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Répartition des agents des PNR (2011)

II. 2 - Le Parc Naturel Régional du Pilat

La construction de cette partie entre territoire, entendu comme les aspects physiques du Parc, et institution, s’inspire du rapport de recherche réalisé en 2006 à la demande du Parc du Pilat par LANGLADE et MICHALON242 et qui proposait cette distinction.

Dans leur étude qui se déroule dans une phase d’évaluation de la charte du Parc à mi-parcours, les deux sociologues ont cherché à évaluer l’image du Parc du Pilat auprès des habitants du territoire. Il en ressortait principalement l’importance des liens concrets tissés avec le Parc dans la représentation positive et plus complète de celui-ci. Plus les habitants avaient eu de contacts, d’échanges, d’expériences avec le Parc et ses acteurs, plus ils en avaient une image positive. La plupart en avaient donc une vision parcellaire et intéressée et c’était à travers leurs intérêts propres qu’ils construisaient une figure plus globale du Parc. A l’issue des entretiens menés, LANGLADE et MICHALON dégageaient cinq types de Parc pour les habitants : le « Parc principe », le « Parc dispensable », le « Parc assistant », le « Parc outil » et le « Parc partenaire ». Ceci permettait de mettre en relation les champs d’activité du Parc et les perceptions de celui-ci et de montrer la diversité des figures, le caractère hétérogène et composé de celles-ci.

Si, dans cette partie, on distinguera bien les aspects géomorphologiques du territoire des aspects institutionnels, on ne reprendra pas la distinction typographique de leur étude qui distinguait « parc naturel régional » comme territoire « naturel » et « Parc Naturel Régional » comme institution. On considèrera en effet qu’un Parc Naturel Régional n’est jamais uniquement un territoire « naturel », mais bien toujours un territoire pris par une collectivité, délimité par elle et qu’une distinction de ce type ne tient pas à l’usage. On préfèrera donc distinguer le Pilat comme « Massif » du Pilat comme « Parc » si l’on tient vraiment à séparer deux visions différentes du même territoire, et par là deux identités territoriales. On comprendra mieux l’utilité de cette distinction lors de son utilisation dans la partie III.3.

242 LANGLADE et MICHALON, 2006.

81 Photo 1 : Panneau positionné côté rue, extérieur de la Maison du Parc, Pélussin. Un

territoire aménagé et transformé par son statut de PNR. E. Kohlmann©

II.2.1.- Description du territoire

Le Parc Naturel Régional du Pilat est l’un des huit Parcs Naturels Régionaux en Rhône-Alpes. Il appartient à 90% au département de la Loire et à 10% du Rhône (le « Pilat rhodanien »). Il se trouve à la limite des départements de la Haute-Loire et de l'Ardèche243.

Le Parc s'étend sur une superficie de 700 km2 (soit 70 000 hectares) et culmine à une altitude de 1432 m. Son altitude la plus basse, sur le versant rhodanien est de 140 m. C'est un massif de moyenne montagne dans lequel trois climats se rencontrent. Sorte de carrefour bioclimatique, le massif est soumis aux influences méditerranéennes, océaniques et continentales.

243 Voir carte du territoire en Figure 6 (p.83)

82 Cette situation climatique, associée à une géographie variée, et à l’importance historique des activités humaines, procure au Parc une grande diversité écologique et paysagère, malgré l'importance forestière.

On parle à son sujet de cinq paysages naturels qui sont :

- les Versants du Gier qui sont tournés vers l’A47 et la vallée du Gier et de l’Ondaine, - le Piémont rhodanien, tourné vers la vallée du Rhône et l’A7,

- la ligne des Crêts qui sépare le territoire en deux versants distincts sommets couverts de landes qui culminent au Crêt de la Perdrix (1432 m),

- la vallée de la Déôme, longue faille géologique qui sépare le massif du Pilat et la chaîne des Boutières, tournée vers l’Ardèche

- et le Haut-Plateau ou Haut-Pilat, plateau granitique à plus de 1000 mètres d’altitude.

Photo 2 : Exemple de paysage de la vallée de la Déôme : le « sentier de la Tortue », Argental.

E. Kohlmann©

83 Photo 3 : Exemple de paysage du Piémont Rhodanien : héron chassant, Île du Beurre,

Tupins-Semons. E. Kohlmann©

Photo 4 : Exemple de paysage sur les Crêts du Pilat et vue sur la vallée du Rhône. E.

