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CHAPITRE III : APERCU SUR LA COMMERCIALISATION DES NOIX DE

5.1. RESULTATS

5.1.5. Problèmes liés aux acteurs

5.1.5.1. Fixation du prix et circulation de l’information

Selon les personnes interviewées, le prix reste inchangé d’un lieu à un autre. Le prix est fixé par l’acheteur sans discussion. Cette situation plonge les producteurs dans une incertitude, car ne pouvant pas être sûrs du prix de vente. Il faut signaler que les prix sont faibles entre Janvier et Février et élevés entre Mars et Avril.

De manière globale, il convient de retenir que l’information sur le prix circule des Indo-pakistanais aux producteurs en passant par une multitude d’intermédiaires. Ce mode de fixation de prix et de circulation de l’information sur le prix crée des distorsions. De ce fait, le producteur livre son produit à un prix relativement bas.

Selon les producteurs, la période de fixation du prix par l’Etat devrait intervenir plus tôt. Certains producteurs vendent déjà leur produit à bas prix peu après le début de la récolte, car ils sont souvent en difficulté financière, ce qui les oblige à vendre leurs noix aussitôt après la récolte. Cette situation est aussi observée chez les producteurs ayant obtenu un crédit des collecteurs ou des grossistes. Les producteurs souhaitent que le prix plancher soit fixé au début du mois de Janvier, avant la première récolte. La vente des noix par les producteurs se fait en fonction des besoins d’argent.

Au total, les grossistes ou exportateurs, porteurs de la demande et les collecteurs porteurs de l’offre primaire influencent fortement la fixation des prix. En effet, les grossistes /exportateurs et les collecteurs sont, par leur position respective dans la chaine de commercialisation des noix de cajou des faiseurs de prix alors que les producteurs ne sont que des preneurs de prix. Cette situation est aggravée par la faible capacité d’organisation des producteurs qui limite leur degré d’influence sur la fixation du prix de transaction. Ce qui a pour conséquence, une faible rémunération des producteurs.

5.1.5.2. Conduite des transactions

La campagne de commercialisation des noix de cajou s’ouvre officiellement au Bénin, au cours du mois de mars. Cependant, bien avant l’ouverture officielle de la campagne,

collecteurs. En effet, comme signalé plus haut, un grand nombre de producteurs ne disposent pas de ressources financières. Ainsi, ils ont recours à des préfinancements de la part des commerçants avant l’ouverture de la campagne. Le recours au prêt bancaire n’étant pas répandu dans la filière, une grande partie d’entre eux reçoit des avances auprès des exportateurs qui, de ce fait, préfinancent l’intégralité du réseau de commercialisation. Ainsi, par l’intermédiaire des commerçants et des collecteurs qui font des tournées dans les villages dès la première semaine du mois de Janvier, les exportateurs déversent des millions de francs dans les villages pour s’assurer que les noix de cajou leur seront vendues.

Du coté des producteurs, les avances qu’ils obtiennent pour assurer l’entretien de leurs plantations les obligent à vendre leurs produits sur pieds, soit à garantir à leurs partenaires à bas prix une partie de leur production future. Cet état de chose entraine une grande variabilité des prix proposés aux producteurs au cours d’une même campagne. Mais, dès l’ouverture de la campagne, les prix augmentent régulièrement et passent rapidement à 250F/kg pour atteindre 350 à 375F/kg voire plus.

Seuls les propriétaires des grosses exploitations qui ne sont pas contraints par les liquidités et qui possèdent des capacités de stockage, peuvent attendre le lancement de la campagne avant de vendre leurs produits.

Diverses stratégies spécifiques sont développées par la plupart des agents de commercialisation rencontrés. Ces stratégies varient d’un agent à un autre. Ainsi,

 Au niveau des courtiers, la principale stratégie utilisée est le non-respect des clauses à l’égard des autres acteurs. Ainsi les noix collectées et destinées aux grossistes /collecteur peuvent être vendues à un autre, si le prix proposé par ce dernier est plus intéressant que celui du premier ;

 Les collecteurs utilisent trois grandes stratégies pour minimiser le risque.

