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production / élaboration / création : pédagogie du chef-d’œuvre et tradition

Animateurs

Jean-Claude Brault – Jean-Philippe Gillier

Intervenants

Jacques Contri Adriana Lonardo Jean-Philippe Gillier

LA TRANSMISSION EN FRANC-MAÇONNERIE

Jacques CONTRI

Docteur en Médecine Membre du Grand Orient de France

Pour le Colloque consacré à Georges LERBET, le 19 octobre 2016, à VIERZON,

dans le cadre de l’Atelier 5, « La construction de soi par production/création : pédagogie du

chef d’œuvre et tradition », j’ai choisi de traiter, en sa mémoire, de la « Transmission en Franc-maçonnerie ».

Pendant près de vingt ans, j’ai eu la chance de le retrouver deux fois par mois, dans la Loge de Châteauroux, sa Loge mère, qu’il avait réintégrée à sa retraite.

Il avait cette capacité exceptionnelle, d’extraire des idées, de nos modestes travaux, de rapprocher ces idées pour en faire jaillir une idée nouvelle, éclairante, ouvrant sur un nouveau développement que lui seul savait faire émerger.

Son souci premier était de transmettre pour élever notre esprit. Sa générosité était grande, il savait trouver les mots pour nous encourager en grand humaniste qu’il était. Nous avons beaucoup appris à son contact, tant par sa parole que par l’exemple qu’il nous donnait à voir de lui-même.

Homme franc et droit, rigoureux dans ses paroles et ses actes, il savait avoir la parole juste, pour le cas échéant nous remettre dans le droit chemin si nous venions à nous en écarter. La plus grande partie de ce qui suit est issue de ce que Georges LERBET nous a transmis oralement au cours de ses interventions en Loge, de la lecture de ses textes (les citations seront mises en italique), le reste le plus improbable est le fruit de mes propres interprétations.

*

Tradition – Transmission. Au fil des temps de l’Humanité, l’homme a cherché à s’expliquer l’inconnu du monde, opaque à son entendement et de s’y adapter. D’où, sa production de mythes et de légendes, fondements des Traditions transmises initialement oralement de génération en génération.

*

La Tradition, a écrit Georges LERBET, est à ne pas confondre avec le savoir, lequel est le résultat d’un apprentissage. En Franc-maçonnerie, processus Initiatique, le néophyte doit symboliquement mourir à la vie profane pour renaître « enfant », ne sachant ni lire ni écrire, ne sachant qu’épeler.

LA TRANSMISSION EST AU CŒUR DU TEMPS MAÇONNIQUE

Elle débute dès l’entrée du profane dans le Temple, avant même que débute la cérémonie Initiatique. Le néophyte est conduit dans un endroit propice à la réflexion. Il y découvre, seul et dans le silence, un certain nombre d’objets et d’inscriptions, chargés de significations symboliques puissantes. La transmission non verbale commence par cette mise en situation.

Elle se poursuit lors de la cérémonie Initiatique, au terme de laquelle le néophyte sera reconnu Apprenti Maçon, membre de la Loge et accueilli chaleureusement par les Sœurs

et Frères présents. Ici se situe sa première rencontre avec l’Amour fraternel cultivé dans les Loges.

Apprenti, il est comme l’enfant qui n’a pas la parole. Il doit garder le silence et assister en observateur au déroulement de la tenue.

En observateur, de tout ce qu’il voit, entend dans l’espace sacré du Temple. « Ici tout

est symbole. »

Le symbole occupe une place centrale en Franc-maçonnerie. De nombreux objets s’offrent à sa vue et suscitent une interprétation symbolique. L’interprétation du symbole n’est pas donnée, comme une leçon qu’il aurait à apprendre. C’est à lui-même d’en faire l’interprétation. Que ressent-il en l’observant ? Que pourrait-il en dire s’il avait la parole ? Il en a la totale liberté d’interprétation.

La transmission est symbolique. En observant la gestuelle qu’impose le rite aux membres de la Loge, pour se présenter, se déplacer, se mettre à l’Ordre, se signer, gestuelle qu’il doit lui-même exécuter, il en apprendra la signification symbolique.

