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Paragraphe 3 : Situation laitière à fin 2010

3. Les points clefs

Une politique, est un faisceau de dispositions qui ne se mettent pas toujours en place au moment le plus opportun. Il faut donc du temps pour qu’elles s’articulent correctement entre elles et exercent leurs effets. Dans l’exemple tunisien, il a fallu près de 20 ans après que les bonnes décisions aient été prises, pour accéder à une certaine auto suffisance.

Trois décisions apparaissent comme incontournables : 1. La taxation de la poudre de lait à l’importation ;

2. L’aide à la collecte vers des centres contrôlés (publics ou privés) pour concurrencer le colportage ;

3. La montée en puissance d’un cheptel performant par l’importation de génisses et l’organisation de la « filière » génétique.

Il faut aussi que des partenariats se mettent en place entre pays du Nord et de Sud de la Méditerranée.

Les exemples sont maintenant nombreux, de nouvelles entreprises adoptant des stratégies de partenariat avec des firmes étrangères pour bénéficier de la compétence et de la notoriété d’entreprises à dimension internationale. Par ailleurs, la coopération conventionnelle bilatérale (dans le cas Tunisie, Belgique, Luxembourg, France…) ou de type décentralisée (entre deux régions) peut être efficace si elle se coule dans le moule d’une politique cohérente.

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CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE :

Notre essai d’évaluation des politiques économiques établies par l’Etat, en perspectives d’une transition vers l’économie de marché, a permis d’établir un diagnostic de la filière lait et de comprendre les actions entreprises en sa faveur dans le cadre du développement du pays et en particulier celui de l'élevage bovin.

On peut d'ores et déjà conclure que la contribution des programmes antérieurs de développement dans leur ensemble, visant une augmentation effective de la production laitière, n’a pas eu les effets escomptés et ne peut guère constituer une “stratégie” à long terme. Les interventions de l'Etat en termes de soutien aux prix et à l'investissement n'ont eu que des résultats limités et la décision de consacrer une subvention à l’importation de lait en poudre pour soutenir les prix à la consommation n’est qu’un traitement symptomatique. Dans sa structuration actuelle, la filière n'est pas rentable et non compétitive ; elle subirait fortement les conséquences du marché international.

Les hypothèses de travail de l'essai se vérifient d'elles- mêmes, et l'on peut avancer que les actions contenues dans le dernier plan de développement (PNDA) constituaient un point de départ significatif dans la mesure où elles ont été orientées spécifiquement vers la ferme. Toutefois les résultats attendus ne peuvent être significatifs qu'à moyen terme avec un appui soutenu et sans cesse croissant au développement.

La demande en lait au niveau national s'est fortement accrue et n'est couverte qu'aux deux tiers (2/3) seulement, dont 70% sont fournis par les importations. Tous les efforts menés jusqu'à présent par l'Etat pour améliorer la production se sont soldés par des fluctuations peut convaincantes et ne répondent pas aux besoins croissants de la population. La filière lait reste déstructurée avec un taux de collecte frôlant les 10% ; et d'intégration dans le processus de transformation de 5% seulement. L'absence d'organisation à la base de la filière fait que, quel que soit le type de soutien, il sera totalement absorbé sans résultat visible.

Notre diagnostic montre que la filière n'est pas structurée pour pouvoir affronter le marché libre. Elle est constituée d'un ensemble de maillons de nature éparse sans relations perceptibles d'intérêts économique et social. Ce sont des agriculteurs, des producteurs de fourrages, des importateurs d'aliments du bétail, des unités de transformation aussi, des

structures administratives et financières sans incidences effectives sur le devenir immédiat et concret de l'évolution à imprimer à la filière.

Le renforcement des maillons de base par la mise en place de formes d'organisation susceptibles d'agir pour le compte et au nom des producteurs, avec la capacité de gérer, l'amont et l'aval de la ferme constituera un progrès indéniable en mesure de faciliter la structuration logique de la filière dans un marché libre. L'unité d'organisation élémentaire est un maillon de base nécessaire à la prise en charge des actions de développement, de négociation et de démarches administratives et juridiques portant sur l'intérêt des producteurs.

Notre étude indique que l'intégration dans le marché libre de la filière lait va être à l'origine d'effets positifs pour l'unité de transformation par la nécessité de libéralisation des prix administrés et par conséquent la possibilité d'enregistrer un profit, jusque là pratiquement absent. Ce profit proviendra du calcul d'un prix de vente réel à la porte de l'usine.

Le développement de l'agriculture en général et celui du bovin en particulier, sont fortement liés à la politique de l'eau. Les insuffisances en matière de mobilisation et de distribution ainsi que les cycles de sécheresse subis depuis l'indépendance ont fait que les efforts consentis sont restés peu significatifs au regard des besoins à la consommation. Aujourd'hui, l'agriculture et l'élevage sont engagés dans un double processus de négociations et de reformes qui déterminera leur devenir.

Parallèlement, la faiblesse de technicité chez les éleveurs dans la maîtrise et la rigueur de la conduite du troupeau, l'exploitation des techniques de reproduction, incite à une révision globale des systèmes de formation et d'acquisition des données qui n'offrent aucune possibilité d'organisation des éleveurs. C'est de la capacité de pouvoir s'organiser que dépendra de loin la vitesse de croissance de la filière.

Tous les indices montrent qu’il faut sortir de cette logique peu porteuse et d’investir dans des solutions plus appropriées qui réhabiliteraient d’une façon définitive la filière lait dans notre pays. Or, sur le terrain, l'ensemble des projets peinent à voir le jour, compromettant davantage l'évolution de cette filière.

