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Dans cette section j’expose la démarche méthodologique utilisée pour répondre à ma question de recherche.

Il m’a fallu construire puis utiliser un outil de recherche me permettant au mieux d’étudier la population concernée. Je détaille également les principes éthiques ayant conduit mon étude.

4.1. OUTIL DE RECHERCHE

J’ai choisi la démarche qualitative relevant du paradigme socioconstructiviste comme stratégie générale de vérification de recherche. Cette approche m’a semblé la plus adaptée pour répondre à ma question de recherche, à ma motivation à mener cette étude en regard de mes capacités et des moyens à ma disposition. En effet j’ai voulu explorer la gestion de la prise en soins de personnes souffrant de douleur chronique médicalement inexpliquée par le biais de l’expérience des soignants.

Je choisis comme outil l’entretien, meilleure façon de remplir mes objectifs de recherche.

Revêtant un caractère authentique il permet en effet d’approcher plus près l’expérience, le sens que les gens donnent à leur manière d’agir. Ce sens permet d’appréhender, à la lumière des paroles de Jean-Claude Kaufmann, la façon dont les gens agissent. « Les gens nous racontent parfois des histoires, loin de la réalité, non parce qu’ils mentent à l’enquêteur, mais parce qu’ils se racontent eux-même une histoire à laquelle ils croient sincèrement, et qu’ils racontent à d’autres qu’à l’enquêteur, l’histoire qui donne sens à leur propre vie. C’est une fable nécessaire, d’autant plus difficile à déconstruire qu’elle est vécue avec sincérité, et d’autant plus vécue avec sincérité qu’elle construit les cadres de l’action »256. C’est précisément leur action qu’elle soit mentale ou physique que je veux comprendre, afin de cerner comment ils établissent l’alliance thérapeutique.

La méthode ou outil d’investigation choisi fut plus précisément l’entretien semi-dirigé. Comme dans ce type d’entretien la fonction de l’interviewer est « d’encourager les participants à parler librement des sujets qui figurent sur la liste »257, ce que je voulais provoquer, je construisis à cet effet une grille d’entretien comprenant cinq questions générales.

Comme c’était la première fois que j’élaborais une démarche de recherche, je savais combien elle s’avérait limitée, les résultats pouvant comporter de nombreux biais. D’ailleurs la grille d’entretien258 du pré-test fut la proie à d’importants réajustements, même si elle amenait des thématiques et questions pertinentes selon le professionnel interrogé, un infirmier ayant travaillé dans la clinique et auprès des personnes en question.

Les résultats du test m’on amenée à restructurer la grille construite avec mes questions, objectifs et hypothèse de recherche ainsi que les consignes et relances des éléments du cadre théorique associés. Je déplaçais l’emplacement de certaines questions et reformulais celles qui avaient posé problème dans la compréhension. La grille achevée s’inscrivait dans une certaine logique car elle

256 KAUFMANN, Jean-Claude. L’entretien compréhensif. Paris : Editions Nathan, 1996. 127 p., page 68

257 LOISELLE, Carmen G., PROFETTO-McGRATH, Joanne. Méthodes de recherche en sciences infirmières. Saint-Laurent : Renouveau Pédagogique Inc., 2007. 591 p., page 297

258 Annexe C, page D.

représentait pour moi un guide, comme l’expliquent certains auteurs. « C’est un simple guide, pour faire parler les informateurs autour du sujet, l’idéal étant de déclencher une dynamique de conversation plus riche que la simple réponse aux questions, tout en restant dans le thème »259. D’ailleurs le participant au pré-test me suggéra de ne pas changer la formulation de mes questions car la simplicité dans leur formulation les rendait « difficiles », « complexes », dans le sens où les questions permettaient de soulever la souffrance des personnes, celle du soignant ainsi que son positionnement et son rôle donc de toucher le « cœur du problème ».

Trois entretiens se déroulèrent dans la même journée et dans une même pièce de la clinique. Le quatrième entretien eu lieu quelques jours plus tard260.

4.2. POPULATION ET ECHANTILLON

Pour rassembler les soignants interrogés, autrement dit élaborer l’échantillon de recherche, j’ai procédé par la technique de l’échantillonnage « boule de neige », pratique pour obtenir un échantillon intentionnel.

