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Qu’est-ce qu’apporte le GP dans l’agroalimentaire ? Jean-Luc Simon

1) Cahier des charges de l’Agroalimentaire mondial dans son contexte historique :

Au cours de ses 200 000 ans d’existence Homo sapiens a connu 2 révolutions. Pendant les 95premiers %, il était pêcheur, chasseur, cueilleur. Il confectionnait des outils rudimentaires, maîtrisait le feu et subissait les fermentations. Il y a moins de 10 000 ans, il passa au Néolithique caractérisé par l’élevage et l’agriculture. Outre les bouleversements sociaux, démographiques et technologiques que cela entraîna, l’Homme dû s’adapter génétiquement à de nouveaux aliments (l’exemple de la mutation concernant la béta galactosidase pour s’adapter au lait animal est illustratif). La deuxième révolution alimentaire fait suite au passage de l’artisanat à l’industrie, permis par les grandes inventions technologiques (machines à vapeur, électricité, fermentations…). C’est surtout après la seconde guerre mondiale, que l’agriculture productiviste pris son envol.

Quelques chiffres illustrent les progrès de productivité engendrés par les sélections végétale et animale, les engrais, les pesticides, les machines agricoles, le développement des industries alimentaires et l’apparition d’une distribution de plus en plus concentrée : productivité lait par vache = x 3 en 25 ans

Rendement blé tendre = x5 en 60 ans Rendement sucre = x 5 en 40 ans

En réponse à (et permettant), la croissance démographique (en 1 siècle, passage de 1,5 Md à 7 Md d’habitants), à l’augmentation de la richesse de la population (la demande a triplé en 15 ans alors que le budget d’un occidental consacré à l’alimentation est passé de 50% en 1950 à 10 % aujourd’hui) et à l’exode rural (50 % de population rurale en 1950 contre 20 % aujourd’hui).

170 Si l’atteinte de l’objectif de productivité est indiscutable, et ce, en garantissant une sécurité sanitaire très élevée, des problèmes sont toutefois apparus : pollution (30% CO2 émis, pesticides, engrais,.. ), épuisement des sols, maladies métaboliques (obésité, diabète, allergies, inflammations, troubles cardiovasculaires…).

2 modèles, contradictoires à première vue, se font face, appuyé parfois par un déni de réalité : un retour à une alimentation artisanale (part restreinte, coût de revient élevé) et une production agroalimentaire industrialisée (productive et peu chère). Le premier, ne répondra pas à l’augmentation de la population (11 Md d’habitants attendus en 2100) et surtout à l’occidentalisation de son mode de vie (80% de la population sera urbaine et à revenus nettement améliorés). Le second devra s’adapter (durabilité, responsabilité) et répondre aux nombreuses exigences des consommateurs (alimentation sûre, saine, variée, agréable, pratique, traçable, personnalisée et préventive vis à vis de la santé).

2) Position de la France en IAA : Poids économique très important :

 370 000 exploitations agricoles, 70 Md €, occupation de 36% des terres.

 16 000 entreprises, 450 000 salariés, 170 Md €, 13 filières, 70 % production transformée en France

 3ème contributeur de la balance commerciale (+ 9 Md €).

Domaine d’excellence : repas gastronomique classé UNESCO, chefs étoilés, image de la cuisine française, majors industriels (boissons, lait, céréales, oléagineux, sucre, semences), 2 plus grands salons du Monde (agriculture, SIAL), formations et recherches de haut niveau (INRA, écoles agro-agri et vétérinaires, universités, pôles de compétitivité, centres techniques, interprofessions…).

Mais perte de compétitivité : 3ème mondial avec 7,7 % du marché  6ème (derrière US, Brésil, Chine, Allemagne et Pays bas) avec 4,8% en 15 ans. Heureusement, que la production mondiale a triplé dans le même temps !

Points faibles :

 Crise d’identité « le bon », « le vrai » contre « le plus », « le pas cher ». Les 2 modèles précités.

 Partage de la valeur entre les 3 piliers (agriculture, transformation et distribution. Pour cette dernière, mettre en regard du nombre d’acteurs de l’agroalimentaire précités, les 7 distributeurs majors et les 4 centrales d’achat).

 Eclatement des entreprises (à côté des majors industriels, 76 % sont des TPE et 22 % des PME).

 Innovation insuffisante. Part Export insuffisante (25% contre 80 % en Allemagne).

 Attractivité des carrières insuffisante.

 Réglementation la plus stricte du Monde (gage de qualité mais frein à la compétitivité. On note jusqu’à 20 mentions sur un emballage).

171 3) Actions d’amélioration :

L’ANIA a lancé une consultation citoyenne qui a engendré 8 832 réponses. Il en est ressorti un Pacte alimentaire reposant sur 3 piliers : le sourcing, la performance industrielle et l’offre marketing. Le sourcing doit être responsable, durable, traçable, de qualité et compétitif. Il représente, en moyenne, 55 % du chiffre d’affaires contre 38 % en moyenne pour tous les secteurs industriels confondus. La concentration des acteurs, ou la mutualisation de leurs moyens, semble incontournable. L’agriculture de précision profitant des progrès scientifiques et techniques (analyses prédictives, alertes, GPS, capteurs, traitement big data, robots, drones, matériels agricoles connectés…) est incontournable.

L’offre marketing doit répondre aux nouvelles exigences des consommateurs, volatiles, individualisées, d’innovation et internationale (modes de vie, culture, réglementation, contraintes religieuses…). Cela passe par une meilleure connaissance des consommateurs (réseaux sociaux, traitement des données, valeur d’usage, marchés mondiaux…), une meilleure communication aux consommateurs (QR codes, emballages et matériaux connectés, plateformes collaboratives…) et la promotion de l’Export (culture, langues étrangères, mutualisation des actions à l’international, promotion du « Made in France »…).

La performance industrielle passe par la conception d’ingrédients et de recettes à plus haute valeurs ajoutée (corrélations structure de la matière <-> fonctionnalités physicochimiques, organoleptiques, nutritionnelles et physiologiques), la maîtrise des disciplines du Génie des procédés (attractivité, formation et veille), la maîtrise des opérations unitaires (upstream (traitement de la matière première agricole), réactions chimiques, physiques ou biologiques, downnstream (séparation, purification, mise en forme, emballages)) et de leur évolution (formation, veille, collaboration avec les équipementiers, développement de plateformes technologiques mutualisées…), la maîtrise de l’architecture des opérations unitaires, la maîtrise de l’extrapolation des procédés, le développement de l’intensification des procédés, la maîtrise de la matière biologique (destruction, altération, modifications souhaitées ou non (composés néoformés)…), la flexibilité des opérations, la numérisation et la robotisation (il y a 4X plus de robots en Allemagne qu’en France) des tâches répétitives ou délicates pour en abaisser le coût et améliorer la sécurité, l’hygiène, la reproductibilité et la pénibilité, le développement de l’économie circulaire et la réduction des déchets.

A noter que l’ANIA a focalisé sur 2 thématiques pour lesquelles la France doit défendre son leadership : les protéines (+ 40% en 2030 et durabilité) et les ferments du futur.

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Avez-vous vu des changements dans cette discipline, des évolutions majeurs ou alors