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Dans le sillage des efforts consentis pour endiguer l’ampleur de la facture alimentaire, une nouvelle politique devant recadrer le développement de la filière laitière a été mise en place en 2005 dans le cadre de la relance économique 2005-2009. Selon le service de communication du ministère de l’Agriculture et du développement rural, ces nouvelles mesures se traduiront par la révision à la hausse des subventions allouées aux acteurs de la filière, en l’occurrence les éleveurs, transformateurs et collecteurs.

L’objectif visé par ces opérations d’aide est de parvenir, de période en période et au moyen d’une intégration graduelle du lait cru dans le processus de transformation et de production du sachet de lait, à l’élimination à terme de la poudre de lait.

1. Mesures de ce programme

L’Etat a mis en place, dans le cadre du FNRDA, (Fond National de Régulation du Développement Agricole) un système de subventions, (le montant engagé pour cette filière est estimé à 3,2 milliards de DA(81), articulé autour de trois principaux programmes :

La promotion de la collecte du lait cru : à travers une prime d’incitation à la production locale de lait livré à la transformation qui consiste en l’octroi de 12 dinars par litre aux producteurs (elle est passée de 7 à 12 DA), prime de 5 dinars par litre aux collecteurs de lait cru qui le livrent aux transformateurs et de 4 dinars toujours par litre aux transformateurs pour l’intégration du lait cru dans la production du lait en sachet. Sachant que la CIPA (confédération des industriels et producteurs algériens) a estimé, par ailleurs, qu’il serait nécessaire d’augmenter la prime d’intégration du lait cru de 4 à 9 DA. L’éleveur a également un bonus de 0,5 DA pour chaque gramme de matière grasse contenu dans le litre de lait.(82)

L’incitation à la production fourragère : l’Etat a institué des subventions pour encourager l’éleveur à cultiver lui-même l’aliment pour ses bêtes, à travers des primes de 5 000 DA/ha pour la production fourragère, pour la construction de silo, pour la production d’ensilage ;

Exemption des producteurs agricoles de la taxe sur valeur ajoutée, au titre de la compagne agricole 2008-2009, de certains engrais et produits phytosanitaires et insecticides pour encourager la production fourragère, ainsi

que sur les produits chimiques et organiques importés par les fabricants de médicaments vétérinaires.

(81) bilans annuels de l’ONIL, 2009

(82) Quotidien d’Oran n°4423, du 09/03/2010 ; Conflit entre producteurs et transformateurs : ça tourne au vinaigre chez les laitiers, pp2.

141  L’incitation à la réalisation de mini- laiteries : pour encourager la mise en place de laiteries de petites dimensions, il est prévu un financement de 40% de l’équipement de mini- laiterie d’une capacité de 5 000 à 10 000 litres. Ce financement est porté à 60% lorsque les investissements sont réalisés par des producteurs organisés en coopératives ;

La promotion de l’investissement à la ferme : une subvention pour l’achat d’une génisse laitière de l’ordre de 25 à 30% est accordée(83)

Les éleveurs disposant de douze (12) vaches laitières et plus peuvent bénéficier d’un financement à concours de 50% des installations d’étables, des équipements d’irrigation et de matériels de récolte et à 40 à 50% des matériels laitiers.

Une prime de naissance de 30 000 DA est également accordée aux éleveurs dans le cadre de l’insémination artificielle pratiquée sous contrôle vétérinaire. Une prime de 60 000 DA est offerte aux éleveurs après trois mois de la naissance du veau en plus des 60 000 accordées à sa naissance et son insémination artificielle.

Une compagne de sensibilisation : Une compagne intensive de sensibilisation est également menée par les services techniques de la direction des services agricoles à l’adresse des éleveurs pour les amener à un meilleur respect du processus technique pratiqué en matière d’élevage et de production laitière.

Octroi de modules d’élevage : bovin, ovin, caprin et apicole (864 éleveurs ont bénéficié des aides pour promouvoir le petit élevage en milieu rural, lors des festivités du 5 Juillet 2009, dont 480 ont reçu chacun un module ovin comprenant 10 brebis et 2 béliers, soit 5.280 têtes. 248 éleveurs ont bénéficié chacun d’un module bovin comprenant 1 vache et 2 génisses. Ainsi que 16 modules caprins ont été octroyés soit 176 sujets.(84)

Soutien à l’acquisition de bassins laitiers : Des producteurs de plusieurs wilayas ont bénéficié, dans le cadre du plan national de développement agricole (PNDA) de soutien nécessaire pour l’acquisition de 151 bassins pour

(83) l’Orani, n°2138, du 28/02/2010 ; Des mesures pour les producteurs de lait, pp5. (84) Le Quotidien d’Oran n°6310, du 08/07/2009 ; La promotion du petit élevage, pp5.

le refroidissement du lait cru et 155 machines à traire modernes.(85)

La mise en œuvre d’une telle politique est prise en charge par les professionnels ; c’est pour cela qu’il a été mis en place un Conseil National Interprofessionnel du lait (CNIF), et un Office Interprofessionnel du lait.

2. Bilan de ce programme

Le montant engagé était de 3,2 milliards de DA, mais à la fin de ce plan, l’Etat aurait dépensé un montant de 5,8 milliards de DA dans le cadre des subventions pour cette filière.

(86)

Tableau 37: Comparative des montants engagés dans le cadre des deux plans (2001-2004) et (2005-2009)

U : 106DA Plan (2001-2004) Plan (2005-2009)

Montants 900 5.800

Source : bilans annuels de l’ONIL

Graphe 27: Comparative des montants engagés dans le cadre des deux plans (2001-2004) et (2005-2009)

(85) Le Quotidien d’Oran, n° 2741, du 18/02/2010 ; « Le lait coule à flot », p21 (86) Bilans annuels de l’ONIL

143 Les résultats comptabilisés, ont montré que certes, la collecte du lait cru issue des fermes d’élevage, est passée de 218 millions de litres en 2008 à 380 millions de litres en 2009, mais l’intégration de ce produit dans le circuit industriel reste insuffisante.

