• Aucun résultat trouvé

l’innovation efficace, en capacité de générer un effet d’entraînement sur l’effort privé de recherche. Cette politique est même plus efficace que la politique de financement de la R&D privée sous conditions que les retombées technologiques en provenance du secteur public soient suffisamment élevées. Enfin, nos résultats nous permettent d’affirmer l’hypothèse souvent avancée selon laquelle le secteur public de recherche représente une force d’attractivité des activités privées de recherche, cela en raison des externalités de connaissance générées par les activités de l’acteur public.

Suivant la même approche que dans le chapitre précédent, nous allons traiter la politique de soutien à l’innovation via la présence d’un acteur public de la recherche (notée SP U ) suivant les trois scénarios habituels :

— (i) La concurrence en R&D.

— (ii) La coordination des efforts de recherche. — (iii) Le laboratoire commun de recherche.

Enfin, nous procéderons aux diverses comparaisons nécessaires entre coopération et non-coopération en R&D en présence d’un acteur public de la recherche dans un premier temps puis entre les résultats des politiques SP R et SP U dans un second temps, selon le même fil conducteur que dans le chapitre précédent.

4.1

Le cadre théorique en présence d’un acteur

public de la recherche

Nous reprenons pour ce faire le cadre théorique présenté en chapitre 3, auquel nous ajoutons la présence d’un acteur public de la recherche. Ce dernier, financé entièrement par l’Etat, investit lui aussi en R&D afin de maximiser le bien-être social. Nous ne tenons en effet pas compte, afin de simplifier la modélisation, des possibles marchandisations ou contractualisations de la recherche publique auprès d’investisseurs privés. Néanmoins, cette hypothèse n’est en rien réductrice puisque

ces derniers ne représentent que 9% du budget des laboratoires publics, contre 61% en provenance du ministère de la recherche, 8% d’autres subventions publiques (Eu- rope, fondations...) et 22% de contrats de recherche auprès d’organismes financeurs (Institutionnels publics ou non). Qui plus est, cette source de financement supplé- mentaire pour l’université publique n’est, dans notre objet d’étude, pas primordiale. Comme le résument les travaux autour de la valorisation commerciale de la recherche publique (Mailhot et al., 2007; Bernatchez, 2010), la recherche universitaire se doit de servir les intérêts nationaux et à ce titre être financée par des fonds publiques.

Nous faisons également l’hypothèse que cet effort public de recherche, noté xpub,

intervient dans la fonction d’effort effectif des entreprises privées via un transfert de connaissances en provenance du public de façon identique à l’effort de recherche des autres laboratoires privés74. Cet acteur se présente alors comme un soutien à la recherche privée dont la fonction objective est celle du bien-être social. Assurément, en investissant dans le secteur public de recherche, les décideurs publics peuvent envisager de se substituer directement au secteur privé de recherche dans certains secteurs stratégiques, mais cette politique représente également un instrument d’in- tervention étatique permettant de soutenir indirectement la recherche privée via les externalités de connaissance générées par les activités publiques de R&D. Il s’agira ainsi de répondre aux problématiques suivantes :

— La présence d’un secteur public de recherche suffit-elle à rétablir les incitations privées à investir en R&D, liées à l’appropriation partielle des résultats de la recherche ?

— Cette politique de soutien à la recherche conduit-elle à des résultats écono- miques plus favorables selon que la R&D privée est collaborative ou non ? Le cas échéant, quelle forme de coopération doit-on retenir efficacement ?

— Est-il plus efficace de soutenir directement la R&D privée via des subventions (politique SP R développée dans le chapitre 3) ou plutôt indirectement via la présence d’un secteur public de recherche financé par l’Etat (politique SP U ) ? — Enfin, quelle politique de soutien à la recherche, SP U ou SP R, est la plus

efficace au regard de son coût social ?

