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2-3 La progression à thème linéaire

4- La Progression thématique dans le roman Mendiants et orgueilleux

Au cours de la lecture, nous avons réalisé que ce roman traite de multiple thématiques, telles que :

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La misère

Dans cette maison délabrée et sordide du quartier indigène, habitée par de pauvres être faméliques, on ne lavait jamais le dallage ».122

Délabrée, sordide, pauvre sont autant de termes représentatifs du thème de la misère.. La thématique de la misère couvre la partie majoritaire du roman, nous pensons que Cossery avait proposé le terme « mendiant » dans l’intitulé pour dénoter l’aspect (portrait) misérable de ses personnages, nous pouvons dire par là même que la mendicité entant que thème est explorée dans le corpus soumis à l’étude sous une autre forme plus proche qui est celle de « la misère », car dans la plupart des passages où Cossery décrit ses personnages mendiants, il fait plutôt recours aux termes tels que : misère, misérable, misérablement,…etc. qui définissent plus précisément le thème de la misère.

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Il est à signaler que l’auteur débute son roman par le traitement de cette thématique.

Elle ne pouvait comprendre cette insensibilité devant ce qui lui paraissait être la seule dignité de l’univers : la soumission dans le malheur. Longtemps, dans ce logis sinistre, elle entendrait encore ce rire plus terrible qu’un cri de révolte. Elle aurait peut-être admis la révolte, mais non la dérision.

Elle ne doutait point que tous ses sacrifices seraient vains ; l’argent était le moins précieux de ses dons. Elle s’était privée de tout en sa faveur ; il ne lui restait plus que sa vie à lui donner. Pourquoi ne lui prenait-il pas la vie ? Est-ce qu’il viendrait un jour pour l’assassiner ? Elle s’attendait à tout de sa part.

- Tu finiras par me tuer, dit-elle.

- Mais non, mère. Quelle idée dramatique ! La vie est plus simple que ça. Donne-moi l’argent et je m’en vais. C’est tout. Il n’y a rien de tragique, je t’assure. Où vois-tu le drame ? Il n’y a que toi pour croire que le monde est sérieux ; Le monde est gai, mère ! Il faudrait que tu sortes t’amuser un peu ».123

Il aborde ensuite les autres thèmes tels que : le crime, la révolte, la marginalité,…etc. et clôture son écrit (histoire) en reprenant le même thème qui est celui de « la misère » comme le démontre les derniers passages finalisant son roman dont voici un extrait que nous avons choisi pour l’illustration.

- Comment es-tu tombé dans une telle misère ? D’après ton langage, tu sembles un homme instruit, je dirais même, hautement cultivé. Normalement, tu aurais dû occuper un rang élevé dans la hiérarchie sociale. Cependant tu vis en mendiant. Il y a là un mystère que je voudrais comprendre. - Il n’y a là aucun mystère. Je vis en mendiant parce que je

le désire.

- Pa Allah ! tu es un homme étonnant. De plus en plus ta mentalité échappe à ma compréhension.

- La vérité, monsieur l’officier, est que tu t’étonne facilement. La vie, la vraie vie, est d’une simplicité enfantine. Il n’y a pas de mystère ».124

123Albert CosseryI,op.cit, p.50 124

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- Le thème de la drogue :

La drogue ! Il avait oublié la drogue. La mort de ce voisin ignare avait outrageusement dérangé ses habitudes : Gohar ne se réveillait qu’à la nuit tombée ; c’était encore trop tôt pour se procurer de la drogue. Son unique fournisseur était Yéghen, et il ne pourrait rencontrer celui-ci que le soir. Il lui était impossible de le trouver maintenant ; Yéghen n’avait pas de domicile fixe, il n’habitait nulle part.

Comment allait-il tenir jusqu’au soir, sans drogue ? Cette perspective l’affola un peu ; il allait souffrir, il le savait, et il s’apprêta calmement à cette souffrance. Il prit dans sa poche un petit sachet fripé, en retira une pastille de menthe et se mit à la sucer lentement, avec application. Elle n’avait pas le goût âcre de la boulette de hachisch, mais ce simulacre suffit à l’apaiser ».125

La multiplicité de l’usage du terme « drogue » signifie que ce passage traite une autre thématique que celle évoquée précédemment, on retrouve ce mot inclus dans la première phrase qui est exclamative et constitue uniquement de ce terme générique qui est « drogue » et qui se répète au niveau de la deuxième phrase comme pour apporter plus d’éclairage sur le contenu de l’expression précédente, le même mot se retrouve dans la phrase qui suit et au début du paragraphe même qui suit, qui (à son tours) se clôture par l’insertion d’une autre entité lexicale définissant le thème de la drogue.

- Le thème du crime

Comment Gohar en était-il arrivé là ? Quel absurde enchaînement de circonstances l’avait poussé à commettre le seul acte pour lequel il n’était point fait ? Gohar était l’être le moins enclin à la violence. Alors comment imaginer qu’il se fût attaqué à une petite prostituée inoffensive, créature pitoyable entre toutes ? Yéghen aurait voulu demander à Gohar de plus amples détails sur la scène hallucinante qui s’était déroulée entre lui et sa victime, mais une espèce de pudeur, de délicate discrétion, le retenait. Qu’avait-il besoin de savoir ? L’amitié

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véritable ne devait-elle pas se montrer à la hauteur de sa tâche, sans demander des explications ? »126

A travers ce monologue, le thème du crime est très bien détaillé ; Yeghen s’interroge sur les raison qui ont poussé Gohar à commettre son meurtre (crime) ; ainsi « scène hallucinante », victime sont les termes employés par l’auteur pour exprimer cette thématique.

Nous pouvons dire donc que la progression dans le roman en question est à thèmes dérives ou divisés