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1-2-Les pronoms compléments à travers les écoles linguistiques Les différentes grammaires qui avaient précédé la linguistique étaient centrées

Dans le document Pronoms complements (Page 43-87)

sur le savoir écrire et le savoir parler et s’attachent à la norme proprement dite : les faits de langue sont analysés d’un point de vue logique et sémantique. La publication posthume des trois cours de Ferdinand de Saussure par ses élèves crée une coupure épistémologique dans l’étude et dans l’analyse de la langue et offre aux linguistes un champ de recherche très vaste, voire fécond avec des points de vue différents mais qui contribuent énormément à l’épanouissement de la linguistique mondiale.

De manière générale, les écoles linguistiques, héritières de la pensée saussurienne, adoptent une démarche d'analyse synchronique et descriptive .Il est vrai que ces écoles ne partagent pas le même point de vue, mais elles partent du principe selon lequel la langue est une structure ; il faut l’appréhender comme un système dans lequel ces faits de langue se définissent par leurs relations d’équivalence ou d’opposition. Cela étant dit, nous présentons, dans cette recherche, une catégorie grammaticale bien déterminée : les pronoms compléments selon le principe théorique et méthodologique de ces écoles .L’ objectif que nous nous fixons n’est pas uniquement linguistique, mais didactique et pédagogique. Ce rappel théorique nous permet de sélectionner la théorie qui nous semble la plus appropriée à l’enseignement/apprentissage du français, langue étrangère.

1-2-1-La grammaire fonctionnelle

Dans le cadre de la linguistique fonctionnelle (André Martinet), la langue est conçue comme un instrument de communication doublement articulé. Tout énoncé peut être segmenté à deux niveaux indissociables : une première articulation ayant à la fois un sé et un sa selon la terminologie saussurienne, appelée monème (unité

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significative minimale) et une deuxième articulation appelée phonème (unité distinctive minimale).Le monème peut être segmenté en unité plus petite non douée de sens mais qui contribue à la distinction du sens des unités de la première articulation. Par exemple, toi, moi, soi sont des unités distinctives dont les phonèmes /m/, /t/, /s/ permettent de distinguer le sens des monèmes. Ainsi, l’énoncé je lui donne

la pomme peut être analysé à deux niveaux : la première articulation est constituée de

cinq monèmes, la seconde articulation est constituée de phonèmes ou unités distinctives.

La description fonctionnaliste d’André Martinet, est centrée d’une part sur l’analyse phonologique qui s’occupe de la deuxième articulation et, d’autre part sur l’analyse syntaxique consacrée à la première articulation. Cette dernière analyse permet au linguiste de lister et de préciser les fonctions des monèmes dans l’énoncé. André Martinet propose la classification des monèmes selon leur autonomie syntaxique de la manière suivante :

- Les monèmes autonomes ; - Les monèmes dépendants ; - Les monèmes fonctionnels ;

- Les monèmes employés de façon prédicative

On distingue les fonctions liées au prédicat (primaires) et fonctions non directement liées (non primaires).Martinet propose l’exemple suivant :

« Le directeur de la banque a dicté une lettre de quatre pages au secrétaire particulier qu’il avait fait venir » .(André Martinet :118)

Les fonctions primaires sont les monèmes liés au verbe. Les structures suivantes : de la banque, de quatre pages, particulier, qu’il avait fait venir sont des fonctions non primaires car, ce sont des éléments qui se rattachent à un segment de l’énoncé.

Cela dit, les pronoms personnels ont une fonction primaire comme les noms mais ils se classent parmi les monèmes grammaticaux ayant des inventaires très limités par rapport aux monèmes lexicaux. Ils se distinguent des noms en ce qu’ils ne reçoivent pas d’actualisateurs.

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Le MAITRE a donné LE LIVRE à L’ENFANT.(André Martinet :50)

Les noms maitre, livre, enfant reçoivent un actualisateur et peuvent être déterminés par des adjectifs bon, gros, studieux. Cela n’est pas possible avec les pronoms personnels. A l’instar des noms, certains pronoms personnels peuvent être employés comme prédicats et introduits par un présentatif :

C’est Moi

Il y a Toi. (André Martinet:51)

Du point de vue syntaxique et morphologique, André Martinet distingue deux formes de pronoms. Ceux qui sont agglutinés au verbe avec lequel ils forment le groupe verbal appelés : formes légères et ceux qui sont hors du verbe appelés : formes lourdes. Cette division est semblable à celle des pronoms atones et toniques dans la grammaire traditionnelle, formes liées et formes non liées dans la grammaire textuelle.

