• Aucun résultat trouvé

QUANTIFICATION DES DEPOTS DE METAUX LOURDS DANS LE MANTEAU NEIGEUX SAISONNIER

EQUIPE METAUX LOURDS

4- QUANTIFICATION DES DEPOTS DE METAUX LOURDS DANS LE MANTEAU NEIGEUX SAISONNIER

Cette étude s'est déroulée sur une période de deux ans, intégrant ainsi deux hivers: 1997-98 et 1998-99 et porte sur le massif alpin exclusivement, entre à l'Est les frontières italiennes et suisses et à l'Ouest, la vallée du Rhône. Le domaine d'étude a été délimité à cette région, d'une part car il fallait trouver un domaine de montagne où l'on avait des altitudes suffisamment élevées (� 1500m) pour obtenir un manteau neigeux conséquent pendant une assez longue période. D'autre part, la région Rhône-Alpes est dotée de vallées fortement industrialisées, avec un fort trafic routier, ce qui nous a permis de suivre entre autre des polluants traceurs ainsi que leur répartition spatiale, et les niveaux de contamination des Alpes.

La principale caractéristique de ce protocole de prélèvement « propre » est d'être vêtu de vêtements non émissifs de poussières, de porter des gants en polyéthylène non contaminant pour les échantillons,

et d'utiliser du matériel en polyéthylène ayant fait l'objet au préalable d'un nettoyage poussé dans les salles blanches du L.G.G.E. La procédure de prélèvement se doit d'être suivie avec précaution, afin d'éviter au possible tout problème de contamination des échantillons (voir photo l ).

Photo 1. Site de Sixt (Chablais J. L'opérateur effectue un puits au pied

de la balise jusgu'à atteindre la plaque de repérage.

(photo: agent APEGE)

Au cours de ce travail, les cartographies des flux de métaux lourds (Pb, Cd, Zn, Cu, As, Ni, Cr, Ag) dans les Alpes Françaises ont été dressées, répondant ainsi au besoin de l'ADEME et du Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, de posséder des données précises sur le dépôt atmosphérique de ces métaux.

Figure 3.7. : Flux de Cadmium l997-98 (en mg km2 /jour) et flux de Cadmium 1998-99 (en mg / km2 / jour)

Ces outils permettront dans un second temps d'accéder à des cartes d'excès de polluants, destinées à évaluer les réductions d'émissions nécessaires pour préserver les milieux naturels européens. Ces cartes de dépôt (qui ne correspondent qu'à la période hivernale) montrent en général des niveaux relativement faibles, comparables à ceux obtenus dans d'autres études menées en France et en Europe sur des sites dits de "bruit de fond". Il existe cependant une grande variabilité en fonction des massifs considérés, qui a pu être observée grâce au maillage relativement fin du massif alpin.

Au delà de ce travail de cartographie, cette étude s'est attachée à identifier les différents facteurs influençant la localisation et l'importance du dépôt, qui se traduit par cette grande variabilité entre les différents massifs. Trois paramètres clés gouvernent ce dépôt:

- Le

paramètre source, c'est à dire principalement le trafic routier et les industries de la région Rhône-Alpes. En superposant les cartes de dépôts à la carte localisant les principaux sites industriels émetteurs de poussières de la région Rhône-Alpes, on s'aperçoit que les massifs les

plus au sud, qui reçoivent les dépôts les moins importants, sont également ceux où les établissements industriels sont les moins implantés. Au contraire, les sites environnant l'agglomération Grenobloise ou encore la vallée de la Maurienne, montrent bien souvent des dépôts relativement plus élevés, qui sembleraient se justifier par la présence importante et la proximité des sites industriels.

- Le paramètre météorologique, c'est à dire les trajectographies et l'évolution des masses d'air à l'origine des précipitations neigeuses. Ces dernières ont pu se charger en polluants au cours du transport et possèdent ainsi une composition chimique caractéristique d'une source longue distance.

- Le paramètre géographique, c'est dire le relief montagneux. Ce dernier peut générer des situations très particulières en période hivernale telles que les couches d'inversion, dont la formation permettra ou non la dispersion des polluants à plus haute altitude. Ce relief constitue également le premier obstacle aux perturbations d'origine atlantique, majoritaires en période hivernale, et influencera donc fortement l'intensité des précipitations et donc l'importance du dépôt.

L'étude particulière menée sur le site de l'Alpe du Grand Serre (au cours de laquelle nous avons déterminé la signature isotopique d'échantillons de neige et de filtres atmosphériques collectés parallèlement), et une analyse fine, détaillant chaque massif et événement neigeux, nous a permis de conclure que les dépôts atmosphériques observés dans le massif alpin possèdent une double origine: o d'une part les polluants issus du lessivage "dans le nuage", et qui peuvent être issus d'un transport

moyenne ou longue distance, en fonction du trajet de la masse d'air, de son altitude et des précipitations survenant au cours de ce trajet qui vont charger ou décharger la masse d'air en polluants. L'efficacité de ce lessivage dépendra beaucoup du type de nuage conduisant à la précipitation, et des conditions de température régnant au sein du nuage (processus de givrage). o d'autre part les polluants issus du lessivage "sous le nuage", et qui sont caractéristiques des

émissions régionales. L'importance relative de ces polluants sera fonction de la localisation du site de prélèvement par rapport aux sites industriels pouvant induire une contamination. Les conditions météorologiques auront également leur importance, en permettant ou non une recharge suffisante de l'atmosphère ou encore la création de couches d'inversions qui isoleront nos sites des émissions régionales.

