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Contenu des calendriers liturgiques

Dans le document Initiation aux manuscrits liturgiques (Page 152-155)

Il est fréquent de relever un calendrier en tête des manuscrits liturgiques. Sa fonction ne se limite pas, comme on pourrait le croire, à donner la date des fêtes fixes : il contient des éléments relatifs à l’incidence des dimanches et des fêtes mobiles, des indications sur les offices, les messes, voire les textes liturgiques à employer. Malgré sa forme succincte, c’est un instrument indispensable à l’organisation du culte, demandant pour sa rédaction l’intervention d’un spécialiste de la liturgie (par exemple le chantre ou l’armarius). Aussi n’est-il pas toujours écrit par la même main que le reste du manuscrit.

Les fêtes fixes

Le calendrier détaille l’ensemble des fêtes à incidences fixes, qu’elles appartiennent au sanctoral ou au temporal (cycle de Noël). Pour autant, il n’est pas redondant avec ces derniers : non seulement il facilite l’usage du sanctoral où la date des fêtes est rarement mentionnée dans les rubriques, mais il est plus complet que lui, toutes les fêtes de saints n’étant pas pourvues d’un propre. Qui plus est, certains propres sont susceptibles de servir à plusieurs fêtes d’un même saint. Seul le calendrier permet d’avoir une vision complète du culte des saints sur l’année.

La date romaine

nones et des ides (5 et 13 du mois, sauf en mars, mai, juillet et octobre où les nones tombent le 7 et les ides le 15), et des calendes du mois suivant (1er du mois). Les années bissextiles, on double le sixième jour des calendes de mars (24 février, dit locus bissexti).

Les données astronomiques et astrologiques

Les calendriers liturgiques ont hérité de l’Antiquité des précisions astronomiques et astrologiques, en particulier :

Le nombre de jours solaires et lunaires de chaque mois. Par exemple, pour le mois de mars : Martius habet dies XXXI, luna XXX.

Le nombre d’heures du jour et de la nuit. Par exemple, pour le mois de mars : Nox habet horas XII, dies XII.

L’entrée du soleil dans les signes du zodiaque.

Les jours égyptiaques, réputés néfastes pour la santé, signalés par des vers mentionnant les actions à éviter.

Le début des saisons, les équinoxes et les solstices.

Les variables du temps liturgique

Dès le XIe siècle, les calendriers sont munis de la lettre dominicale : une séquence de sept lettres, de A à G, est répétée sans interruption à partir du premier janvier jusqu’à la fin de l’année, une lettre correspondant à chaque jour. Ainsi, lorsque le 1er janvier tombe un dimanche, la lettre dominicale de l’année est A, et tous les A du calendrier correspondront à un dimanche. Tombe-t-il un samedi, la lettre dominicale sera B, etc. À l’exception toutefois des années bissextiles : une année bissextile dont le 1er

janvier tombe un mercredi (lettre dominicale E), aura D pour lettre dominicale après le 24 février, à cause du décalage d’une journée consécutif au doublement du sixième jour des calendes de mars.

La colonne des lettres dominicales est accompagnée d’une autre, présentant une série discontinue de chiffres dont le plus grand est 19 et dont la séquence se répète toutes les vingt-neuf ou trente lignes . Il s’agit du nombre d’or, qui permet de déterminer l’âge de la lune à une date donnée . Pour une année ou le nombre d’or est 1, toutes les lignes du calendrier où le nombre d’or est 1 correspondent à la nouvelle lune. L’année suivante, le nombre d’or sera 2, et tous les jours notés 2 dans le calendrier seront ceux de la nouvelle lune, et ainsi de suite .

La lettre dominicale et le nombre d’or suffisent à calculer la date de Pâques et, par conséquent, celles des fêtes mobiles du temporal. Prenons par exemple une année dont le nombre d’or est 5 et la lettre dominicale B : sachant que Pâques tombe le dimanche suivant la première pleine lune après l’équinoxe de printemps (21 mars), il faut rechercher la première incidence du nombre d’or de l’année (nouvelle lune) après le 7 mars. Le nombre d’or 5 tombe le 9 mars, donc la première pleine lune de printemps le 23 mars. La première incidence de la lettre dominicale B à partir de cette date est le 27 mars, où sera célébré

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En face de ces lettres KL (calendes : premier jour du mois), est mentionné sur la première ligne le mois, son nombre de jours solaires et lunaires : Martius habet dies

X X X I, luna X X X.

En bleu sur la ligne suivante se trouve un vers égyptiaque : Primus madentem disrupit,

quarta bibentem. Les jours néfastes du mois (le premier mars et le quatrième jour

avant le dernier du mois) sont signalés par la lettre D (Dies eger) à droite de la page. Puis est donné le nombre d’heures du jour et de la nuit pendant le mois : Nox habet

horas X I I, dies X I I.

La colonne de gauche, présentant des chiffres discontinus écrits à l’encre bleue, est celle du nombre d’or. Ces chiffres indiquent l’incidence de la nouvelle lune pour chaque année d’un cycle de dix-neuf ans. Si le nombre de l’année est I, la nouvelle lune de mars tombe le 23. L’année suivante (nombre d’or I I), elle correspond au 12 mars, etc. La colonne suivante fournit la lettre dominicale, de A à G, les A étant ici rehaussés par un décor champi, les autres seulement tracées à l’encre rose.

Puis deux colonnes donnent les quantièmes du mois selon la manière romaine : compte à rebours par rapport aux nones et aux ides de mars (7 et 15 du mois), et aux calendes d’avril à partir du 16 mars.

Les fêtes de saints sont accompagnées d’indications sur l’importance de leur office (cf. infra) : Perpetue et Felicitatis martyrum, commemoratio (7 mars) ; Vindiciani episcopi et

Gertrudis virginis, commemoratio (17 mars) ; Depositio sancti Benedicti abbatis, X I I lectionum, duplex (21 mars) ; Annuntiatio dominica [...] X I I lectionum, duplex ; Humberti episcopi et confessoris, commemoratio (25 mars).

Les dates des 25 et 27 mars attribuées respectivement au vendredi saint (Passio

Domini) et à Pâques (Resurrectio Domini) sont conventionnelles et ne permettent pas

de déterminer l’année où a été rédigé ce calendrier.

Sur la ligne du 18 mars est mentionnée l’entrée du soleil dans le signe du bélier, anniversaire du premier jour de la création : Sol in ariete, prima dies seculi.

Cambrai, Bibl. mun., ms. 102, f. 4

Bréviaire de l’abbaye Saint-Sépulcre de Cambrai Nord de la France, vers 1290

Exercice : jeu de comput

En vous aidant de deux feuillets d’un brévaire célestin (Paris, Bibl. Mazarine, ms. 360) , répondre à dix questions.

›› exercice-comput-1.htm

Dans le document Initiation aux manuscrits liturgiques (Page 152-155)