Les pronoms personnels de forme légère et lourde se combinent selon des règles syntaxiques soumises à des restrictions. La combinaison de ces formes chez André Martinet est similaire aux règles de la grammaire traditionnelle. La forme sujet (je, tu, il…) viennent en tête .N’importe quel pronom léger dans n’importe quelle fonction peut figurer ensuite : Il me voit ; Il ne me voit pas ; Je lui écris ; Il vous écrit, Il leur

parle ; Il se promène ; Il en veut.

Lorsqu’il y a plus de pronoms entre le sujet et le verbe me, te, nous, vous ne se combinent qu’en fonction dative avec 3 et 3 pluriel : Tu me l’écriras ; Il nous les

donne.

Quand les formes en fonction objet et dative sont 3 et 3 pluriel ; elles suivent l’ordre suivant : objet +datif : Je les lui donne ; Je le leur donne. Or, l’ordre est inverse avec le réfléchi « se » au datif : Ils se le disent.

En ce qui concerne en et y, ils se combinent avec tous les pronoms légers en fonction d’objet ou dative. Si en et y figurent ensemble, y précède en :

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En guise de conclusion, la grammaire fonctionnelle présentée ci-dessus ressemble beaucoup à la grammaire traditionnelle. André Martinet utilise les termes datif, accusatif qui émanent de l’héritage latin au lieu de COD et COI.

1-2-2-La grammaire distributionnelle

Les structuralistes américains L. Bloomfield et E. Sapir ont développé une linguistique antimentaliste qui consiste à établir des classes distributionnelles adoptant une méthode d’analyse formelle, très minutieuse basée sur le principe de segmentation et de commutation. Le linguiste se livre à un travail de segmentation des énoncés effectivement constitués par des locuteurs. L’analyse permet d’établir des classes de mots ayant une relation de commutablité et d’induire des règles sous-jacentes à l’organisation de la phrase. Sur le plan syntagmatique, il s’agit de déterminer les constituants immédiats de la phrase en la décomposant jusqu’aux unités minimales(les morphèmes).Certes la procédure d’analyse est différente d’un linguiste à l’autre mais le principe d’opérations de segmentation et de commutation est le même. La démarche adoptée consiste à inventorier les environnements dans lesquels une unité se réalise et de lister les autres unités susceptibles d’apparaitre dans ce même environnement. C’est une grammaire de liste et de découverte selon Chomsky.

Dans cette optique l’analyse des pronoms personnels compléments selon cette grammaire exige de procéder à un listage des pronoms qui peuvent se substituer et occuper la même position. Exemple :

1- Je me souviens de lui 2- Je me souviens d’elle 3- Je me souviens de toi 4- Je me souviens d’eux 5- Je me souviens d’elles

Du point de vue distributionnel, le complément du verbe « lui » peut commuter avec d’autres pronoms compléments qui appartiennent à la même classe. Cependant, il faut noter que cette opération n’est pas généralisable car, les pronoms compléments d’objet direct le, la, les ne commutent pas avec les pronoms compléments d’objet indirect. Nous ne pouvons dire je me souviens de la ou de les.

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D’autre part, le pronom complément attribut le, seul peut commuter avec l’adjectif .Nous proposons les exemples suivants:

Il est gentil. Il l’est Ils sont gentils. Ils le sont

Egalement, les pronoms le, la, les n’appartiennent pas à la même classe distributionnelle que les articles définis.

EX : Le petit garçon mange la pomme.

Le petit garçon la mange.

L’article « le » précède un groupe nominal et peut commuter avec « un » ou « ce »,alors que la commutation du pronom « la » par un article est impossible. Ces deux unités appartiennent donc à deux classes de mots distinct ;les déterminants et les pronoms.

