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Nous avons utilisé des épreuves issues de tests standardisés utilisés en Psychologie et en Logopédie, d’autres utilisées antérieurement pour des recherches et d’autres encore que nous avons créées spécifiquement pour ce travail. Cinq épreuves nous ont permis de tester la

mémoire, trois épreuves les compétences syntaxiques et une le raisonnement non-verbal.

Nous avons donc administré un total de neuf épreuves sur une durée d’environ une heure.

Certaines épreuves étant particulièrement coûteuses sur le plan cognitif (par exemple le counting span), nous avons veillé à les alterner avec des épreuves jugées à priori moins fatigantes (par exemple la répétition de phrases). Les enfants les plus jeunes (5-6 ans) ont été vus sur deux sessions d’une demi-heure. La passation était individuelle. Lors des 32 passations en Suisse, selon les normes du Département de l’Instruction Publique, deux expérimentatrices étaient présentes avec l’enfant. L’une interagissait plus directement avec l’enfant en lui faisant passer les épreuves tandis que la seconde privilégiait la prise de notes et la gestion du matériel. Les 16 passations qui se sont déroulées en France, que ce soit à domicile ou au sein de l’école, ont été gérées par une seule expérimentatrice. Le protocole de passation entier est présenté en Annexe I.

2.2.2 Mémoire

Nous allons maintenant présenter les épreuves utilisées afin d’évaluer la boucle phonologique et la mémoire de travail lors de nos passations. Nous nous sommes basés sur le modèle à composants multiples de Baddeley et Hitch (1986) (cf section 1.1.1), ainsi que sur la distinction entre tâches d’empans simples et d’empans complexes (cf section 1.1.3) pour sélectionner les épreuves.

2.2.2.1 EMPANS SIMPLES

Empan de chiffres endroit

Afin d’évaluer les capacités de la boucle phonologique, nous avons utilisé l’épreuve d’empan verbal endroit tirée du WISC IV (Weschler, 2005). Dans cette tâche, l’expérimentatrice énonce des séquences de chiffres de longueur croissante (de deux à neuf chiffres) que le sujet doit répéter immédiatement et dans l’ordre. L’épreuve est arrêtée dès que l’enfant échoue à deux items de même longueur (par exemple s’il n’arrive pas à répéter correctement cinq chiffres dans l’ordre lors des deux essais). On obtient un score global qui correspond au nombre de séries correctement restituées.

Empan de mots : mémoire sérielle

Cette épreuve, appelée « la course des animaux », est adaptée directement des travaux de Majerus et al. (2006 ; Majerus, 2008). Elle évalue le système spécialisé de la mémoire à court terme verbale qui retient spécifiquement l’ordre séquentiel des items (cf section 1.1.1).

Le matériel utilisé comprend un casque audio, un ordinateur portable, ainsi qu’un podium en carton et sept cartes représentant chacune un animal [cf Annexe II]. Des séquences de noms d’animaux monosyllabiques et familiers (chien, chat, loup, ours, lion, coq et singe) sont présentées auditivement. L’expérimentatrice raconte à l’enfant que les animaux vont participer à une course et qu’il devra classer les animaux selon leur ordre d’arrivée. On s’assure que les enfants connaissent bien tous les animaux, et qu’ils ont compris comment les placer sur le podium. Deux exemples sont effectués avec l’enfant pour s’assurer de sa compréhension. Premièrement, l’enfant entend la séquence dans le casque. On lui donne ensuite les cartes qu’il doit placer sur le podium. La première série est composée de trois séquences, ou courses, auxquelles deux animaux participent. Puis le nombre d’animaux augmente progressivement jusqu’à sept. L’épreuve s’arrête lorsque l’enfant échoue sur deux séries de même longueur. Nous obtenons comme score le nombre total d’animaux rappelés dans le bon ordre.

