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Quelques concepts rattachés à l’approche systémique

III.4.1 Modélisation

Action de construction intentionnelle, par combinaison/composition de symboles, ou par une organisation d’ensemble de symbole, dans le but d’apporter un éclairage sur un phénomène d’étude, et anticiper ou simuler ses conséquences/actions.

III.4.2 Système- système général

Le Moigne (p. 61) définit le système comme « quelque chose (d’identifiable) qui fait quelque

chose (activité, fonction) et qui est doté d’une structure, évolue dans le temps, dans quelque chose (environnement) pour quelque chose (finalité) ». Pour Lerbet (p. 15) « un système s’entend comme quelque chose de plus ou moins organisé qui est distinct, de quelque façon que se soit, de son environnement. C’est une totalité gérant par transformation et autoréglage de l’énergie au sens large ».

Un système rend compte d’une dynamique, d’une activité, guidée, voir organisée autour d’un but.

61 Par exemple, si on revient à la notion d’autonomie tant citée par les dispositifs de formation en ligne ; ce phénomène peut être modélisé en système. Cette aptitude se construit dans le temps (diachronique) ; l’apprenant en formation (l’environnement) y explicite des indicateurs, il exerce son autonomie (synchronique), et il œuvre pour la réussite de sa formation (projet). Nous définissons un système général comme étant l’ensemble de sous-système. Il modélise la globalité des projets poursuivis.

Le Moigne (p. 73) précise l’aspect pratique qu’offre le système complexe ; il est « la

représentation active sur laquelle on va raisonner pour anticiper les conséquences des projets d’actions à entreprendre ... dans la réalité ou le territoire ».

III.4.3 Structure

A l’instar du système, la structure représente son ossature, sa charpente. Elle est « liée à l’idée

d’invariance morphologique dans le temps » (Le Moigne, p. 86), donc liée à la notion de

stabilité, et « ne prend pas en compte l’énergie » (Lerbet, p. 17).

III.4.4 Système ouvert/fermé, environnement et milieu

Implicitement par les hypothèses de cette recherche, nous avons défini l’environnement, comme étant l’ensemble des variables indépendantes, qui vont influencer, voir alimenter le phénomène d’étude. Cet ensemble se trouve à la périphérie (à l’extérieur du système), ce qui sous-entend que le système échange avec l’extérieur en recevant et/ou en intégrant ; il est

ouvert.

Par opposition, un système fermé n’échange pas avec son environnement, ce dernier

représente « un ensemble vide » (Lerbet, p. 71).

L’approche systémique offre une distinction entre le concept d’environnement et celui de milieu.

En reprenant les termes de Lerbet (p. 57) « l’environnement est seul à l’extérieur. Quant au

milieu, il appartient au système ». Le milieu représente de qui fait partie de soi, de son égo. L’exemple de l’autonomie donné plus haut peut être repris pour éclairer ces deux concepts : Dans une formation, le tuteur fait partie de l’environnement de l’apprenant, il va le guider, l’accompagner dans le développement d’une telle compétence. En parallèle, le développement

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va se passer chez l’apprenant lui-même ; l’autonomie relevant du registre du savoir faire, va s’articuler avec des processus relevant de la cognition, voir de la métacognition, et dessiner ainsi le milieu de développement de cette autonomie.

III.4.5 Les composantes primaires d’un système « processus et

processeurs » et référentiel TEF

Un système rend compte qu’une dynamique, d’une activité, qui se caractérise elle-même par un ensemble de processus coordonnés qui lui asservie, enclencher par des processeurs.

Le processus « se définit par son exercice et son résultat (un « implexe ») » (Le Moigne, p.

46). Selon le même auteur, il y a processus s’il y a au fil du temps (T), de l’espace (E) et la

forme (F), une modification de position dans ce référentiel TEF, d’une « collection de

« produits » quelconques identifiables par leur morphologie, par leur forme donc » (id, p. 46).

Dans cette figure, le système est plongé dans un environnement, en un instant t. Il contient un processus ⃗⃗⃗⃗⃗ entre deux processeurs A et B, et le processus exprime une fonction f.

La notion de « forme » est prise à son sens large, Le Moigne (p. 47) en s’appuyant sur la théorie de la Gestalt, lui rattache le sens de l’organisation, pour rendre compte des différentes structurations qui peuvent s y constituer.

Le processeur est celui qui génère les écarts, l’énergie, le(s) processus selon le nombre de

fonction mises en œuvre.

Le Moigne (p. 48) conclut qu’un processus est « un complexe d’actions peut-être multiples et

enchevêtrées que l’on perçoit par l’action résultante ; actions résultante que l’on peut toujours a priori représenter par un déplacement dans le référentiel TEF ».

