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Réduire ou cesser son activité : évolution des comportements   des mères entre 2014 et 2018

Les  mères  réduisent  ou  cessent  leur  activité  professionnelle  pour  garder  leur jeune enfant dix fois plus souvent que les pères 

Une part importante de mères de jeune enfant exercent leur emploi à temps partiel, voire sont sans emploi pour le garder. En 2018, en France métropolitaine, un quart des mères ayant déjà travaillé vivant avec un enfant de moins 3 ans déclarent être à temps partiel ou sans emploi pour le garder (Erfs)6. Les pères de jeune enfant, en revanche, ne réduisent que très marginalement leur temps de travail pour s’en occuper (cf. tableau ci-dessous).

Dans le détail, les mères d’enfant de moins de 3 ans ayant déjà travaillé sont beaucoup plus fréquemment à temps partiel que les pères : 22 %, contre 4 %. En particulier, elles sont beaucoup plus fréquemment à temps partiel pour s’occu-per d’un enfant : 15 % contre 1 %. De plus, 31 % des mères de jeune enfant ayant déjà travaillé n’ont plus d’emploi, contre 10 % des pères. Notamment, 7 % ne tra-vaillent plus pour s’occuper de leur enfant, contre 1 % des pères.

SITUATION PROFESSIONNELLE DES PARENTS D’ENFANT DE MOINS DE 3 ANS AYANT DÉJÀ TRAVAILLÉ SELON LE SEXE, EN 2018

Mère Père

(1) « Pour garder son enfant » correspond à une modalité de réponse proposée dans l’enquête aux questions relatives aux raisons principales du temps partiel et de l’inactivité.

(2) Il s’agit des mères et des pères au chômage ou inactifs.

Note de lecture : 15 % des mères d’enfant de moins de 3 ans ayant déjà travaillé déclarent être à temps partiel pour garder leur enfant, contre 1 % des pères.

Champ : mères et pères vivant avec au moins un enfant de moins de 3 ans au domicile ayant déjà travaillé.

Source : Insee, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2008, 2012, 2014, 2018 et 2021.

6. Enquête Revenus fiscaux et sociaux, 2018.

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Les  mères  de  plusieurs  enfants  réduisent  ou  cessent  leur  activité  professionnelle beaucoup plus fréquemment 

Depuis leur création, les prestations financières aidant à réduire ou cesser son activité professionnelle ont évolué (cf. éléments législatifs). Par ailleurs, la durée de perception de la prestation en cours (PreParE), comme celle qui l’a précédé (Clca), dépend du nombre d’enfants. En 2018, parmi les mères ayant déjà travaillé, 8 % seulement de celles vivant avec un seul enfant, âgé de moins de 3 ans, bénéficient de la PreParE, contre 29 % des mères ayant deux enfants ou plus. Les mères de plus de deux enfants représentent ainsi 85 % des mères bénéficiaires de la PreParE.

En 2018, les mères de jeunes enfants travaillent plus fréquemment à temps  complet et sont plus souvent pauvres qu’en 2014

La baisse du recours aux prestations lié au congé parental au moment du passage du Clca à la PreParE (- 13 points entre 2014 et 2018) est encore plus marquée que la hausse de l’emploi à temps complet, car une part plus importante de mères sont sans emploi sans bénéficier de cette prestation en 2018.

En 2018, première date à laquelle les mères de jeunes enfants ne peuvent bénéficier que de la PreParE7, davantage de mères de plusieurs enfants travaillent à temps complet qu’en 20148 (+  8  points). À l’inverse, elles sont beaucoup moins fréquemment sans emploi (- 6 points). Depuis 2008, la part de ces mères à temps complet oscillait jusqu’en 2014 autour de 30 % (cf.

tableau ci-dessous).

En lien avec la hausse de l’emploi à temps complet de ces mères de jeunes enfants, leur niveau de vie mensuel médian augmente (+  4 %, contre +  1 % pour l’ensemble de la France métropolitaine). Cela rejoint les constats mis en évidence dans d’autres études (Ofce, 2020). Dans le même temps, les inégalités augmentent puisque le taux de pauvreté de ces mères croît (+ 1,3 point), alors qu’il est stable sur la période pour l’ensemble de la population. Il a certes légèrement diminué pour les mères à temps complet, dont la proportion a beaucoup augmenté. Toutefois, davantage de mères étant sans emploi et sans prestation en 2018, catégorie qui reste de très loin la plus exposée à la pauvreté puisque la moitié d’entre elles sont pauvres, la pauvreté des mères de jeunes enfants dans leur ensemble augmente.

