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Nous avons interrogé, à plusieurs reprises, dans ce travail, la question de la qualification et de la reconnaissance des compétences mises en œuvre. Ce dernier axe que nous proposons est, pour nous, un élément fondamental dans la perspective de permettre la reconnaissance de l'accueil périscolaire comme espace éducatif à part entière, aux côtés (et non dans le sillage) de la scolarité, de même qu'il nous semble un outil pertinent à proposer aux collectivités territoriales dans le cadre actuel de réforme des rythmes scolaires.

Ce projet de formation continue pourrait s'appuyer sur des éléments que nous avons dégagés au cours de notre recherche :

 Les équipes des accueils périscolaires sont composées d'animateurs de la Ligue de l'enseignement et d'agents territoriaux.

 Les territoires sont hétérogènes en termes de moyens et de ressources.  Les acteurs mettent en œuvre des compétences sans en avoir conscience.

 Les préoccupation des agents territoriaux et des animateurs ne sont pas les même, notamment en raison de leur cadre d'emploi.

 Il existe peu – ou pas- d'espace d'échange sur la pratique entre agents territoriaux et animateurs.

 Dans les deux métiers, la recherche de reconnaissance est importante (du fait de la précarité de leurs emplois) mais les animateurs peuvent construire des liens de coopération leur permettant de palier au manque de reconnaissance institutionnelle.  L'activité des acteurs cherche, pour une grande part, à résoudre des dilemmes, liés à des

situations complexes (situations dynamiques, buts multiples, voire en tension).

A partir de ces éléments nous pouvons penser un dispositif de formation :

 adapté à chaque territoire : il s'agirait de concevoir le contenu et la forme de ces temps de réflexion et de formation en fonction des ressources et contraintes de chaque territoire. En d'autres termes, d'en co-construire les modalités avec les collectivités. On peut supposer que les acteurs ne sont pas confrontés aux mêmes situations et dilemmes selon le lieu où ils travaillent, de même que les caractéristiques des professionnels et l'organisation des ALAE peuvent différer. Il nous semble donc important d'adapter l'action au niveau local Qui plus est, cette démarche inscrirait pleinement la fédération

dans une position de partenariat et d'accompagnement des collectivités.

 organisé en sessions de courte durée : il serait pertinent de penser des modules de formation continue sur des temps consécutifs courts (deux ou trois jours maximum), mais répartis sur plusieurs périodes (trimestres, semestres ou années). Ce qui faciliterait d'une part l'organisation en terme de disponibilité des acteurs et d'autre part, la prise en charge financière par les collectivités qui pourraient, dans ce cas, solliciter une prise en charge du Centre national de la fonction publique territoriale (ce qu'elles ne peuvent par exemple pas faire pour le financement des CQP)

 fondé sur l'analyse du travail : au regard des éléments que nous avons recueillis et analysés, nous pensons qu'il serait intéressant de construire ces modules de formation continue en s'appuyant sur une analyse des pratiques professionnelles des acteurs. L'idée serait de faire émerger de l'expérience des acteurs, des leviers de réflexion permettant le développement des compétences. La verbalisation et l'échange des savoir-faire, savoir- être et connaissances qu'ils mobilisent pour réaliser une action permettra la construction d'une pratique collective et de références communes et sera, en outre, un excellent vecteur de valorisation et de développement des compétences.

 animé par des intervenants qualifiés : intervenir au niveau de l'analyse des pratiques professionnelles nécessite de s'appuyer sur un cadre et des outils spécifiques. En ce sens, il nous semble important de solliciter l'intervention d'intervenants qualifiés, soit parmi les salariés de la Ligue de enseignement, soit par l'intermédiaire de partenariats extérieurs (via par exemple le collectif des associations partenaires de l'enseignement public38).

 alimenté par les valeurs et de l'éducation populaire et non-formelle : nous pensons que si l'analyse du travail est un point de départ pertinent pour aider au développement des compétences dans le cadre d'accueils périscolaires, le partage des valeurs de l'éducation populaire, des principes et de la place de l'éducation non-formelle dans l'école, sont des éléments importants à transmettre et qui permettront aux acteurs de mieux fonder leur action. Bien entendu, nous nous inscrivons dans un cadre de formation continue, posant comme préalable les compétences et connaissances déjà acquises par les acteurs. Ce présupposé implique que le contenu des apports devrait être ajusté aux besoins spécifiques des acteurs auxquels il est destiné.

38 La Ligue de l’Enseignement 31 est membre du CAPE, collectif rassemblant plusieurs associations éducatives,

mouvements d'éducation populaire et mouvements pédagogiques. Ce collectif a pour vocation le renforcement des liens de coopération entre ses différents membres en termes de réflexion, d'expression publiques et de valorisation des actions menées.

Si l'organisation de ces « modules de formation continue à la carte » peut être mise en œuvre au niveau départemental, nous pensons qu'il pourrait être intéressant de solliciter l'implication de l'union régionale de la Ligue de l’enseignement Midi-Pyrénées dans ce projet. Cela permettrait de faciliter la coordination et la co-construction des actions mises en œuvre, la mise en commun des moyens (notamment en termes de mobilisation des compétences en interne) et, si nécessaire, la sollicitation d'intervenants extérieurs à la Ligue de l'enseignement. Son statut (l'union régionale est l'instance de la Ligue de l'enseignement qui dispose de l'agrément formation) faciliterait, en outre, la négociation de la prise en charge financière de ces « modules » par les dispositifs de formation continue de la fonction publique (CNFPT39) afin que les collectivités puissent s'y engager. Nous

souhaitons, en effet, insister encore une fois sur l'importance d'impliquer les agents territoriaux dans ce projet tant en termes de construction d'un collectif de travail que dans l'idée qu'ils pourraient, du fait de leur « implantation » sur le territoire, participer à la transmission de la culture professionnelle au niveau local.