Il s’agit de la fidélité (qui consiste à faire des amis au sein des producteurs), de la manipulation des unités de mesures et le préfinancement.

 Au niveau des grossistes, on note la stratégie de préfinancement : les crédits

enfants, les soins sanitaires, etc. L’autre stratégie est l’utilisation des courtiers et surtout les personnes ayant d’influence dans la localité. Leur commission est proportionnelle à la quantité de noix qu’ils arrivent à rassembler. D’autres grossistes achètent des noix dans les pays frontaliers du Bénin qui sont mélangées à celles achetées au Bénin (18 à 20%).

Enfin, il est à noter que pour la plupart des commerçants, le commerce de noix de cajou ne constitue pas leur principale activité même si cela leur génère plus de revenus que la plupart des autres activités effectuées.

5.1.5.3. Prix et quantité de noix commercialisée par les commerçants La variation des prix pratiqués par les différentes catégories de commerçants en fonction des périodes sont consignés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 3: Variation du prix d’achat du kg de noix en fonction des périodes Acteurs s’expliquer par le fait qu’en période de faible activé qui se situe en fin de campagne, les quantités de noix disponibles auprès des producteurs sont relativement faibles. Ce qui oblige les agents de commercialisation à parcourir de longues distances et sillonner

campagne les grands commerçants étrangers sont rares au port de Cotonou, ce qui ne permet pas de prendre assez de risque au niveau des différents agents de commercialisation.

En revanche le tableau 4 présente les quantités de noix commercialisées par les différentes catégories de commerçants en fonction des périodes d’activités.

Tableau 4: Quantité moyenne de noix de cajou commercialisée par agent en fonction des périodes

L’analyse de ce tableau permet de constater que chaque grand grossiste commercialise plus de 5900 tonnes de noix cajou en période de forte activité, contre 15 à 450 tonnes environs de noix pour chacun des autres acteurs. En revanche, les collecteurs-courtiers commercialisent plus de noix de cajou en période de moyenne activité que les autres acteurs.

De tout ce qui précède, il ressort que les problèmes qui nuisent à la commercialisation des noix de cajou dans le Borgou-Alibori sont nombreux et complexes.

6. le coût élevé des facteurs de commercialisation ; 7. la concurrence déloyale entre les différents acteurs.

Tous ces problèmes montrent que la commercialisation des noix de cajou est confrontée à d’énormes difficultés qu’il urge que l’Etat prennent des dispositions pour réglementer le secteur. mobilisés pour renforcer ou nuancer l’analyse des informations.

A l’issue de nos recherches, la récolte constitue le stade final à partir duquel on juge la productivité d’une plantation. Elle devrait être échelonnée et faite après la chute naturelle des noix pour faciliter une bonne présentation commerciale du produit. Selon Senecomex sénégal (2007) « si les noix sont cueillies prématurément de l’arbre, le cajou ne sera pas mur et aura des rendements bas ». Mais dans la réalité et suite aux enquêtes de terrain, il a été constaté que les femmes et les enfants s’adonnent à la cueillette des faux-fruits dans le but de les vendre. Ce comportement entraîne par la suite une baisse de rendement et un mélange avec les noix non mûres et entache la qualité des produits à mettre sur le marché. Or Selon Adégbola et Ofio (2005) cité par Salifou Issaka (2008), les noix et amandes du Bénin sont réputées de bonne qualité et occupent la troisième place sur le plan mondial après celles de la Guinée-Bissau et de la Tanzanie. Elles bénéficient par conséquent d'une meilleure cotation par rapport aux prix offerts.

D’un autre côté, la démarche qualité n’est pas bien respectée chez certains grossistes qui, dans l'incapacité de fournir le volume de noix promis, achètent des noix du pays voisin comme le Togo dont la qualité est moindre. Ces noix sont ensuite mélangées à celles achetées chez les producteurs béninois. Tous ces comportements ne sont pas de nature à assurer la traçabilité de la noix béninoise. Eu égard aux exigences actuelles en matière de traçabilité des produits agro-alimentaires, aussi bien les producteurs que les