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Consommation de cannabis et autres substances psychoactives

CHAPITRE VIII - QUALITE DES LIENS SOCIAUX ET CONSOMMATION DE

2. Hypothèses

4.1. Consommation de cannabis et autres substances psychoactives

Le questionnaire ADAD fournit un score de gravité pour la consommation de cannabis qui a pour but d’évaluer s’il s’agit d’un problème extrêmement important, important, modéré, léger ou s’il n’y a pas de véritable problème (cf. présentation de l’instrument). Il indique également dans quelle mesure le sujet nécessite ou non un traitement. Nous n’avons pas trouvé de différences concernant le sexe des adolescents. Le Tableau 16 montre la distribution des scores de gravité avec sa signification en termes cliniques pour les groupes Clinique C et Non Clinique NC.

Tableau 16 : Scores de gravité de la consommation de cannabis, groupes C et NC.

Gravité de la consommation de cannabis (signification en termes cliniques)

Groupe C N = 50 N / (%)

Groupe NC N = 60 N / (%) Problème extrêmement important, traitement absolument

nécessaire (8 à 9 pts.).

N = 16 (32 %) N = 4 (6.7 %)

Problème important, traitement nécessaire (6 à 7 pts.). N = 13 (26 %) N = 0 (0%)

Problème modéré, traitement indiqué (4 à 5 pts.). N = 6 (12 %) N = 3 (5 %)

Problème léger, traitement recommandé (2 à 3 pts.). N = 8 (16 %) N = 12 (20%)

Pas de véritable problème (0 et 1 pt.). N = 7 (14 %) N = 41 (68.3%)

Les deux groupes se différencient nettement quant à la consommation de cannabis, que celle-ci soit problématique ou non. En effet, 70 % des adolescents du groupe Clinique sont évalués

(scores de 4 à 9) contre 11,7 % pour le groupe Non Clinique37. Il est vrai que le groupe Clinique est constitué d’adolescents exprimant une demande d’aide (directement ou véhiculée par quelqu’un de leur entourage familial ou professionnel). Pour aucun sujet de ce groupe la consommation de cannabis n’a été présentée comme la problématique principale.

Le Figure 26 montre la distribution des valeurs pour le score de gravité de la consommation en fonction des moyennes et écarts types dans les deux groupes. On observe une distribution s’approchant de la « normale » pour le groupe Clinique et une distribution s’éloignant de la

« normale » avec des valeurs extrêmes pour le groupe Non Clinique. Sur une échelle allant de 0 à 9, la moyenne du score de gravité du groupe Clinique est très élevée (M = 5.52 ; SD = 3.09), même si certains sujets de ce groupe (également des scores extrêmes) ont un score très bas. En ce qui concerne les sujets du groupe Non Clinique, ceux-ci ne présentent en général pas de problèmes graves concernant la consommation de cannabis. La plupart d’entre eux ont un score très bas (M = 1.38 ; SD = 2.43), à l’exception de 3 sujets extrêmes (cf. Figure 26).

Ces 3 sujets n’ont pas été exclus de l’échantillon en raison, d’une part du nombre restreint de sujets du groupe Non Clinique (N = 60) et d’autre part, car leur implication sur la moyenne ne dérangeait pas de manière significative nos analyses38.

37Un problème d’ordre éthique s’est présenté en ce qui concerne les adolescents du groupe non Clinique qui ont été évalués comme nécessitant un traitement pour des problèmes de consommation de cannabis (11.7 %). En tant que cliniciens, nous devrions être capable de donner suite à une intervention de soins. Ces sujets ont donc été questionnés à la fin de l’entretien pour savoir s’ils avait déjà reçu une aide ou s’ils éprouvaient le besoin d’en avoir une. Certains d’entre eux ont été orientés vers des services publics qui assurent un suivi pour cette problématique.

38 En effet, une partie de nos analyses a été effectuée en opposant les sujets dépendants aux sujets non-dépendants. Ceci sans tenir compte de leur appartenance au groupe Clinique ou au groupe Non Clinique. Ces 3 sujets extrêmes perdent ainsi leur statut « extrême ».

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Tableau 17 : M et SD de la gravité de la consommation de cannabis pour les groupes C et NC.

4.1.1. Consommation d’autres substances psychoactives

L’entretien ADAD investigue également la consommation d’autres substances psychoactives légales (tabac, alcool) et illégales (cocaïne, héroïne, ecstasy, LSD, etc.). Le Tableau 18 résume la consommation de ces substances pour les deux groupes, Clinique et Non Clinique.

Tableau 18 : Consommation des substances psychoactives.

Groupe C

Alcool

La consommation d’alcool est importante chez les adolescents des deux groupes (cf. Tableau 19) mais les sujets du groupe Clinique sont plus graves que les sujets du groupe Non Clinique (F(1/109) 96.45 p = .001) (Cette substance a été souvent associée à la consommation de cannabis (Peretti-Watel, et al, 2002). Concernant la population clinique, 33 % des adolescents disent avoir associé l’alcool et le cannabis entre 5 et 15 fois durant le dernier mois. Pour le groupe Non Clinique, ce pourcentage n’est que de 8,5%. En ce qui concerne la consommation mixte de tabac et de cannabis, nous ne pouvons rien avancer car le questionnaire n’investigue pas cette association de substances.

Tableau 19 : Score de gravité de la consommation d’alcool (ADAD).

Groupe C

Le questionnaire ADAD prévoit également des items pour lesquels l’adolescent évalue lui-même sa ou ses consommation/s de substances, c’est-à-dire dans quelle mesure il perçoit ce comportement comme problématique. Le Tableau 20 présente les réponses des adolescents aux questions : « quelle est la substance qui vous pose le plus problème ? :

Tableau 20 : Substances dont la consommation est considérée comme problématique (par le sujet lui-même)

Groupe C N = 50

Groupe NC N = 60

Cannabis 60 % 18 %

Tabac 11 % 0 %

Alcool 5 % 27 %

Autres substances 2 % 0 % Aucune substance 22 % 55 %

Pour les sujets du groupe Clinique, la consommation de cannabis est considérée comme la plus problématique et la substance dont ils peuvent le moins se passer (60 %). En contrepartie, pour les adolescents du groupe Non Clinique, le pourcentage est considérablement moindre (18 %). Il est intéressant de constater que 27 % de la population non clinique signale l’alcool comme étant une substance problématique.

Résumé

• Les différences entre les deux groupes en ce qui concerne la consommation de cannabis, sont importantes. On observe une présence prépondérante de problèmes de consommation chez les adolescents en rupture de formation. En effet, le cannabis est la substance la plus souvent consommée, dont le type de consommation demande majoritairement un traitement et qui est considérée par les sujets eux-mêmes comme la plus problématique.

• Chez les adolescents scolarisés, bien que la consommation existe, celle-ci est considérée comme moins problématique par les sujets eux-mêmes et évaluée par les professionnels comme nécessitant moins de traitement.

• La consommation d’autres substances reste moins importante, mis à part la consommation d’alcool, tant chez les adolescents du groupe Clinique que chez les adolescents du groupe Non Clinique.