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Arnaud le Goff, installé en maraichage depuis moins d’un mois, 10 jours. An- ciennement écologue en milieux tropicaux. Reconversion car pas de tra- vail ou rien qui ne corresponde a ses valeurs. BPRA = brevet diplôme dans l’agriculture, facilite l’installation, pour les aides européennes, et surtout le foncier. Développer une ferme en maraichage, avec des techniques inno- vantes. C’est un portage foncier, parce que c’est assez compliqué de trouver des terres, donc l’idée c’est que je me suis rapproché des collectivités, des mairies. J’avais même demandé au parc régional de brière s’ils avaient pas des porteurs de projet, où s’ils connaissaient pas des projets où je puisse candidater quoi, en périphérie de ville. Et puis je sui tombé sur une annonce sur le RDI, un truc mis en place par la chambre de l’agriculture, qui met des exploitations à reprendre pour que des agriculteurs. Je suis donc tombé sur ce projet sur le RDI, en parallèle sur le bon coin. J’avais aussi fait le tour de tous les agriculteurs dans le coin, en leur disant que voilà, je veux m’installer en maraichage, j’ai de la famille dans la presqu’île, on veut s’installer ici, est- ce que vous connaissez pas des exploitants à la retraite qui voudraient cé- der leurs terres quoi. Du coup c’est des maraichers qui venaient de s’installer finalement qui m’on parlé de ce projet là, qui était porté par la communauté de commune, donc la CAREN. J’ai contacté la RDI, j’ai contacté sur le bon coin, et j’ai fait part de mon intérêt à la CARENE, pour candidater 3 fois sur le même projet en fait, histoire d’être sûr.

Après il y a eu tout un appel d’offre etc. Il s’est ensuite possé la question de comment on acquiert ce site ? En fait la CARENE à préempté la ferme, c’était une ferme à l’abandon, la personne est décédée, les héritiers de cette ferme ont voulu la vendre aux plus offrants, donc fatalement ça voulait dire que la ferme partait à l’urbanisme. La maison elle était rachetée par quelqu’un au prix d’une maison en bord de saint nazaire, donc à peu près 130 000 €, et puis les terres auraient été revendues à un autre agriculteur, ainsi de suite. En gros, je pense que les héritiers avaient en tête de sortir plusieurs centaines de milliers d’euros de vente, pour que tout parte au maximum, en constructif. La CARENE, son objectif c’était de conserver la ferme, puisque dans cette ville c’est possible de conserver des fermes en bordure de ville. Donc l’idée c’était pas de tout raser, de mettre des lotissements, et puis dans 20 ans de dire : « ah merde, ya plus de maraichage », donc ils ont pas étés trop mauvais sur cet aspect là. Ils ont donc préempté la ferme et cherché un repreneur. Par contre ils ont pas trop réfléchi comment transmettre le bien, ils l’ont préempté 130 000 euros, mais pour nous c’était pas possible en fait d’acheter à un tel prix, plus ensuite rajouter 100 000 euros d’investissement

quoi. L’idée c’était donc de nous le vendre au prix de la terre agricole, donc beaucoup moins cher, soit de nous le louer, mais la loc ça posait pas mal de problemes. Au début c’était prévu en location accession comme on peut faire sur des immeubles, des appartements. Mais ça posait quand même la question de la pérénnité du truc. Moi je vais engager des frais, je vais avoir des emprunts à rembourser, et il fallait qu’aux yeux des banques j’ai des ga- ranties de rester sur place. Il y avait donc que 2 possibilités, soit j’achetais, soit on faisait des beaux ruraux, de 9 ans reconductibles. En bref la location ça n’arrangeait personne.

