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COMMENT PROTÉGER CES ENFANTS?

Dans le document Les droits de l'enfant : et les filles ? (Page 154-160)

Je n'ai malheureusement pas de solutions miracle à proposer. Le VIH/SIDA prospère dans les régions où les droits humains sont ignorés ou violés. Le SIDA, pour le moment, est encore une sentence de mort pour la plupart.

Nous sommes persuadés à l'AFXB qu'une des réponses à la pandémie s'inscrit dans le cadre d'une stratégie globale dans les domaines de la santé et des droits fondamentaux.

Or, nous disposons de deux instruments et c'est ce que j'aimerais vous démontrer :

1. Il faut utiliser la Convention relative aux Droits de l'Enfant (CDE) comme un instrument de lutte contre le Sida.

2. Il faut atteindre les objectifs de la Déclaration d'Engagement sur le VIH/SIDA - adoptée lors de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/SIDA en juin 2001- en créant notamment des programmes complets en faveur des mères, des orphelins et des adolescents.

"L'Enfant a le droit d'être protégé contre la discrimination et la stigmatisation"

(art. 2/CDE)

¾ Pourtant, les enfants vivant avec le SIDA, dont les parents ont le SIDA ou sont morts du SIDA sont fréquemment en proie à la haine.

Les Etats se sont engagés entre autres : d'ici 2003 :

"de promulguer, renforcer ou appliquer des mesures , afin d'éliminer toute forme de discrimination contre les personnes atteintes du VIH/SIDA et les membres des groupes vulnérables et de veiller à ce qu'ils jouissent pleinement de tous leurs droits et libertés fondamentaux […]" (paragraphe 58 déclaration d'engagement)

"L'Enfant a le droit à la liberté d'expression (ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations)" (art. 13/CDE)

"L'Enfant a le droit à avoir accès à une formation appropriée (avoir accès à une information et à des matériels provenant de sources nationales et internationales diverses…)" (art. 17/CDE)

¾ Pourtant, on constate un manque de connaissance alarmant chez les jeunes en ce qui concerne le VIH/SIDA. Les filles ont généralement moins accès aux informations sur la transmission du virus.

Les Etats se sont engagés entre autres :  d'ici 2005 : qu'au moins 90% :  et d'ici 2010 : 95% des jeunes :

"aient accès à l'information, à l'éducation, à l'éducation concernant le VIH et aux services nécessaires pour acquérir les aptitudes requises pour réduire leur vulnérabilité à l'infection à VIH […]" (paragraphe 53 déclaration d'engagement)

"L'Enfant privé de son milieu familial a le droit d'être protégé" (art. 20/CDE)

¾ Pourtant, dans de nombreux pays en voie de développement on rencontre des foyers composés seulement d'orphelins du SIDA en proie à la pauvreté et à toutes les discriminations

Les Etats se sont engagés entre autres : d'ici 2003 à 2005 :

"de rendre les gouvernements, les familles et les communautés mieux à même d'assurer un environnement favorable aux orphelins et aux filles et garçons infectés et affectés par le VIH/SIDA :

- en leur fournissant des services appropriés de consultation et d'aide psychosociale,

- en veillant à ce qu'ils soient scolarisés et aient accès à un logement, à une bonne nutrition et à des services sanitaires et sociaux sur un pied d'égalité avec les autres enfants,

- en offrant aux orphelins et aux enfants vulnérables une protection contre toutes formes de mauvais traitements, de violence, d'exploitation, de discrimination, de traite et de perte d'héritage" (paragraphe 65déclaration d'engagement)

"L'Enfant a le droit de jouir du meilleur état de santé possible"(art. 24/CDE)

¾ pourtant, les médicaments contre le SIDA qui prolongent la vie atteignent moins de 5% de la population qui en a besoin.

Les Etats se sont engagés entre autres : d'ici 2003 :

"- de renforcer les systèmes de soins de santé

- s'attaquer aux facteurs affectant la fourniture de médicaments contre le VIH, dont les médicaments antirétroviraux, notamment leur accessibilité et leur prix, y compris la fixation de prix différenciés. […]" (paragraphe 55 déclaration d'engagement)

"L'Enfant a le droit d'être protégé contre l'exploitation économique" (art. 32/CDE)

"L'Enfant a le droit d'être protégé contre l'usage illicite de stupéfiants" (art. 33/CDE)

"L'Enfant a le droit d'être protégé contre toutes les formes d'exploitation sexuelle et de violence sexuelle" (art. 34/CDE)

"L'Enfant a le droit d'être protégé contre l'enlèvement, la vente ou la traite" (art. 35/CDE)

"L'Enfant a le droit d'être protégé de toute autre forme d'exploitation "(art.. 36/CDE)

¾ Et pourtant, chaque année des millions d'enfants voient leurs droits précités bafoués et sont exposés ainsi au VIH.

