, j'al eu des textes plats du genre : - Le bulf·dozer a aplani le lerrain des

HLM

- Dimanche, j'ai regard~ fa M((lvision.

- Hier, j'ai jou~ avec mon /rilre.

- Mon pilre est allé .! /a chasse.

Je lui ai répondu :

«Moi aussi, au début de l'année, j'ai obtenu des textes similaires. Tous mes garçons du C.P. de l'an dernier n'écrivaient que cela.

Et je n'en éta1s pas fâché car ces études ont évodemment leur place dans la classe.

Mais j'ai eu la chance de pouvoir in·

corporer deux ferments dans la nouvelle pâte :ce sont deux élèves de mon CE' de l'an dern1er et de ce fait, différents de leurs ca·

marades. En effet. ils ont déjà connu la Il·

berté d'écrire et, dès les premiers jours de classe, ils l'ont retrouvée tout naturellement.

Et, en un mois, à part un texte ou deux - pêche aux ormeaux fructueuse; retour du frère nann -ils n'ont prodUit que des textes d'•mag1na 10n . pbésies, fables. compt,nes ...

Tu as de la chance d'avoir des enfants·

poètes. Mol je n'en ai point.

P. Le Bohec

- Des enfants·poètes ? Mais non, tous les enfants sont poètes. la preuve, c'est que, maintenant, tous mes élèves du CE' se sont également mis à écrire presque un1·

quemenl des textes d'imagination.

- Oui, Ifs veulent plaire au maitre qui est poète ful·m,me.

- Un mattre·poète? Mais non, tous les maîtres sont poètes, mais ils l'ont parfois oublié.

Non, il ne faut pas chercher d'explication particulière. C'est tout simplement parce que l'imaginaire convient à l'âge de nos ·élèves.

Et quand Ils ont goûté à la liberté, quand Ils ont compris qu'ils pouvaient toul dire, alors ils ne manquent plus de mots, Ils ne manquent plus d'audace. Et quand ils ont eu ta voie libre, ils ne arrêtent pas de filOt. Une anec·

dote te le prouvera •

- Un ma' m de l'hiver dernier, on ne parle que d'un événement considérable le radOmo (l'énorme boule de Telstar, de Pleumeur·Bodou) a été crevé par la tempête.

Deux, dix, vingt enfants viennent me l'annoncer à mon arrivée à l'école. Alors, vite, jo fais le recensement de tous mes radOmes af1n de voir ce que je pourrai apporter aux élèves lorsque le texte libre aura été choisi. Surprise 1 dix·sept garçons, dix·sept textes hbros, mais seize textes d'1mag1nation et un seul texte sur le radOme.

Comment expliquer cette pnmauté de l'imagma~re ? A mon avis, la creva1son du

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radOme, c'était un événement extérieur et, pour de jeunes enfants, le texte libre c'est fait pour les événements intérieurs. Oui, avant ces trente mille mètres cubes d'air ressaisis par l'azur il y avait le petit fait de la veille, de la nuit ou du malin, plus gros qu'un radOme à leurs yeux.

Les événements personnels ont la prio·

rilé et on doit commencer par s'en laver.

Aussi le maitre doit-il faire présent d'une belle trousse de toilette avec tous les objets nécessaires : ambiance, affection, techniques, liberté.

Il faut que l'enfant puisse se nettoyer entièrement l'âme en utilisant la technique de son choix : celle qui correspond le mieux à sa personnalité.

Couleur gris sur gris Voilà posé le vrai problème de la part du maitre. A ce sujet, je sais que des camara·

des m'accusent gentiment de lui faire une trop grande place dans mon enseignement.

Avant de leur donner raison, je voudrais qu'ils entendent. d'abord, l'un de mes avocats.

C'est un philosophe du XIX0 siècle qui a vraiment réfléchi à beaucoup de choses.

Ecoutez.fe protester contre la loi prussienne du 24 décembre 1841 sur la censure:

«Ma propriété c'est la forme, elle cons- titue mon Individualité spirituelle.

u

style,

c'est l'homme. El comment 1 Mais/a loi me per·

mel d'écrire, A /a condition d'écrire dans un aulrtt style que le mien 1 J'ai le droit de montrer la figure de mon esprit, mais à la condition de lui donner, d'11bord, les plis prescrits 1 Quel homme d'honneur ne rougirait pas dev11nt parellie prétention et ne préférerait se cacher la tite sous /a toge 7 La toge, au moins, laisse soupçonner une Mte de Jupiter. Les plis pres·

crlts ne signifient pas autre chose que «bonne mine A mauvais jeu"·

Vous admirez /a variété ravissante, /a r/chttsstt in~puisable de la nature. Vous n'exigez

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plus que la rose ait le parfum Inépuisable de la violette, mais ce qu'il y a de plus riche, l'es·

prit, ne doit avoir la faculté d'exister que d'une seule façon. Je suis hardi, mais la loi ordonne que mon style soit modeste. Gris sur gris, voilA la couleur unique, la couleur autorisée de /a liberté. La moindre goutte de rosée, dans la·

quelle se re(léte le soleil, scintille dans un /né·

pu/sable jeu de couleurs, mais le soleil de l'es·

prit, quels que soient le nombre des Individus et la nature des objets où Il se brise ne pourr1111 donner qu'une couleur, la couleur officielle 1 La (orme essentielle de l'esprit est la gallé, /a /umlilre, et vous faites de l'ombre sa seule ma·

m(estatlon adéquate, il ne do/1 etre v6tu que de noir et JI n'y a pourtant pas de (leur noire parmi les (leurs •·

Karl Marx. (Sur la littérature et l'art.

Editions sociales).