Lorsqu’une Sœur ou un Frère fait un exposé, il observera que tous sont attentifs et que personne n’interrompt celle ou celui qui s’exprime.

Il observera quand et comment demander la parole et la prendre, pour poser une question ou intervenir. Mais Apprenti, il doit garder le silence. Il n’aura la parole que lorsqu’on lui demandera de donner ses impressions d’Initiation et pour présenter plus tard, son travail d’Apprenti, avec l’espoir d’accéder, s’il en est jugé apte, au degré de Compagnon. Gardant le silence, avec l’intelligence et tous les sens en éveil, en observateur mais aussi acteur pour exécuter la gestuelle du rite :

« L’Apprenti apprend à être » écrivait Georges LERBET.

Compagnon, il a maintenant la parole, la transmission se fait en voyageant symboliquement de chantier en chantier. Il y apprend à maîtriser les outils du Compagnon. Outils symboliques. Plus tard, avec Science, Art, Humanité, et Amour du Travail, il pourra réaliser son chef d’œuvre de Compagnon afin de pouvoir prétendre accéder à la Maîtrise. Ces outils, empruntés à la maçonnerie opérative des constructeurs de cathédrales, de même que le chef d’œuvre sont porteurs de significations symboliques. Ce n’est pas un travail sur la matière qui lui est demandé mais une « Quête » spirituelle du domaine de l’Esprit.

« Le Compagnon apprend à faire » - Georges LERBET

Il sera étonné de la manière demandée, de se présenter dans la Chambre des Maîtres.

Au cours de la cérémonie d’élévation à la Maîtrise, tout en écoutant les paroles du rituel, les Maîtres font en sorte qu’il devienne acteur de ce qu’il entend. Le vécu et l’interprétation symbolique d’une situation qui peut lui paraître paradoxale sont riches en transmission.

« Le Maître apprend à transmettre » - Georges LERBET.

LA TRANSMISSION OBÉIT À UNE DYNAMIQUE DANS LE TEMPS DE LA TENUE

La transmission est à l’œuvre par l’observation de l’agencement du Temple et de sa décoration. Elle est à l’œuvre par l’observation de la gestuelle des membres de la Loge, par tout ce qu’il entend. Elle est à l’œuvre, par le propre ressenti du vécu de la cérémonie, parfois proche du psychodrame, amplifiée par la dynamique qui opère lors de son déroulement. Agissant par palier, sur l’état de concentration de chacun, quatre phases peuvent être décrites : Phase Préparatoire. Phase de concentration progressive. Phase de relaxation. Agapes.

Phase préparatoire

Elle se déroule sur les Parvis. Les membres de la loge se retrouvent, avec en tête leurs occupations profanes. Ils échangent des paroles, parfois bruyamment.

Le silence est alors demandé. Chacun doit s’abstraire du tumulte de la journée, trouver un calme intérieur pour une mise en condition de réceptivité, avant de franchir la porte du Temple. L’espace du Temple sera « sacré » (séparé du monde profane), après l’ouverture des travaux. Prenons en compte la double étymologie de « temple », il y a le « temps » et aussi « couper ». Entrer dans le Temple, écrit Georges LERBET :

« C’est donc se confronter au temps pour tenter de le gérer, et c’est aussi vivre une coupure … et… aider à assumer les coupures que l’homme rencontre avec la vie et la mort. » (Dans le Tragique du monde, page 131).

La première coupure a eu lieu dans un endroit dans lequel le profane avait été conduit et avait rédigé son testament philosophique. Il y était mort symboliquement à la vie profane, pour renaître, toujours symboliquement, au terme de la cérémonie d’Initiation qui suivait.

«La répétition de la coupure au moment même où il pénètre dans l’espace du temple, s’inscrit sans qu’il en ait conscience, « au plus profond de lui-même », poursuit Georges LERBET.