Du point de vue syntagmatique (l’analyse en constituants immédiats), les distributionnalistes ont mis au point plusieurs modèles de visualisation : les parenthèses étiquetées, les angles de Charles Carpenter Fries,la boite de Charles Hockett,la boite de Bernard Bloch et Zelling Harris et enfin le diagramme. Nous proposons l’une schématisation de la phrase selon le modèle des parenthèses étiquetées que nous avons empruntée à Nathalie Garric, Introduction à la linguistique, p, 139

(p (SA/SP (prep depuis) (SN (det des) (Nannée))) (SN(det (un) (GN (N jardinier) sadj (adv très) (ADJ compétent))) (SV (V entretient) (det le) (N gazon) (SP (prep de) (SN(det ce) (SADJ (petit) (Njardin)))))).

Les éléments linguistiques selon les différents modèles de visualisation se définissent par leur relation avec les autres éléments, l’accent est donc mis sur les relations syntagmatiques. Autrement dit, l’analyse en constituants immédiats consiste à découper la phrase en SN et SV jusqu’aux catégories lexicale.

Cette décomposition des unités linguistiques ne prend en comptes ni les fonctions grammaticales ni les relations de dépendance. Daouia Hanachi dans sa thèse de doctorat sur les circonstants donne l’exemple suivant :

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SN SV

Det N V SN

L ’ étudiant révise le cours L’ étudiant révise le soir

L’analyse en arbre selon la grammaire distributionnelle ne prend pas en compte les fonctions grammaticales que peut avoir une unité linguistique occupant la même position. « Le cours » est un complément d’objet direct alors que « le soir » est un complément circonstanciel de temps. Pour corroborer notre point de vue, nous proposons les exemples suivants :

Exemple :

(1) J’ai appris la mort de mon vieil ami. J’en suis triste

(2) J’ai appris la mort de mon vieil ami. J’en parle avec tristesse

Le pronom complément en a la même distribution dans les phrases mais il n’a pas la même fonction grammaticale. Le premier est un complément d’adjectif se construisant avec la préposition de, le deuxième est un complément d’objet direct.

Observons également les deux phrases suivantes :

(1) J’en parle (2) J’en parle

Les deux phrases ont, à première vue, la même distribution mais elles peuvent être interprétées de deux manières : le pronom complément en dans la première phrase renvoie à un objet (les vacances par exemple), le deuxième renvoie, dans un français relâché, à une ou plusieurs personnes selon le contexte.

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Cela dit, l’analyse distributionnelle se désintéresse complètement du sens des unités linguistiques et des fonctions.

1-2-3-La grammaire transformationnelle et générative

L’analyse distributionnelle a des limites et ne rend pas compte des fonctions grammaticales et des ambiguïtés syntaxiques. En outre, elle n’explique pas pourquoi certaines commutations sont possibles et d’autres pas .D’autre part, elle ne rend pas compte de tous les faits de langue et ne peut formaliser les procédures appliquées mécaniquement sur un corpus. Enfin, l’analyse en constituants immédiats ne s’écarte pas de l’analyse traditionnelle (sujet/verbe/complément) dans la mesure où l’une est centrée sur la distribution des classes et l’autre sur la sémantique. Cependant cette grammaire n’a pas été inutile car elle a permis à Z. Harris et à N. Chomsky de concevoir la grammaire transformationnelle puis la grammaire générative.

Dans ce sens les énoncés visiblement comparables n’acceptent pas les mêmes transformations interrogatives ou passives .Observons les exemples ci-dessous:

(1)Le chat mange la souris La souris est mangée par le chat (2)J’écris à Nabil

Nabil m’écrit

Nous remarquons que dans le premier exemple, les deux phrases sont grammaticalement équivalentes. Cependant les deux phrases de l’exemple2 ne le sont pas.

Selon Harris et Chomsky la syntaxe d’une langue est constituée d’un stock limité de phrases de base, les autres phrases sont le produit de différentes transformations : déplacement, permutation et transformations.

Dans Grammaire transformationnelle du français, Maurice Gross aborde les particularités syntaxiques et les restrictions du procédé de la pronominalisation .Les transformations montrent que les pronoms préverbaux sont des SN et que leur position préverbale est obtenue au moyen de ces transformations.