Il n'existe donc pas de cas général pour l'ensemble du massif alpin, les polluants observés résultent d'un mélange entre des émissions régionales et celles issus d'un transport à longue distance. Les premières sont souvent prépondérantes en terme de concentration, du fait de leur proximité, et "noient" le signal longue distance, difficilement identifiable. La détermination de la composition isotopique du plomb ne nous permet pas clairement de discriminer ces différentes sources, les principaux candidats, comme les émissions italiennes ou les émissions industrielles françaises possédant des signatures assez similaires. Il ressort cependant que les dépôts observés sur les sites en bordure de la frontière italienne semblent être influencés par les émissions de ce pays. On note également que le plomb issu des émissions automobiles n'est plus majoritaire et que l'utilisation croissante de l'essence sans plomb laisse apparaître une signature industrielle plus radiogénique, qui caractérise désormais les émissions françaises (voir figure 3.8).

L'ensemble de ces observations fait donc ressortir une situation complètement différente de ce qui peut se passer sur les sites côtiers où les apports longue distance sont aisément distingués dans les pluies et les aérosols. Cette situation semble caractéristique du massif alpin, car d'une part, il est situé à l'intérieur du continent, laissant le temps à la masse d'air de se décharger avant d'atteindre les sites considérés. D'autre part, le relief influence fortement la dispersion des polluants et la localisation du dépôt

Figure .3.8 : Composition isotopique d'échantiflons de neige du massif alpin et d'aérosols atmosphériques issus de villes européennes.

Finalement, nous nous sommes intéressés à l'influence des émissions régionales sur la répartition altitudinale des polluants dans les vallées, avec une étude menée dans les vallées de Chamonix et de la Maurienne, sur deux hivers consécutifs. Cette étude a montré qu'il existait une tendance décroissante des concentrations en métaux lourds dans la neige lorsque l'on s'élève en altitude. L'utilisation de la signature isotopique du plomb nous a permis d'établir que cette tendance n'était pas liée à un phénomène de dilution de l'échantillon. Cet outil fait apparaître clairement la contribution des émissions italiennes sur le dépôt total en plomb, mais ne nous permet pas de déterminer la contribution relative de chaque source.

Il semble que la répartition des polluants en fonction de l'altitude soit beaucoup plus complexe. En effet, des phénomènes météorologiques très locaux étant à prendre en compte (couche d'inversion, écoulement de vent le long des pentes...) et une simple mesure des concentrations de métaux lourds pour étudier leur distribution spatiale est insuffisante. C'est pourquoi nous nous sommes impliqués dans un travail de collaboration avec d'autre équipes de recherche pour établir un modèle de transport méso-échelle des polluants appliqué aux vallées alpines qui pourrait nous permettre de compléter nos résultats et d'approfondir leur exploitation.

Chapitre

4

EQUIPE

RHEOLOGIE

DES GLACES

ET MODELISATION

EQUIPE "RHEOLOGIE DES GLACES" Responsable Jacques MEYSSONNIER PRINCIPAUX AXES DE RECHERCHE

COMPOSITION DE L'EQUIPE

PUBLICATIONS (revues à comité de lecture)

PRINCIPALES COLLABORATIONS Nationales : LPMTM (Villetaneuse) ENS (Cachan) LPCES (Orsay) LMSSMat-ECP LSCE (Saclay) LEGOS (Toulouse) LMC (Grenoble) LGIT (Grenoble) L3S (Grenoble) L3S-CEMAGREF (Grenoble) Internationale IRAA, Saint Petersbourg

Université de Rosario, Argentine

Dartmouth College, Ice Research Laboratory, USA AWI Bremerhaven, Allemagne

ICTP Trieste, Italie INFM Rome, Italie

Université de Barcelone, Espagne Université de Milan, Italie Université de Bologne, Italie

Université de Californie à Santa Cruz, USA Université de Toronto, Canada

FINANCEMENT

Les travaux de l'équipe dans les deux principaux thèmes que sont la rhéologie des glaces polaires et la modélisation des calottes polaires font désormais référence dans la communauté des glaciologues. Dans le domaine de la rhéologie, les travaux récents de ces deux dernières années permettent d'accroître le contenu physique d'une modélisation multi-échelles décrivant la déformation du cristal de glace, du grain dans le polycristal, le comportement du polycristal, jusqu'à l'écoulement « local » d'une calotte (à l'échelle de son épaisseur).

Concernant la modélisation des calottes polaires appliquée à l'étude du climat, nous faisons partie du groupe de tête avec l'un des rares modèles de l'Antarctique intégrant les ice-shelves et les ice-streams qui jouent un rôle majeur sur la stabilité de cette calotte.

Cette capacité à conjuguer les études sur le matériau glace et les applications géophysiques constitue la force de notre équipe.

Notre contribution à l'étude des mécanismes mis en jeu dans l'endommagement et la fracturation de la glace est reconnue comme un apport fondamental par la communauté du Génie Civil en régions