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Qualité des liens sociaux et consommation de cannabis

CHAPITRE VIII - QUALITE DES LIENS SOCIAUX ET CONSOMMATION DE

2. Hypothèses

4.4. Qualité des liens sociaux et consommation de cannabis

L’hypothèse H 1 postule qu’il existe des corrélations entre les 4 scores mesurant les liens sociaux ainsi qu’ entre chacun de ces scores et le score des problèmes psychologiques.

L’analyse de corrélations effectuée sur l’ensemble de la population, groupes Clinique et Non Clinique confondus, montre que toutes les variables ont des corrélations significatives entre elles. De plus, nous constatons que la consommation de cannabis entretient des relations fortes avec toutes les variables.

Tableau 27 : corrélations entre les scores de liens sociaux et la gravité de la consommation de cannabis pour l’ensemble de la population (groupe C et groupe NC) (N = 110).

Cannabis Famille Pairs Ecole Loi

Dans le but d’obtenir des informations plus précises quant à ces relations, des analyses pour chacun des groupes séparés ont été effectuées.

Tableau 28 : Corrélations des scores de gravité de cannabis et liens sociaux pour les groupes C et NC séparément (Corrélations de Pearson).

Les corrélations significatives entre la gravité de la consommation de cannabis et les quatre scores de liens sociaux sont plus nombreuses dans le groupe Non Clinique que dans le groupe Clinique. En effet, pour le groupe d’adolescents en rupture, la consommation de cannabis ne corrèle significativement qu’avec le score de pairs et de loi. Par contre, pour le groupe d’adolescents scolarisés, les corrélations sont significatives avec toutes les variables, sauf loi.

La variable pairs reste la seule à avoir une corrélation forte et significative avec la gravité de la consommation de cannabis dans les deux groupes.

Afin de répondre à l’hypothèse H 2 qui postule une influence des liens sociaux et des problèmes psychologiques sur la gravité de la consommation de cannabis, nous avons réalisé des analyses de régression linéaire. Dans un premier temps et une analyse de régression incluant simultanément les quatre mesures a été réalisée pour l’ensemble dessujets (groupe

chaque variable et le facteur « groupe » (le fait d’appartenir au groupe Clinique ou Non Clinique). L’équation de régression explique dans ce cas 59 % de la variance. Néanmoins, le seul prédicteur significatif en tant qu’effet principal est le score de gravité du domaine pairs (β = 1.052, p = .003). De même, la seule interaction avec le facteur « groupe » est celle avec la même variable : « groupe * pairs » (β = -.894 p = .049). Les autres prédicteurs s’avèrent non significatifs (famille : β = -.339 p = .312 ; groupe*famille : β = -.120, p = .809 ; école : β

= -.049, p = .900 ; groupe*école : β = -.013, p = .981 ; loi : β = -394, p = .414 ; groupe*loi : β

= .736, p = .170 ; psy : β = -.408, p = .194 ; groupe*psy : β = .678, p = .132). L’âge des sujets a été inclu dans l’équation dans le but de contrôler son influence. Elle est significative (β = .147, p = .025) et ne modifie pas les coefficients des autres variables.

Ces données mettent en évidence la valeur prédictive du domaine pairs.

Figure 28 : Régression pour les deux groupes C et NC rassemblés (N= 110).

Dans un deuxième temps, une série d’analyses de régression a été réalisée pour chaque groupe séparément : quatre équations de régression ont été effectuées pour tester chacun des quatre liens sociaux. Nous avons ajouté une cinquième équation de régression pour évaluer l’impact du domaine psychologique.

En ce qui concerne le groupe Clinique et en reproduisant les résultats des corrélations, seuls les scores des domaines pairs (β = .401, p = .001) et loi (β = .424, p = .002) prédisent significativement la consommation de cannabis. Les équations de régression ne sont pas significatives pour les scores de famille (β = .204, p = .156) et école (β = .117, p = .419).

Enfin, le domaine psychologique ne semble pas non plus jouer un rôle déterminant sur la gravité de la consommation de cannabis (β = .251, p = .079).

Pour le groupe Non Clinique, les équations de régression montrent que les domaines famille = .546, p = .001), pairs (β = .694, p = .001) et école (β = .304, p = .018) prédisent de manière significative la consommation de cannabis. En revanche, le domaine loi (β = .199, p

= .115) ne semble pas avoir une incidence. Enfin, le domaine psychologique (β = .401, p = .001) semble avoir un rôle plus important pour le groupe d’adolescents scolarisés en tant que prédicteur de la gravité de la consommation de cannabis.

Afin de s’assurer que la capacité prédictive des différents domaines ne relève pas de parts de variance communes, nous avons réalisé, aussi pour chaque groupe (groupe Clinique et groupe Non Clinique) une analyse de régression incluant simultanément les quatre mesures plus le domaine psychologique.

Pour le groupe Clinique, l’équation explique 24 % de la variance et le poids des prédicteurs sont les suivants: les domaines pairs (β = .321, p = .019) et loi (β = .323, p = .016) sont significatifs. Les domaines famille (β = .134, p = .317) et école (β = -.019, p = .881) sont, quant à eux, non significatifs.

Figure 29 : Régression, groupe C (N= 50).

Gravité de la consommation de

cannabis

β = .134, p = .317

β = -.019, p = .881

β = .153, p = .249 β = .323 p = .016 (*)

r 2 = .24 famille

pairs école

loi

Psychol.

β = .321, p = .019 (*)

Pour le groupe Non Clinique, l’équation explique 49 % de la variance. Dans ce cas, seuls les scores famille (β = .294, p = .018) et pairs (β = .635, p = .001) conservent leur significativité.

Le score école (β = -0.035, p = .745) la perd. Le rajout du score psychologique aux équations, tant dans le groupe Clinique comme dans le groupe Non Clinique, n’apporte aucune amélioration.

Figure 30 : Régression, groupe NC (N= 60)

Résumé

• Les résultats montrent que la consommation de cannabis est en relation avec les différentes variables mesurant la qualité des liens sociaux. Ces relations sont plus ou moins importantes selon les groupes. Il est important de signaler également que toutes les variables mesurant la qualité des liens sociaux entretiennent des relations entre elles.

• Les analyses plus approfondies montrent que la consommation problématique de cannabis est liée de manière privilégiée à la qualité des relations avec les pairs, ceci dans les deux groupes.

• Les domaines famille et école, contrairement à nos attentes, ne semblent pas avoir un rôle primordial. Le score de loi reste un prédicteur important seulement pour les adolescents du groupe Clinique.

• En ce qui concerne la gravité des problèmes psychologiques, nous observons que cette variable ne se comporte pas comme un prédicteur fiable de la consommation de cannabis.

β = .294, p = .018(*)

β = .635, p < .001(**)

β = -0.035, p = .745

β = .166,p = .767

r 2 = .49 famille

pairs école loi psychol.

β = .007, p = .940

Gravité de la consommation de

cannabis