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Qualités thérapeutiques en relation de soins

3. CADRE THEORIQUE

3.2. L’ALLIANCE THERAPEUTIQUE EN SOINS INFIRMIERS

3.2.2. Qualités thérapeutiques en relation de soins

La rencontre avec des patients qui présentent des douleurs chroniques médicalement inexpliquées nécessite « de véritables compétences relationnelles »239.

Parmi les compétences ou qualités relationnelles ont retrouve l’empathie, l’authenticité et la chaleur, indispensables pour établir une alliance thérapeutique. Au sein de la relation soignant-soigné on les nomme attitudes et habiletés.

235 CATHEBRAS, Pascal. Troubles fonctionnels et somatisation. Issy-les- Moulineaux : Masson, 2006. 240 p., page X

236 Ibid, page IX

237 Ibid., page IX

238 CUNGI, Charly. L’alliance thérapeutique. Paris : Retz, 2006. 286 p., page 19

239 ALLAZ, Anne-Françoise. Le messager boiteux : approche pratique des douleurs chroniques. Genève : Médecine & Hygiène, 2003. 140 p., page 116

Si Fauchère souligne les abondants écrits et formations sur la communication, il affirme que

« l’expérience et les qualités personnelles du praticien sont les meilleures garantes de ses compétences de communicateur »240.

En résumé, tolérance, empathie, acceptation de ses limites, capacité à supporter l’impuissance et la frustration sont autant d’aptitudes utiles au professionnel pour accueillir la plainte, message d’une souffrance occultée.

C’est Carl Rogers, psychologue issu du mouvement de la psychologie humaniste, qui par son l’Approche centrée sur la personne ayant comme principe la qualité de la relation (empathie, authenticité, non-jugement) a donné naissance au concept de relation d’aide.

Il avait posé le postulat que « Tout individu est porteur du potentiel suffisant pour trouver sa propre réponse à ses difficultés »241. Il a défini trois conditions pour la relation d’aide qui a un caractère différent selon l’endroit, les circonstances où elle a lieu et la profession de l’aidant, soit la congruence (être en accord avec soi-même), la considération positive inconditionnelle (permettre à l’autre d’être librement sans exigence en retour) et l’empathie (se mettre à la place d’un autre et comprendre ce qu’il vit).

Elles conduisent à la prise de conscience chez le client et permettent à l’aidant d’agir avec retenue, pas avec initiative agissante. « La relation d’aide infirmière devrait permettre à la personne en sécurité de chercher un sens, de trouver ses ressources…En référence à la pyramide de Maslow, elle se situe au niveau des besoins d’appartenance, d’estime de soi et d’accomplissement personnel »242.

La relation d'aide centrée sur la personne en demande ou en souffrance est en soi une façon d'être.

Elle permet pour le patient d’être reconnu en tant qu'être humain, au travers de la reconnaissance de ses ressentis. Accompagné dans son chemin de vie, il est aidé à découvrir par lui-même une solution.

La relation d’aide est spécifique à chaque être humain et à son problème, qu’il souffre de douleur aigue, chronique ou plus précisément médicalement inexpliquée.

Il existe différents niveaux de relation. « Il existe différents contextes où la relation engagée ne peut être considérée comme une relation d’aide même si elle s’en approche parfois ou peut y aboutir. Il peut s’agir de communication au quotidien avec la personne malade (bavardage, discussion, humour). Ces temps ont leur utilité, les patients ont besoin de ces moments d’échanges »243.

On parle alors de relation fonctionnelle (le recueil de données en est un exemple). Il faut quand même y établir un climat de confiance pour que le patient dépose ses difficultés, autrement dit sa souffrance.

240 FAUCHERE, Pierre-André. Douleur somatoforme. Chêne-Bourg : Médecine et Hygiène, 2007. 266 p., page 203

241 DAYDE, M.-C. [et al.]. Relation d’aide en soins infirmiers. Issy-les-Moulineaux : Masson, 2007. 141 p. (Savoir et pratique infirmière), page 36

242 Ibid, page 37

243 Ibid, page 41

L’infirmière doit faire preuve d’attitudes et d’habiletés à tout niveau de relation pour devenir une source de réconfort, de soutien pour le patient souffrant de douleurs médicalement inexpliquées et répondre à son besoin d’écoute, de sécurité c’est-à-dire d’être accepté comme il est.

Voici quelques attitudes et habiletés mentionnées dans la littérature : L’empathie

Faire preuve d’empathie donne le sentiment au patient que l’on croit à sa douleur. Côtoyer une personne souffrant de douleur chronique médicalement inexpliquée demande « une capacité d’écoute empathique »244.

L’empathie est une capacité permettant au professionnel de comprendre la réalité vécue par le patient, de se centrer ainsi sur les faits observables et réels, non sur son interprétation de ce qu’il vit245. Elle est selon Raoult une « technique aux vertus thérapeutiques évidentes »246.

Si l’on se réfère aux recommandations d’Allaz « L’intensité de la douleur exprime un niveau de détresse et un besoin de la communiquer »247.

