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Chapitre 3 : Gouvernance territoriale et perception des acteurs

3.1. De l’analyse de discours

3.1.2. La perception des acteurs

3.1.3.5. Question 5 : Perceptions des relations avec les autorités

La question 5 concerne les relations entre les participants et le ministère. On demandait alors aux participants :

« Pouvez-vous nous décrire les rapports des TGIRT et de la CRRNT avec le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs ou ses représentants » ?

D’abord, il est à noter qu’au sein des TGIRT, les représentants du ministère sont présents à titre de personne-ressource. De ce fait, les représentants du ministère n’ont pas le droit de vote. La question se pose à savoir si les différents débats devraient se faire directement entre les acteurs et les membres du ministère. Puisque le ministère planifie les plans d’aménagement, il semble que sa place au centre du débat serait pertinente.

Or, selon plus de la moitié des acteurs, le rôle du ministère aux TGIRT est d’offrir de l’information aux participants dans le cadre de différentes présentations. Certains parlent aussi du rôle de vulgarisation de l’information amenée aux tables. Le langage pouvant être très technique, certains acteurs ont mentionné l’aide qu’apportent les représentants du ministère dans l’explication des termes plus complexes.

Depuis l’entrée en vigueur du nouveau régime forestier de 2013, c’est le ministère qui planifie l’aménagement forestier (MFFP 2010). En matière de participation, il est même question de l’implication du gouvernement en 2010, c’est-à-dire dès l’adoption du nouveau régime. Lors des rencontres, les personnes-ressources présentent les plans d’aménagement et elles sont en mesure de répondre aux questions des

Toutefois, ce nouveau rôle de planificateur de l’aménagement forestier, autrefois détenu par l’industrie forestière, amène certains acteurs à se questionner sur la neutralité du ministère. Lors d’une entrevue, l’acteur 11 mentionne :

« Pourquoi ça ne fonctionne pas les TGIRT ? C’est le ministère. Il est juge et partie et ça ne fonctionne pas quand il est juge et partie. Avant, on avait l’industriel et on avait le ministère. On négociait avec l’industriel et quand ça n’allait pas, on allait voir le ministère. Il jugeait comme un arbitre. Il n’y a plus d’arbitre ministériel maintenant. C’est lui qui fait le plan de coupe ».

Cet élément de discours nous permet de nous questionner sur les objectifs de la présence des TGIRT. S’agit-il d’une quête de légitimité plutôt que de l’habilitation des citoyens à influencer les décisions ? Ce questionnement se retrouve dans les travaux de Pattberg et Widerberg (2016) qui abordent la question de la légitimité des structures telles que les TGIRT. Plusieurs acteurs font aussi mention de l’importance de la personnalité et de l’attitude du représentant du ministère en tant que tel dans les relations. Certaines personnes facilitent les relations, alors que d’autres amènent une dynamique plus difficile autour de la table.

De plus, le bagage de connaissances des informateurs en matière de foresterie en très variable. Pour revenir à l’importance de la vulgarisation, presque tous les acteurs ont fait mention de l’emploi d’un jargon propre à un domaine d’expertise qui alourdit les dialogues et complexifie les échanges. L’animateur de la TGIRT a un rôle à jouer afin de rendre accessible les conversations à tous les participants, mais le ministère aussi. Il en va de sa responsabilité de communiquer dans un langage simple et compréhensible.

Toutefois, certains acteurs ont mentionné que l’utilisation d’un langage complexe serait une forme d’instrumentalisation que des participants utiliseraient afin d’éviter de répondre à des questions.

Par exemple, l’acteur 1 mentionne :

« On commençait à sentir ça à la fin, l’espèce de frustration de se dire, est-ce que ça vaut vraiment la peine qu’on soit là ? Il y a tout le côté compréhension. Ce sont des discussions qui sont très techniques. Beaucoup d’acronymes, beaucoup de termes forestiers. Parfois on est larguées. [Nous] on travaille beaucoup, on est du genre à se préparer et à poser des questions avant pour être sûr de bien comprendre, mais ce n’est pas tout le monde qui le fait ».

L’acteur 2 mentionne :

« Il a des gens qui n’étaient pas au courant, que ça va trop vite pour eux. Les CPRS et toutes les déclinaisons qu’on peut avoir. Nous, on étudie l’impact des coupes forestières sur l’eau. Alors on se tient au courant, mais quelqu’un qui ne travaille pas là- dedans, c’est vrai que ça peut… Il devait ressortir avec le cerveau un peu plus usé à la fin de la journée ».

L’acteur 9 mentionne : « C’est un langage d’initié, donc les forestiers présents prennent plus de place. Ils discutent un peu plus fort que le gars qui s’occupe des sentiers de VTT. Remarque, c’est le rôle du coordonnateur de la table à doser les propos, les discussions ».

dans la majorité des discours (12/16). Il semble que les acteurs aient fait mention du langage complexe utilisé aux tables à la question 6 puisque plusieurs acteurs accordent aux représentants du ministère le rôle de vulgarisateur.

Par exemple, l’acteur 15 mentionne :

« Je pense que ça dépend des gens. Déjà, la capacité de vulgariser tout ça… Tu vois dans Charlevoix-Bas-Saguenay, l’aménagiste je le trouve vraiment très sympathique, très accessible. Et tu sais, il veut toujours que les gens comprennent ».

En tant que personnes-ressources, c’est vers les membres du ministère que les acteurs se tournent lorsqu’ils ont des questions sur les discussions en cours.

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