En effet j’ai contacté l’infirmier chef de l’établissement où s’est déroulée l’étude qui après avoir volontiers distribué les documents concernant une demande de participation à ma recherche à des professionnels en soins infirmiers expérimentés dans la prise en soins de personnes souffrant de douleur chronique médicalement inexpliquée (ce qui correspondait au critères de ma demande, c’est-à-dire aux critères d’inclusion et d’exclusion fait sur la population des infirmiers), m’a envoyé une liste de cinq infirmiers volontaires.

Ayant décidé dans les modalités de ma recherche d’interroger quatre soignants261, j’en contactais quatre au hasard.

Ainsi l’échantillon de type « typique raisonné », technique très utilisée comme le souligne François Dépelteau « par les méthodes qualitatives qui cherchent moins la représentativité que l’exemplarité de leur échantillon »262, me permettait de questionner des soignants qui selon moi, étaient à même de répondre précisément à mes questions.

Comme le souligne Patricia Benner, « L’infirmière experte perçoit la situation comme un tout, utilise comme principes des situations concrètes qu’elle a déjà vécues et va directement au cœur du problème sans prendre en compte un grand nombre de considérations inutiles »263.

Je précise cependant que l’expérience ne faisant pas tout dans la pratique, ce choix pouvait ne pas forcément convenir à mon attente. Cependant je me suis basée sur une des hypothèses du modèle de Dreyfus, celle qui amène que la compétence se transforme avec l’expérience et la maîtrise264.

259 KAUFMANN, Jean-Claude. L’entretien compréhensif. Paris : Editions Nathan, 1996. 127 p., page 44

260 Ce fait a pu constituer des biais de recherche, dans le sens où il est conseillé de rapprocher le plus possible les entrevues pour éviter que les professionnels n’échangent entre eux entre deux entretiens. J’ai dû cependant m’adapter à la disponibilité des soignants.

261 Au début de l’étude, je voulais faire une recherche itérative dans le but de faire une analyse très approfondie. Finalement je ne retournais pas sur le terrain parce que les entretiens de la première série ayant duré 45 à 120 minutes révélèrent des données nombreuses et très riches.

262DEPELTEAU, François. La démarche d’une recherche en sciences humaines, De la question de départ à la communication des résultats. Bruxelles : Editions De Boeck Université, 2005. 432 p., page 222 à 230

263 Dreyfus, H., 1979; Dreyfus, S., 1981).

BENNER, Patricia. De novice à expert Excellence en soins infirmiers. Paris : InterEditions, 1995. 253 p., page 9

264 BENNER, Patricia. De novice à expert Excellence en soins infirmiers. Paris : InterEditions, 1995. 253 p., page 37

4.3. RESPECT DE L’ETHIQUE AU SEIN DE LA DEMARCHE

Comme je l’ai mentionné au chapitre 1.1.3., l’élaboration de mon projet de recherche a nécessité la prise en compte de principes éthiques265 afin de revêtir un caractère bénéfique pour la société.

J’explique dans ce chapitre266 les différents principes d’éthique en vigueur que sont :

- le respect de la dignité de la personne - faire le bien/ne pas nuire

- la justice

Les participants à ma recherche ont bénéficié des informations nécessaires leur permettant de décider sans contrainte de participer à l’étude. Après avoir lu la lettre d’information sur les conditions et le déroulement de mon étude267, ils ont signé le formulaire de consentement éclairé annexé268 attestant de leur participation volontaire. Je leur ai donné le droit de refuser et de retirer leur participation à tout moment (autonomie). De plus, mes informations ont été claires et complètes dans le but d’éviter de les induire en erreur sur la nature de l’étude (véracité).

Malgré les critères d’inclusion prédéfinis, (demande de participants expérimentés dans la prise en soins de personnes souffrants de douleur chronique médicalement inexpliquée) j’ai sélectionné de façon équitable les participants afin de leur conférer justice. En effet même si l’un des quatre participants ne disposait pas d’une longue expérience auprès des douloureux chroniques faisant l’objet de mon étude, je décidais de lui donner droit de participation. Je n’ai ainsi pas privé de bénéfices possibles certains groupes de la population en les excluant de manière fortuite ou à dessein à participer à mon étude.

265 Principes énumérés au chapitre 1.1.3. Compétences argumentées en regard de l’objet d’étude.

266 Au moyen de la brochure : Dr KESSELRING, Annemarie et al. . Les infirmières et la recherche : Principes éthiques. Berne : ASI-SKB, 1998. 24 p., pages 5 à 12

267 Annexe A, page A.

268 Annexe B, page C.