Le patient, en s’adressant à l’infirmière, s’attend avant tout à être écouté et compris. Elle doit, pour répondre à cette exigence, faire preuve d’écoute active, c’est-à-dire à la fois posséder les qualités lui permettant d’entendre et de comprendre ce qu’il lui dit.

Le discours du patient comprend toujours deux échelles d’information, l’une de nature conceptuelle et l’autre de nature affective. Ecouter consiste à recevoir un message et ensuite à en comprendre le contenu conceptuel et affectif, condition pour donner le sentiment au patient d’avoir été écouté et compris.

Les patients souffrant de douleur chronique médicalement inexpliquée saisissent en général toute offre d’écoute248 par la même occasion indispensable au soignant pour découvrir des liens entre douleur et vécu.

En effet c’est par l’écoute attentive que ces liens émergeront peu à peu permettant au patient de s’interroger puis de découvrir ce que sa douleur révèle.

Souvent il ne met n’est pas en lien douleur et vécu. La douleur chronique médicalement inexpliquée a souvent dans la littérature la caractéristique de permettre au malade de se protéger de sa souffrance, mais elle lui permet simultanément de l’exprimer. Ses plaintes laissent s’échapper l’inexprimable, ce qu’il ne peut pas tolérer, diminuant ainsi l’angoisse. Il ne faut pas que l’infirmière cherche à les faire taire.

Elle notera que le discours du patient change, que des liens se font entre douleur et événements de vie.

Elle devra aussi faire preuve de tact quand elle aborde avec le patient son histoire de vie.

244 ALLAZ, Anne-Françoise. Le messager boiteux : approche pratique des douleurs chroniques. Genève : Médecine & Hygiène, 2003. 140 p., page 116

245 Par Charly Cungi

FONTAINE, Ovide et al. . Guide clinique de thérapie comportementale et cognitive. Paris : Retz, 2007. 672 p., page 81

246 RAOULT, Alain. Démarche relationnelle. Paris : Vuibert, 2004. 425 p., page 148

247 ALLAZ, Anne-Françoise. Le messager boiteux : approche pratique des douleurs chroniques. Genève : Médecine & Hygiène, 2003. 140 p., page 116

248 Ibid, page 5

La chaleur

Le soignant qui est chaleureux transmet de la chaleur au malade.

Selon la définition de Cungi, elle nécessite la capacité d’empathie, puisque être chaleureux découle de l’acte de « trouver le patient sympathique »249 et que le soignant doit développer suffisamment d’empathie pour que cette sympathie apparaisse spontanément250.

L’authenticité et la congruence

Le soignant est authentique lorsqu’il est à l’aise dans la situation de soin « y compris avec ses propres émotions, sentiments, pensées, voire avec son malaise »251 (sous entendu que la situation du patient suscite ce malaise).

En parlant de congruence, on fait référence au fait d’être en accord avec soi-même, autrement dit de se connaître pour se mettre dans « un état d’être vrai, réel, de sonder ses sentiments, ses idées, d’assumer ses valeurs, telles qu’elles sont »252.

La considération positive inconditionnelle

Elle est le fait d’ « accepter le client inconditionnellement, c’est-à-dire indépendamment de son comportement, et répondre à ses besoins par des comportements concrets qu’il est en mesure de comprendre »253 qui sont autant d’aspects importants pour établir une relation de confiance.

En témoignant de la considération positive inconditionnelle, le soignant manifeste « l’attention qu’il porte à la personne sans aucune condition »254.

Mais la chronicité des plaintes peut altérer le regard du soignant, celui-ci relevant que le patient a constamment mal ; il n’en est plus étonné ou particulièrement touché. Il y a aussi le risque de tomber dans le jugement.

D’autre part, le regard joue un rôle crucial dans la relation avec un patient douloureux. En effet, ausculter une zone douloureuse, c’est investiguer ce qui pourrait en être la cause et ainsi démontrer que l’on croit en la souffrance. « Un examen clinique soigneux s’impose le plus souvent : il rassure aussi le médecin, et même si celui-ci n’en attend pas grand-chose, cela montre qu’il prend le problème au sérieux »255. Les regards infirmiers posés sur le corps du malade douloureux chronique peuvent devenir de plus en plus rares, voire disparaître, ce qui peut être mal vécu par le patient.

249 Par Charly Cungi

FONTAINE, Ovide et al. . Guide clinique de thérapie comportementale et cognitive. Paris : Retz, 2007. 672 p., page 81

250Ibid, page 81

251Ibid, page 81

252 D’après Carl Rogers

RAOULT, Alain. Démarche relationnelle. Paris : Vuibert, 2004. 425 p., page 147

253 TOWNSEND, Mary C. Soins infirmiers Psychiatrie et santé mentale. St-Laurent : ERPI, 2004. 692 p. (compétences infirmières), page 136

254 RAOULT, Alain. Démarche relationnelle. Paris : Vuibert, 2004. 425 p., page 148

255 CATHEBRAS, Pascal. Troubles fonctionnels et somatisation. Issy-les- Moulineaux : Masson, 2006. 240 p., page 195