On est donc partis sur une vente normale, avec un paiement à terme. Ca veut dire qu’aujourd’hui on est propriétaires, on a acheté le bien, et en fait on le paye dans 4 ans. Donc en fait, la CARENE nous fait un crédit de 4 ans sans intérêts quoi, ce qui permet en fait de lancer l’entreprise sans plomber la trésorerie dès la première année, donc en fait c’est du portage foncier. La CARENE porte notre foncier le temps qu’on puisse commencer à produire, avoir une trésorerie un peu plus étoffée, et puis assumer ces frais là. Eux, ils avaient une crainte, c’est que je fasse un fax projet, en acquérant un bien à 40 000 euros, qui en vaut en fait 150 000, et puis finalement au bout de 2, 3 ans, laisser tomber, revendre, et faire une plus value. Pour palier à ça, on est passé par la SAFER, qui est un organisme préempteur, et je suis donc soumis à un cahier des charges, qui s’applique pendant 10 ans, je dois donc leur rendre des comptes sur ce que je fais et ce que je produis sur l’exploitation, ce qui fait que si je veux revendre, ou mettre en location au bout de 5 ans, je pourrais pas le faire comme ça, il faudra que je passe par la SAFER pour demander l’autorisation, et ça peut être refusé. Aussi si je décide que j’en ai marre de faire du maraichage, la SAFER et la CARENE sont les racheteurs privilégiés. Ils vont venir repréempter. Ca, ça permettait de rassurer la CAREN. C’est assez rare, c’est pas commun pour une agglo de faire ce genre de choses. Mais voilà, ils sont engagés, ils ont des convitions, et ils les mettent en place. Alors c’est pas forcément simple, je dirais même que ça a été un gros bordel. Il ya des inconvénients, notament à cause du cahier des charges, j’ai pas pu suivre le planning que je voulais suivre moi, donc sur certaines choses je suis un peu en difficulté, parce que eux, m’ont poussé à m’installer très vite, et ça devient compliqué, même financièrement. Mais par contre, derrière, là aussi ils sont à 100%, leur volonté c’était qu’un agriculteur puisse s’installer, la condition étant que moi je puisse acheter, et donc voilà, il me l’ont vendu quoi. C’est vrai que j’avais candidaté sur des choses similaires, à Nantes ou à Rennes, mais ça s’apparantait plus à de la com quoi. Genre, oui on va installer un petit maraicher, mais derrière, les métropoles elles voulaient pas lacher les terres. Elles veulent les garder, au cas il y aurait un projet mieux à faire dans 10 ans, et donc ça permettait pas de s’installer correctement quoi.

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Attachement à l’agriculture

- Ton rattachement à l’agriculture il s’est fiat comment ? C’est parce que tu étais écologue et qu’il y avait ce lien à la nature ?

- Il y a un côté lien à la terre, entre guillemets, en tout cas à l’extérieur et à la nature, aux plantes. En fait j’ai une formation de botaniste à la base, d’où les légumes, et pas les vaches et les moutons en fait. C’est un peu le pendant de l’écologie en milieu agricole. Mais en fait l’idée à la base, c’est que je voulais pas vivre à la ville. Donc j’avais pas non plus envie de me dire que j’allais faire un boulot en bureau d’étude où j’allais bien bien gagner ma vie, mais par contre acheter une baraque à la campagne, et puis je traval- lerai en ville… Enfin ça ne me plaisait pas quoi. Du coup je me suis dit, si tu veux habiter à la campagne, et bah tu travailles à la campagne, et qu’est- ce qu’il y a de mieux à faire qu’agriculteur. Donc voilà, après j’avais déjà fait du woofing, des stages etc. J’ai rencontré un maraicher, qui m’a donné envie de faire ça, c’est grace ou à cause de lui, je sais pas, le temps le dira (rires). Ca s’est fait un peu tout seul quoi, petit à petit.

- On est proches de Saint Nazaire là ?

- Oui très proches, à 7 minutes du centre centre de Saint Nazaire en voiture. En vélo, je dirais une quinzaine de minutes, donc c’est cool.

- Est-ce que du coup tu dirais que c’est la ruralité ici ? Ou alors c’est plutôt péri-urbain ?