La particularité du scénario ici présenté réside en ce que les firmes bénéficient d’un spillover public émanant du secteur public de la recherche, noté α ∈ ]0, 1],

74. Cette modélisation du secteur public s’inspire de la littérature sur les Mixed-Markets (Gil-

qui diffère du degré de spillover inter-firmes75. Bien entendu, lorsque α = 0, le

laboratoire public s’engage dans une stratégie de protection absolue de sa recherche et inversement lorsque α = 1, ce dernier partage l’entièreté de ses découvertes de recherche avec les entreprises privées de la R&D. Par ailleurs, ce paramètre α peut s’interpréter de plusieurs façons :

1. Il peut effectivement être perçu comme le degré d’externalités publique de connaissance au même titre que le paramètre β représente le degré d’externa- lités inter-firmes.

2. Nous pouvous également l’interpréter comme une mesure de la capacité d’ab- sorption de la connaissance produite par le secteur public. En 1990, Cohen et Levinthal définissaient ainsi la capacité d’absorption comme "l’aptitude à reconnaitre la valeur de l’information nouvelle, à l’assimiler et à l’appliquer à des fins commerciales" (Cohen and Levinthal, 1990). En effet, il existe une différence importante entre la recherche produite par un premier acteur, source d’externalités de connaissance, et ce que le second acteur peut en tirer pour son propre profit, même si cette connaissance est initialement exempte de toutes barrières juridiques et librement diffusée comme peut supposée l’être la recherche publique.

3. Il peut enfin être perçu comme une mesure inverse de la distance (géographique et technologique) séparant les deux secteurs de recherche. En effet, au même titre que l’externalité inter-firmes, les externalités publiques de connaissance s’intensifient à mesure que les deux entités de recherche (entité émettrice et entité reçeveuse) sont proches (Jaffe,1989). S’agissant de l’externalité publique de connaissance, nous pouvons préciser que, dans ce chapitre 4, investir dans la recherche publique peut également être un choix de politique publique vi- sant à former un cluster de recherche, regroupant des activités localisées, dans l’objectif de générer des synergies en particulier concernant les activités de R&D.

En lieu et place d’une subvention allouée à la recherche privée, le décideur public, garant de l’optimum social, finance désormais de manière optimale l’effort public de recherche. A l’instar de la démarche usuelle dans la littérature des "mixed-market", le financement de la recherche publique est calculé de façon à maximiser la fonction de bien-être :

75. En effet, on peut aisément envisager que les externalités de connaissances soient plus "fluides" lorsqu’elles proviennent du secteur public de la R&D en comparaison de celles en provenance du secteur privé, plus enclin à protéger ses données de recherche (Pour une comparaison analytique

SW = Q

2

2

|{z}

Surplus des consommateurs

+ (πi+ πj)

| {z }

Surplus des producteurs

γpu(xpub)2

| {z }

Financement de la recherche publique

(4.1) Par ailleurs, l’effort public de R&D fait supporter à l’Etat un coût quadratique (vérifiant des rendements décroissants) : γpux2pub avec γpu > 0. De manière similaire

au paramètre γpr, qui représente une mesure inverse de l’effacité de la technologie de

R&D utilisée par les firmes privées de la recherche, le paramètre γpu est une mesure

de l’efficacité de la technologie utilisée par le secteur public. En d’autres termes, à mesure que γpu s’accroît, la recherche publique est de moins en moins efficace et

sera de plus en plus coûteuse à entreprendre. Les rendements étant décroissants, un investissement de l’Etat d’un montant γpu(xpub)2, ne produira qu’un montant xpub de

R&D, ne profitant qu’en proportion α aux entreprises via les externalités publiques. Le profit de la firme est modifié et devient alors :

πi(qi, qj, xi, xj) = (a − Q)qi− (c − xi− βxj − αxpub)qi − γprx2i i 6= j, i, j ∈ {1, 2}

4.2

Le scénario non-coopératif en présence d’un