• Aucun résultat trouvé

Profits à tirer de l’identification d’un usage

Dans le document Initiation aux manuscrits liturgiques (Page 190-193)

Datation des manuscrits

L’usage liturgique d’un manuscrit ne correspond pas forcément avec son lieu d’origine . Certes, on présume, sauf preuve du contraire, qu’elles se confondent jusqu’à la fin du XIIe siècle . L’affirmer pour les siècles suivants est aléatoire, sauf à l’époque moderne .

Connaître l’usage du manuscrit permet surtout d’affiner la datation de temps. L’insertion d’une nouvelle fête de saint dans un calendrier peut être largement postérieure à sa canonisation et varier entre les églises. L’étude des statuts synodaux ou de chapitres généraux fournit souvent l’année exacte de son institution (cf. Bibliographie). Si l’on prend l’exemple d’une fête universelle, la Fête-Dieu promulguée au concile de Vienne en 1311 est entrée dès l’année suivante dans l’usage romain, mais seulement en 1315 à Cluny, pas avant 1318 à Rennes, en 1319 chez les franciscains, 1321 pour les carmes, 1323 chez les dominicains, 1325 à Chartres. De même un changement de rit, la concession d’une octave ou d’une messe matutinale sont souvent datables.

Reconstitution de « bibliothèques » liturgiques

La comparaison systématique des manuscrits partageant un même usage permet parfois de déceler une rénovation générale du « matériel » liturgique de la communauté en quelques années, comme elles le font pour leurs « chapelles » d’ornements ou leurs bâtiments cultuels. C’est le cas du couvent des célestins de Paris, qui profitent de la libération de la ville en 1436 et de la récupération de leurs rentes après les ravages de l’occupation anglaise pour constituer à nouveaux frais tout un ensemble de livres liturgiques en une dizaine d’années (cf. http://www.cn-telma.fr/liturgie/notice44/).

Étude de la propagation du culte d’un saint

Les livres liturgiques sont les témoins privilégiés de la propagation du culte d’un saint. Leur datation et l’identification de leur usage sont le meilleur moyen d’en mesurer la progression géographique et chronologique. Du reste, le hasard des destructions n’a pas toujours permis de conserver les livres

5 6 7

contenant des lectures hagiographiques (passionnaires, lectionnaires de l’office et bréviaires, cf. Les propres de l’office). C’est donc aussi en examinant les rubriques des collectaires « augmentés », les répons des antiphonaires ou les prescriptions des ordinaires et des cérémonials (cf. Ordines, statuts et coutumes) qu’il faut en deviner la trace.

Notes

N’ont été pris en compte ici que les usages issus du rite romain, très largement majoritaire dans l’Occident latin. N’ont pas été traités dans ces pages les autres rites (gallican, wisigothique, et surtout ambrosien), qui y ont été pratiqués, et dont les particularismes étaient beaucoup plus marqués, puisqu’ils affectaient le cursus de la messe et de l’office. Pour ne parler que du rite ambrosien, qui a survécu au Moyen Âge et à l’époque moderne, les livres liturgiques offrent de notables différences avec ceux issus du rite romain.

Pour détecter des différences significatives, il faut garder à l’esprit que le sanctoral ne fournit jamais autant de propres que de fêtes marquées au calendrier. C’est surtout l’absence dans ce dernier d’un saint pourvu d’une histoire dans le même manuscrit qui doit susciter un tel soupçon.

Les pages d’introduction du chanoine Leroquais à ses catalogues continuent à faire autorité en la matière (cf. Bibliographie) : elles recensent les éléments, spécifiques aux différents types de manuscrits décrits, susceptibles d’aider à la datation et à l’identification de l’usage. Malheureusement, les relevés de Dom Bessac, que Leroquais a beaucoup employés, sont restés pour la plupart inédits et mériteraient une publication.

Reproduction du tableau fourni par Victor Leroquais dans l’introduction à son catalogue sur Les sacramentaires et les missels manuscrits des bibliothèques publiques de France, Paris, Protat, 1924, t. I, p. XXV. Il a établi cette liste en dépouillant des missels imprimés de la fin du XVe ou du début du

XVIe s.

Il n’est bien entendu pas question ici des usages très répandus comme ceux de Rome, Paris ou Sarum.

Plus le manuscrit est richement enluminé, plus il faut suspecter une origine étrangère à sa destination liturgique.

À partir des années 1530-1540, la plupart des manuscrits liturgiques, livres d’heures exceptés, sont à nouveau copiés sur le lieu correspondant à leur usage.

1 2 3 4 5 6 7

4. L’organisation du culte

Ordines, statuts et coutumes

Thèmes : organisation du culte ; description des cérémonies ; usage liturgique ; livres de prescriptions

Mots clés : statuts ; coutume ; usus ; ordo ; capitulaire ; cérémonie ; ordinaire ; rituel ; coutumier ; coutumier liturgique ; cérémonial ; constitutions ; pontifical

Manuscrits : Amiens, Bibl. mun., ms. 189 ; Angers, Bibl. mun., ms. 777 ; Lyon, Bibl. mun., ms. 506 ; Paris, Bibl. Mazarine, ms. 25 ; Troyes, Bibl. mun., ms. 1153 ; Vendôme, Bibl. mun., ms. 2

Résumé : Les livres de prescriptions organisant le culte ont été élaborés à partir de textes « primitifs » que sont les ordines, les listes d’incipit et les statuts.

Terminologie

Les intitulés donnés au Moyen Âge aux ouvrages organisant le culte ne suffisent pas à les distinguer. Un Liber ceremonialis peut recouvrir tout autant un ordinaire qu’un cérémonial ou un recueil de statuts, voire un pontifical. De même des appellations telles qu’Ordinarium, Liber rituum, Usus ou Consuetudines ne nous renseignent pas exactement sur la nature du livre. Pareil flottement provient de l’acception très large des termes d’ordo, ceremonia, consuetudo, usus et ritus. La séparation que nous faisons aujourd’hui entre ce qui est cultuel ou non ne vaut pas pour le Moyen Âge : ces cinq termes servent également à caractériser le déroulement d’un sacrement d’extrême-onction et des funérailles, celui d’une messe dominicale, de l’élection d’un pape, un programme de lectures au réfectoire, l’office d’une fête, la distribution de livres au début du carême, etc. La connotation cultuelle est plus forte pour ritus, moindre pour consuetudo, usus et ceremonia. Mais tous peuvent être l’objet d’un ordo, description d’une action liturgique ou non, contenant ou non les incipit ou les textes complets nécessaires à sa célébration. À dire vrai, toute tentative de classement trop contraignant est vouée à l’échec. Même la distinction faite dans les paragraphes qui vont suivre entre documents de base et documents élaborés ne peut rendre compte des innombrables états intermédiaires qui séparent un ordo d’un coutumier liturgique, ou participent à la fois de l’ordinaire et du cérémonial.

Dans le document Initiation aux manuscrits liturgiques (Page 190-193)