Allons, messieurs les jurés, laissez vous convaincre, et réfléchissez à ceci ;

Depuis combien d'années, sinon de siécles, l'esprit enfantin (el humaon) est·if , condamné à la couleur officielle ? Gris sur gris, voilà ce que l'on rencontre dans la plu·

part des écoles de France : le creux néant grammairien n'a jamais produit aucune mu·

sique. Ah 1 le mal que l'on se donne pour que l'esprit enfantin (et adulte) acquière les plis prescrits 1 Aujourd'hui encore, combien d'enfants de France et du monde sont·ifs condamnés à faire 11 bonne mine A mauvais jeu •· S'ils prennent encore la peine de faire mine 1 Et pourtant. sous ta toge, Il y a des

t~tes de Jupiter. Qu'il soit permis à chaque enfant de s'exprimer dans son style et sa tête ressortira de la toge comme une fleur colorée où le soleil se brise. Je vous en proe messieurs les jurés, écoutez la chanson de l'étoile:

« 0 nations, je suis la poésie ardente ...

... Debout, vous qui dormez 1 car celui qui me suit, Car celui qui m'envoie en avant la première C'est l'ange Uberté, c'est le géant Lumière 1 ».

V. Hugo P. Le Bohec

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Désordre... ou vie 7

Une camarade m'écrit :

« Le matin, en classe, certains me ra·

content une histoire, d'autres préfèrent la dessiner. J'ai 33 élèves de 3 à 6 ans. Cette échelle me demande un travail Individualisé, mals je suis très gênée par le fait que l'his·

loire est racontée, avant que le dessin d'un autre ne so1t exécuté, ce qui crée un certain désordre... Ouand nous pouvons écrore le texte libre choisi, certains enfants ne sont pas prêts, je les laisse poursuivre leurs oc·

cupatlons, mais ensuite ils ne s'Intéressent pas au travail du texte... Comment faire pour obtenir une certaine homoqênéltê ? ».

Essayons de suite de résoudre le pro·

bième des 3 ans ... les 3 à 4 n'ont absolument pas les mêmes intérêts que les 5 b 6. Je pense que quelque soit l'installation des lieux il est Indispensable que ces pehts atent leur co1n, un coin à l'intérieur duquel ils trouveront les activités répondant aux besoins de leur àge (papier, crayon, bois couleur à billes, découpage, pâle à modeler, fusatns, craies d'art, ateliers de peinture particuliers avec volumes de rangements à leur portée : cor·

beilles, boites, caisses à oranges ou autres, peintes ou habillées de plastique, faciles à nettoyer), de l'ordre desquels ils sont res·

pensables, des grands tes aidant à assumer leur responsabilité. Ils s'installeront dans ce coin, où, sOrs de trouver réponses à leurs problèmes, Ils pourront même en travatllant, c se brancher • sur la table d'écoute des grands

ICOLES

c.

Berteloot

lorsque un ntérêt les sollicitera et y apporter leur avis. Ils retourneront en toute quiétude

à leur coin dès qu'aura cessé l'intérêt qui les

avait «sorti » de leur champ d'action.

Venons en à l'autre problème : Le dê:sordre que crée le fait que les uns dessinent une histoire, alors que d'autres 11 racontent: le dessin n'est pas terminé, l'hiS·

loire est racontée ...

Eh 1 Oull Ouand je vous dtsais qu'on ne peut ainsi disséquer, partager la vie, qu'en dépit de nous, elle se manifeste, malgré une volonté bien déterminée de l'Ignorer (Il faut bien une «certaine homogénéité » dit ma correspondante). Elle pénètre, Insidieuse, créant en chacun de nous, un malaise 1 Ce malaise né du mouvement de la vie venant troubler l'ordre formel, nous agace, nous Irrite souvent. L'ordre formel nous a si profondé·

ment marqué qu'il nous faut bien souvent, faire taire le vieil homme qui demeure en chacun de nous, imbibé de précepts trad!·

tlonnels, et se réglmbe encore, ajoutant à notre angoisse, à nos inquiétudes.

son que que

Une expérience

Alors, que faire ? Chacun réagit suivant tempérament. Je ne puis vous exposer ce que Je connais et ne vous indiquer les modestes fruits de notre petite ex·

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périence, avec tout ce que cela comporte d'insuffisances et d'améliorations certaines.

A l'arrivée dès le matin, ceux qui veulent raconter viennent avec leurs chaises autour de mol, près du tableau.

15 à 18 suivant les absences.

10 à 12 autres crayonnent (crayons, fusains, craies d'art). J'exige le silence à ces ateliers. Il faut respecter le travail des cama- rades. D'ailleurs les perturbateurs sont souvent rappelés à l'ordre par les autres. Ils savent ausso que leurs onterventions sont toujours bien accueillies, les aoles de la mère poule s'agitant d'aise chaque fols qu'il s'agot de capter un poussin et de l'intégrer à la couvée.

C'est tellement plus rassurant de les c tenir,.

tous en même temps 1

D'ailleurs, chaque fols que je relis un texte, je relance leur attention :

.. Ecoulez un peu, la telle histoire d'Annie"·

Tous écoutent en crayonnant, j'en suis sOre, leurs visages reflètent leur partoclpation.

Souvent un c crayonneur ,. se détache et vient s'asseoir près de moi (c'est de là qu'on harangue la foule 1), et nous raconte lui aussi une hl stoire, complètement différente du contenu de son dessin, dont il me murmurera tout à l'heure l'explication. Son texte sera mis aux voix comme celui des autres.

L'heure du vote arrive : presque tout le monde participe au choix du texte, le texte chooso, nous l'écrivons au tableau.

Alors, on voit se détacher du groupe texte libre, 5 ou 6 enfants que l'explollatlon du texte n'ontéresse nullement, qui partent crayonner à leur coin, alors que voennent se joindre à nous quelques·uns des «crayon· neurs ». Oh 1 je pourrais, usant d'autorité, interdire ces mouvemenls, obliger à l'im- mobilité ; c'est alors que naîtrait le désordre, maos le désordre morne .

