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Partie A : Introduction

1. Origines développementales de la santé et des maladies de l’adulte ou Developmental Origins of Health and Disease

1.2. Programmation développementale du syndrome métabolique

1.2.1. Programmation développementale de l’obésité

participe à la mise en place de ces adaptations (voir § 1.3), nous pouvons ainsi le définir comme un agent programmateur de la santé post-natale (voir § 1.3.5).

1.2. Programmation développementale du syndrome métabolique

Le syndrome métabolique est défini par l’association d’une obésité centrale (c’est-à-dire une augmentation du périmètre abdominal) et au moins deux des quatre critères suivants : concentration plasmatique en triglycérides élevée, diminution du taux de cholestérol-HDL (High-Density Lipoprotein), hypertension et glycémie à jeun élevée (Tableau A.1)(Federation 2006; Alberti et al. 2009). La valeur seuil recommandée pour le tour de taille, pour le diagnostic de l’obésité abdominale, varie en fonction des pays et entre les hommes et les femmes (Tableau A.2) (Federation 2006; Alberti et al. 2009).

Chacun de ces paramètres développés à l’âge adulte est en partie programmé par l’environnement in utero et par l’environnement au cours des premières années après la naissance.

1.2.1. Programmation développementale de l’obésité

L’Indice de Masse Corporelle (IMC), utilisé pour estimer la corpulence d’une personne, est le rapport entre sa masse (en kg) et sa taille (en m) au carré. Chez l’Homme adulte, le surpoids est défini par un IMC supérieur à 25kg/m2 et l’obésité par un IMC supérieur à 30kg/m2. Entre les années 1980 et 2000, la prévalence mondiale de l’obésité a doublé chez les adultes d’une prévalence de 15% en 1980, à 23,3% en 1994 pour atteindre 30,9% en 2000. (Campfield et al. 1998; Flegal et al. 2002; Ogden et al. 2007). Depuis 2000, l’augmentation du nombre d’adultes obèses se poursuit puisqu’ils représentaient 36% de la population aux Etats-Unis. En revanche, chez les enfants/adolescents, la prévalence de l’obésité stagne à 17% depuis 2003-2004 (obésité définie dans cette étude par un IMC supérieur ou égal au 95ème percentile de l’IMC à cet âge sur les diagrammes de croissance)(Ogden et al. 2002; Ogden et al. 2012; Ogden et al. 2015). Cette augmentation de la prévalence de l’obésité est associée à une augmentation d’autres pathologies incluant le diabète de type 2, une pression artérielle élevée et des pathologies cardiovasculaires (Ogden et al. 2007). En France, l’enquête ObEpi, mise à jour régulièrement, a mis en évidence une augmentation de la prévalence de l’obésité depuis

*Petit poids pour l’âge gestationnel (PAG) (SGA: « Small for Gestational Age ») : le petit poids pour l’âge gestationnel est défini

comme un poids isolé (estimation in utero ou à la naissance) inférieur au 10ème percentile. Le PAG devient sévère lorsqu’il est inférieur au 3ème percentile.

- 20 - les années 1990, puisque 13% de la population était obèse en 2006 et 15% en 2012 (INSERM

et al. 2012).

