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Rappel de l’hypothèse :

La proximité de l’eau est aussi une hypothèse adaptée dans ce mémoire. On remarque que certaines villes (Metz par exemple) ont créé des plages urbaines qui ne sont pas à proximité géographique d’un cours d’eau. L’eau y est donc « installée » de manière totalement artificielle, et crée un autre rapport à l’eau qu’une plage traditionnelle.

On peut aussi remarquer que même lorsque ces plages sont situées au bord d’un cours d’eau, comme c’est le cas à Nantes par exemple, si on n’est pas empêché d’accéder à l’eau, on en est du moins fortement dissuadé. Le rap- port à l’eau est donc lié à toutes nos sensations sauf au toucher.

Certaines villes (Paris plage), créent pour compenser un lien artificiel entre l’usager et l’eau. Ainsi, à Metz, grâce à des miroirs d’eau, fontaines piscines etc. On peut donc se demander quelle place occupe l’eau dans ces lieux, s’il est impossible de la toucher ou de s’y baigner.

On peut pousser cette réflexion plus loin puisque certains parcs n’ayant absolu- ment aucun lien avec l’eau engendrent pourtant les mêmes comportements, ou du moins des comportements similaires à ces « plages urbaines ». Les cita- dins s’y allongent, apportent leurs serviettes, bronzent, jouent au frisbee, etc. Un autre axe lié à la proximité de l’eau est le fait que ces lieux nous offrent l’eau et sa perception à travers tous nos sens sauf le toucher. Est-il alors si important ? Manque-t-il aux usagers ? Certaines villes en avances sur cette revalorisation de la rivière ont réussi à réaliser un cadre dans lequel l’accès à l’eau par le toucher et même la baignade sont accessibles à tous. Je pense ici à Copen- hague qui a réalisé des balades serpentant entre rive et rivière, créant ainsi des bassins dans lesquels les citadins peuvent se baigner.

Les usagers aimeraient-ils en avoir l’opportunité ? Quels seraient les efforts à réaliser aux niveaux écologique et sanitaire ?

On remarque ici que les témoignages quand a un accès po- tentiel à l’eau sont assez partagés. Certains pensent que ce serait une bonne chose d’avoir un réel lien à l’eau. Javiera par exemple nous dit qu’un accès à l’eau serait bien « mais pas forcément une plage ou un truc artificiel, peut être juste un peu plus couper l’herbe pour pouvoir mettre les pieds dans l’eau, je crois que c’est très bon pour la santé et très bon pour l’esprit aussi ».

Figure 34: gauche

Photographie sur la pelouse de l’école d’architecture, per- sonnes disposées en ligne,

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D’autres pensent que ce serait bien si l’on pouvait se bai- gner dans l’eau (cf. interview Pierre et Anna) ; d’autre en- core pensent que « ce serait super si l’eau était plus propre… » comme Pierre cité ici, ou encore Anna. Un questionnement sur la sécurité est cependant confirmée par Pierre et Maeldan notamment.

Il semble au travers de ces interviews que le manque de proximité avec l’eau n’est pas dramatique, même si certains pensent qu’il serait plus agréable comme Sarah, ou Pierre qui décrit un rapport différent lorsque l’on est au bord de l’Erdre. Mais apparemment, le côté visuel suffit. La figure35, prise lors d’une très haute marée, montre malgré tout, l’accès a l’eau en toute sécurité est attirant. Pour les enfants comme pour les autres.

Pierre et Javiera parlent de l’effet de l’eau, de la beauté de son mouvement, mais les autres personnes interviewées parlent simplement de la Loire. Tout le monde parle de la Loire en réa- lité, Elle apparait systématiquement en première ou deuxième

Figure 35 : Photographie sur la pelouse devant les nefs

Source : personnelle

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position lorsque l’on demande aux gens ce qu’ils voient. Cette observation souligne le fait que malgré le fait que même si les gens n’y font pas attention dans le détail (ou alors sim- plement qu’ils n’en parlent pas) ou qu’ils ne veulent pas parti- culièrement un accès plus franc, cet élément de paysage est très largement déterminant dans l’espace. Il est alors possible de formuler l’hypothèse que la présence de l’eau soit en fait surtout un moyen de créer une distance importante, et raris- sime en ville à part dans ce cadre-là, entre notre espace, et l’espace construit d’en face.

C’est certainement cette distance qui permet aux usagers de se sentir en dehors de la ville. C’est un sentiment qui est décrit par plusieurs interviewés. Marie nous dit « J’ai plus l’impression d’être en dehors de la ville, c’est une sensation aussi. Parce que justement on se retrouve nez à nez avec la frontière en fait entre le centre-ville et ici et du coup on en a peut-être plus conscience parce qu’on est face à elle en fait ». Ou encore Anna qui nous dit : « ça me donne l’impression d’être dans une autre ville, que Nantes. Enfin je n’ai pas l’impression d’être dans ma ville en tout cas. […] Avoir un grand espace comme ça, au bord de l’eau, ça donne l’impression d’être ailleurs. »

C’est donc certainement un cumul de la présence en soi de l’eau, avec ses mouvements, ses marées etc., et de la distance qu’elle met entre nous et le reste de la ville qui nous procure ce sentiment d’être ailleurs. Javiera décris d’ailleurs que « ça donne l’impression d’être dans un îlot de paix, de moment tran- quille. » On est donc ici dans un espace très particulier, on voit la ville et donc on n’y est pas. On a ce sentiment de tranquillité, ce que j’ai décrit au début de ce mémoire par comme per- mettant d’avoir une échappatoire à notre quotidien de cita- din. Le fait de voir la ville depuis l’extérieur permet peut-être de sentir que l’on est sorti de cette émulsion, qui se trouve sous nos nez, mais à distance…

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