Des bouches baillant désespérément, des jambes en l'air, des coins de la!Jiiers sucé>, une chatouille dan~ le cou du voisin, des mouvements de balançoores à vous donner

le mal de mer, et par là-dessus ma volx irritée, de plus en plus grinçante 1

Non, je les laisse changer d'activités, et ceux qui demeurent pendant la lecture constitueront le groupe sohde, déjà « scolaire • si l'on peut employer ce qualificatif à l'école maternelle.

Ils veulent suivre la lecture et mèneront le travail jusqu'au bout.

Nous composons, Imprimons. J'ai pré- paré avec des calques le texte à écrire, à illustrer, le travail ne manque pas.

Qu'est devenu le groupe tr crayonnagP »?

Il a « éclaté ».

a) une partie, celle qui a participé de loin au travail du texte libre, indépendamment du graphisme, réclame de l'écnture, c'est- à-dire le texte choisi.

b) une autre partie se joint à l'équipe d'imprimerie,

c) quelques-uns illustrent pour le journal, d) reste un« carré • de 4 à 5 qui m'attend de pied ferme, pour commentir son d&ssin, d'aucun consentiront à de bonnes explica- tions, même à copier une partie de la légende, soit en écrivant réellement suivant le modèle, soit en gardant une aulonomie telle que la légende est déjà «écrite • avant que je n'aie pu intervenir.

«J'ai déjà écrit 1 me dit-on. Inutile d'in·

slster 1 »

Enfln les derniers, les inaccessibles me tendent leur travaol sans mot dire. Ceux- là, Inutile de les pressurer, ils évoluent dans un monde bien à eux, d'où il serait dangereux pour leur équilibre, de les en sortir de force, et dont le graphisme les libère, et je pense à Dominique, qui depuis la rentrée, crayonne, crayonne silencieusement, à perdre haleine, le malin, et qui l'après midi, à l'heure où tous les atehers fonC'lionnent, «chipe • des feuilles à l'1mprimeroe pour es;aycr de re- produire h:s textes ; à Eliane qui a crayonné d'octobre à mai et qui m'a apport6 un jour, un texte qu'elle avaot li~iblement reproduit, sc .. siblemcrol, s soud~"·cment que Je li~

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mon enquête d'adulte pour contrôler ses dires 1 et c'était vrai 1 miraculeux 1 Eliane savart écrire sans exercrces d'rmlialion à l'écriture, sans souffrance. Le graphisme libre lui avait magnifiquement délié les poi·

gnets. Ses textes n'abondaient pas dans le journal mais ses dessms y neunssaient à chaque page. Ses graphismes évoluaient avec aisance, et ses bonshommes riaient, heureux et libérés.

Il suffit de marcher devant...

On pourrait me reprocher '

• Et alors ? Ceux qui ne s'intéressent pas aux textes. qu'en fa:tes·vous? Vous les abandonnez à leur triste sort? Vous négl1gez de les amener à ceHe formidable conquête que représentent pour l'enfant, ta lecture et

!'écriture?».

Eh oui 1 je les abandonne, ou plutôt t'ai abandonné ce dPsir «d'accrocher • tout le monde, à tout prix, au même mtérêt. J'ai abandonné ce souci perpétuel et débilitant de mener tout le monde, de front, è la conquête d'un but identique, cette volonté de mener à bien, tout un troupeau dans le même chemm.

Le berger y arrive, mais il lui faut un chien, un chien qui aboie, un chien qui mor·

drlle, et devant lequel les agneaux fuient, épouvantés, bondissant de rocher en rocher au ns'lue de se rompre les pattes. Il faut alors que le berger usant de douceur et de persuasion, aille lui-même reprendre l'agneau tremblant.

Longtemps, j'ai été à la fo1s, le chien et le berger, aboyant pour que tous mes en·

tanis parcourent la même route, poussant 1Ci, menaçant par là, retournant en arr;ère pour rOcupérer les affolés, dont te regard égaré ~omblalt me dire : « mals revlen s donc à toi .. •·

Et je me suis reprise.

J'ar attendu lui tendant la marn, que chacun prenne son chemin.

Attendre ... là réside la solution du pro·

blème, aUendre que l'enfant IJC.US une porte, l'y survre. torche en ma1n pour éclairer son chemon et lui en faciliter •'accès. 11 ne s'intéresse pas au travail du texte commun à loo de trouver ce qui l'intéresse. Comment le sauras-tu si tu ne le laisse pas manofester dans la vie et sous la forme qui lui convient son intérêt ?

Le désordre naît, au moment où tu Interviens, où tu fêles t'atmosphère dans laquelle Il s'est enfermP. Il manifeste alors la même agotation que toi, lorsqu'un coup de sonnette vient troubler la quiétude de l'après-midi que tu te proposais de passer seule, avec toi -même. Tu réprrmes d1ffiC1Iement ton moment d'humeur... Tu le réprrmes:

tu es polie 1 La société l'a fabriquée un mas- que de politesse, que tu sais do~rlement passer.

L'enfant ne possbde pas encore cette souplesse : tu troubles son atmosphère, il réagit, il s'agite, il remue sa chaise ... et voilà, c'est le désordre.

Ton troupeau s'égare, tu aboies; rien ne va plus 1 Tout est à recommencer 1

Si l'homogénéité est à ce prix, Il y a beaucoup plus à perdre qu'à gagner. Attends, Il faut savoir perdre du temps, et je l'ai déjà dit : chaque éclosion vient en son heure.

Si l'entant a choisi de te parler. laisse·

le parler, s'il a choisi de te « dessiner •.

laosse·lP. dessiner, s'il a choisi de te «chanter • lersse-le chan!er. Routes du langage. du dessrn. du chant, se croiseront un jour, au carrefour lumineux d'une enfance épMouie et liber~e. prête à entamer. volontaire ctconsen·

tante, les grandes conqu~tes de l'homme libre.

Mme C. etrtelool 9

(12)

LA VIE

DE NOTRE MOUVEMENT

Le travail de I'LC.E.M.

10

c.