Les Etats se sont engagés entre autres : d'ici 2005 :

"- de renforcer le pouvoir d'action des femmes

- de promouvoir et protéger la pleine jouissance de tous leurs droits fondamentaux

- de réduire leur vulnérabilité face au VIH/SIDA par l'élimination de toutes les formes de discrimination et de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles, y compris les pratiques traditionnelles et coutumières néfastes, les sévices, le viol et autres formes de violence sexuelle, les voies de fait et la traite des femmes et des filles" (paragraphe 61déclaration d'engagement)

"L'Enfant a le droit d'être protégé en cas de conflits armés" (art. 38/CDE)

¾ Et pourtant, les conflits armés rendent les enfants encore plus vulnérables au VIH dans les zones de conflits.

Les Etats se sont engagés entre autres : d'ici 2003 :

"élaborer et commencer à appliquer des stratégies en reconnaissant que les populations déstabilisées par les conflits armés, les situations d'urgence humanitaire et les catastrophes naturelles, en particulier les réfugiés et les personnes déplacées, les femmes et les enfants, sont plus exposées au risque d'infection au VIH/SIDA."(paragraphe 75 déclaration d'engagement)

¾ Pourtant, l'an passé, un million d'écoliers africains ont perdu leur enseignant à cause du SIDA.

Le groupe d'enfants le plus important sans accès à l'éducation de base sont les filles. Or, l'éducation des filles et des femmes est étroitement liée à un meilleur niveau de santé et à un meilleur niveau économique. Les femmes instruites ont plus de chances d'être employées et de chercher des soins de santé pour elles-mêmes et pour leurs enfants. Souvent, elles retardent l'âge des premiers rapports sexuels et/ou exigent de leur partenaire l'utilisation du préservatif. De plus, elles se marient plus tard et ont recours à la planification familiale.

Les Etats se sont engagés entre autres : d'ici 2003 :

"élaborer ou renforcer des stratégies, politiques et programmes assurant l'accès des filles et des garçons à l'enseignement primaire et secondaire, dont les programmes doivent notamment prévoir des cours sur le VIH/SIDA à l'intention des adolescents […]" (paragraphe 63 déclaration d'engagement)

d'ici à 2003 :

"établir dans chaque pays des stratégies, des politiques et des programmes visant à recenser et commencer à examiner les facteurs qui rendent les individus particulièrement vulnérables à l'infection au VIH, notamment le sous-développement, l'insécurité économique, la pauvreté, la marginalisation des femmes, l'absence d'éducation, l'exclusion sociale, l'analphabétisme […]" (paragraphe 62 déclaration d'engagement)

L'éducation est le seul remède efficace contre le SIDA. L'éducation donne aux femmes et aux filles

le pouvoir de prendre leur destin en main. L'éducation sauve la vie des femmes et des filles.

CONCLUSION

Dans une société, plus la discrimination fondée sur le sexe est grande et moins le rang des femmes et des filles y est élevé et plus elles seront affectées par le VIH. En ce sens, une plus grande égalité des relations hommes/femmes et l'amélioration de la situation des femmes et des filles sont essentielles pour prévenir la propagation du SIDA.

Là encore, Les Etats se sont engagés : d'ici 2005 :

"- à élaborer et accélérer la mise en œuvre de stratégies nationales en vue - d'encourager la promotion des femmes

- de permettre à celles-ci de jouir pleinement de tous les droits fondamentaux

- d'encourager les hommes et les femmes à assumer une responsabilité partagée pour garantir la pratique de rapports sexuels sans danger

- de donner aux femmes les moyens d'exercer un contrôle sur les questions liées à leur sexualité et de prendre à ce sujet des décisions en toute liberté et de manière responsable afin de les aider à mieux se protéger contre le SIDA." (paragraphe 59 déclaration d'engagement)

Toute cette démonstration peut bien évidemment être qualifiée "belle théorie". Mais, et notre séminaire en est une preuve, je suis persuadée, que :

- promouvoir le respect de la convention relative aux droits de l'enfant, - lutter contre les discriminations,

- contribuer à endiguer l'épidémie du SIDA et en réduire les dramatiques conséquences,

- améliorer la situation des orphelins et des autres enfants exclus d'un quelconque filet de sécurité

sont là beaucoup plus que des actions humanitaires. Ce sont des activités politiques, à la pointe du rôle croissant joué par la société civile d'aujourd'hui.

Conjuguées à des déclarations orales, à des plaidoyers écrits ou encore parfois à la condamnation d'opinions répandues mais erronées, ces activités comblent l'abîme séparant ceux qui travaillent sur le terrain des décideurs qui fixent les politiques et attribuent les financements.

Les ONGs sont souvent des groupes de contre-pouvoir dont les activités sur le terrain illustrent sans conteste la bonne gouvernance et les résultats qui peuvent être obtenus lorsque l'on s'attache à promouvoir les liens inextricables entre la santé et les droits humains fondamentaux.

Sources :

Déclaration d'engagement sur le VIH/SIDA - session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/SIDA juin 2001

Convention relative aux Droits de l'Enfant

Onusida - Rapport sur l'épidémie mondiale de VIH/SIDA - 2002 Unicef - la situation des enfants dans le monde - 2002

Enumerating Childr Orphaned by HIV/AIDS : Counting a Human Cost - AFXB - 2002

EDUCATION DES FILLES

Dans le document Les droits de l'enfant : et les filles ? (Page 154-160)