Phase de concentration progressive : le rituel d’ouverture des travaux

L’ouverture des travaux est ordonnancée par le rite. Après l’ouverture des travaux : « C’est la prestation de serment de garder le secret…L’espace du temple, séparé du monde profane devient un espace sacré dans lequel seuls les Initiés peuvent prendre place.» G.L.

Un « espace sacré » (séparé), en dehors du lieu de l’espace et du temps. Les travaux peuvent maintenant débuter :

Un membre de la loge a travaillé chez lui, un sujet et va le présenter oralement en loge. Il lui faut communiquer le mieux possible, parler clairement pour être bien entendu et compris par ceux qui écoutent. Ce qui n’exclut pas l’installation d’une distorsion entre ce qui est dit et ce qui est compris et c’est tout :

« Le problème de la transmission du savoir, par le biais de l’écart entre les mots et les choses. » (Georges LERBET).

Cette présentation exige de chacun une écoute attentive et active dans le plus grand silence. Une concentration de l’attention pour une bonne compréhension, une bonne mémorisation, retenir ce qui a été dit, relever ce qui demande précision, complément. Mais nous savons qu’il est difficile d’avoir une pensée claire et, tolérance, fraternité et respect se doivent à l’égard de celui qui s’exprime.

Lors de la présentation, on peut « résonner avec ce qui est dit », des idées peuvent naître, suscitant des échanges lorsque la parole circulera. S’ils sont fructueux et enrichissants, un état de « résonance » peut s’établir entre les membres de la loge, allant parfois jusqu’à « la vibration à l’unisson ».

Notre Maître, Georges LERBET avait, lui, cette capacité de relier une idée de l’exposé avec une idée nouvelle débouchant sur un nouveau développement avec lequel nous entrions tous en « vibration » avec ce qu’il disait. Cet état particulier qui s’établissait alors n’était pas une fusion, mais une communion, au sens laïc du terme. Chacun gardait son autonomie. Dans

l’œuvre commune écrite en collaboration avec René Le MOAL, La Franc-maçonnerie, une

quête philosophique et spirituelle de la connaissance (pages 9 et 10), on lit :

« La résonance matérielle et spirituelle met en jeu un ou plusieurs processus : de vie, d’action et de réflexion. Elle stimule l’individu qui intériorise en lui-même la

globalité de la situation… Le travail du corps, combiné à celui de la pensée, est là pour aider le Franc-maçon à affermir son intelligibilité envers le monde comme envers lui-même. »

La puissance de la transmission initiatique, par la mise en jeu de la résonance et de la vibration, fait vivre et ressentir plus profondément en soi-même ce qui a été vu, entendu et exécuté.

DansLe Tragique du monde (p. 150), Georges LERBET écrit :

« La Transmission (est) destinée à ce que l’homme apprenne à vivre sa si singulière condition humaine d’être, dont l’origine se perd dans la nuit des temps, alors que sa vie est marquée par la finitude de son être dans le temps des pendules dont il ne peut concevoir la fin, dans l’impossibilité qu’il a de concevoir l’infini. »

Après cette phase de concentration progressive, vient la phase de détente, Phase de relaxation « Après avoir vibré à l’unisson, chacun retourne vers un calme intérieur » G.L.

Cette phase est aussi importante que la précédente, car elle permet une mise à distance, une « décentration ». Ce n’est pas un retour à l’état antérieur, ce n’est pas un cercle qui a été accompli, mais un parcours hélicoïdal, une progression libératrice. Une transmission a été effective. Ce qui a fait vibrer, mis en résonance les membres de la loge, ne sera pas oublié, car intégré au plus profond de soi. Le vécu, le ressenti sont de l’ordre de l’inexprimable.

« On n’a pas les mots pour le dire » G.L.

Il en est ainsi du Secret Maçonnique, lequel est celui du ressenti de son Initiation et

qui ne peut se communiquer par des mots.

Phase de fermeture des travaux : le rituel de fermeture

Cette phase prépare au retour à la vie profane. A nouveau en loge, le président échange des paroles rituelles avec les Surveillants, paroles rythmées par des coups de Maillet, suivis de la gestuelle de fermeture par l’ensemble des membres.