Freinet

Du fait de sa formule de travail el de sa diffusion, L'EDUCATEUR ne suffit pas pour l'organisation du travail de 1'/CEM.

Il y a une si grande activité pédagogique chez nous qu'Il nous faut avoir recours A /a Chronique de 1'/CEM, servie gratuitement lu$

travailleurs et que nous gonflons • volonté.

Nous demandons aux responsables de commission de nous en·

voyer pour la Chronique, Ioules circulaires, enquétes, travaux etc ...

Pour la plupart dett commissions la Chronique doit remplacer les Sul·

felins que publiaient ou que publient certaines commissions, ce qui n'empkhe pas les commissions qui le désirent d'avoir leur bulletin.

Mais en principe, J'insertion dans /a Chronique qui informe tous les travailleurs est préférable au Bulletin séparé qui n'est lu que par /JS adhérents de la Commission.

Nous sommes maintenant en mesure de donner A cette chronique l'allure ella fonction d'un bon bulletin de travail.

Nous informons en attendant:

1° . Que /a Commission Ecoles de villes a dlsormais comme responsable Vandeputle Ecole Buffon, 55 rue Fénelon, Ulle (Nord).

2" · Que nous avons constitué une Commission Inspecteurs·

Primaires • 2" degré. Nous écrire.

3" • Que, A /a demande des Intéressés, nous avons constitué

lgalemenl une commission des Conseillers Pédagogiques, aujo<Jrd'hui si nombreux chez nous.

Nous écrire en attendant la désignation d'un responsable.

4• · Il nous faut relancer /a Commission des classes d'app/1·

cation : qui veut el peut en prendre la responsabilité ?

Profilez donc de la Chronique de 1'/CEM pour votre travail de commission.

Nous rendrons compte dans L'EDUCATEUR de l'activité qui se fait par le canal de la Chronique.

C. F.

(13)

COMMENT JE TRAVAILLE DANS MA CLASSE

Le llmographe

au service de la géographie

Il ne s'agit pas de réclame ...

Mals les moyens de communication de plus en plus rapides raccourcissent l'espace et augmentent la solidarité entre les peuples.

Le journal, la radio offrent chaque jour leur moisson de nouvelles et l'humanité nous pose ses problèmes ...

Dans notre effort pour tenter de com- prendre, nous éprouvons le besom de situer les faits et pour cela nous nous faisons une représentation de la terre sur laquelle nous plaçons, d'une manière plus ou moins pré- cise, le Congo, l'Angola, Tunis ou Djakarta ...

Il est souhaitable, pour une compré- hension meilleure, que cette évocation de la face du monde ne soit pas trop fantaisiste.

Or, s'il est bon et prudent, pour une quest1on importante, de se reporter à un atlas ou à un dicl1onnaire, nous ne pouvons le faire à l' occas1on de chaque événement. Il existe donc un min1mum à connaitre de mémoire.

Pour l'acquérir, il ne suffit pas de regQrder le globe et les cartes ; il faut tracer des croquis et savoir les tracer. Apprendrons-nous alors à dessiner «de tête» la carte d'Europe et faudra-t·ll recommencer à tracer les cOtes de cette Europe pour indiquer les zones de climat, puis les montagnes, puis les villes, les ressources, etc... Ce serail du temps perdu el un trêvail rebutant.

Mais si nous donnons à l'élève une carte d'Europe où sont indiqués déjà les cOtes

A. Crefet

el les principaux fleuves et lui demandons de compléter cette première ébauche en indiquant avec leur nom, quelques montagnes anciennes en violet, les jeunes en brun, les fleuves en bleu ... Il cherchera les renseigne- ments dans son livre pour les reporter ensu1te sur le croquis incomplet. Les cartes des climats. des villes, des ressources, seront établies de la même manière. Les difficultés ainsi graduées, nous pourrons exiger un travail propra et correct. Une liste même peut être établie auparavant qui précisera à chacun suivant son cours ce qu'if aura à reporter sur les cartes.

Peu à peu, l'élève fera connaissance avec cette vieille presqu'ile et vous pourrez ensuite lui donner une feuille blanche ; l'Eu- rope sera esquissée mieux que vous ne l'au·

riez supposé.

Mais il faut pouvoir préparer rapidement ces cartes à compléler.

Il existe, b1en sOr, pour cela des tampons, très utiles certainement, ils présentent toute·

fois les Inconvénients suivants :

1• • Ils sont chers ; cela n'est pas grave, Pllisque nous les avons une fols pour toutes.

2" • Ils sont vendus par série el il faut

acheter ceux qu1 ne plaisent pas au même prix que tes autres.

1' . Ils sont de format rédUit, souvent plus petits que ta page du cahier et jamais d'une double page ; d'aill~rs, s'ils étaient 11

(14)

trop grands, l'impression serait difficile à réussir car il faut une surface absolument plane.

4• -Ils ne sont jamais tout à fait à notre convenance.

Avec /e 1/mographe, nous préparons sur le stencil, en décalquant les cartes dans un vieux livre de géographie, les croquis tels que nous les voulons, avec les indications qu'il nous convient de mettre. Le dessin est ensuite reproduit très simplement et

d~rectement sur le cahier de géographie, autant de fols qu'li le faut. les élèves tirent pour eux sur des feuilles autant de certes qu'ils veulent pour apprendre à les compléter;

une interrogation de contrOle se fait très ra- pidement à l'aide de ces certes muettes dis·

tribuées à tous.

Quend le stencil est usagé, le dernier tirage est fait sur un neuf qui est alors très vite préparé.

Il ne faudrait pas conclure que ce pro- cédé permet l'étude complète de la géographie.

D'abord, il ne donne qu'une vision plate du monde ; d'autre part, il ne dispense pas d'em- ployer d'autres moyens, en particulier l'ob·

servation de vues caractéristiques. Mais Il facilite, croyons-nous, une vision d'ensemble plus précise des lieux géographiques.

