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CHAPITRE II MÉTHODOLOGIE

2.2 Mise en application de la méthode sélectionnée

2.2.1 La réalisation d’entrevues semi-dirigées

Par ailleurs, notre collecte de données repose essentiellement sur la réalisation d’entrevues semi- dirigées auprès d’acteurs-clés de la problématique étudiée, puisque cette méthode permet d’aborder en profondeur les enjeux centraux de la situation qui nous intéresse et ce, avec les principaux intéressés, en l’occurrence les professeurs-chercheurs universitaires impliqués directement dans la création d’entreprises dérivées. L’entrevue semi-dirigée « consiste en une interaction verbale animée de façon souple par le chercheur. Celui-ci se laissera guider par le rythme et le contenu

unique de l’échange dans le but d’aborder, sur un mode qui ressemble à celui de la conversation, les thèmes généraux qu’il souhaite explorer avec le participant à la recherche. Grâce à cette interaction, une compréhension riche du phénomène à l’étude sera construite conjointement avec l’interviewé » (Savoie-Zajc, 2003 : 296). Notre étude de cas s’appuie donc sur la réalisation de 15 entrevues semi- dirigées, d’une durée approximative de 60 minutes3, auprès de professeurs-chercheurs de l’Université Laval, mais également de représentants d’acteurs institutionnels de la région de Québec également impliqués dans ce type de projet, à savoir le Vice-Rectorat à la recherche de l’Université Laval (VRR), les sociétés de capital de risque, le syndicat des professeurs de l’Université Laval (SPUL), de même que SOVAR, l’organisme chargé d’accompagner les chercheurs lors de la création d’une entreprise dérivée.

Nous distinguons à ce propos deux phases d’entrevues : une première phase d’entrevues exploratoires s’est déroulée au cours des mois de juin et de juillet 2004 dans les locaux des organismes rencontrés, avec l’objectif de recueillir une variété de témoignages dans le but d’élargir notre compréhension du phénomène étudié et de pouvoir ainsi préciser davantage notre objet d’étude4. Par ailleurs, la deuxième phase d’entrevues dites « formelles », dont le but était de recueillir les témoignages des acteurs centraux afin d’obtenir ultimement réponse à la question de recherche formulée, s’est déroulée entre le mois de novembre 2004 et le mois de janvier 2005 dans les locaux propres à chacun des répondants, situés sur le campus universitaire ou encore dans les centres hospitaliers5. Concernant le nombre d’entrevues, nous avons procédé, conformément à la théorie ancrée, à ce qu’on appelle la « saturation théorique », en ce sens que nous avons établi un nombre initial d’entrevues à réaliser avec les chercheurs (minimum de 5), pour ensuite l’ajuster en cours de recherche jusqu’à ce que « l’ajout de nouvelles données par la poursuite de nouvelles entrevues n’ajoute plus à la compréhension que l’on se fait d’un phénomène » (Savoie-Zajc, 2003 : 305). Ainsi, un total de huit entrevues furent réalisées avec les professeurs-chercheurs, un nombre correspondant à nos attentes.

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Dans certains cas cependant, les entretiens se sont prolongés jusqu’à un maximum de 120 minutes. 4

À ce propos, les 5 entrevues exploratoires réalisées ne furent pas enregistrées, en raison de leur objectif essentiellement informatif et du fait qu’elles furent menées auprès d’acteurs périphériques de la dynamique étudiée.

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Au total, 10 entrevues formelles furent menées auprès des professeurs-chercheurs universitaires (8) et de la direction de l’Université Laval (2), et furent donc systématiquement enregistrées (à moins d’avis contraire) pour faire l’objet d’une analyse ultérieure approfondie.

Plusieurs critères ont guidé la sélection des participants à la présente étude. D’abord, les professeurs-chercheurs interrogés sont tous membres de la communauté scientifique de l’Université Laval, en ce sens qu’ils exercent à la fois leurs fonctions d’enseignement et de recherche dans cette institution ou dans ses centres hospitaliers affiliés. Il est également important de préciser qu’ils évoluent tous dans le secteur des biotechnologies de la grande région de Québec. Nous avons choisi de nous concentrer exclusivement sur l’industrie biopharmaceutique de la région de Québec pour des raisons à la fois techniques6 et théoriques7. Par ailleurs, un deuxième critère a prescrit le choix des sujets, soit celui d’être ou d’avoir été impliqué dans la création d’une entreprise dérivée destinée à valoriser des résultats de recherche prometteurs au plan commercial. Tous les chercheurs rencontrés correspondent donc à ces deux critères centraux. Bien entendu, plusieurs traits les distinguent les uns des autres, entre autre le degré d’avancement de leur projet d’entreprise dérivée8 ou encore le département universitaire ou l’établissement hospitalier auquel ils sont affiliés. Néanmoins, le choix des sujets a été réalisé de sorte qu’une comparaison soit envisageable entre les diverses expériences vécues par ceux-ci en matière de valorisation de la recherche, pour qu’ultimement, nous puissions élaborer un profil caractéristique des professeurs-chercheurs, de même qu’une trajectoire typique caractérisant les projets d’entreprises dérivées mis sur pied par ceux-ci.