Kohlmann©

84 Figure 6 : Carte « cliquable » disponible sur le site Pilat-patrimoine du Parc

La forêt est importante sur le territoire du Parc avec un boisement de près de 40 %. Les résineux constituent les trois-quarts du boisement du Parc. Les terres agricoles couvrent 47 % du territoire ce qui est un total conséquent et signale une place importante accordée à l’activité agricole dans le Parc. Cette situation le différencie des autres Parcs de la région Rhône-Alpes244, plus montagneux et dans lesquels le rapport entre forêts et milieux semi-naturels d’un côté et surfaces agricoles de l’autre ne s’équilibre pas de la même manière.

Le Parc comprend quarante-sept communes rurales pour un total d’environ cinquante-sept mille habitants. Il présente la particularité d'être régulièrement présenté comme « périurbain ».

En effet, les villes de Saint Étienne et de Lyon sont situées à proximité du Parc. De

244 INSEE. Parc du Pilat : les deux-tiers des actifs travaillent à l’extérieur. [en ligne] URL : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=18967 Consulté le 24 février 2015

85 nombreuses « villes portes » sont également à proximité comme Saint-Chamond, Givors ou Annonay. Cet aspect périurbain du Parc et cette proximité d’une ou plusieurs grandes villes est plus flagrante dans le Pilat que dans d’autres Parcs Naturels Régionaux de Rhône-Alpes245.

Plutôt fortement peuplé pour un Parc Naturel Régional, avec une densité de 76 habitants au km² en 2006, le Parc voit sa croissance démographique soutenue par l’arrivée de nouveaux habitants, des actifs qui viennent s’y installer tout en conservant un emploi à l’extérieur de territoire le plus souvent.

II.2.2.- Description de l’institution

Le Parc Régional du Pilat a fêté ses quarante ans en 2014. Son décret de création date du 17 mai 1974.

Du point de vue historique, c'est M. Claude Berthier, professeur au lycée Claude Fauriel de Saint Etienne, qui lança le premier l'idée d'un Parc, dès 1946. Idée, reprise et soutenue, vingt ans après, par le docteur et député Bernard Muller.

Claude Berthier comme Bernard Muller sont reconnus par le Parc246 comme ses « pères fondateurs ». Ce sont des urbains, appartenant à un milieu socialement élevé, qui sont à l’origine du projet de Parc, notamment pour répondre à une crainte d'une périurbanisation galopante.

Le Parc a pour « capitale » administrative la Maison du Parc à Pélussin, qui abrite au rez-de-chaussée la Maison du Tourisme du Parc. Entièrement réaménagée en 2014 sur ses aspects d’accueil, elle offre au public une matériauthèque247, un espace muséographique et donne accès à un jardin conçu comme support à des activités pédagogiques.

245 INSEE. Parc du Pilat : les deux-tiers des actifs travaillent à l’extérieur. [en ligne] URL : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=18967 Consulté le 24 février 2015

246 http://www.Parc-naturel-pilat.fr/fr/le-Parc-un-projet-partage/histoire-du-Parc/la-creation-du-Parc-naturel-regional-du-pilat.html, consulté le 18 mars 2015

247 Voir à propos de la matériauthèque la partie III.1.2.4, pp.148-151

86 Photo 5 : Entrée de la Maison du Parc à Pélussin – janvier 2015. E. Kohlmann©

Photo 6 : Utilisation du jardin du Parc lors des « Sorties Natures », ici « Les petits naturalistes vont au jardin », 2011, E. Kohlmann©

87 Photo 7 : Utilisation du jardin lors de visites institutionnelles, ici la signature du Contrat

Corridor avec la Région Rhône-Alpes en 2014. E. Kohlmann©

Hormis cette Maison, le Parc possède aussi quelques structures qui marquent sa présence sur le territoire. C’est le cas de la Maison de l’Eau et de l’Environnement, à Marlhes, qui appartient au Parc, mais est occupée par le CPIE des Monts du Pilat (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement), association à but non lucratif créée en 1978 à l’initiative du Parc. Mais on peut également citer la Maison du châtelet à Bourg-Argental, dédiée à l’accueil touristique, la Maison des Tresses et Lacets à La Terrasse-Sur-Dorlay ou le Centre d’Observation de l’Île du Beurre à la sortie de Condrieu, qui sont des partenaires réguliers du Parc en termes d’animation du territoire.

Le logo actuel du Parc du Pilat est composé de trois éléments emblématiques : les sapins, le hêtre et les chirats. On reviendra sur la question du logo plus en détail dans la partie III.

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Figure 7 : L’ancien logo (à gauche) et le logo actuel (à droite), reconduit par la charte « Pilat objectifs 2025 »

Photo 8 : Un « véritable » chirat dans le Parc du Pilat, à proximité du col de l’Oeillon. E.

