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Les grammaires

Dans le document Pronoms complements (Page 90-94)

1-Les pronoms compléments à travers quelques méthodologies Introduction

2- Les grammaires

2-1-La grammaire implicite / explicite

Dans le cadre des méthodes audio-visuelles, l’enseignant ne donne aucune description grammaticale et évite tout métalangage sur le fonctionnement de la langue étrangère. L’appropriation des faits de langue est intuitive ; c’est par la manipulation guidée des structures grammaticales que l’apprenant parvient à les réutiliser dans d’autres situations de communication.

En revanche, la grammaire explicite a pour objectif d’éclairer l’esprit de l’apprenant à travers l’explicitation des règles. Cette démarche lui permet de comprendre les règles de la grammaire et de les appliquer à bon escient. Dans la théorie du « moniteur » (1976-1981), est qui à la base de l’enseignement, des langues, Krashen distingue l’apprentissage de l’acquisition sans, toutefois trancher de l’efficacité de l’un par rapport à l’autre, car cela dépend du degré de l’implication de l’apprenant. L’apprentissage « environnements formels », notamment scolaire suppose la maitrise des règles présentées de façon explicite, l’acquisition « environnements informels » en situation naturelle renvoie à l’intériorisation de règles de façon implicite. L’hypothèse du « moniteur » s’appuie sur le postulat suivant : le processus d’acquisition et d’apprentissage interviennent de manière différente dans les productions langagières. La fluidité de la production langagière au niveau de la communication est tributaire de la compétence acquise. Alors que la

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fonction du « moniteur » est de contrôler l’exactitude de la production. Pour que les apprenants puissent avoir accès au « moniteur », trois conditions sont nécessaires :

Il faut donner aux apprenants suffisamment de temps

L’apprenant ne doit pas s’impliquer totalement dans le contenu de la production au détriment de la forme.

Le moniteur ne s’appuie que sur les connaissances qu’à l’apprenant des règles grammaticales apprises explicitement dans un environnement formel.

Selon Krashen, l’usage du moniteur dépend entièrement des méthodes utilisées en classe de langue et de style d’apprentissage.

2-2-La grammaire de texte et de la phase

La grammaire de texte est une nouvelle approche dans l’enseignement du français langue étrangère. L’enseignement /apprentissage des langues est le fruit des recherches en linguistique : l’approche énonciative, la pragmatique, la philosophie du langage. Les didacticiens se sont tournés vers l’étude du contexte en prenant en compte aussi bien la linguistique que l’extralinguistique et toute les dimensions dans lesquelles un acte de communication se réalise dans le discours. Ainsi, une coupure épistémologique s’établit avec l’analyse phrastique. De ce fait, La grammaire textuelle tente de pallier les insuffisances de la grammaire de la phrase et de l’enseignement traditionnel. En effet, il n’est pas possible d’expliquer certains phénomènes linguistiques tels que les anaphores, le fonctionnement des temps verbaux, les connecteurs, les modalisateurs, les repères énonciatifs sans prendre en compte l’aspect textuel.

Si la grammaire de la phrase s’occupe des fonctions des pronoms personnels sujets et compléments, la grammaire textuelle se penche sur la répartition de ces pronoms dans le texte. Dans le cadre de la progression thématique, ces pronoms ne sont plus sujets de la phrase ou simples compléments, ils ont plutôt une valeur thématique. Ils assurent donc la cohérence textuelle par le biais des reprises grammaticales. Le principe de cohérence est un concept clé à prendre en charge dans toute action pédagogique. Dans cette optique Charolles cite quatre métas règles qui donne au texte son homogénéité et sa cohésion :

92  Méta règle de répétition  Méta règle de progression  Méta règle de non contradiction  Méta règle de relation

Concernant le méta règle de répétition, Charolles donne l’explication suivante :

« Pour assurer ces répétions, la langue dispose de ressources nombreuses et variée : pronominalisation, définitivisation, référentiation contextuelle(…) Tous ces éléments permettent d’accrocher une phrase (ou une séquence) à une autre qui se trouve dans son entourage immédiat rappelant précisément tel ou tel constituant dans un constituant voisin »Cité in (Français 3ème AS. Guide du professeur, 1990 :13)

Cela dit, cette grammaire se désintéresse de la syntaxe, elle se fixe pour objectif la compréhension des textes oraux et scripturaux. Il s’agit de comprendre comment les éléments linguistiques s’enchainent et progressent dans le texte. Cette progression est assurée par les substituts lexicaux et grammaticaux et les déictiques. La grammaire textuelle constitue un intérêt certain pour la didactique des langues notamment pour les apprenants avancés ayant déjà acquis les notions de base.