Au niveau de la sélection des répondants, un échantillonnage de type exploratoire fut réalisé, puisque aucun échantillonnage théorique représentatif n’était possible compte tenu des moyens disponibles pour accomplir la présente enquête. Ainsi, le choix des participants s’est réalisé en fonction de la disponibilité des professeurs ciblés, mais surtout grâce au concours des personnes rencontrées lors des entrevues exploratoires. Notons à ce sujet l’aide précieuse fournie par une personne-ressource appartenant à PÔLE Québec Chaudière-Appalaches, l’organisme de promotion du développement économique de la région de Québec, qui nous a rapidement dirigé vers un certain nombre d’intervenants-clés appartenant aux divers organismes du secteur biopharmaceutique de la région de Québec. L’accès au terrain ne fut donc pas chose facile, puisque nous ne bénéficions d’aucun contact préalable dans le milieu visé. Nous avons en ce sens tracé notre chemin vers les acteurs-clés au fil des entrevues exploratoires auprès des représentants d’organismes périphériques,

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Les ressources financières et temporelles nécessaires à la poursuite d’une étude d’une plus grande envergure seraient beaucoup plus importantes que celles dont nous disposons.

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La problématique étudiée est non seulement tout à fait pertinente dans le domaine biopharmaceutique, mais il nous a également semblé que la région de Québec se prêtait particulièrement bien à notre enquête en raison de la présence remarquable de l’Université Laval.

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Pour certains, l’entreprise en est à ses balbutiements, alors que pour d’autres, la phase d’expansion est déjà amorcée.

ceux-ci nous référant dans la mesure du possible aux professeurs correspondant au profil recherché. De leur côté, les représentants d’organismes périphériques, tels les sociétés de capital de risque, ainsi que l’organisme voué à la valorisation de la recherche universitaire, ont également été référés par la personne-ressource mentionnée plus tôt en fonction de leur participation à la concrétisation de projets d’entreprises dérivées universitaires dans le domaine biopharmaceutique de la région de Québec. Enfin, compte tenu du fait que notre échantillon se compose entièrement de membres de l’Université Laval, il nous a semblé à propos de rencontrer un représentant du Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval (SPUL).

En dépit du caractère relativement arbitraire du choix des participants, il n’en demeure pas moins que la sélection s’appuie sur des critères solides tels que l’appartenance au domaine biopharmaceutique de la région de Québec et l’implication dans un projet d’entreprise dérivée à l’Université Laval. Ainsi, à l’aide des informations obtenues dans le cadre des entrevues exploratoires, nous avons été en mesure de contacter dix chercheurs, par la voie du téléphone ou encore du courrier électronique. Parmi tous les professeurs contactés, un seul a omis de reprendre contact avec nous et un autre n’a pu trouver le temps nécessaire pour nous accorder un entretien. Tous les autres ont accepté spontanément de participer à notre enquête, ce qui démontre un intérêt certain pour la problématique étudiée. Deux des chercheurs rencontrés ont toutefois eu des réserves quant au caractère confidentiel et anonyme du contenu des entrevues, à la suite de quoi nous nous sommes efforcée de les rassurer grâce à l’utilisation d’un formulaire de confidentialité pour l’ensemble des entrevues formelles réalisées. Le caractère quelque peu délicat de certaines thématiques abordées dans le cadre des entrevues formelles rendait effectivement impératif l’utilisation d’un tel formulaire afin de préserver l’identité des participants. Son usage ne fut toutefois pas requis dans le cas des entrevues exploratoires, puisque l’objectif central de celles-ci n’était pas forcément de recueillir des opinions personnelles, mais plutôt de considérer le point de vue institutionnel des acteurs périphériques dans le but d’obtenir une vision plus complète de la problématique étudiée.