La tenue de termine avec le serment de garder le silence sur tout ce qui a été vu et entendu au cours de la tenue.

Les Agapes

Les membres de la loge se retrouvent en toute fraternité pour partager le repas, nourriture du corps après celle de l’esprit.

CONCLUSION

Notre frère Georges LERBET nous l’a délivrée :

« Non pas consommer du savoir, mais produire du récit ».

La Transmission Maçonnique, aide l’homme, avide de connaissance, se questionnant sur lui-même et sur le monde, à mieux se connaître, pour prendre de la distance avec ce qui peut paraître essentiel dans la vie profane et ne l’est pas.

Mieux se connaître, s’éveiller à soi-même et aux autres, pour, comme on le dit, se perfectionner et travailler au perfectionnement de l’Humanité.

LA CONSTRUCTION DE SOI EST PAR LIGNORANCE

Adriana LONARDO

Docteur en Langue et Littérature Françaises et Docteur en Sciences Humaines Consultant en Thérapies Brèves et Stratégiques

adriana.lonardo@wanadoo.fr

HOMMAGE À GEORGES EN GUISE DINTRODUCTION

Mes Amis, je tiens à vous dire tout de suite que je ne pense pas fournir devant vous, ici, une clarification exhaustive de la pensée de Georges. Je n’en serais pas capable, car encore maintenant j’ai beaucoup de manques. En outre ma pensée ne sait pas s’élever méthodiquement jusqu’aux impossibles hauteurs auxquelles nous invitent ses écrits. Alors je me limiterai à vous exposer quelques bribes de sa pensée enveloppées des souvenirs de ce qui fut pour moi un temps d’éveil, de travail et de joie en même temps. Presque comme une promenade intellectuelle, qui, indirectement, va faciliter une connaissance plus profonde et réfléchie de moi -même, par la mise à distance qui s’opère dans la transcription en mots de toute pensée. Ce qui advient avec la conséquente évocation de certains repères mémoriels qui surgissent sur (ou suite à) la perte des plus banals d’entre eux.

En définitive, nous ne pouvons voir que mal nos propres manques et nos propres défaillances. Serait-ce là notre propre ignorance profonde et ontologique?

Ce thème de l’ignorance irréductible et fatale est présent dans plusieurs écrits de Georges Lerbet qui l’aborde tantôt du point de vue épistémologique, tantôt métaphysique. Ce sera cette seconde voie que je choisis pour ma communication, en m’appuyant sur le développement qu’il en fait dans un de ses livres pris en référence.

Mais auparavant je tiens à évoquer quelques souvenirs de Georges Lerbet. Souvenirs qui émergent du fond de ma mémoire, tels des touches de couleurs éparses et parfois superposées dans un tableau impressionniste.

*

Si je plonge mon regard à l’intérieur de moi, un écran vide, blanc, trop vide, trop

blanc m’attend et semble opposer une résistance invisible et pourtant réelle aux réflexions

encore indécises et tumultueuses, qui ne demandent qu’à se clarifier par l’intermédiaire d’une pensée discursive censée les traduire, de façon toujours imprécise et insuffisante.

Si on y ajoute que l’intention est de préciser des notions qui relèvent de la logique magistrale de celui qui fut un maître, un sentiment affectif de déférence s’y ajoute devant la hauteur de sa pensée, renforçant en moi la crainte de trahir son message profond et enchevêtré, qu’il nous a laissé. Je dis “nous”, en comprenant dans ce “nous” ceux qui, entre nous, ont été ses disciples pendant la période doctorale. Tout en partageant avec lui l’émotion d’un vécu intellectuel et spirituel, nous ne doutions pas déjà à l’époque, de la valeur capitale qu’il produisait en nous, en façonnant en nous les premiers vertiges d’une rencontre indécise et indescriptible avec le divin. Georges était là, attentif et serein.

Georges Lerbet, enseignant et chercheur en Sciences Humaines. Pour toute une génération de doctorants il fut le maître, le professeur, l’éveilleur, l’accompagnateur, toujours attentif à stimuler les ressources de chacun de nous et à valoriser ce qui de plus positif et de plus profond en nous pouvait devenir le socle de notre propre développement intérieur.