Répétition de pseudo-mots

Lors de tâches d’empans simples verbaux, les représentations lexicales des items en mémoire à long terme jouent un rôle important. En effet, elles permettent de reconstituer les items dégradés au sein de la boucle phonologique lors du rappel. Pour contrer cet effet et ne pas évaluer les représentations en mémoire à long terme, une tâche de répétition de pseudo-mots peut être utilisée. Ainsi, les connaissances en mémoire à long terme ne sont pas prises en compte (Poncelet & Van der Linden, 2003 ; Barouillet & Camos, 2007). Nous avons donc choisi l’épreuve de répétition de pseudo-mots tirée de la BELEC (Mousty, Leybaert, Alegria, Content, & Morais, 1994) qui permet de mesurer les capacités de la BP. L'épreuve est préenregistrée et se compose de deux listes de pseudo-mots qui diffèrent par leur complexité phonologique. La première liste comprend des pseudo-mots contenant chacun des syllabes de type consonne-voyelle (CV) comme dans les exemples [8] et [9], tandis que la deuxième liste comprend des pseudo-mots contenant des syllabes de type consonne-consonne-voyelle (CCV) comme en [10] et [11] [cf Annexe I pour la totalité des items]. Chaque liste comprend cinq séries de quatre items, soit 40 items au total. La longueur des items croît d'une série à l'autre (d’une à cinq syllabes). L’enfant écoute le pseudo-mot au casque et le répète immédiatement. Les productions sont enregistrées à l’aide d’un enregistreur numérique.

[8] Bisyllabique CV : sévu

[9] Quadrisyllabique CV : nidoujusé [10] Trisyllabique CCV : kragrinblan

[11] Quadrisyllabique CCV : fleuprikrobla

Lors de la cotation, nous avons accepté une erreur par pseudo-mot. Nous avons considéré comme correcte une syllabe contenant une substitution de voyelle, comme en [12].

Pour les consonnes, nous avons accepté la substitution d’un trait articulatoire sur un seul phonème d’une syllabe du pseudo-mot [13]. Ces critères ont été appliqués car toute personne normale peut avoir de la difficulté à identifier précisément de quel phonème il s’agit dans un pseudo-mot jamais entendu. Ainsi, une erreur par pseudo-mot répété a été acceptée afin de ne pas pénaliser une erreur perceptive possible.

[12] kringrinblan pour kragrinblan [13] gré pour kré

On obtient alors le nombre total de syllabes correctement répétées.

2.2.2.2 EMPANS COMPLEXES

Empan de chiffres envers

Afin d’évaluer les performances en mémoire de travail, nous avons utilisé la deuxième liste de chiffres du WISC IV (Weschler, 2005). Dans cette épreuve, le sujet doit répéter immédiatement et dans l’ordre inverse (à l’envers) les chiffres entendus. La tâche est arrêtée dès que l’enfant échoue à deux items de même longueur. On obtient alors un score global qui correspond au nombre de séries correctement restituées.

Counting span

Le counting span, mis au point par Danahy et al. en 2007, est une tâche qu’il est possible d’utiliser avec les enfants afin d’évaluer les capacités de la mémoire de travail (Towse et al., 1998 ; Barouillet & Camos, 2007). Dans cette épreuve, on présente au sujet des planches contenant des points rouges et des points bleus [cf un exemple de planche en Annexe III]. Sur chacune des pages présentées successivement, il doit pointer et compter à haute voix les points bleus. On lui demande de bien retenir les résultats de chaque page et de les rappeler dans l’ordre, au signal. Le nombre de points sur chaque page varie aléatoirement (de deux à onze) et le nombre de résultats à rappeler augmente progressivement (de deux à sept) au cours de la tâche. Nous avons créé nous-mêmes une version papier des planches de cette tâche. Après trois échecs consécutifs sur une même liste, l’épreuve est arrêtée. Le score obtenu est le nombre total de chiffres rappelés dans la bonne position.

Running span

Cette épreuve de mémoire de travail, utilisée par Pross et al. en 2008, exige à la fois un stockage de l’information et un traitement de mise à jour constant des items verbaux. On présente oralement des listes de mots monosyllabiques au participant. La longueur des listes varie de six à huit items, mais le sujet ne sait pas combien de mots chaque liste comporte. On lui demande de restituer dans l’ordre les deux, trois, quatre ou cinq derniers mots de la liste lorsque l’expérimentatrice interrompt son énumération. Chaque série est composée de trois listes. L’épreuve est arrêtée lorsque le sujet échoue aux trois listes d’une même série. Le score obtenu correspond au nombre total de listes correctement restituées.

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