Système Environnement

Figure 3: prise de Lerbet, p. 17

A B

⃗⃗⃗⃗⃗

Environnement

Le système au temps t Figure 4: Eléments d'un système

63 Un processus peut identifier des produits tangibles (matière énergie) ou symboliques (informations), et être représenté par les trois types de processeurs (ou leur articulation) défini par Le Moigne (p. 49) comme étant :

 T-processeur : stockage, mémoire

 E-processeur : transport, transmission

 F-processeur : traitement, computation

Par exemple, supposons que le changement, tel que nous l’abordons dans notre recherche, touche chez l’apprenant, la dimension de la cognition. Celle-ci qui relève du registre du savoir, s’articule avec les procédés issus du savoir faire, et peut être même avec des procédés issus du savoir-être, notamment dans le cas où l’approche collaborative est adoptée. Un tel

milieu, décrit les sélections33 et les computations (actions F) qui s’opèrent, et les articulations

qui vont décrire l’activité qui se construit et se dégage (action E). Toutes ces actions se décrivent dans le temps, et influence la cognition, qui mémorise afin de gérer les différents aspects (action T).

III.4.6 L’activité, l’évolution et fermeté d’un système complexe

Afin d’illustrer cette notion, nous nous reposerons sur un exemple illustré par les trois figures suivantes. On se donne six processeurs A, B, C, D, E et F.

33 Sélection dans le sens, où tous les processus ne s’articulent pas ensemble ; il y a sélection (traitement de l’information). Si on a trois processeurs A, B et C, on peut avoir les processus AB, AC et ne pas avoir BC.

A B F C E D S3 S2 A B F C E D St1 St2 Temps Espace Forme

Figure 5: Le référentiel TEF

S1 A B

F C

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Dans les trois figures, nous avons des systèmes à six processeurs.

Dans la première figure (S1), le système contient 8 processus

( ⃗⃗⃗⃗⃗ , ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ). Le système représenté dans la seconde figure, contient 5

processus ( ⃗⃗⃗⃗⃗ , ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ). Tandis que le dernier (S3), contient 13 processus

( ⃗⃗⃗⃗⃗ , ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ).

Dans chacun de ces systèmes assez complexes, la coordination établit par les différents processeurs assure la maintenance du système. Celle-ci témoigne d’un certain niveau d’organisation qui fait que les liaisons ne s’éparpillent pas, et assurent la permanence (stabilité) du système. Le système affiche donc des processus de régulation (Lerbet, p. 19). Tel est le cas dans la première figure (S1), pour le processus ⃗⃗⃗⃗⃗ par rapport à ⃗⃗⃗⃗⃗ . De même, les processus ⃗⃗⃗⃗⃗ et ⃗⃗⃗⃗⃗ apparaissent comme des processus régulateurs au processus ⃗⃗⃗⃗⃗ . Le processeur B aide au contrôle des processus fonctionnant entre A et E, et par lui, passe une boucle de rétromettance34 ( ⃗⃗⃗⃗⃗ , ⃗⃗⃗⃗⃗ ) régulatrice des flux ⃗⃗⃗⃗⃗ .

D’autres régulations sont aussi possibles :

 Passage de l’état du système de la première figure (S1) à celui de la seconde (S2):

Pour ce cas, le nombre de processus diminue (passe de 8 à 5), il perd en fermeté. Le système semble relater une perte en complexité, il procède par équilibration minorante (tampon).

 Passage de l’état du système de la première figure (S1) à celui de la dernière (S3) :

Pour ce cas, le nombre de processus augmente (passe de 8 à 13), il gagne en fermeté. Le système affiche un gain en complexité ; il procède par équilibration majorante. Un autre cas de figure peut se présenter, c’est le cas de stabilité du système et où se dernier conserve son nombre de processus (équilibre dynamique), sans pour autant garder le type de processus activés (variété).

Le système ouvert35 opère à l’une de ses équilibrations afin de répondre aux besoins de son

environnement.

34 Pour Lerbet (note 13, p. 228), « par rétromettance, il faut entendre un ensemble de processus qui « bouclent » d’autres processus pour développer l’équilibre d’un système »

35Nous n’abordons ici que le cas des systèmes ouverts puisque c’est le cas de notre étude. Pour des détails sur les systèmes fermés, se référer aux ouvrages de Le Moigne et Lerbet.

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III.4.7 Variété et état d’un système

En revenant aux trois figures du paragraphe précédant ; chacun d’entre elle relate un état de

système différent.

Reprenant la première figure, et considérons celle ci-dessous :

Entre les deux figures (S1 ; S4), nous remarquons bien que le nombre de processus est le même (8), et le système opère avec les mêmes processeurs (A, B, C, D, E, F). Par contre, les 8 processus établit dans S1 (⃗⃗⃗⃗⃗ , ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ) sont différents de ceux établis

dans S4 ( ⃗⃗⃗⃗⃗ , ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ).

Ce changement est caractéristique de la variété du système (Lerbet, p. 28). Entre un temps T1,

le système se présentait sous l’état du S1, et au T2, le système se présente sous un autre état, le S4. Cela témoigne que le système présente une certaines gouvernabilité, puisqu’il peut passer d’un état à un autre.