Kohlmann©

89 Le Parc Naturel Régional du Pilat est porté, comme les autres Parcs Naturels Régionaux, par un syndicat mixte qui regroupe les communes du territoire, mais aussi les intercommunalités, les villes-portes, la région, les départements. Les quatre-vingt représentants élus se réunissent trois à quatre fois par an pour voter le budget, définir les actions, élire le Président et le Bureau. Le Bureau veille à l'application de la charte, met en œuvre les programmes, valide le travail des commissions et assure la gestion du Parc. Le travail des élus s’organise autour de différentes commissions thématiques : aménagement du territoire, patrimoines, développement économique et social, écocitoyenneté. Le Président quant à lui est chargé d'exécuter les décisions prises par le Bureau et le Comité syndical ; il ordonnance les dépenses, représente le Parc et signe les actes.

Ces élus du Parc ont par ailleurs un rôle d’élus dans les collectivités du territoire, ceci conditionne leur éligibilité au sein du Bureau. Leurs décisions sont appliquées par une équipe plus technique du Parc, d’experts qui interviennent à la fois dans les aspects de gestion de projet mais également concrètement sur le terrain. Cette équipe de techniciens a son propre organigramme et sa propre direction. L’organigramme se structure en quatre grands pôles248 :

- Les Moyens Généraux (avec trois cellules : administrative, ressources et technique) - La Protection et Gestion de l’Espace (divisé entre Connaissance et Préservation de la

biodiversité et l’Architecture Urbanisme et Paysage)

- L’Economie Durable (Entreprises et collectivités écocitoyennes, Agriculture durable, Gestion durable de la forêt, Climat énergie)

- Le Tourisme Education Culture et Coopération (Tourisme durable, Sensibilisation et éducation à l’environnement, au territoire et à l’écocitoyenneté, Europe et Coopération, Culture et Patrimoine)

Ces quatre grands pôles ont bien évidemment des relations opérationnelles entre eux et de nombreuses actions sont menées en coopération. On peut citer en exemple le comité mixte paritaire Agriculture durable – Milieux naturels auquel j’ai pu assister et dont l’invitation était formulée ainsi :

« Je vous invite à participer à la prochaine réunion du Comité Paritaire regroupant exceptionnellement les membres du comité paritaire pour l'Agriculture Durable et ceux du comité paritaire Protection et gestion des Milieux Naturels du Parc Naturel Régional du Pilat qui aura lieu le… »

On voit que les actions menées par le Parc imposent une organisation plus transversale que celle qui peut être proposée par leur organigramme. De nombreuses actions sont menées de manière transversale, et la biodiversité par exemple est une thématique qui demande ce type de réorganisation et force la structure à des recompositions, rend les frontières poreuses249. On

248 On fait ici référence à l’organigramme de 2015. Version antérieures disponibles en Annexe G.

249 MICOUD, In LE ROUX, 2011

90 ne s’attardera pas plus ici sur les catégories d’organisation retenues par le Parc puisqu’on y reviendra partie III. Cependant deux remarques rapides s’imposent : la préservation de la biodiversité est rattachée à un pôle de gestion de l’espace, sur le même plan que l’architecture et le paysage ; le vocabulaire du « durable », qui n’est pas sans rappeler le développement durable, est très présent avec un pôle « Economie durable », qui comprend l’agriculture et la gestion des forêts « durable », mais aussi dans le pôle « Tourisme Education Culture et Coopération » qui comprend le tourisme « durable ».

Photo 9 : Verre distribué lors des 40 ans du Parc et qui porte le logo « les Manifs à DD » qui est utilisé sur les manifestations culturelles, sportives, touristiques qui répondent aux critères

du « développement durable ». E. Kohlmann©

Enfin, pour terminer ce rapide tour d’horizon, quelques mots sur la charte du Parc. La révision de la charte, tous les douze ans, est un projet très lourd qui est porté à la fois par les équipes techniques et par les élus. La charte actuelle : « Pilat horizon 2025 » a donc été votée en 2013 après un travail préparatoire de plusieurs années. Bilan de la charte précédente, réunions publiques, ateliers citoyens, fêtes… l’activité du Parc a été fortement impactée par le renouvellement de sa charte, texte de référence s’il en est pour l’institution. La période à laquelle j’ai mené mes entretiens et observations coïncide en grande partie avec ce travail et on en trouve de nombreuses traces dans les discours que j’ai pu recueillir ce qui nous permettra d’y revenir plus loin.

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