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Réduction du coût de gestion des matières organiques

2.   RÉDUCTION À LA SOURCE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES ORGANIQUES AU

2.6 Réduction du coût de gestion des matières organiques

Pour réduire les coûts de gestion des matières organiques, les villes peuvent renégocier leurs ententes contractuelles, réduire les services ou limiter le tonnage à ramasser en bordure de rue. La première option fait naturellement partie de la saine gestion des municipalités lorsque les contrats sont à échéance. Réduire les services peut fonctionner dans certains cas sans trop incommoder les citoyens; par exemple, réduire le nombre de cueillettes de déchets par année. Mais il est clair que de réduire globalement le tonnage demeure le choix le plus rentable.

Il existe quelques méthodes que les municipalités utilisent pour diminuer le tonnage de la collecte en bordure de rue des matières organiques. Présentement, beaucoup de municipalités misent sur l’herbicyclage comme moyen pour réduire la collecte inutile de matières organiques. L’herbicyclage consiste à laisser les rognures de gazon sur la pelouse comme fertilisant naturel plutôt que de les mettre dans la cueillette de résidus verts. Ce recyclage détourne donc ces matières organiques. Elle a aussi le bénéfice de diminuer les quantités d’eau requises pour irriguer les pelouses et diminuer l’apport de fertilisants nécessaires pour l’entretenir. De manière similaire, le feuillicyclage consiste à déchiqueter les feuilles et à les répandre sur les plates-bandes ou dans les potagers où elles se dégradent et deviennent un compost naturel. La plupart des municipalités proposent des campagnes d’information, sensibilisation et éducation (ISÉ) pour convaincre les citoyens d’adopter ces comportements écoresponsables. Certaines municipalités — par exemple, la Ville de Rimouski — utilisent leur pouvoir réglementaire pour interdire l’élimination de rognures de gazon (Ville de Rimouski, 2011). Puisque la méthode n’a que des bénéfices et aucun inconvénient pour les pelouses, pourquoi ne pas l’interdire aussi dans la collecte de matières organiques ou de résidus verts? De plus petites municipalités ont choisi de ne pas offrir de cueillette des matières organiques à domicile, mais ont subventionné des bacs de compostage maison et investi dans des campagnes ISÉ pour inciter les citoyens à composter eux-mêmes leurs résidus alimentaires.

L’une des méthodes les plus coercitives, pour favoriser la réduction du tonnage, est la tarification incitative « payez pour jeter » qui consiste à facturer chaque ménage au volume qu’il met en bordure de rue. La ville de Beaconsfield est l’une des premières municipalités au Québec à mettre ce système en place. Les ménages sont facturés pour les ordures mises en bordure de rue selon le volume de leur bac et selon la fréquence des levées. Pour la collecte sélective et les collectes de résidus verts, les coûts sont fixes pour tous les ménages au lieu d’être modulés en fonction de la génération réelle de ces matières. Après 8 mois d’implantation de la tarification incitative, la ville de Beaconsfield rapporte une réduction de 50 % du tonnage des matières éliminées en comparaison avec la même période en 2013 (EnviroRcube, 2016). Les coûts de la collecte d’ordures ont également diminué de 43 % par rapport à 2013. Mais comme la ville a choisi d’augmenter de 8 à 33 les collectes de résidus verts par année et de subventionner les composteurs maison, les dépenses totales pour la GMR sont restées stables (EnviroRcube, 2016). Il est à noter que la stratégie de Beaconsfield ne cible présentement que le détournement de l’enfouissement. Ce principe pourrait évoluer pour utiliser la tarification incitative pour toutes les matières placées en bordure de rue, qu’elles soient destinées à l’enfouissement, à la collecte sélective ou à la collecte de matières organiques afin de vraiment inciter les ménages à réduire l’ensemble des matières générées par des efforts de réduction à la source. Malgré des résultats très prometteurs, cette stratégie est peu répandue au Québec; les élus craignent des réactions trop négatives des citoyens qui, de leur côté, craignent que la ville ne leur retourne pas les économies engendrées, imaginant qu’il s’agit en fait d’une taxe supplémentaire. Avec un peu de temps, l’étude du cas de Beaconsfield pourrait convaincre d’autres municipalités de considérer l’option.

Si ces méthodes ont en commun de limiter le volume de matières organiques éliminées ou même parfois d’en limiter les volumes en bordure de rue et de réduire les coûts de gestion, elles ne constituent pas des actions de réduction à la source. Elles ne réduisent pas les matières résiduelles, elles les détournent. RECYC-QUÉBEC définit la réduction à la source comme une « action permettant d’éviter de générer des résidus lors de la fabrication, de la distribution et de l’utilisation d’un produit ». Les actions de réduction à la source limitent l’extraction de nouvelles ressources et les impacts de toutes les étapes du cycle de vie du produit. En ce qui concerne les matières organiques, la seule action réelle de réduction à la source est de lutter contre le gaspillage alimentaire. Compte tenu de la composition des matières organiques dans le secteur résidentiel, avec des volumes aussi considérables que 590 000 tonnes de résidus alimentaires, il semble logique d’en faire une cible prioritaire de réduction à la source. Il est évident qu’une stratégie pour réduire ces matières doit être de diminuer le gaspillage alimentaire des consommateurs. C’est pourquoi le plan d’action du comité de réduction à la source de RECYC-QUÉBEC cible d’abord et avant tout le gaspillage alimentaire. Malgré ce constat, parmi les onze MRC ayant un PGMR conforme (avant octobre 2016), aucune ne considère cibler le gaspillage alimentaire comme stratégie de réduction à la source; l’emphase est encore et toujours sur le détournement et l’implantation de la troisième voie. Il est pour le moins surprenant de voir autant de MRC cibler les résidus verts au lieu des résidus alimentaires, alors que le tonnage est beaucoup plus important et que les impacts environnementaux, sociaux et économiques sont considérablement plus grands pour le gaspillage alimentaire que ceux des résidus verts. Mais encore faut-il savoir quelle part de ces résidus alimentaires est considérée comme du gaspillage alimentaire.