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I.3 L’apprenant : l’acteur en mutation

I.3.3 Caractérisation des profils

La question qui se pose à ce stade est : comment les chercheurs établissent ces caractéristiques des apprenants, et surtout en ce qui relève des profils d’apprentissage ?

Une question que nous nous posons non pas dans un objectif d’identifier et dresser un profil quelconque, mais plutôt dans un objectif de recenser des caractéristiques personnelles évolutives, capables d’interagir, et donc des variables pouvant servir notre recherche.

Hill (dans Lerbet, 1993) développe un instrument visant à établir les profils d’apprentissage en se reposant sur trois facteurs :

 les orientations symboliques : les représentations sémiotiques et les symboles

 les déterminants culturels : l’entourage ou les personnes susceptibles d’influencer

l’apprenant dans son parcours (y compris lui-même)

 les modes d’inférence : Il s’agit des modes de fonctionnement et de raisonnement

Lamontagne (dans Lerbet, 1993) s’inspirant des travaux de Hill, a élaboré un instrument lui permettant de déterminer le profil d’apprentissage. Cet outil est construit autour d’une analyse de cent quarante questions réparties en sept sub-tests. A partir des réponses et d’un dépouillement par ordinateur, Lamontagne détermine un certain nombre de traits du profil d’apprentissage qui ressortent : au décodage de l’information, aux encadrements de l’information et enfin au traitement de l’information.

D’autres instruments ont été développés dans ce même sens, comme le modèle de Kolb, Felder-Silverman et Grasha-Riechmann.

Le modèle de Kolb (1984) :

Ce modèle repose sur l’idée que l’apprentissage s’effectue par la découverte et l’expérience. Il relie d’une part pratique et théorie, et d’autre part réflexion et action.

Ce modèle, dans (Chevrier & Charbonneau, 2000), s’appuie sur la notion de l’apprentissage

expérientiel15. Il conçoit le processus d’apprentissage expérientiel en quatre phases :

 La phase d’expérience concrète d’une action/ une idée : Il y a d’abord l’expérience concrète ; le sujet fait d’abord la rencontre de l’objet. Il est confronté à un problème, à une tâche. Il plonge dans le problème, la tâche.

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 La phase d’observation réfléchie et attentive: l’individu observe, décrit, questionne, réfléchit selon différents points de vues et donne du sens à son expérience.

 La phase de conceptualisation abstraite et théorique: L’individu construit ses concepts (principes, règles, ..) et les généralise à d’autres situations (qu’est-ce que cela veut dire?).

 La phase d’expérimentation active : Ces construits sont réutilisés dans de nouvelles situations, il opère un transfert vers des situations similaires ou ressemblantes. Ainsi, il valide son raisonnement et arrive à répondre à ses questions de départ et peut planifier de nouvelles expériences sur la base de ces acquis.

Le processus est donc séquentiel, intégré et cyclique (au sens de récursif) (Cyr, 1981; Kolb, 1984, 1985 dans Chevrier et Charbonneau, 2000).

Autour de ces démarches, le modèle de Kolb permet de les reconnaitre en indicateur –à établir en situation- avec lesquels il va pourvoir définir des profils ; plus précisément des styles d’apprentissage. Ces styles décrivent comment chacun entre en relation avec son expérience. Certains sont attentifs aux explications qui font le lien entre le théorique et leur expérience,

leur intérêt (Type 1 « Concret/réflectif » (le divergent)), d’autres sont plutôt porté par une

organisation logique et graduelle de présentation de l’information. Ils sont plutôt sur

l’abstraction et les modèles théoriques (Type 2 « Abstrait/réflectif » (l’assimilateur)).

D’autres, procèdent surtout par l’essai et l’erreur, par résolution de problème (Type 3

« Abstrait/actif» (convergent), et enfin le dernier type de Kolb, le Type 4 «Concret/actif» (l’accommodateur), ces apprenants sont plutôt du genre à vouloir appliquer ce qu’ils apprenant sur le terrain et découvrir ce qu’il en ressort.

Pour chaque type d’apprenant, un type d’enseignant est le plus adéquat. Pour les concrets/réflectifs, l’enseignant doit servir de motivateur, pour les abstraits/réflectifs, l’enseignant devrait être spécialiste, pour les abstraits/actifs l’enseignant devrait servir de guide, et enfin avec les concrets/actifs, l’enseignant devrait laisser ses apprenants découvrir les choses par eux-mêmes.

Kolb insiste pour dire que chaque style a ses points forts et ses points faibles, mais « la pleine

actualisation du potentiel d’une personne ne sera obtenue que lorsqu’elle aura intégré les modes d’apprentissage qui ne lui sont pas familiers » (dans Huot, 2000).

