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PROTOCOLE DE DIAGNOSTIC AGRO-ECOLOGIQUE DE LA CULTURE DE BANANE PLANTAIN
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Protocole Diagnostic Agroécologique/juin11/BD. N° DAE. :… ANNEXE II
PROTOCOLE DE DIAGNOSTIC AGRO-ECOLOGIQUE DE LA CULTURE DE BANANE PLANTAIN
Justification du choix de la méthode de diagnostic
Les données disponibles sur les systèmes de cultures de bananes plantain en Guadeloupe sont minimes ou peu diffusées. Une méthode de diagnostic agro-écologique a été choisie dans le but d’identifier et d’analyser les problèmes agronomiques et notamment phytosanitaires liés à la conduite culturale en vue de dégager les contraintes à la production et proposer les voies d’amélioration aux producteurs de plantain. Ce diagnostic sera réalisé sur un sous échantillon de parcelles raisonné à partir de l’enquête globale menée sur la culture de la banane plantain en Guadeloupe.
Objet et domaine d’application du protocole
Ce protocole vise à décrire l’échantillonnage des parcelles de bananes plantains sélectionnées a l’issu du diagnostic agri-environnemental en vue d’un diagnostic agro-écologique. Il peut être également utilisé dans les autres plantations de bananes (quelque soit la variété).
Objectifs du diagnostic agroécologique
Les objectifs assignés à ce diagnostic sont les suivants :
Comprendre comment les composantes environnementales et techniques affectent l’état
phytosanitaire des parcelles et les niveaux de production.
Identifier les principes écologiques qui sous-tendent des possibilités de régulation biologiques des bioagresseurs.
Les tâches découlant de ces objectifs sont les suivantes :
i) Caractériser et évaluer la diversité des pratiques agricoles actuelles dans les SDCs plantain de manière à faire ressortir différentes situations contrastées
ii) Evaluer l’impact de ces pratiques sur l’environnement, sur l’état sanitaire et la performance de la plante
Hypothèse majeure : La biodiversité élevée et les apports de matière organique dans une
parcelle i contribuerait à réduire la pression du complexe parasitaire tellurique et à renforcer la vigueur du bananier plantain, ce qui améliorait les performances et la durabilité des systèmes de culture à base de bananiers plantains.
Principe de la méthode
Avec le soutien des stagiaires et l’accord des agriculteurs, une typologie des exploitations a été réalisée en Guadeloupe (Forite, 2011 ; Ogisma, 2011) et en Haïti. Celle-ci a permis de sélectionner les parcelles représentatives des exploitations dans les deux régions (une vingtaine en Guadeloupe et une dizaine en Haïti), pour la réalisation du diagnostic agro-écologique (voir tableau 1)
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Tableau 16 : Présentation des différents systèmes de culture plantains en Guadeloupe et en Haiti
Systèmes de culture Guadeloupe Haïti
Jardins créoles = Banane pérenne 3 parcelles 0
Précédent-banane + Zéro intrant Inexistant 3 parcelles
Précédent-banane + faible niveau d’intrants 2 parcelles 2 parcelles
Précédent-banane + fort niveau d’intrants 5 parcelles Inexistant
Précédent-manioc + zéro intrant Inexistant 2 parcelles
Précédent-ananas + faible niveau d’intrants 1 parcelle 0
Précédent-ananas + fort niveau d’intrants 4 parcelles Inexistant
Précédent-jachère + faible niveau d’intrants 2 parcelles 5 parcelles
Précédent-jachère + fort niveau d’intrants 6 parcelles inexistant
L’application de cette méthode de diagnostic au sein de ces parcelles comporte plusieurs étapes :
1. Stratification et caractérisation de la parcelle Au sein d’une parcelle homogène choisie,
noter ses caractéristiques générales (Fiche1) : (relief, hétérogénéité du couvert et du sol, cultures associées, présence de paillis,...
2. Diagnostic de problèmes phytosanitaires aériens et telluriques à la floraison et à la
récolte
A- Au niveau tellurique
A-1- à la floraison
Afin d’éviter tout effet bordure, se placer à au moins 1 mètre des bords de la parcelle homogène, puis tracer un W permettant de délimiter les 5 points de prélèvements en choissisant 5 bannaiers (voir fig. 1 ci-contre).
Marquer ces bananiers à l’aide d’un ruban. Figure 1 : Dispositif d’échantillonnage « W »
i) A 20 cm de chaque bananier marqué (côté pied porteur), un prélèvement est effectué à l’aide d’un carré de 25×25×20 cm ou une pelle bêche. Le sol est réparti dans plusieurs bacs afin de récupérer la macrofaune qui s’y trouve. Cette macrofaune est collectée dans des flacons de 150 ml, préalablement étiquetés et remplis d’alcool à 70°. Les racines sont récupérées dans des sacs plastiques afin de mesurer leur taux de nécrose et d’extraire les nématodes phytoparasites. Le sol est ensuite mélangé puis collecté dans plusieurs sacs plastiques permettant de faire : i) les analyses chimiques (2×500g) ; ii) l’extraction des nématodes du sol et des mycorhizes (600g).
ii) A 50 cm du bananier marqué, faire un prélèvement à l’aide d’un cylindre de 10×10×10 cm
pour la morphologie. Placer délicatement l’échantillon dans un sachet étiqueté. Les agrégats d’origines diverses seront identifiés au laboratoire sous loupe binoculaire.