- Dans la ferme c’est la ruralité, chez le voisin c’est urbain. C’est ça en fait, bon on est pas en lotissement non plus, les maisons elles ne sont pas touche-touche, mais tout autour c’est quand même des petites maisons. On est vraiment à la frontière du rural. Là si tu traverse la ligne de chemin de fer on est vraiment dans le rural, c’est à dire qu’il y a une maison tous les 3 km, elles ont toutes 2 hectares de terre. Et de l’autre côté du chemin de fer c’est que des terrains de 1000 mètres carrés, avec des maisons, et nous au milieu. Agriculture urbaine

- C’est un terme qui est beaucoup utilisé en ce moment, celui de l’agri- culture urbaine. Est-ce que tu te revendiques de ça, ou bien pas du tout ? - Non, mais en fait j’ai pas la définition de ce que c’est l’agriculture ur- baine, à chaque fois que j’en entend parler, les gens qui évoquent ça, c’est des systèmes différents qu’ils présentent, donc je ne sais pas ce que c’est moi, l’agriculture urbaine. En fait, pour moi, ce que j’imagine être l’agriculture urbaine, et j’en ai vu passer pas mal des projets comme ça, c’est cultiver des petits pois sur le toit d’un immeuble, mettre des ruches sur un hopital. Utiliser des containers, comme à Rennes, ce que j’appelle de l’agriculture High Tech,

c’est à dire faire pousser des salades en plein centre ville, dans un container, sans lumière, sans rien, en hydroponie, en dépensant de l’électricité et de l’énergie.

- C’est pas productif ?

- Bah si c’est productif, mais c’est juste qu’on dépense de l’énergie pour faire pousser un truc qui est sensé pousser sans. Et pour moi c’est ça la défi- nition de l’agriculture urbaine, ou en tout cas le côté négatif de l’agriculture urbaine je dirais, et qui moi me paraît pas du tout judicieux, sauf à Singapour ou à Hong Kong, ou je sais pas où, ou même pourquoi pas à Paris, dans des villes à extrême densité en fait. En France, dans la plupart des endroits, on est quand même un pays très très rural, et du coup je vois pas du tout l’intérêt d’aller faire pousser des mauvais légumes en hydroponie dans un centre-ville alors qu’autour il y a plein de champs.

- Mais même à Paris, il y a quand même une ceinture verte autour qui doit permettre de nourrir, au moins en partie les quelques millions d’habi- tants.

- Après il faut savoir ce qui consomme le plus d’énergie. Est-ce que c’est faire pousser des mauvais légumes en hydroponie, sous lumière fluo, à Paris. Ou alors faire pousser des légumes à la campagne et les transporter vers Paris avec des camions. Si c’est en terme d’énergie, je ne sais pas, après si c’est en terme de qualité, il n’y a pas photo.

- Toi t’es plutôt bien placé quand même.

- Et bah c’est ce que je recherchais en fait, un cadre de vie, avec des arbres, des oiseaux, ne pas voir mon voisin, en gros. Et par contre, comme je fais du maraichage, et que le but c’est de développer de la vente directe, et locale, et bah il faut quand même que je puisse toucher des gens. Donc si j’avais acheté des terres dans le fin fond du Finistère, certes j’aurai pu les trouver, mais j’aurai pas eu un client pour vendre mes légumes. Et si j’avais acheté des terres en plein centre ville de Nantes, et bah j’aurai pas fait des légumes, j’aurai fait de l’immobilier quoi. Après on cherchait dans une ville pas encore trop grande en fait. Moi j’avais dans l’idée, Saint Nazaire et Lo- rient, pour moi c’est un peu les villes de demain, ou alors Saint Brieuc, dans le Nord. Des villes qui ont des dynamiques, qui ont des habitants, et sont pas encore des mégapoles, et donc ya encore de la campagne à proximité des villes. Donc on peut nourrir les habitants, sans pour autant se taper 50 km pour livrer. Et donc voilà Saint Nazaire ça semblait bien. Et puis on avait la famille à côté quoi, donc ça semblait bien.

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