Durant l’année 2009, l’office qui devait collecter 400 millions de litres (87), un engagement inscrit dans le contrat de performance et du développement rural, n’a réalisé que 380 millions de litres.

Le niveau de collecte reste faible (il ne dépasse pas 10 à 15% de la traite) par rapport au potentiel de la production nationale, estimé à plus de 2 milliards de litres cru/an pour un cheptel de 900.000 vaches laitières, pour des raisons qui tiennent aux avantages que confère le recours à la poudre de lait importée.

Tableau 38: La collecte du lait cru

(U : millions de litres)

2007 2008 2009 2010

La collecte 187 218 380 420

Source : bilans annuels de l’ONIL

Graphe 28: La collecte du lait cru

Source : fait par nos soins à partir du tableau

Les importations de poudre de lait ont atteint 121 000 tonnes en 2009, en baisse par rapport à 2008, où elles avaient été de 145 000 tonnes. Selon les données statistiques du centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (Cnis), la facture des laits et produits laitiers s’est établie à 862,76 millions de dollars en 2009, contre 1,28 milliards de

dollars en 2008, soit une baisse de 32,9%.

Tableau 39: Importation poudre de lait

(U : tonne)

2005 2008 2009 2010

Importation 235.600 145.000 121.000 146.000

Source : centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (CNIS)

Graphe 29: Importation poudre de lait

Source : fait par nos soins à partir du tableau

Tableau 40: Facture d’importation de PDL

(U : millions de dollars)

2006 2007 2008 2009

Facture 1.290 1.060 1.280 862,76

Source : centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (CNIS)

Graphe 30: Facture d’importation de PDL

145 Cette baisse des importations s’accompagne d’un engouement pour l’élevage bovin, souligne le DG de l’Onil. Plus de 14 000 génisses ont été importées par les éleveurs en 2009 contre seulement 1 200 en 2008. Les différents maillions de la filière, à savoir les éleveurs, les collecteurs et les industriels, ont été encouragés par le système des primes, qui en attire de plus en plus, a-t-il ajouté et a permis la stabilisation du prix du lait à 25 DA le litre.

Tableau 41: Importation de génisses

(U : génisses)

2008 2009

Génisses importées 1.200 14.000

Source : centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (CNIS)

Graphe 31: Importation de génisses

Source : fait par nos soins à partir du tableau

La production du lait cru est passée de 2,23 milliards de litres en 2008 à 2,45 milliards de litres en 2009. Les besoins du marché sont estimés à 1,5 milliards de litres pour le lait en sachet qui reste le plus prisé par les couches populaires pour son prix subventionné. Selon le ministère de l’agriculture, le chiffre d’Affaires de la filière a atteint 160 milliards de dinars en 2009 et a permis la création de quelque 100 000 emplois permanents. Selon la même, la filière compte 13 000 éleveurs, 129 laiteries et 650 collecteurs.

Tableau 42: Production de lait cru

(U : milliards de litres)

2008 2009

Production 2,23 2,45

Graphe 32: Production de lait cru

Source : fait par nos soins à partir du tableau

Le but de cette nouvelle réforme était de réduire la facture d’importation de la poudre de lait de 50%. Mais, la réduction des quotas de poudre de lait importé a crée une tension économique et sociale nationale, ce qui a poussé le gouvernement à en importer 25 milles tonnes de plus qu’en 2010(88). Les résultats de cette politique se résument comme suit :

 Pénurie de lait en sachet,

Certains revendeurs pratiques une vente « corrélative » forcée : un père de famille s’élève contre cette vente concomitante ou les vendeurs obligent les clients à acheter deux pots de yaourt,(89)

 Plusieurs laiteries sont en arrêt d’activité ou avec une production réduite faute de matière première,

 Les producteurs de lait ont refusé d’utiliser le lait cru de vache pour leur production. Le lait en poudre est stérilisé avant son importation, alors que le lait de vache doit passer par plusieurs étapes et couteuses pour l’être,

 La fraude dans la composition d’un sachet de lait, des analyses faites, ont démontré qu’il contenait 70g de poudre de lait dans un litre d’eau au lieu de 100g,(90)

 Chaque matin à l’aube, d’interminables chaines se forment, pour acheter un sachet de lait, une heure, parfois plus, avant le passage du camion livreur qui ne dépose que la

(88) El Khaber, n°6174, du 11/11/10 ; « Une guerre » pour un sachet de lait, pp2 & Le Quotidien d’Oran n°3112 du 11/11/10 ; 21 milliards de litres de lait vendus sur le marché parallèle,pp4)

(89) Le Quotidien d’Oran n°4847, du 09/11/10, Le lait de vache fait recette à Bordj Bou Arréridj pp6) (90) El Khaber, n°6184, du 23/11/2010, La solution dans le contrôle des vaches importées , pp3)

147 moitié, souvent moins, de la demande,(91)

 Grève des distributeurs de lait pasteurisé en sachet pour rappeler aux responsables que c’est leur gagne pain qui est menacé,(92)

 Augmentation de l’importation de la poudre de lait en 2010 par rapport à 2009 de 25.000 tonnes (elle est passée de 121.000 tonnes en 2009 à 146.000 tonnes en 2010),

(93)

Le prix d’une boite de lait en poudre a augmenté et a atteint les 400 et 450DA dans plusieurs régions du sud notamment Timimoun, Borj Baji Moukhtar et Tamenraset.(94)

Paragraphe 3 : Programme de développement quinquennal (2010-2014)