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Protocole Diagnostic Agroécologique/juin11/BD. N° DAE. :… iii) A 1 m de chaque côté (Nord-Sud) du bananier marqué, 2 autres prélèvements sont effectués
(N-S) à l’aide d’un carré de 25×25×10 cm. La macrofaune du sol et de litière est collectée dans deux flacons distincts (N-S), préalablement étiquetés et remplis d’alcool à 70°.
iv) En chaque point d’échantillonnage, on prélèvera à l’aide d’un cylindre de volume connu 5 sous-échantillons de sol (0-15cm de profondeur) dont 1 au centre et 4 aux angles d’un carré de 5m. On placera chaque cylindre de prélèvement dans un sachet étiqueté. Ces sachets seront délicatement conservés dans une glacière sur le terrain avant d’être transportés au laboratoire. Ces échantillons seront utilisés pour réaliser les analyses physiques (Humidité à
105°C, Densité apparente et résistance à la pénétration)
Rq1: les bananiers étant plantés environ tous les 2.5 m, il faut situer les points de prélèvements par rapport aux bananiers (autrement on risque de faire des prélèvements sur les pieds de bananiers ou dans des vieilles souches…).
Rq2: On évitera d’entasser les échantillons prélevés pour les analyses physiques. A-2- A la récolte
- A la récolte des régimes, une évaluation des dégâts causés par les charançons
sera faite sur au moins 5 bananiers venant d’être récoltés dans la parcelle. pour ce faire, déterrer le bulbe à l’aide d’une fourche et/ou barre à mine, puis le sectionné transversalement afin de mesurer son diamètre et les longueurs des galeries faites par les larves de charançons du bananier.
- Prendre une photo du bulbe (toujours à la même résolution). Noter l’identifiant de chaque photo à côté des mesures correspondant au même bananier. Ces photos seront traitées au laboratoire à l’aide du logiciel MESURIM, ce qui permettra d’estimer les dégâts des charançons (longueur totale des galeries/surface observée).
- Les populations de charançons peuvent être également évaluées via des captures à l’aide des pièges à phérormones (si disponible) mise en place sur la parcelle pendant 3 semaines.
- Le pourcentage de verse est effectué (nombre de bananiers versés/nombre total de bananier par parcelle)
Reporter toutes ces données sur la fiche correspondante en Fiche II.
B-Au niveau aérien à la floraison
Sur le périmètre choisi, on observera le feuillage du peuplement pour détecter les nécroses foliaires pouvant avoir diverses origines et on remplira la fiche correspondante en Fiche III:
Cercosporiose jaune (noire absente en Guadeloupe) : De manière générale, le premier symptôme
apparaît sur la face supérieure du limbe sous la forme de : tirets jaune pâle ou marron foncé sur la face inférieure du limbe de 1 à 2mm de long, qui s’élargissent pour former des lésions nécrotiques à halo jaune et centre gris clair (fig. 2). On notera le pourcentage de feuilles infestées en allant de 0 (feuille saine) à 25, 50, 75, 100 % (feuille complètement nécrosée) sur l’ensemble de feuilles possédant le bananier en fonction des stades d’infestation.
N.B : Ne pas confondre les nécroses dues à la Cercosporiose par rapport à la sénescence foliaire et, au jaunissement du aux carences en éléments minéraux ou à la toxicité.
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Figure 2 : nécroses foliaires due à la maladie de la Sigatoka noire (en Haïti)
Carence en magnésium : se traduit par une
décoloration terne du feuillage, un
jaunissement débutant dans la partie
externe des feuilles, un liseré vert
subsistant sur la bordure (symptôme de
« chlorose magnésienne », fig. 3). Dans certains types de sols, les sols ferralitiques notamment, ces symptômes de chlorose
s’accompagnent de marbrures au niveau
des pétioles (symptôme du « bleu
magnésien ») On notera le pourcentage de
feuilles présentant un signe de carence (0 à 4) selon le niveau de cette carence en Mg soit nulle à élevé.
Figure 3 : Chlorose magnésienne
Carences en Potassium (K) : les symptômes de la carence en potassium apparaissent
principalement au stade fleur pointant. Ils se caractérisent par une fanaison rapide des feuilles
les plus âgées qui prennent une couleur jaune orangé caractéristiques tandis que leur
extrémité se dessèche et se recourbe en crosse. Cette carence se traduit également par une
accentuation de la courbure et un mauvais remplissage des fruits. Elle entraine des risques de
mûrs d’arrivage. On notera le pourcentage de feuilles présentant un signe de carence (0 à 100%) en K.