Nous savons que les élèves connaissent les pronoms personnels de conjugaison et compléments mais leur actualisation dans le discours leur fait défaut. Leur emploi ne peut donner de bons résultats qu’à travers les activités de langue et de l’écriture (les règles de cohérence). La connaissance des fonctions des pronoms n’est pas suffisante ; il est fondamental d’intensifier les activités sur la rédaction des textes (argumentatif, explicatif et narratif) en mettant l’accent sur les règles de reprises grammaticales et sur la cohérence textuelle.

Nous pensons, également, que la grammaire de la phrase est importante dans tout acte pédagogique dans la mesure où elle permet aux apprenants de maitriser l’emploi des règles morphosyntaxiques .En effet, certaines notions de base peuvent être abordées sans recourir à la grammaire textuelle tels que l’accord du participe passé, la conjugaison, l’orthographe…

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2-3-La grammaire énonciative et la pragmatique

La grammaire énonciative telle que nous l’avons déjà présentée dans la partie théorique est une grammaire orientée vers le discours. L’intérêt de cette grammaire est de décrire les éléments linguistiques tels qu’ils se réalisent dans un acte de communication. Elle ne prend pas en compte les fonctions des catégories grammaticales au sens traditionnel du terme ; elle se soucie, bien au contraire, de décrire leurs fonctions discursives. Elle s’occupe donc des pronoms personnels, des temps verbaux, des déterminants et de tout ce qui donne lieu à un acte individuel dans une situation de communication authentique. La pensée de Benveniste marque un tournant décisif dans la réflexion linguistique et contribue à ouvrir d’autres investigations scientifiques centrées sur le discours.

Avant l’énonciation, la langue n’est que la possibilité de la langue. Après l’énonciation, la langue est effectuée en une instance de discours, qui émane d’un locuteur(…) et qui suscite une autre énonciation en retour. (E.

Benveniste 1974 : 81)

Du point de vue pédagogique cette grammaire a un grand intérêt, car elle dépasse largement le cadre limité de la phrase. L’accent est mis sur la situation d’énonciation dans laquelle la parole a été émise et sur les différentes dimensions du langage. Dans cette optique, la lumière est faite sur les actants (qui parle ?à qui parle ?), sur les circonstants (temps et lieu), et sur les intentions communicatives.

Les actes de parole sont, également, pris en charge dans l’enseignement/apprentissage du français. L’étude des actes de parole est fondamentale car, elle permet de comprendre les intentions communicatives, de s’adapter à la situation de communication. La théorie des actes de langage a été mise en place par Austin et développée par d’autres auteurs tels que Jean Searle. Pour ce dernier, tous les actes de langages possèdent une « force illocutionnaire » qui détermine comment l’énoncé doit être reçu par le récepteur. Ce linguiste distingue trois notions clés : le locutoire, l’illocutoire et le perlocutoire.

Le locutoire correspond à l’énoncé ayant un sens

L’illocutoire prend en charge l’action exercée sur l’autre (ordonner, convaincre, persuader…)

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Le perlocutoire : elle renvoie à l’effet produit par la production de l’énoncé sur l’énonciataire

La modalisation : Celle-ci renvoie à l’étude du procès d’énonciation. L’accent est mis sur le degré de présence ou de distanciation de l’énonciateur par rapport à son texte. Elle se manifeste par l’emploi des modalisateurs (adjectifs, verbes d’opinion, verbes de modalité, les temps et les modes, les adverbes….).

Du point de vue pédagogique, l’apprenant prend conscience du rapport qu’entretient l’énonciateur avec son texte : adhésion, pont de vue nuancé ou refus .La modalisation permet à l’apprenant de se situer lui-même par rapport à son discours, donc il sera en mesure de nuancer son discours ou d’adhérer complètement. L’étude des modalisateurs doit lui permettre d’appréhender le discours. La nomenclature des termes modalisant n’est pas étudiée pour elle-même ; l’objectif est de sensibiliser les apprenants à des effets de sens produits par leur emploi dans le discours.

3-Les choix méthodologiques

Dans le document Pronoms complements (Page 90-94)