La première phase d’entrevues fut donc essentiellement exploratoire. Elle fut accomplie dans l’optique d’élargir notre vision du phénomène de la commercialisation de la recherche universitaire et ainsi ultimement, en arriver à mieux définir notre objet d’étude. Ces 5 entrevues ont ainsi été réalisées auprès de deux représentants de sociétés de capital de risque distinctes, de deux représentants de la direction de la Société de valorisation des applications de la recherche

(SOVAR)9, d’un représentant du syndicat des professeurs de l’Université Laval et enfin, d’un représentant du Vice-Rectorat à la recherche de cette même institution. En outre, comme nous l’avons évoqué plus tôt, ces entrevues ne furent pas enregistrées en raison de l’objectif essentiellement informatif de cette phase d’entrevues. De fait, une prise de notes a suffit à recueillir les informations transmises par nos interlocuteurs, informations ayant surtout trait au rôle de leur organisme d’appartenance dans le processus de valorisation d’une technologie universitaire, de même qu’à leur perception générale des activités entrepreneuriales en sphère universitaire et des difficultés qui leur sont inhérentes.

La seconde phase d’entrevues fut quant à elle réalisée auprès des professeurs-chercheurs de l’Université Laval ainsi qu’auprès de la direction de cette institution. En tout et pour tout, huit chercheurs furent interrogés, de même que trois représentants du Vice-Rectorat à la recherche10. À la différence des entrevues menées lors de la première phase, les entrevues formelles de la deuxième phase furent enregistrées à l’aide d’un mini magnétophone, avec l’accord préalable du participant, dans le but de permettre une analyse approfondie des propos recueillis auprès des acteurs principaux de la dynamique étudiée. Le tout fut complété par une légère prise de notes pendant et après l’entretien. Par contre, l’un des professeurs rencontrés a refusé d’être enregistré en raison de la confidentialité des propos tenus. Nous avons alors recueilli l’essentiel de son témoignage à l’aide d’une prise de notes au fil de la rencontre.

Les entrevues furent menées à l’aide d’un canevas adapté en fonction du poste occupé par la personne rencontrée (professeur-chercheur, représentant de l’Université, membre d’un organisme périphérique) et élaboré en tenant compte de deux grands aspects : d’une part, nous avons cherché à connaître le profil du répondant en identifiant certaines caractéristiques propres à son expérience personnelle et professionnelle, de même qu’en mettant l’accent sur son expérience en matière de création d’entreprise dérivée. D’autre part, nous avons également conçu le canevas d’entrevue de sorte que les opinions et les perceptions de chaque interlocuteur vis-à-vis des activités entrepreneuriales et de l’avenir des universités soient mises en lumière au gré de ses propos. Les canevas d’entrevue utilisés (voir les annexes A et B) furent grandement inspirés par les

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L’entrevue exploratoire, prévue au départ auprès d’un seul représentant de la direction de SOVAR, fut finalement réalisée en présence d’un deuxième membre de la direction, ce qui a permis, en bout de ligne, d’obtenir des explications beaucoup plus complètes.

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À ce propos, il s’avère important de préciser que l’une des deux entrevues prévues avec un représentant du VRR s’est finalement déroulée en présence de deux représentants de cette entité, ce qui explique pourquoi nous avons réalisé deux entrevues, mais avec trois personnes en tout.

questionnaires utilisés dans le cadre de deux études : d’une part, l’étude conduite auprès de professeurs universitaires par la FQPPU en 2000 sur la commercialisation de la recherche universitaire au Québec, et d’autre part, l’étude menée par le Conseil supérieur de l’éducation en 2002 portant sur l’avenir de la mission universitaire à l’heure des partenariats avec le secteur privé.

Enfin, le traitement des entrevues fut réalisé en plusieurs étapes. Dans un premier temps, nous avons effectué, toujours à l’aide de la mini-enregistreuse, la retranscription « verbatim » sur support informatique des entrevues afin de faciliter le traitement ultérieur des informations recueillies. Nous avons favorisé la transcription « verbatim » afin de conserver la logique argumentaire de chaque participant, tout en évitant d’insérer un biais dans la formulation des propos tenus. Par la suite, nous avons procédé à la codification des données à l’aide d’une grille de collecte construite au préalable par nous-même, à partir des études retrouvées dans la littérature. Cette méthode nous a permis d’effectuer une classification des propos tenus par chaque participant en fonction du thème abordé, facilitant de fait l’analyse même des entrevues. Un examen comparatif des entretiens ainsi qu’une analyse de contenu furent donc menés afin de dégager un portrait significatif de la problématique étudiée.