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Néanmoins des critiques ont été émises concernant ce modèle. Mark K Smith16 reproche au

modèle de Kolb, ce qui suit :

 Le modèle ne prend pas en charge suffisamment le processus de réflexion

 Il ne prend pas en charge les expériences et les traits culturels

Nous y rajoutons que ce modèle ne rend pas compte des processus de mémorisation, que ce soit à court ou à long terme. Il ne met pas non plus en évidence la temporalité de l’acte d’apprendre et ne tiens pas compte de l’influence éventuelle de l’environnement.

Le modèle Felder-Silverman:

Ce modèle17 élaboré par Richard Felder, professeur de génie chimique, et Linda K. Silverman,

psychologue scolaire, a été formulé à l’origine dans un contexte d’ingénierie et scientifique et s’inspire des modèles de Kolb. Il met l’accent sur l’équilibre entre les méthodes d’enseignement (enseignement selon le cycle entier) et a été appliqué dans une vaste gamme de disciplines. Ce modèle décrit différents types d’apprenants selon quatre axes : actif/réflectif, analyseur/intuitif, visuel/verbal et séquentiel/global.

Actif/réflectif : Les apprenants ont des préférences à comprendre l’information en l’intégrant à une activité, ils en discutent, l’appliquent, l’expliquent. Les apprenants plutôt réflectifs ont tendance à traiter et analyser l’information d’abord. Ils aiment le travail en individuel, tandis que les actifs préfèrent le travail en équipe.

Analyseur/intuitif : Les analyseurs ont tendance à aimer apprendre les faits, à résoudre les problèmes grâce à des méthodes bien établies et n'aiment pas les complications et les surprises tandis que les apprenants intuitifs préfèrent souvent découvrir les possibilités et les rapports, aiment l’innovation et détestent les répétitions. Les analyseurs préfèrent un travail pratique, par contre les intuitifs sont plus à l’aise avec les concepts et les abstractions et les formules mathématiques.

16 Wikipédia : http://translate.google.com/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://en.wikipedia.org/wiki/Learning_styles&pre v=/translate_s%3Fhl%3Dfr%26q%3Dquestionnaire%2Bdu%2Bstyle%2Bd%2527apprentissage%2Bde%2BDavi d%2BKolb%26tq%3DQuestionnaire%2Blearning%2Bstyle%2Bof%2BDavid%2BKolb%26sl%3Dfr%26tl%3De n 17http://www.ncsu.edu/felder-public/ILSdir/styles.htm

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Visuel/verbal : Les apprenants visuels ont tendance à mieux mémoriser les informations qu’ils voient (images, diagrammes, lignes du temps, les films et les démonstrations). Les apprenants verbaux par contre, se rappellent mieux des explications écrites et orales. La présentation de l’information de façon verbale et visuelle est la plus pratiquée, et est une modalité d’apprentissage et ces deux modalités sont pratiquées dans les dispositifs d’étude

Séquentiel/globaux : Les apprenants séquentiels ont tendance à comprendre par étapes linéaires, chacune suivant l’autre de manière logique au contraire des apprenants globaux qui apprennent à grand pas.

Le Modèle de Grasha-Riechmann :

Ce modèlemis au point par les psychologues Anthony Grasha et Sheryl Hruska-Riechmann,

classe les apprenants en six catégories : compétitif, coopératif, axé sur l’évitement, participatif, dépendant et indépendant. Il rend compte d’un aspect affectif que tient l’apprenant durant son apprentissage, face à son entourage, au savoir.

Compétitif : Ce genre d’apprenant s’efforcent d’obtenir toujours les meilleurs résultats, et se mesurent constamment aux autres. Ils aiment être reconnus pour leurs accomplissements. On leur reconnaît des difficultés de collaboration.

Coopératif : Aiment bien le travail en équipe, et peuvent être dépendants des autres.

Axé sur l’évitement : Les apprenants de ce type, manifestent peu d’enthousiasme à apprendre et à assister aux cours. Ils ne collaborent pas aux activités en classe. Ils ne sont pas intéressés et sont dépassés par ce qui se passe en classe. Par de telles attitudes, ils évitent toute source de confrontation et de tension, n’arrivent pas à se fixer des buts et être productifs.

Participatif : Ce genre d’apprenant, aiment prendre part à la vie de la classe.

Dépendant : Ce genre d’apprenants font preuve de peu de curiosité intellectuelle, et apprenant uniquement ce qui leur est imposé. Ils sont très dépendants de leur enseignant et de leurs pairs et attendent que les personnes en position d’autorité déterminent ce qu’il faut faire. Ils sont peu autonomes.

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Indépendant : Ces apprenants font preuve d’autonomie et de confiance en leur capacité d’apprentissage. Ils préfèrent tout de même de travailler seuls.