III.4.8 Interrelation, matrice structurelle, feed-back et réseau

Chaque processeur peut être caractérisé en chaque temps ti, par les valeurs attribuées à ses intrants et ses extrants. Ces derniers sont décrits dans la figure ci-dessous comme des vecteurs. Les intrants représentent l’environnement, et les extrants, les nouveaux comportements (une fois changés par le système) ; le changement dont il est question d’identifier.

A B

F C

E D S4

Figure 6: L'identification du processeur par son comportement à la période ti (selon Le Moigne, p. 49)

Pr (ti)

Intrants Extrant

s

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La complexification d’un système modélisé, va s’établir par mise en relation des différents

processeurs qui lui sont attribués. « L’effet d’intégration fait habituellement apparaitre des

comportements nouveaux rarement prévisibles par composition linéaire » (Le Moigne, p. 50).

III.4.8.1 Interrelation

Le Moigne (p. 50) identifie ce type de relation entre deux processeurs Pi et Pj, « lorsqu’un

extrant (ou une composante du vecteur extrant) du processeur Pi est intrant du processeur Pj. L’interrelation IR(Pi, Pj) est alors activée ».

C'est-à-dire :                       m g z y x IN Pi   et                       f x m k h Pi EX  

En d’autres termes, lorsque le système affiche une certaines récursivité, de telles relations s’affichent, et témoignent par la même occasion d’un processus de mémorisation, puisque le processeur en amont récupère des informations du processeur en aval.

Il est possible de représenter les différentes interrelations établies, par la matrice structurelle.

III.4.8.2 La matrice structurelle

Nous sert à résumer et à représenter toutes les combinaisons d’interrelations possibles (actives et non actives) entre N processeurs (P). Une telle représentation matricielle permet de

présenter économiquement plusieurs caractéristiques pertinentes de notre système36.

67 Figure 7: Matrice structurelle du système identifié par N processeurs

Les interrelations actives apparaissant en dessous de la diagonale principale, symbolisés par « 1 ».

Un autre intérêt a la représentation matricielle, tient au fait que l’on peut établir une correspondance entre les niveaux du système et les projets (intentions) du système de modélisation que nous proposons.

III.4.8.3 Feed-back ou recyclage

Les interrelations de type de « bouclage » sont les interrelations actives, qui apparaissent sur

et en dessus de la diagonale de la matrice structurelle. Elles expriment un recyclage puisque

certains « intrants du processeur considéré sont issus de certains extrants antérieurement

produits par ce même processeur » (Le Moigne, p. 52).

Les relations « feed-back informationnel », apportent à une VP amont des informations sur le comportement éventuellement induit dans une VP avale.

Figure 8: Relation de feed-back

III.4.9 Le réseau du système

Le réseau représente la trame constituée par tous les processeurs reliés par interrelations, et dont les nœuds représentent les processeurs, et les flèches/arcs orientés représentent les processus établis.

L’avantage d’une telle représentation est qu’elle donne une vision globale et graphique des tensions mises en jeu, et des articulations actives.

IN Pi EX Pi

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Figure 9: Le réseau

III.4.10 L’organisation

C’est par un tel concept central et actif que se décrit un système complexe. Le Moigne (p. 74)

décrit ce concept comme étant « la propriété d’un système complexe permettant de rendre

compte à la fois du comportement de chacun des niveaux projectifs que l’on a attribué au système, et de l’articulation entre ces niveaux, sans les séparer ».

L’organisation est à même de rendre compte du fonctionnement et de la transformation d’un

système de façon identifiable et dans son contexte. « Elle sert de support à la représentation

d’un complexe d’actions » (Le Moigne, p. 74).

Elle se distingue du concept de structure au sens de l’approche analytique, et se décrit comme un processus dynamique et autonome. Le processus d’organisation ne s’entend que dans le temps. C’est en cela qu’il se distingue de façon essentielle de la structure (le squelette, la charpente, l’ossature, …). L’organisation n’est pas un objet, une chose invariante indépendante de son observateur. Elle exprime à la fois, inséparablement l’action, l’acteur et la transformation temporelle de l’acteur.

Dans ce sens E. Morin (dans Le Moigne, p.74) décrit l’organisation comme conjonction de trois types d’actions complexes : l’éco, l’auto et la re-organisation.

L’éco-organisation exprime le fonctionnement (synchronique) ouvert dans l’environnement ; l’auto-organisation exprime l’autonomie, et enfin la re-organisation rend compte de la transformation (diachronique).

Par ailleurs, Le Moigne décrit l’organisation comme conjonction des trois actions T (temps), E (espace) et F (forme). Ainsi, selon les termes de Le Moigne, l’organisation décrit la propriété d’un système en général capable à la fois :

 De maintenir ET de se maintenir (action T)

 De relier ET de se relier (action E)

69 Ainsi, les deux conceptions (de Morin et Le Moigne) se croisent :

 Fonctionner : maintenir, relier et produire

 Se transformer : se maintenir, se relier et se produite

 Dans un environnement, pour des finalités

L’organisation se présente donc comme un processus actif, autonome et récursif.