Carence en soufre : la carence en soufre s’observe surtout sur de jeunes bananiers. Les feuilles
nouvellement émises présentent un retard de coloration. Elles sont de couleur jaune et
n’atteignent une coloration verte normale qu’une dizaine de jours après leur émission.
Carence en Bore : le Bore est un élément fondamental pour l’obtention de rendements
maximaux des bananiers plantains tant en qualité qu’en quantité. Pourtant, les carences en bore ne sont pas très facile à identifier sinon par des analyses foliaires ( Fiche V) ou de sol. La carence en bore affecte drastiquement le remplissage des fruits, à tel point que les fruits se
déforment, murissent prématurément et tel que leur taille se réduit, entrainant une diminution
de la production (Bolanos et Garcia in Infomusa vol, 11 N° 1).
Carence en fer : Elle s’observe
généralement sur les sols à pH élevé
(supérieur à 7) et riches en calcaire (en Grande terre par ex.) Les carences sont
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particulièrement marquées sur les sols courts et caillouteux des mornes. Les feuilles des bananiers carencés en fer présentent une
décoloration des espaces internervaires, les nervures secondaires restant par contre
vertes (symptôme de chlorose ferrique, fig.
4).
Figure 4 : Chlorose ferrique
Toxicité manganique : elle se caractérise par
un noircissement du bord des limbes évoluant
en nécroses (fig. 5). Elle s’observe
généralement sur les sols les plus évolués (sols à halloysite, sols ferralitiques) dans des conditions de pH acide (inférieur à 5,5), de mauvais drainage ou de sol compacté. On notera le pourcentage de feuilles présentant un signe de carence (0 à 100%) selon le degré de
la toxicité. Figure 5 : Toxicité manganique
Carence en Zinc : la carence en Zinc est relativement fréquente en Guadeloupe. Cependant, elle
affecte peu la croissance et la productivité du bananier. Les symptômes de la carence en zinc s’observent sur les jeunes feuilles. Celles-ci présentent une alternance de bandes décolorées et
de bandes vertes, parallèles aux nervures secondaires (chlorose en bandes). Une pigmentation
lie de vin de la face inférieure du cigare peut également être associée à cette carence.
Engorgement foliaire : c’est l’une des conséquences d’un déficit hydrique chez le bananier. A
cet effet, on observera un engorgement du bouquet foliaire permettant à la plante de limiter ses pertes en eau. On notera le pourcentage de plants par parcelle qui présente cet engorgement.
Toxicité au Chlore : l’intoxication au chlore provoque le mêmetype de symptôme et apparait
lorsque du chlore issu de l’application répétée d’engrais riche en chlore (chlorure de potassium « KCl ») s’accumule dans le sol. Elle s’observe généralement en période sèche sur des sols à drainage lent.
Excès de la salinité : l’excès de salinité provoque un jaunissement du bord des limbes, qui
évolue en nécroses. Il s’observe dans les sols mal drainés de bord de mer ou sur des bananiers soumis aux embruns marins /
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Autres observations : vérifier si les feuilles ne sont pas attaquées par les coléoptères
(Hannetons,…) et tous les autres symptômes qui sont visibles sur la plante.
3- Diagnostic de la productivité de la parcelle à la floraison et à la récolte
Afin d’estimer le rendement à la parcelle ( Fiche IV), on comptera le nombre de doigts des
régimes (après rejet de la bractée) de au moins 10 bananiers choisis (de préférence ceux échantillonnés pour les analyses foliaires). Ensuite, la circonférence du pseudo-tronc est mesurée à 1m du sol. Ces 10 bananiers sont ensuite marqués au ruban et un rendez- vous est pris, de concert avec l’agriculteur, pour pouvoir peser leur régime à la récolte.
Si possible, une photo hémisphérique de ces 10 bananiers peut être prise afin de calculer la
surface foliaire « LAI » du peuplement végétal dans chaque parcelle.
4- Consommables et équipements utilisés pour les prélèvements in vivo Chimie Mycorhizes Morphologie Nématologie Charançons Faune Divers -Carotteur -sachets -Seaux -Couteau aiguisé -Petite pelle -Règle - sachets -Bêche -Coutelas -Couteau aiguisé -Ruban métrique -Règle -sachets -Cadre -Fourche -Pelle -Bêche - Flacons -Bacs de tri -Alcool à 70° -Pinces -Feutres -Crayons papier -Etiquettes -Sacs poubelles -Glacières -Gants -Appareil photo - Fiches de renseignement (Excel) - Peinture Précautions de sécurité
Des gants jetables sont préconisés lors des prélèvements de sols.
Blouses et vêtements de travail sont obligatoires pour les prélèvements sur le terrain.
Conditionnement des échantillons
Sachets zippés conservés dans une glacière durant le transport puis à +4°C et/ou au congélateur
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