A. Gre/ct

Après l'Assemblée Générale de I'O.C.C.E. du 25 octobre '1962

L'AG de I'OCCE qui s'est réunie le 25 octobre dernier a voté un ordre du jour qui nous semble très réaliste et réalisable. Nous en profilerons Indirectement puisque se dé- veloppe toujours davantage à la base, la collaboration possible et nécessaire entre OCCE et Ecole Moderne.

L'Assemblée Générale demande notam- ment que:

- soient mis à le disposition de l'Office Central de la Coopération à l'Ecole des ani- mateurs choisis parmi ses spécialistes, pouvant donner des conférences, organiser des stages locaux ou régionaux, animer des services départementaux ou nationaux ;

- dans les grands Etablissements, des maltres soient habilités à accorder une partie de leur temps à l'exercice de responsabilité 12

et d'animation auprès de la Coopérative Scolaire;

- des locaux spacieux, d'accès faciie, soient prévus pour les activités coopératives, et puissent s'adapter aux divers besoins de réunions et de travail ;

- soient mises à J'étude des dispositions horaires permettant aux activités coopératives de trouver une place dans J'emploi du temps hebdomadaire ;

- des subventions spéciales soient ac- cordées pour l'édition et la diffusion de do- cuments d'information et de travail, néces- saires à tous les niveaux.

Ainsi pourront être améliorés les résul·

lats éducatifs de notre Enseignement, pour un plus large profit intellectuel, moral et civique de nos Elè~es, futurs citoyens.

(15)

La liberté de l'enfant à l'lcole Moderne

Le 15 février dernier, une petite dizaine de camarades se sont trouvés dans ma classe au Plessis-Cellier, pour y débattre de cette question qui inquiète de nombreux collègues et forge mauvaise conscience à d'autres qui craignent de ne pas laisser assez de liberté à leurs élèves.

D'emblée, di sons que la question n'a pu être qu'effleurée, tellement elle ouvre un domaine vaste et d'ordre fondamental. La discussion nous a d'ailleurs permis de glisser dans une perspective d'éducation, du concept

d~ la liberté à la notion plus dynamlsante

d'organisation du travail dans un milieu pré- paré en fonction des besoins réels et pro- fonds de l'enfant.

Nous nous refusons de dissocier les deux missions essentielles de l'Ecole : mission de transmission des connaissances et mission éducative, ery vue d'un développement opti- mum et d'une formation sociale convenable.

Nous n'avons donc garde d'oublier qu'il nous faut à partir du petit enfant, d'abord soumis à l'étroite dépendance au milieu réalisé par les adultes, constituer un être nouveau qui tend peu à peu vers l'indépen·

dance au fur et à mesure que s'élaborent en lui et se mûrissent les mécanismes psy- chologiques qui le conduisent à la limiter vers l'autonomi& complète. En d'autres termes, on ne peut parler que d'une lente montée vers la liberté dont l'accession n'est autre qu'un des buts lointains de l'éducation.

M. Pigeon

De la liberté à l'organisation du travail

Quels sont les besoins profonds et réels de l'enfant évoqués .plus haut? Ce sont des besoins de sécurité, d'ordre, d'au- torité, de socialisation d'une part. et d'autre part, des besoins de liberté, d'autonomie, d'action, d'expérience.

Le milieu familial, et surtout le milieu scolaire doivent opérer dans le réel, la syn- thèse de ces notions également nécessaires au développement de tout individu, à des degrés divers, suivant son caractère.

Ici, nous rejoignons Freinet, dont on ne dira jamais assez l'importance de son

« Essai de psychologie sensible appliquée à l'Education ».

Très proche des chercheurs les plus modernes : René Spitz, Roudinesco, Charles Odier, J. Aubry, par exemple. Freinet met en vedette la notion parfaitement admise pour le présent du t:Jionnemenl expérimental qui peut grosso modo, se formuler ainsi :

« L'enfant, mO par ses tesoins, talonne pour les satisfaire el toute orientation vers une solution réussie, 1 'amène à répéter la réussite, à infléchir son comporrement, A J'instaurer en règle de vie ».

L'intelligence pourrait bien être consi·

dérée alors comme une expression psycho·

logique de la perméabilité à l'expérience chez un individu donné.

Un second principe domine aussi notre pédagogie de travail. Celui du recours-barrière.

13

(16)

le Recours, c'est l'aide volontaire ou inconsciente à l'être jeune qu'apporte le miheu éducatif en vue de la réussite d'une ecbon désirée par l'enfant.

Les Barrières jalonnent les expériences vécues et limitent dans une mesure satis- faisante les acllons estimées dangereuses ou prématurées par l'éducateur. Elles peuvent autoriser, éventuellement, ces petits écarts qui ne portent pas conséquence, mais qui n'en sont pas moins d'émouvantes échappées.

Dans un milieu aodent généreusement, on saisit l'omportance capitale de celle noticn couplée à celle du talonnement.

les réactions de l'enfant, vis-à-vis du recours-barrière, sont réglées par les mêmes lois qui président aux recours Individuels.

Le tâtonnement qui devient vite expérimental, puis intelligent en est la base même. Tant

il est vrao qu'intelligence et raison ne sont qu'une conséquence de la faculté qu'ont les indovidus de se souvenir des expériences tentées, d'en comparer et d'en interpréter les résultats en fonction de leur dynamisme vital. Mals préalablement, il a fallu talonne- ment et expériences, sans quoi, Il ne peut y avoir de souvenir, ni de comparaison.

Dans un milieu pédagogique de travail ainsi conçu, c'est l'expression qui sera libre dans le sens où elle répond à une attitude désintéressée de l'enfant, uniquement atlenlof à réagor aux excitations qui l'habotent. Réac- tions spécifiques qui expliquent l'orogonalité de l'enfant, qu'il s'agisse du texte hbre, du dessin libre, ou de tout autre technique édu- cative dont l'analyse ne saurait trouver sa place dans cel article.