Plusieurs études épidémiologiques ont démontré l’association entre le poids de naissance et l’IMC à l’âge adulte chez l'humain (Sorensen et al. 1997; Parsons et al. 2001; Yajnik 2003). Il existe une corrélation entre la nutrition prénatale et la trajectoire de croissance post-natale en lien avec l’adiposité chez l’adulte. En effet, une étude épidémiologique anglaise a mis en évidence une corrélation faible, mais positive, entre le poids de naissance et l’IMC à l’âge de 33 ans. Cette corrélation est associée à l’observation d’une relation entre un IMC maternel élevé et l’augmentation du poids de naissance de l’enfant associée à une augmentation de l’IMC de l’individu à l’âge adulte (Parsons et al. 2001). Un apport nutritif important pendant le développement fœtal est une cause de la corrélation entre un IMC maternel élevé et le poids de l’individu de la naissance à l’âge adulte. L’analyse récente d’une cohorte américaine a permis de mettre en évidence que si les femmes enceintes ont une prise de poids supérieure aux instructions données par l'« Institute of Medicine », leurs filles sont plus susceptibles d’être en surpoids à l’âge de 40 ans (Houghton et al. 2016). Grâce à la cohorte EDEN, des chercheurs français ont montré que les variations de poids de la femme avant la conception pouvaient aussi jouer un rôle dans la programmation d’une obésité chez leurs descendants à l’âge adulte. En particulier, une perte de poids de la femme, avec un IMC inférieur ou égal à 25kg/m2 entre l’âge de 20 ans et la conception de son enfant, est associée à une augmentation du risque de petit poids pour l’âge gestationnel* (PAG) de cet enfant (Regnault et al. 2010; Diouf et al. 2011). En revanche, l’IMC paternel n’est pas corrélé au poids de naissance de l’enfant, alors qu’une obésité paternelle entraine une augmentation de la vitesse de croissance post-natale et du poids de l’enfant à 3 mois (Regnault et al. 2010).

Comparées aux personnes nées avec un poids de naissance élevé, les personnes nées avec un faible poids de naissance possèdent un IMC plus faible à l’âge adulte mais développent une obésité abdominale, une réduction significative de la masse maigre et une teneur en gras plus élevée à l’adolescence et à l’âge adulte (Law et al. 1992; Malina et

al. 1996; Okosun et al. 2000; Singhal et al. 2003). De plus, les enfants nés en retard de croissance ont une vitesse de croissance post-natale élevée durant leur première année

*Retard de Croissance Intra-Utérin (RCIU) : A l’échelle individuelle, le fœtus ne peut pas réaliser son potentiel génétique de croissance,

soit à cause d’anomalies de grossesse (il y a alors restriction de croissance), soit à cause de phénomènes extérieurs qui modifient ce potentiel. Le RCIU correspond le plus souvent à un PAG avec des paramètres correspondants à un défaut de croissance pathologique.

- 21 - après la naissance, cette différence n’existant plus à l’âge d’un an. A l’adolescence, les enfants nés en retard de croissance intra-utérin* (RCIU) possèdent un tour de taille et des concentrations plasmatiques en insuline plus élevées (Crume et al. 2014). Lorsque l’apport calorique maternel est réduit pendant le début de la grossesse, comme au cours de la famine hollandaise en 1944-1945, les enfants avec un poids normal à la naissance développent un surpoids et une augmentation du tour de taille à 50 ans (Ravelli et al. 1999; Roseboom et al. 2001). Cependant, il est difficile de conclure sur les effets périconceptionnels, car les pères aussi étaient soumis à une restriction alimentaire. Plusieurs études ont mis en évidence que des enfants nés avec un poids faible mais grandissant dans un environnement riche pendant l’enfance sont plus susceptibles de développer une obésité et des pathologies cardiovasculaires à l’âge adulte. Ce phénotype adulte apparaît similaire à celui des personnes nées avec un poids de naissance élevé (Bavdekar et al. 1999; Parsons et al. 2001). Ces effets sont confirmés par des études menées sur les modèles animaux. Par exemple, dans un modèle de restriction calorique maternelle pendant la deuxième moitié de la gestation chez le rat, les petits nés de mères restreintes sont en retard de croissance et lorsqu’ils grandissent dans un environnement nutritionnel riche pendant les premières semaines après la naissance, ils développent une obésité à l’âge adulte (Desai et al. 2005).

Il est important de souligner que le retard de croissance à l’origine de la programmation peut avoir de nombreuses étiologies, parmi lesquelles une perturbation de la fonction placentaire. L’exposition à la fumée de cigarette pendant le développement fœtal entraine aussi des perturbations de la fonction placentaire conduisant à une augmentation du risque d’obésité chez l’individu adulte. La gravité de l’obésité est associée à l’intensité de l’exposition aux fumées de cigarette. (Wideroe et al. 2003).

1.2.2. Programmation développementale des pathologies cardiovasculaires