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Répartition des agents des PNR (2011)

II. 3 - Questions de recherche

Terminons ce grand balayage introductif qui a commencé par la recherche d’un positionnement disciplinaire autour des questions d’environnement et de nature, qui s’est poursuivi par une présentation théorique des principaux objets rencontrés dans ma recherche, pour s’achever sur une présentation plus précise et concrète du terrain sur lequel elle s’est articulée. Il est temps de reprendre plusieurs éléments déjà évoqués de manière éparse afin de préciser mes questions et ma démarche avant d’en venir à la présentation concrète du travail mis en place.

J’ai travaillé de manière inductive, sans partir de théories préconçues sur le terrain ou d’hypothèses précises à valider. J’ai essayé d’être attentive à la fois aux représentations, aux discours, aux mots, mais également aux structures, aux modes de financement, de recrutement, au territoire, aux espèces présentes, aux climats, aux lois et à leurs évolutions, etc. La réflexion sur la communication environnementale du Parc que je porte alors me paraît plus complète que celles que j’ai pu mener auparavant et qui ne s’occupaient que des discours et des représentations. Revers de la médaille, cette attention rend mon travail parfois très descriptif et le lecteur peut se demander pourquoi tant de détails et quel est le but poursuivi.

J’essaierai de palier ce défaut en concluant régulièrement de façon intermédiaire sur les nombreux points abordés.

Les documents de communication étudiés le sont à la fois à travers le sens qu’ils véhiculent, mais aussi à travers les dispositifs qui les rendent publics, qui les diffusent, les activent. Les discours sont analysés aussi bien afin d’en extraire les représentations des acteurs, mais encore pour mieux comprendre les contextes dans lesquels ils prennent place, les relations qu’ils rendent signifiantes. J’ai ainsi travaillé sur les différentes médiations mises en place par le Parc autour de la notion de biodiversité, que ce soit à travers les documents produits ou à travers les différents autres dispositifs médiatiques ou relationnels existants.

La réflexion menée ici, je l’ai déjà mentionné mais c’est un point important, ne se concentre pas sur la notion de la « crise » environnementale mais plutôt sur la construction quotidienne d’une communication environnementale dans un Parc Naturel Régional. Grâce à la notion de biodiversité, je chercherai à dégager un ensemble de dynamiques identitaires qui se créent à travers cette communication et qui servent à démarquer le Parc des autres acteurs sur des thématiques similaires. L’intérêt du mot, du concept, tient alors dans son aspect volontairement communicationnel comme on a pu le préciser précédemment (II.1.3) mais également politique. Partagé par tous les acteurs environnementaux, du Ministère aux associations, il s’inscrit dans des rhétoriques, des dispositifs, des stratégies qui présentent une utilisation de la communication comme créateur d’une identité définie comme commune, ce que l’on partage avec l’autre, et comme différence, ce qui fait notre spécificité et justifie de notre existence.

92 On cherchera à déployer ce questionnement général dans les parties à venir.

Dans la partie III, on s’intéressera à la communication environnementale du Parc du Pilat afin de la décrire précisément. On commencera à relever différents éléments qui montrent comment elle participe de la création d’une identité du Parc et comment celle-ci est parfois mise à mal par différents dispositifs. On se demandera donc quelles sont les modalités de communication de cette institution, sur quelles représentations globales ou modèles elle s’appuie. On cherchera à montrer la professionnalisation de la communication au sein du PNR du Pilat, mais à la lire aussi dans le champ plus large de la communication environnementale.

Ce poids de plus en plus important accordé à la communication a produit un certain nombre de normes et de représentations partagées. On verra comment celles-ci participent en outre de la cohésion de l’identité du Parc parfois mise à mal par des conceptions ou des engagements divergents.

Dans la partie IV, on creusera plus en avant la notion de biodiversité en ce qu’elle participe elle-aussi de la constitution identitaire. On cherchera à comprendre en quoi biodiversité et identité institutionnelle interagissent l’une avec l’autre. La biodiversité répond en effet à ce mouvement de normalisation de la communication environnementale en proposant des normes internationales à décliner en local. On s’intéressera alors à une comparaison entre les dispositifs communicationnels mis en place par l’ONU, ceux réutilisés au niveau national et ceux mis en place par le Parc. Ceci permettra de mettre en avant les modalités d’utilisation de la notion par le Parc du Pilat en se demandant depuis quand elle est apparue dans les discours, sous quelles formes, à travers quels réseaux, documents, dispositifs, etc. On cherchera à confronter son usage à celui d’autres concepts environnementaux comme « milieux naturels », « patrimoines naturels » ou « corridors » afin de mieux saisir ses particularités. On verra que, là encore, se tient, sous-jacente, la question de l’identité du Parc du Pilat : identité institutionnelle qui cherche à se créer une image valorisante au niveau national et local à travers la biodiversité présente sur son territoire ; mais également identité des personnels du Parc parfois mise en tension entre un discours institutionnel à caractéristique naturaliste et un engagement plus personnel. C’est à partir cette question de l’engagement, née de mon travail d’observation sur le terrain, qu’a fini par apparaître la question de la place accordée par l’institution au sentiment d’amour de la nature.

Normalisation par la professionnalisation de la communication et normalisation par le discours sur la biodiversité seront donc ici réinterrogées au regard de leur lien à l’identité d’un territoire particulier. A la différence des premières théories sur la mondialisation de la communication et cette idée du « village global » développée par McLUHAN dans les années soixante qui conduirait à une culture unifiée et commune, on cherchera à montrer qu’elles ne sont pas réinvesties naïvement sur les territoires locaux. Bien au contraire, dans une perspective plus proche de celle de DE CERTEAU (1990), ces normes sont en permanence fissurées, grignotées, détournées, utilisées, débordées, « braconnées ». On voit alors l’intérêt de se pencher sur ce qui contribue à ce braconnage, c’est-à-dire à la fois sur les représentations locales, les enjeux personnels et collectifs, mais aussi sur les réseaux, la

93 matérialité de la nature, du territoire, et aussi la matérialité même des objets de communication. La démarche que j’ai employée sur mon terrain découle de ces différents constats et points d’attention.

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