C’était pendant les belles journées passées au G.R.E.F.E.D. (acronyme pour Groupe de Recherche et d’Études sur le fait Éducatif). Il s’agissait de séminaires d’études doctorales qui se tenaient régulièrement à Chaingy en partenariat avec l’Université de Tours. Pendant ces journées nous approfondissions les champs de nos recherches et nous nous préparions à notre soutenance. En même temps, en écoutant les travaux des autres, chacun de nous s’apercevait de ses propres manques dans le déroulement de sa propre pensée, et scrutait en soi les moyens les plus favorables pour les combler. Personnellement, je l’avoue, au début des séminaires du GREFED, je pensais encore qu’on pouvait arriver à les combler, au moins en partie.

Avec des entretiens méticuleusement chronométrés, parfois il nous recevait chez lui à Orléans. Et entre une approche conceptuelle et l’autre, il nous faisait participer de ces instants si rares et précieux pour un chercheur, où l’on atteint le bonheur naïf et momentané de pouvoir se poser sur un palier de réflexion qu’on voudrait résolutif, alors qu’il n’accueille qu’un instant de répit naturellement successif à un état de tension. Un petit instant donc, car déjà d’autres doutes épistémologiques se profilaient devant les yeux du chercheur, dans la suite d’une logique symbolique, unificatrice et résonnante.

Entre temps, la cohérence de la pensée de Georges faisait son chemin en nous. Une pensée qui architecturait la complexité dans le domaine cognitif, et même bio-cognitif, où deux théories s’opposaient encore : l’hétéro- référence (à partir de ce qui entoure le sujet et le nourrit) d’un côté ; l’auto- référence (à partir de l’intime de l’homme) de l’autre.

Entre ces deux théories, Georges nous a appris à voir une troisième voie conciliatrice des deux, celle de l’adaptation du sujet à deux opposés. Voie de la sagesse, personnelle et sociale, qui équilibre ce qui vient à l’homme par le monde qui l’entoure (cet espace familial et habitudinaire qu’il appelle “milieu”), avec ce qui dans le monde qui l’entoure vient de l’homme. De l’interaction de ces deux parties jaillit la complexité si riche de dérivatifs théoriques. Fondée sur le tiers dit inclus en opposition au tiers exclu aristotélicien, la complexité nourrit la pensée symbolique qui joint intellectuellement deux éléments étrangers l’un à l’autre et confère de l’autonomie au sujet.

DOUBLE LOGOS ET MON CHEMINEMENT MÉTHODOLOGIQUE

Pour ce qui me concerne, c’est avec l’accompagnement méthodologique de Georges Lerbet que j’ai cheminé dans ma connaissance initiatique, personnelle et incommunicable, certes, en même temps que mon savoir se canalisait vers l’accompagnement des personnes aux ressources personnelles affaiblies.

Puis j’ai compris qu’au fond ce n’est qu’une affaire d’union. Entre soi et soi d’abord, entre soi et celui qui nous guide, puis entre soi et les autres, ou entre soi et l’Autre. Rapport duel en somme, entre deux entités contraires l’une à l’autre, rapport qui ne demande qu’à se résoudre.

Entre les deux termes, une frontière se développe, presque invisible d’abord, mais qui petit à petit s’allonge au point qu’elle pourrait devenir une ligne de démarcation destinée à se consolider si on en négligeait la porosité.

Un terme grec paraît illustrer convenablement cette notion de frontière : le terme LOGOS. Il peut être entendu comme voulant dire raison, raisonnement, mais aussi il peut être appréhendé dans le sens de Verbe, cette énergie qui pénètre le sujet presque par résonance, lui permettant ainsi l’accueil en soi du symbole.

QUÊTE DE SENS, LIVRE SOUTIEN ET ÉPREUVE DU MANQUE

Ce fut, donc, pendant ces années doctorales françaises que pour la première fois je me suis trouvée confrontée à ce que j’appellerai maintenant “l’épreuve du manque”. Angoisse du