7. La perception du Clca étant totalement terminée.

8. Dernière date à laquelle les bénéficiaires ne pouvaient bénéficier que du Clca, prestation précédant la PreParE.

OBSERVATOIRE NATIONAL DE LA PETITE ENFANCE // L’ACCUEIL DU JEUNE ENFANT EN 2020

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SITUATION PROFESSIONNELLE DES MÈRES DE JEUNES ENFANTS AYANT AU MOINS DEUX ENFANTS SELON QU’ELLES BÉNÉFICIENT OU NON D’UNE PRESTATION DE

« CONGÉ PARENTAL » DE 2008 À 2018 emploi En

à temps plein

En emploi à temps

partiel Sans emploi Ensemble

avec

prestation sans

prestation avec

prestation sans

prestation dont

prestation

2018 39 16 8 12 24 100 29

2014 30 20 7 22 20 100 42

2012 31 20 7 23 19 100 42

2010 30 19 7 25 18 100 44

2008 28 16 11 26 19 100 42

Écart en points 

entre 2014 et 2018 8 -4 1 -10 4 -13

Champ  : mères ayant déjà travaillé et vivant avec deux enfants ou plus au domicile et dont un au moins a moins de 3 ans.

Source : Insee, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2008, 2012, 2014, 2018 et 2021.

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Les  mères  les  plus  vulnérables  par  rapport  à  la  pauvreté  plus  souvent  en  emploi et sans prestation en 2018 qu’en 2014

Les mères les plus vulnérables par rapport à la pauvreté (c’est a dire les mères de familles monoparentales, les moins diplômées etc...) ne travaillent pas plus souvent à temps complet en 2018 qu’en 2014, mais elles sont beaucoup moins souvent bénéficiaires de la PreParE qu’elles ne l’étaient du Clca, et notamment lorsqu’elles sont sans emploi. Pour les mères de famille monoparentale, par exemple, la part de celles sans emploi bénéficiant d’une prestation baisse de 10  points, et la part de celles sans emploi sans prestation augmente de 8 points. Il en est de même pour les moins diplômées, sans diplôme ou titulaires d’un diplôme inférieur au bac, qui restent sans emploi dans des proportions comparables, mais moins souvent avec prestation (cf. graphique).

SITUATION PROFESSIONNELLE DES MÈRES DE JEUNES ENFANTS SELON QU’ELLES BÉNÉFICIENT OU NON D’UNE PRESTATION DE « CONGÉ PARENTAL » ET LEUR DIPLÔME EN 2014 ET 2018

À temps plein À temps partiel avec prestation À temps partiel sans prestation Sans emploi avec prestation Sans emploi sans prestation

Diplôme supérieur

Note de lecture : parmi les mères de plusieurs enfants diplômées d’un Cap, Bep ou équivalent, la part de celles sans emploi et bénéficiant d’une prestation a baissé de 17 points entre 2014 et 2018 au profit de celles sans emploi et sans prestation.

Champ : mères ayant déjà travaillé vivant avec deux enfants ou plus au domicile et dont un au moins a moins de 3 ans.

Source : Insee, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2014 et 2018.

OBSERVATOIRE NATIONAL DE LA PETITE ENFANCE // L’ACCUEIL DU JEUNE ENFANT EN 2020

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Eléments législatifs

La loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes conduit remplacer le Clca par la PreParE. Les conditions d’éligibilité restent identiques à celles du Clca, mais la réforme conditionne la durée de versement de la PreParE à la prise du congé parental par les deux parents. Ainsi, pour bénéficier de la durée maximale de versement de la prestation, chacun des membres du couple doit, pendant une période, interrompre son activité professionnelle ou travailler à temps partiel. Au premier enfant, chaque parent peut bénéficier de la PreParE pendant six mois dans la limite du premier anniversaire de l’enfant.

À partir du deuxième enfant chacun des parents peut bénéficier de la PreParE pendant vingt-quatre  mois dans la limite du troisième  anniversaire du plus jeune des enfants.

La réforme avait pour but de favoriser un meilleur partage des responsabilités parentales au sein des couples, avec une période de versement de la prestation réservée au second parent, et à améliorer le taux d’emploi des femmes en limitant leur éloignement du marché du travail pendant une période trop longue.

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