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Cependant la pronominalisation préverbale (ppr) obéit à des contraintes. Elle est parfois limitée et aboutit à des phrases agrammaticales. Gross donne les exemples suivants :

Une cheminée de cette maison est penchée Une cheminée en est penchée

Une cheminée de cette maison fume *Une cheminée en fume

Le frère de Jean est gentil *Le frère en est gentil

Les insuffisances de la grammaire transformationnelle a permis à Chomsky de proposer un modèle expliquant pourquoi et comment un locuteur-auditeur arrive à produire et à comprendre un nombre infini de phrases qu’il n’a jamais entendues ou prononcées auparavant. Chomsky postule l’existence d’un dispositif cognitif inné du langage appartenant au patrimoine génétique de l’être humain lui permettant de s’approprier sa langue maternelle .La dichotomie compétence/ performance rend compte de cette faculté du langage. Les éléments linguistiques ne se combinent pas arbitrairement ; ils dépendent des contraintes qui les sous-tendent. Ces contraintes sont universelles et existent en nombre fini. Elles permettent au locuteur-auditeur de décider si une phrase est correcte ou non. Ainsi, nous apercevons que la phrase « l’élève lit livre le » est inacceptable en français. En revanche, une phrase que nous empruntons à Chomsky « les idées vertes incolores

dorment furieusement » est grammaticalement correcte mais asémantique en français.

Il est tout à fait vrai, l’enfant apprend sa langue de manière naturelle. Le cerveau humain se compose de milliards de cellules dont le fonctionnement échappe largement à toute investigation scientifique. Les scientifiques ignorent, à l’heure actuelle, comment le cerveau enregistre et emmagasine la langue.

La grammaire transformationnelle et générative a connu un développement prégnant ayant marqué les réflexions grammaticales actuelles :

51 - La théorie standard étendue

- La théorie des principes et des paramètres - La théorie minimaliste

- La théorie de liage - La théorie X-barre

Dans le cadre de la grammaire universelle, N. Chomsky avance que les contraintes syntaxiques sont universelles mais elles sont paramétriques, c’est-à-dire elles varient d’une langue à l’autre. En les formalisant, Chomsky propose de rendre compte d’une théorie du fonctionnement de l’esprit. La théorie de liage et X-barre que nous proposons dans cette recherche en sont illustratives.

La théorie de liage

Cette théorie (1981) s’intéresse à la distribution des éléments pronominaux et anaphoriques dans la phrase. Certains éléments linguistiques tels que les anaphores, les pronoms et les possessifs ne peuvent être interprétés que par leur mise en relation avec le cotexte appelé : antécédent. La théorie de liage distingue trois principes :

- Le principe A : Les anaphores doivent-être liées dans leur domaine de liage, c’est-à-dire l’anaphore doit être liée dans sa catégorie gouvernante. - Le principe B : Les pronoms doivent-être libres dans leur domaine de

liage, c’est-à-dire le pronom est libre dans sa catégorie gouvernante.

- Le principe C : Les expression-R doivent-être libres, c’est-à-dire autonomes.

Ces principes peuvent être interprétés par les traits suivants : a-Réciproque et réfléchi (+anaphore ;-pronominal) b-Pronom (-anaphore ; +pronominal) c-R-Expression (-anaphore ;-pronominal)

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Par catégorie gouvernante, il faut comprendre le domaine local NP (syntagme nominal) ou IP (syntagme flexionnel) où une anaphore doit trouver son antécédent et un pronom est soumis à la disjonction référentielle.

Etant donné la complexité de la théorie qui englobe, également, les catégories vides (théorie des traces, les PRO), nous nous intéressons qu’aux principes A et B qui sont étroitement liés à notre sujet. Mais, nous jugeons utile de jeter la lumière sur leprincipe C (les expressions référentielles autonomes).Ces expressions sont différentes des anaphores et des pronoms ; elles se caractérisent par les traits :(-anaphore ;-pronom).Autrement dit, ils ne sont ni :(-anaphores ni pronoms, toute mise en relation avec un autre terme (antécédent) est impossible. Dans l’exemple 1 et 2, il n’est pas possible d’associer à « il » et à « Poe » la même référence. En (3), l’énoncé est exclu car les occurrences de Poe réfèrent au même individu.

(1) il admirait l’œuvre de Poe.

(2) il croyait que Clem admirait l’œuvre de Poe.