M. Pigeon

CLUB DE LA BIBLIOTHÈQUE SONORE

DE L'ÉCOLE MODERNE ,

Outre les B.T. Sonores dont le succès va croissant (Grand Prix du Disque 1962), nous lançons une collection nouvelle de disques 45 tours.

Les souscripteurs seront informés en temps voulu des disques à pa- raître auxquels ils pourront souscrire ou ne pas souscrire, librement. Un rêglement du Club paraTtra incessamment. (Voir p. 26)

Remplissez et retournez

à

la C.E.L Cannes, l'engagement suivant: Je soussigné (adresse complète) ... ..

déclare souscrire au CLUB de la BIBLIOTH~QUE SONORE de l'tCOLE MODERNE et verse à cet effet, ci-joint ( • ), un droit d'entrée de 1 NF.

(*) En timbres. Date et Signature :

14

(17)

LES PLANS DE TRAVAIL

Notre effort doit actuellement porter sur l'enseignement mathématique.

Notre méthode naturelle de lecture est au point. Il nous suffit de nous défendre, par d'incessants exemples édifiants, contre tant de nouveaux venus qui n'appliquent nos techniques qu'à 5 ou 10 % et sembleraient alors nous prendre en défaut. Mais pour quiconque applique nos techniques d'une façon satisfaisante, les enfants lisent à la perfection et comme des adultes, et font moins de fautes que leurs congénères.

Les méthodes naturelles pour l'histoire, la géographie, les sciences, sont également d'une pratique courante. Il faut dire que pour ces diverses techniques, nos BT sont une mine inépuisable de textes.

Nos fiches·guides vont nous aider encore à rendre cet enseignement plus efficient.

CE QUI EST DIRECTEMENT LIE A LA PER·

SONNE DE L'ENFANT.

Notre âge {à telle date).

Notre taille (graphique·comparaisons) Dans le rang, certains montrent de la main qu'Ils dépassent un autre: je suis plus grand que toi.

Combien je mesure ? Il faut le dire aux cor·

respondants.

L'un porte /'autre à la récréation : ff f, il est lourd 1 Je connai~ mon poids, moi.

Pour mon cache·poussières, on doit prendre du 90, avant c'était du 85.

C. FREINET

Vers une mflthode naturelle de calcul

Dès l'an prochain, nos plans de travail pour·

ront être vraiment à la portée de tous.

Il nous reste par contre beaucoup à faire pour l'enseignement mathématique. Nous avons beaucoup progressé pour le français parce que, par nos motivations (imprimerie, échanges, conférences etc), les enfants lisent tout au long de la journée, ce qui est une condi·

tion essentielle du succès de notre méthode naturelle. Ce stade, malgré nos grands efforts pour le calcul vivant, est loin d'être atteint pour cette matière ; les quelques exercices journaliers ne sauraient suffire.

Passe encore pour les CP et CE où les maîtres font aujourd'hui beaucoup de calcul vivant.

Nos amis belges, qui ont une commis·

sion de calcul active publient dans une bro·

chure de travail, une liste des intérêts des enfants en calcul. Nous en donnons un aperçu.

LES ANIMAUX

Le phoque mesure 2 m.: c'est plus grand qu'un homme alors ?

L'éléphant marin : sa photo fait rire les enfants.

Quelle est la plus grosse béte ? Mon petit chat pèse 210 g 1

Le lion peut mesurer 2,50 m de la tête à la queue il (ait des bonds de 4 m

Ma chatte a fait trois jeunes Achat de deux oiseaux à 5 F pièce

Ma tante a vendu son gros cochon, elle en a acheté 4 petits

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LES OBJETS, LES JOUETS, LES EVENEMENTS QUI FONT SPECIFIQUEMENT PARTIE DE LA VIE DES ENFANTS (ET NON DE CELLE DES ADULTES).

J'al acheté 15 Da/maliens en plasüque à 5 F pil!ce

Mol je sais combien de semaines encore jusqu'à la Sa/nt-Nicolas 1

J'al de nouvelles couleurs: c'est 25 F 1 Ce qu'Ils reçoivent pour leur «dimanche »

ou s'Ils ont un beau bu/lelin La laille des poupées

La bouteille de leif journalière bue en classe- comparaison avec la capacité du tonneau de vin observé au canal

Le jour de la rentrte, les enfants avalent de nouvelles boites de couleurs : 12 couleurs pour 15 F -12 couleurs pour 19 F

Le jour de la douche beaucoup d'Enfants IIVIIienl apporté une nouvelle brique de savon : (ormes, couleurs, grosseurs et prix ont intéressé les enfants

Le beau bonnet de bain de 25 F el la peille sœur en a reçu aussi un

Les objets classiques, les pelotes de laine Avec ses deux Francs, Anne peul s'acheter bonbons el friandises énumérés par les Eléves qui connaissent bien le prix de toutes les fantaisies vendues par le confiseur

Les couvertures en plastique

Les feuilles de mon cahier, ma farde de lecture Le marchand de crème glacée, A la sortie de l'l!cole vend des crèmes à 2,4 ou 5 F.

LES OBJETS APPORTES EN CLASSE PAR LES ENFANTS

Dany apporte une bofle de sucre Julien apporte un filet rempli de pêches Hélène apporte des (leurs

Madame a apporM des bonbons pour les enfants:

y en aura·l·ll 2 pour chacun ?

Le train et les patins à roulettes reçus pour l'anniversaire

Les (leurs apportées par Patrick et Pierre

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LES DUREES UEES A LA VIE DE L'ENFANT Durée d'une après-midi, d'une matinée, d'une journée de classe.

Durée de son sommeil (compatit/sons) Durée d'un trajet en train (excursion collective) Durée de son trajet de l'école .l /a maison Durée du repas du soir

LES ENQUETES

Les enfants ont établi ensemble la /Isle desques- Uons. L'auteur du texte a (ait une enquéle dont //a ensuite [ail rapport à la classe: le bassin de nataUon de C.E.R.I.A.

