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C HAPITRE 4 L E MOTEUR COM H P NŒUVR S

4.3.5 Qualité éditoriale

Les porte-parole de Google indiquent que les contenus de qualité seront avantagés, tout en restant flous sur ce que la « qualité » ’un ontenu signifie, et sur la manière dont elle peut véritablement influencer le classement : « Fournissez un ontenu e haute qualité sur vos pages, et spé ialement sur votre page ’a ueil. C’est la seule hose importante à faire. Si vos pages ontiennent es informations utiles, leur contenu attirera de nombreux visiteurs et incitera les webmasters à effectuer des liens vers votre site. Pour créer un site utile et riche, rédigez vos pa ges de manière à décrire clairement et exactement le sujet dont il est question. » (CAW)109

Il s’agit ’une montée en généralité, qui ne s’appuie à notre onnaissan e sur aucun ritère te hnique, si e n’est l’impa t que peut avoir la qualité ’un contenu sur le taux de clics. Google se fait ici le porte-parole des internautes, que la firme représente auprès es é iteurs. Pour intéresser les é iteurs et essayer qu’ils se mobilisent, Google leur explique qu’un ontenu e qualité leur permettra ’attirer davantage e visiteurs, tout en leur in iquant que ’autres é iteurs pourront eux- mêmes effectuer des liens vers leurs contenus, ce qui augmentera leur PageRank. Par ailleurs, Google défend ses propres intérêts en demandant aux éditeurs de décrire clairement le sujet de leurs pages. Cela fluidifiera le fonctionnement du dispositif et augmentera les chances de Google de répondre au mieux aux requêtes.

Même si Google a clamé le contraire pendant longtemps, il a finalement été révélé qu’un jugement humain était donné sur la qualité des contenus éditoriaux. Des travailleurs à domicile, employés par les entreprises Leapforce, Butler Hill et Lionbridge, jouent en effet un rôle dans le processus de sélection et de hiérarchisation. En 2011, certains observateurs ont réussi à se procurer une copie du manuel de 160 pages qui leur était transmis110. Il y est demandé aux évaluateurs de donner une des appréciations suivantes à chacun des sites visités : « Vital »,

109 « Provide high-quality content on your pages, especially your homepage. This is th e single most important thing to do. If your pages contain useful information, their content will attract many visitors and entice webmasters to link to your site. I n creating a helpful, information-rich site, write pages that clearly and accurately describe your topic. », notre traduction, disponbile ici : http://support.google.com/webmasters/bin/answer.py?hl=en&answer=40349

« Useful », « Relevant », « Slightly Relevant », « Off-Topic or Useless » ou « Unratable ». Un contenu qui a plus de quatre mois ne peut pas être considéré comme « Vital »111. Ainsi, la fraîcheur est là encore un critère permettant à Google de juger de la pertinence de ce document. En plus de ceux-là, un autre indicateur est renseigné manuellement : le « Page Quality ». Pour cet indicateur, les travailleurs doivent juger de la réputation du site : bonne, mauvaise, ambiguë, OK, malicieuse ou impossible à déterminer. Nous ignorons quel est l’impa t e e travail manuel sur la liste de résultats. Et nous ignorons également si un tel travail manuel a lieu en France. Cependant, il est intéressant de considérer que cette révélation quant au travail manuel nourrit la réflexion selon laquelle le moteur peut être conduit à faire « exa tement le ontraire e son programme ’a tion » en limitant « l’automatisme e l’algorithme » (Far hy et éa el, 2013).

4.3.6 AuthorRank

Depuis juin 2011, Google calcule un critère appelé AuthorRank, mesurant la popularité et la pertinence supposée ’un auteur en parti ulier, et e même si et auteur publie des documents sur des sites différents. Ainsi, grâce à la balise « rel=author » implémentée dans les métadonnées du document, et reliée à un compte Google+, ou bien encore grâce à un « badge Google+ », le dispositif identifie les documents qui sont le fait du même auteur. Il s’agit ’un ispositif e « signature numérique » reliée à une « plate-forme ’in entifi ation » (Kohn, 2012).

Google explique que cet indicateur est un moyen « ’aider les internautes à trouver des contenus provenant de bons auteurs » (CAW). L’AuthorRank n’a pas pour vocation de remplacer PageRank, mais de le préciser. S’ajoutant aux ritères e l’algorithme, selon une pon ération et es mo alités ont le étail n’est pas communiqué, il ajoute un symbole ’entrée au al ul ’appariement. Selon les spécialistes, qui ont étudié ce que pouvait leur apprendre le brevet déposé par Google à ce sujet en 2005112, les critères pris en compte pourraient être (Arnesen, 2012) :

111 http://www.theregister.co.uk/2012/11/27/google_raters_manual/ (dernière visite le 21 août 2013) 112 http://www.google.com/patents/US20070033168 (dernière visite le 21 août 2013)

 Le PageRank moyen es pages signées par l’auteur

 Le nombre de « +1 » (l’équivalent u « Like » de Facebook) et de partages dans Google + ont les pages signées par l’auteur ont fait l’objet.

 Le nombre e er les e Google+ où l’auteur figure.

 Les connections ré iproques entre l’auteur et ’autres auteurs ont l’AuthorRank est élevé.

 Le nombre et l’autorité es sites où l’auteur publie u ontenu.  L’a tivité e l’auteur sur Google+ (le nombre de « posts »)

 L’engagement e l’auteur auprès es le teurs : le nombre de commentaires que les arti les ’un auteur reçoivent en moyenne, et le nombre de fois où l’auteur a répondu à ces commentaires.

 Les in i ateurs extérieurs ’autorité (par exemple, le fait qu’une page soit onsa rée à l’auteur sur Wikipé ia).

 Les travaux publiés par l’auteur et référen és sur Google Books et Google S holar.  Le fait que l’auteur ait un ompte sur Youtube et qu’il y soit a tif.

 Les signaux sociaux provenant des réseaux Twitter, Facebook, LinkedIn, SlideShare, Quora, etc. (Réseaux dans lesquels Google a « confiance » et auxquels les robots-crawlers ont, au moins partiellement, accès.)

Pour les é iteurs e presse, ela signifie qu’ils ont tout intérêt à re ruter es journalistes actifs sur le web, dont les contenus sont souvent partagés, possédant et utilisant un compte sur le réseau social Google+, lequel aura été ajouté par de nombreux internautes dans leurs « cercles », présents et a tifs sur ’autres réseaux sociaux, prêts à interagir avec les internautes qui commenteront leurs arti cles, ayant éventuellement publié des livres, des articles scientifiques et possédant une page à leur sujet sur Wikipédia. De tels journalistes pourront, quant à eux, monnayer leur autorité auprès de leur employeur en utilisant ce critère, et son impact présumé sur l’au ien e u site.

Google se sert ainsi de sa situation dominante sur le marché des moteurs pour mettre en avant ses services Google+ et Youtube. En quelque sorte, la firme dit aux éditeurs : « Si vous vous voulez maximiser l’au ien e que vous apportera Google (intéressement), vous avez intérêt à vous investir sur Google+ et Youtube (enrôlement et mobilisation). »