La stratégie à recommander, pour éviter l’asphyxie de la filière, est de faire de l'unité de transformation «une véritable centrale laitière et lui conférer un rôle de pôle de rayonnement rural». Faire évoluer les centres de collecte progressivement en coopératives

171 laitières qui constitueront alors l'unité de base en mesure d'entreprendre des actions de collecte et de commercialisation du lait de vache, cette tâche de collecte est un trait d’union entre les éleveurs producteurs de lait et les transformateurs. L’action coopérative apparaît alors, comme une voie royale.

Les coopératives sont des groupements de collecte de lait à initiative privée ou publique qui s’organisent et négocient des contrats avec les unités de transformation. L’action collective portée par les coopératives permet aux coopérateurs d’augmenter leur pouvoir de négociation, par exemple face aux industriels de la transformation.

Par ailleurs, selon les experts, pour améliorer la filière lait, on note qu’il y a urgence, à mettre fin à la bureaucratie paralysante : la faiblesse de l’investissement est due pour plus de 60% aux obstacles bureaucratiques, il s’agit de lever ces obstacles qui nuisent à l’épanouissement des énergies créatrices de richesses.

Sur taxer la poudre de lait importée de façon à assurer une protection de 15% à la production locale, c’est l’élément clé des dispositifs.

L’Etat doit réussir sa révolution verte, ainsi elle devra améliorer les conditions de production localement du fourrage vert, à travers la création de prairies. Et ouvrir une nouvelle piste pour une production de maïs.

Asseoir un processus fiable afin de développer un partenariat interprofessionnel (partenariat durable entre les professionnels du lait) pour une stratégie d’intégration industrielle de la production nationale de lait cru.

Il s’agit de l’absence de traçabilité, toutes les vaches devraient avoir un matricule comme les voitures.

Et enfin, encourager l’investissement dans les industries, ainsi le lait cru non écoulé sera usiné et transformé en poudre, ce à quoi s’est attelé le gouvernement depuis 1997 en lançant un programme de développement de l’industrie laitière mais sans résultats.

CONCLUSION

Les modes de gestion et les orientations mises en place pendant toute une décennie dans le but du développement économique ont démarré sur un mauvais chemin et ont eu pour conséquence « la crise du secteur public ; il en a résulté une économie fragilisée. Plusieurs formules ont, depuis, été tentées, d’où une instabilité chronique, des discontinuités et des ruptures successives.

La chute des prix du pétrole de 1986 a joué un rôle révélateur des insuffisances de l’économie. Ce qui va entraîner l’adoption laborieuse d’une autre politique, la précédente n’étant pas abandonnée que sous la contrainte des réalités, ce qui va aboutir au programme de stabilisation macro-économique de 1994-1998.

Le bilan dressé de la mise en œuvre de ce plan a permis de constater que les objectifs essentiels qui avaient été tracés ont été largement atteints, mais que le pays n’a pas pu valoriser de manière efficace ses acquis.

En 2002, malgré les améliorations des ressources procurées par les hydrocarbures, les réformes économiques marquent le pas, mais la relance économique tarde à venir.

L’adoption de la démarche filière, dans notre étude, a pu nous aider à montrer les dysfonctionnements dont elle souffre ainsi que les efforts déployés pour remédier à ces faiblesses. La politique laitière nationale a prouvé ses faiblesses.

Il a été également possible de constater que, malgré un certain nombre d’insuffisances liées aux conditions d’application, la nouvelle politique de développement agricole –le PNDA-, en permettant l’accès aux crédits et en impulsant, dans des délais assez limités, une dynamique active d’investissements grâce aux soutiens apportés aux divers acteurs de la filière, a ouvert une nouvelle étape et des perspectives réelles de progression notamment de la production laitière à partir du lait cru local.

Il peut être aussi affirmé que les politiques d'intervention gouvernementale sur les prix et le soutien à l'investissement, vont connaître des adaptations successives aux différents contextes nouveaux tels qu'ils se présenteront dans le cadre d'une intégration au marché libre.

173 En effet, l’option semble désormais arrêter d’accélérer les réformes économiques et de passer rapidement à la libéralisation des marchés qui pourraient à présent avoir un rôle clé à jouer dans la recherche des solutions véritables aux problèmes de fond.

Ainsi, ce travail confirme les hypothèses posées au départ et incite à considérer comme fondées les idées exprimées sur les dangers de la persistance de l’enlisement des réformes.

Résumé

Le Fonctionnement des entreprises publiques dans la phase de transition vers l’économie de marché pose des questions théoriques et pratiques complexes. La problématique de notre projet de recherche s’interroge sur l’impact des réformes économique sur le développement des entreprises publiques. Après avoir situé la problématique, ce travail examine deux partie une partie théorique qui concerne les entreprises publiques en générale face aux différentes réformes et une partie pratique, dans le cas particulier de la filière lait en Algérie. L’étude de cas, analyse les différentes politiques laitières et propose une réflexion sur l’analyse stratégique dans une économie de transition. Il apparaît en conclusion, que la marge de manœuvre de l’entreprise s’avère très étroite, et que sa survie est en péril au cas où les solutions aux problèmes de fond ne sont pas assurées par une relance du processus des réformes stables.

Mots clés :

Algérie; Analyse stratégique; Economie de marché; Economie en transition; Entreprise publique; Filière lait; Privatisation; Réformes économiques; Stratégie.