*(3) « Poe admirait la femme de Poe »( Noam Chomsky :16/17) 1-Les relations anaphoriques

Dans le principe A, les anaphores sont liés à un antécédent qui leur confère une référence. Selon ce principe, une phrase est bien formée si l’anaphore et son antécédent se trouvent dans la même catégorie gouvernante soit un NP ou IP minimale et qui justifient leur coindexation. Elle doit obéir à la règle suivante :

Une catégorie a est liée à une catégorie Bsi, et seulement si : (1) a et B sont coindiciés

(2)B c-commande a.

Le concept de c-commande a été introduit par Reinhardt (1976) et reformulé par Chomsky sous l’appellation de liage:

c-commande : Un a nœud c-commande B si aucun de ces deux nœuds ne domine l’autre et si le premier nœud branchant qui domine a domine également B.

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(I))a et B sont coindiciés

(II)B c-commande B. (Noam Chomsky : 17)

Soit la phrase suivante : Le père de Jean se hait.

Tout le NP (sujet et son complément) est lié au réflexif « se », le complément de NP ne peut fonctionner comme antécédent de « se »: le complément « de Jean » ne c-commande pas l’anaphore.

En outre, une anaphore n’occupe jamais dans un diagramme une position plus haute. En français les unités appartenant à cette classe sont les pronoms réflexifs, les réciproques, les possessifs tels que : se, l’un et l’autre, lui-même, son…etc.

1(a) ces amis pensent l’un à l’autre. (b)* Marie pense l’un à l’autre.

2 (a) ils ont laissé leurs épouses aller les unes chez les autres.

2(b)* ils ont laissé leurs épouses aller les uns chez les autres.(Noam Chomsky : 15)

En 1(a),2(a)l’un à l’autre, les unes chez les autres sont liés à leurs antécédents

ces amis, leurs épouses. Alors qu’en 1(b) ,2(b) les réciproques l’un à l’autre, les uns chez les autres sont incorrects. L’anaphore n’est pas liée dans son domaine de liage.

En résumé, la relation entre l’anaphore et son antécédent obéit à deux caractéristiques :

-elle est obligatoire : toute relation anaphorique doit avoir un antécédent, sans cette relation la phrase est mal formée.

-elle est limitée à un domaine de localité spécifique.

Pour que la phrase soit bien formée, l’antécédent d’une anaphore ne doit pas être éloigné de son antécédent.

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Il est important de distinguer les relations anaphoriques des coréférences. La relation de coréférence se distingue des relations anaphoriques par deux caractéristiques :

-elle n’est pas obligatoire. L’exemple suivant montre qu’il n’est pas obligatoire d’interpréter le pronom il et Jean comme cor référents :

Jean dit qu’il viendra demain.(Noam Chomsky :15)

-elle n’est pas bornée ; elle n’est pas limitée à un domaine de localité spécifique.

Pour fonctionner comme un antécédent d’un pronom ou d’un groupe nominal, le pronom doit être suffisamment éloigné. La relation de coréférence est bloquée si le pronom et son antécédent appartiennent au même domaine propositionnel. Les exemples suivants montrent que l’interprétation coréférentielle du pronom lui et de

Marie dans la première est impossible et lui et Jean est « une option légitime ». 1 Marie lui a offert un livre

2 Jean croit que Marie lui a offert un livre. (Noam Chomsky :16)

Les pronoms réflexifs et réciproques en français

Le pronom SE en français est clitique. Il se place devant le verbe. A la différence de l’anglais (himself) et de l’arabe, il est à la fois réfléchi et réciproque :

Il se regarde dans le miroir. Emploi réflexif Ils se regardent. Emploi réciproque

La distribution des pronoms réflexifs et réciproques obéit à des restrictions .L’anaphore en français ne peut être employée comme sujet de la phrase ou de la subordonnée. .

*lui-même se lave.

Le pronom SE peut-être renforcé par lui-même, moi-même, soi-même, mais certaines contraintes syntaxiques s’imposent :

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*Nabil voit lui-même dans le miroir. Nabil se voit lui-même dans le miroir.

Cette remarque peut être étendue aux pronoms réciproques« l’un et l’autre » où nous constatons des limites.

Ces amis se sont vus.

*ces amis se sont vus l’un l’autre.

Avec certains verbes tels que penser, parler, se moquer l’emploi des réflexifs et des réciproques « soi », « soi- même », « l’un et l’autre » obéit à des règles :

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