Enquête collecüve à la portée de lous • le prix du café

ObservaUon-enquéte menée par l'ensemble de la classe lors d·une excursion au canal Enqulle collecüve auprès du jardinier de l'école

LES ACTIVITES SPECIALES DE LA CLASSE Achat de cravates : la part de chacun : prix el nombre

Achat de légumes pour la classe pour [aire de /a soupe aux tomates

La préparation de la soupe aux tomates : les quanutés à employer

On attache les peintures au mur au moyen de punaises

UTILISATION DE L'ARGENT DE LA COOPE- RATIVE DE CLASSE

Les en[Mis décident d'acheter une boite de Magicolors pour la classe: ont-lis assez dans /a caisse ?

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CE QUI EST LIE A DES PERSONNES CHERES AUX ENFANTS

Taille des papls: comparaisons, graphiques échelle tftoe. Le papier millimétré acheté spé·

cialement pour établir le graphique de la laille des papls

LES ACTIVITES REGULIERES DE LA CLASSE AVEC LES PETITS.

Feuillets à imprlmer·objels â distribuer

C'est pour les grands que nous n'avons pas encore trouvé une bonne méthode. Il ne suffit pas en effet, à ce degré mom s encore qu'aux degrés précédents de procéder de temps en temps à une riche explootatoon en calcul. C'est un pou comme si nous avions un texte libre par somaine. C'est notoirement on suffisant.

Je crois que nos Problèmes complexes sont la seule soluhon valable possoble ac·

tuellement. Seulement il faudrait que ln classe on étudie un tous les jours comme on choisit et met au point un texte libre. Maos nos en·

f nts, malgré nos efforts n'y sont pas encore sul sammenl enttainés. Et alors lis n'ont

LES CORRESPONDANTS ET NOUS Comparaisons

Les textes des correspondants:

ma poule a pondu 4 œufs la voilure a (reinê sur 15 m

UTILISATION SPONTANEE DE

LEURS INS·

TRUMENTS DE MESURE PERSONNELS Jacques, puis d'autres mettent leurs /alles bout A bout pour mesurer leur banc

pas d'idées de calcul comme autrefois Ils n'avaient pas d'idées littéraires.

Pour y pnrvenor, ol nous faudraot une mulhtude de problèmes libres, couvrant peu à peu tout l'é,ent ol de nos tntért•- Il nous faudraot même der BT ou à défaut des Sup·

pléments BT pour que nous baignions dans un climat de calcul. Alors tout Irait bien.

Aussi, nouo faosons appel à nos ca·

mlrades pour qu'ols nous envooent tous les complexes d'ontérêt produots dans leur classe.

Quand nous en aurons 200 cel,, ora mieux.

Au travail, n'attendez pas d'avoir quelque chose de parfait pour nous le communiquer.

Ensembll' nous progresseron-.

C.F

Appel u:r ge11t pour les Fiches-Guides et le Plan de Trayail

Nous renouvelons volontiers cet appel en reproduisant Ici un passage d'une lellre de Bourd4rl•s (Corrèze) :

" Pour Jes {iches·guides il est urgent de r6ppel2r à tous les travailleurs qu'il est nkesslire qu'ils envoient toul leur travail intéressJnl au fur et A mesure que se déroule leur plan de travail ".

17

(20)

Le texte libre

Je t'écris au sujet de ton article «la pratique du texte libre •· Comme tout le monde, je me suis heurtée aux difficultés que tu soulèves.

Voici les ~ciJtions que je pense avoir trouvées. Certair ES d'entre elles te paraitront peut·être encore scolastoques, mais je te dis tout de suite pourquoi je les al adoptées.

- les discours ne servent à rien.

Personne ne se laisse convaincre par eux.

On t'écoute ... et on repart.. appliquer les méthodes traditionnelles si confortables.

- quand on te répond, on ne cherche pas d'argument valable pour tous, on se précipite sur les exceptions :

- et celui qui n'écrit jamaos de texte?

- et celui qui n'est jamais élu ? Aussi je trouve très éloquent à ce mo- ment de pouvoir, en guise de réponse, sortir ce que j'appelle le cahier de vie et la couverture contenant tous les textes écrits (l'original bien entendu).

Les textes écrits: l'enfant les garde dans une chemise qu'il me remet le vendredi : il marque une croox sur celui qu'il préfère ; s'il n'y a pas de croix, c'est mot qui choisis.

C'est celul·là qui sera recopié. les autres iront dans une cheiJ'iSe dans mon armoire.

Le cahier de vie: composé d'une feuille de papoer réglure musoque alternée avec une feuille de papoer de desson.

18

Mme

s.

Vandendrlessche

Des solutions pour les

Moles

de villes

D'un cOté, on recopie le texte corrigé, de l'autre on dessine le dessin correspondant.

En fait ce dessin ne correspond pas toujours au texte : car il y a décallage entre l'Intérêt du texte écrit antérieurement et ce que l'enfant veut dessiner aujourd'hui. Mais je n'y attache pas d'importance.

Comment je prépare ce travail: Au CP, je ne « lance • pas ces ca~ lers en même temps.

les meilleurs démarrent, en décembre, ou janvier. les autres suivent. A Pâques, toul le monde a son cahier.

le soir, je recopie d'autorité le texte sur une feuille du fichier orthographe d'accord CE. Au verso j'indique :

- fiche n• ... , du Fochier Orthographe d'Accord C.E. en rapport avec telle faute.

- ou bien page ...

- copie trois fois : tel mot usuel mal orthographié.

- cherche au dictionnaire : tel verbe que j'aurais remplacé. là aussi il faut être très souple : quand les enfants se trouvent devant « Mon premier larousse en couleurs"·

la plupart du temps, elles oublient ce qu'elles doivent y chercher et elles lisent ... Qu'importe 1 Cela aussi, c'est un travail... et fructueux.

