• Aucun résultat trouvé

4. L ES RÉSULTATS

4.1. Question spécifique de recherche 1

Q.R.1 : Quelles techniques de rétroaction corrective sont utilisées par les enseignants en

francisation lors de la correction des productions écrites de leurs étudiants?

Les professeurs rencontrés pour cette étude ont utilisé deux techniques de rétroaction différentes. Plus précisément, le professeur 1 (P1) a opté pour la RC indirecte codée alors que les deux autres professeures (P2 et P3) ont eu recours à la RC directe. L’analyse des erreurs indique que 27% des erreurs ont été corrigées avec la RC directe (type de RC uniquement utilisé par le P1 pour tous les types d’erreurs) et 73% ont été corrigées avec la RC indirecte (type de RC utilisé par les P2 et P3 pour tous les types d’erreurs). Les entrevues réalisées avec eux (voir Tableau 11) confirment ce que l’on peut constater dans les rédactions corrigées des étudiants et nous permettent de comprendre la logique derrière ces choix rétroactifs. Durant ces entrevues, le P1 a expliqué son choix par le fait que la RC indirecte est plus rapide surtout lorsque vient le temps de corriger, mais aussi parce que c’est visuellement plus facile pour l’étudiant de repérer les erreurs les plus fréquentes. De son côté, le P2 affirme que les codes sont souvent incompris par les étudiants et qu’ils causent ainsi plus de problèmes. Cet enseignant considère le code comme un autre langage qu’il faut enseigner aux apprenants. Fournir la réponse correcte aux apprenants, par contre, leur permet de voir la forme qu’ils auraient dû utiliser. Le P3 ajoute qu’il manque souvent de temps pour accompagner les étudiants dans la compréhension des codes. Il juge plus facile de fournir directement la bonne forme. Les trois enseignants affirment corriger toutes les erreurs dans les copies. En outre, les

58

trois enseignants n’ont fourni la RC que sur les erreurs liées à la forme. Ils ne se sont pas occupés du contenu ou de la structure du texte.

Lorsqu’ils remettent les productions écrites corrigées, les trois professeurs demandent à leurs apprenants de regarder leurs erreurs. Les P1 et P2 circulent dans la classe pour répondre individuellement aux questions des étudiants. Selon le P3, les étudiants prennent rarement le temps de regarder attentivement leurs copies. Aucun des trois professeurs n’exige la réécriture complète du texte. Le P1 ne le demande que s’il y a trop d’erreurs dans le texte. Le P2 s’attend à ce que les apprenants considèrent cette rétroaction lors des productions écrites subséquentes afin d’éviter de commettre les mêmes erreurs.

59

Tableau 11 : Les extraits des entrevues réalisées avec les professeurs qui répondent à la question spécifique de recherche 1

P1 P2 P3 T ec hn iqu e( s) utili sée (s ) po ur la co rr ec tio n des er re urs

- Bien j’utilise le barème de correction que je donne à mes étudiants à chaque début de session. C’est un barème avec des codes qui correspondent aux erreurs type d’un étudiant en francisation.

- J’utilise les codes parce que je ne pourrais pas écrire les mots en entier pour 20 copies - Et ça donne une bonne idée aussi des erreurs

que les étudiants font en majorité. Comme par exemple, on voit beaucoup de O sur une copie, on voit que l’étudiant a plus de difficultés en orthographe, ça saute aux yeux

- par exemple, si la structure de la phrase n’est pas correcte, je donne la phrase correcte.

- [J’écris] la forme correcte

- J’écris directement pour qu’ils voient, parce que le code, je n’sais pas, ils oublient c’était quoi le code, est-ce qu’il se souvient du code, ou quoi. Je ne veux pas leur apprendre un autre langage, je veux juste qu’ils voient comment ça s’écrit correctement, qu’ils répètent la forme correcte.

- Je mets pas de codes. Je corrige ce qui n’est pas correcte et je mets

habituellement la bonne réponse. Souvent, j’encercle.

- Parce que je sais que ça va être du travail individuel. Ils sont 20. Je ne peux pas aller m’asseoir à côté de chacun pour qu’ils trouvent la bonne forme. Ils sont trop faibles. Ils ne sont pas encore capables Co rr ec tio n c ibl ée ou g lo ba le

- Je corrige toutes les erreurs - Toutes les erreurs - Non, je les corrige toutes.

T âche de l’ ét ud ia nt lo rsq u’il re ço it s a co pie co rr ig ée

- Ils doivent prendre leur barème [liste de codes]et autant que possible trouver les erreurs qu’ils ont, individuellement, à la maison. Après, s’ils ont des doutes, demander à un collègue. Et finalement, s’ils ne trouvent pas la solution, venir me voir.

- Ils doivent la regarder. Ils ont 5-10 minutes pour regarder et s’ils ont des questions, je me promène et je fais des précisions. Je fais toujours des remarques individuelles.

- Ben c’est ça, ils doivent regarder, pis dire : Ah oui! C’est comme ça j’aurais dû l’énoncer, c’est vrai ça, je le savais. Ils doivent regarder leur correction. Pis, comme j’vous dis, la plupart du temps, ils ne le font pas.

Réé cr it ure obli ga to ire ou no n

- Bien, si ça n’a aucun sens, s’il y a vraiment trop d’erreurs, je dis aux étudiants : réécrivez- moi le texte, puis, on le corrigera ensemble à nouveau.

- Pas le même texte. Ils doivent tenir compte des erreurs faites dans le texte précédemment pour qu’ils ne les répètent plus.

- Non [ils ne doivent pas réécrire leur texte]. Pour la bonne raison, que d’abord ici, on nous demande d’inciter sur l’oral, beaucoup plus que sur l’écrit. Pis ben, on économise notre bonne humeur, donc quand on demande de faire, de le recopier, on demande de le faire à la maison, mais le 4/5 des gens l’ont pas fait.

60