Je t'accorde que cette correction effec·

tuée en dehors de la présence des élèves n'est pas d'un profit scolaore à 100 %. Maos je te précose que pour tes mauvaos élèves

(21)

je procède différemment: je les appelle cha- cune à leur tour et nous corrigeons ensemble : c'est long ... au début, mais je constate très vote des progrès

Tout ce travail se fait le samedi. Pas d'ennui : travail au cahier de vie, peinture, modelage lecture tibre, activités d•verses : chacun a ses occupations. Ce jour-là, je ne m'occupe que des faibles.

Je dois te dire que les cahiers de vie sont toujours bien tenus, alors que ce sont ceux auquels je m'attache le moins, question soin : la correction Individuelle ou le travail à préparer découlant de la correction des textes absorbant suffisamment mon temps.

De temps en temps les enfants le tisent d'un bout à l'autre. On le fait tire à sa voisine. On y tient.

Je dois dore que je n'ao pas d'élève qui «n'ait • pas do texte. Actuellemen•, tout le monde en aura un d'écrit. Cela m'oblige souvent pour le choix à n'écouter qu'une rangée, ou à ne lore que les textes des élèves d'une rangée. Cele c'est regrettable, mais on y passerait trop de temps. Je crois que ça c'est un probll!me d'ambiance de cl~sse.

lncon~énienls; Les textes du cahoer de vie sont moms bien que ceux du livre de vie : la part du maître est un peu défaillante.

A~4nlages: L'enfant a toré un certain profit, ol aime so~ cahier de vo&.

- point de vue du rayonnement de nos méthodes Je peux toujours répondre par des choS~.~ concrètes à de~ questoon. du genre:

- et l'orthographe?

- et s'ils n'ont rien à dire? - c'est peut-être bien pour les bons élèves, mais pour les enfants peu doués ? Ecrivent-ils?

J'ai oublié d'~~oquer un cas: L'enfant dont les textes sont pauvres el qui a peu de chances d'être élu. Alors là, j'innuence. Quand je sens qu'il y a quand même dans le texte une «petite chose • à explooter, je pose des questions, je l'oblige à être précis. D'autres l'a1dent. Je fais remarquer que, si on s'y met- tait tous, ce serait un texte formidable. Du pomt de vue moral, je trouve Que c'est bon et l'enfant aura «son • lede, car même re- manié, enrichi, c'est Lui le point de départ c'est donc « son • texte. ' Autre avanlilge: Les enfants présentent leurs texte~ écnts sur n'1mporte quoi, cela ne me gOne pas, parfois cousus de fautes Qu'ils auraient pu éviter : ça, ça m'ennuie.

De savoir que je v~rofoerai chaque texte, les oblige déJà à une auto-correchon, excellente habitude à mon avis.

Si le texte e•t cho•SI : on ne perdra pas son temps sur des choses• corrigeables"

sans le maitre. La part du maitre sera donc plus enrichissante.

S'il n'est pa< ~hoisi, maos retenu pour le cahier de v1e, 1 enfant s'évote du travaol parce qu'il a su s'1mposercette auto-correctoon:

qualité indispensable dans sa vie future (juger son travaol, ne pas IOUJC urs coMpter sur autru1)

S. Vandendrie$sche

"L'ENFANT ARTISTE" d 'Elise FREINET

L'offre exceptionnelle de Souscription est prolongée jusqu'au 31 Décembre 1962 : remise de 10 NF à tous les souscripteurs d'un exemplaire, abonnés à u l'Art Enfantin "

18 NF payables à la livraison (plus 3 NF port et emballage)

19

(22)

un Journal scolaire comme on en lit peu

C"esl celui que nous recevons lous les mois d'une école de Brasschaat en Belgique flamande, el qui se présente comme un véri·

table livre format 13,5x 21. abondamment il·

lustré avec une couverture originale el tr~s soignée.

Nous avons demtmdé au camarade res·

ponsable de ce journal comment Il parvenall ' sorür aussi régulièrement un recueil si fourni.

Voici sa réponse:

VriJ en Vrolijk est un institut médico- pédagogique visant l'éducation d'enfants ca·

ractériel> et débiles mentaux, depuis l'âge de 6 à 21 ans. Nous possédons une section d'enseignement pnmaore et une section d'en- seignement technique.

C'est la section primaire. dont je suis le chef d'école qui édite le journal. Elle est composée de 17 classes, dont 9 sont d'ex·

pression flamande et 8 d'expression française.

Chacune des classes possède une Imprimerie.

Ceci explique le grand nombre de textes.

Pour ce qui est de l'esprit qui se dégage de nos textes, il est important, je crois, d'in·

sister sur nos méthodes de travail, mariage

heureux du système des centres d'intérêt et des techniques Freinet. Le travail dars nos classes est basé sur un plan de travail pour une ou deux semaines. prévoyant en premier lieu une série d'activités pratiques et sociales qui forment l'exploration active du complexe d'Intérêts. Chacune de ces activités est suiv•e d'une séance d'expression. C'est ici que l'Im- primerie joue tous les jours son grand rOie.

Voilà pourquoi la plupart de nos textes sont des comptes rendus d'une activité vécue par tous.

Quant à la présentation du journal, je l'explique ainsi : nous avons ici un cours de perfectionnement pour l'adaptation aux méthodes modernes de notre personnel en- seignant. Cela me donne l'occasion d'Intro- duire un bon nombre de techniques d'Illus- tration.

La régularité dont vous parlez est dOe à nos réunions hebdomadaires. La rédaclton du journal se trouve régulièrement à l'ordre du jour.

Comme vous voyez. notre journal est l'image de tout notre travail qui se carac- térise par l'acttvtté créative et la coopération.

Lt-~ G~ All55f, ~ ~ E. 1. !

20

Bientôt paraîtra une brochure B.T. préfacée par

GAG AR 1 NE ( Cénia, enfant sovi étique-11)

Vos élèves, vos amis, vos voasms sont-ils abonnés

à

la BIBLJOTHtQUE de TRAVAIL ?

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