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Dans notre étude, nous avons pu mettre en évidence que tous les médecins interrogés prennent en compte l’environnement de l’enfant.

4.1. Environnement psycho-social :

Le médecin généraliste a des informations précieuses recueillies pendant les consultations du nourrisson mais aussi en dehors grâce à sa place de médecin de famille, ce qui lui permet dans la grande majorité des cas, d’avoir une vision globale de l’environnement de l’enfant.

Tous les médecins interrogés donnent une définition riche et variée de l’environnement psycho- social de l’enfant.

Les éléments majoritairement cités sont en rapport avec les parents :

- Les particularités parentales : leur niveau socio-économique, leur niveau intellectuel, leur niveau socio-professionnel, leur niveau socio-culturel ;

- L’histoire familiale ;

- La composition du foyer familial ;

- Les habitudes et le comportement des parents.

En revanche, les autres personnes extérieures au foyer familial (famille élargie, mode de garde de l’enfant) et le lieu de vie de l’enfant sont peu pris en compte par les médecins.

Nous avons également pu constater que tous les médecins s’adaptent en fonction de leur connaissance de cet environnement.

En effet, ils modifient leur attitude en fonction de l’environnement psychosocial de chaque enfant en :

- Adaptant le langage utilisé et les conseils, en simplifiant les explications ;

- Donnant plus d’informations et en posant plus de questions ;

- Augmentant le temps de conseil.

De plus, les médecins évoquent des signaux d’alerte repérés en dehors de la consultation du nourrisson qui leur indiquent qu’il faut particulièrement soutenir les parents :

- Des fragilités familiales : difficultés avec la fratrie, mères isolées, violences conjugales ; - Un événement familial traumatique ;

- Un état psychologique parental à risque : l’anxiété, les pathologies psychiatriques ; - Le déroulement de la grossesse.

En plus des nombreuses informations détenues par le médecin généraliste du fait de sa place de médecin de famille, les médecins interrogés obtiennent d’autres informations lors de la

Des signaux d’alerte indiquent au médecin que le soutien est à renforcer chez les parents :

- Le comportement du parent : un parent énervé, agressif, trop exigeant, dépassé, inadapté, anxieux, détaché, faisant preuve de manque de patience ou encore une mère fragilisée par une relation trop forte avec l’enfant ;

- Le comportement du père avec la mère lors de la consultation ;

- Le développement psychomoteur : des anomalies motrices, un comportement du nourrisson qui interpelle, des difficultés d’interaction du médecin avec le nourrisson ; - Un retard de croissance staturo-pondéral.

Ces constatations mettent encore une fois en lumière la place privilégiée du médecin de famille, qui, par sa connaissance de l’environnement global de l’enfant, peut adapter son attitude et ses conseils en fonction de chaque situation afin d’apporter un soutien le plus efficient possible.

4.2. Relation parent-enfant :

Réel bénéfice pour le médecin dans l’exercice de son rôle de soutien à la parentalité, la prise en compte de l’environnement passe aussi par une analyse des interactions entre l’enfant et ses parents.

Les médecins généralistes sont donc très attentifs à la relation parent-enfant lors de la consultation, en s’intéressant prioritairement à l’attitude du parent : la façon de parler à l’enfant, les gestes envers l'enfant, l’attitude face aux réactions du nourrisson (la capacité à rassurer l'enfant, l’anxiété parentale ou encore l’énervement) ainsi que l’investissement de chaque parent.

Il est intéressant de constater que, si tous les médecins sont attentifs à l’attitude du parent, en revanche, spontanément seule une très faible minorité de médecins est attentive à l’attitude du nourrisson.

Paradoxalement, si l’interaction parentale est visiblement importante à évaluer pour eux, la majorité des médecins ne sollicite pas le deuxième parent, bien souvent le père, lorsqu’il ne vient pas aux consultations du nourrisson : soit parce que le praticien estime que ce n’est pas nécessaire, connaissant déjà le deuxième parent, soit parce que ce dernier n’est pas disponible aux vues de ses contraintes horaires.

D’autres médecins sollicitent le deuxième parent pour qu’il puisse venir en consultation afin d’analyser sa relation avec l’enfant, surtout lors des premiers mois de vie. Pour ce faire, ils adaptent volontairement leurs horaires de consultation.

La relation parent-enfant comprend aussi la dimension du lien affectif et de l’attachement. Les données actuelles de la science nous apprennent que la qualité de cet attachement précoce a un impact sur le développement émotionnel et psychique du nourrisson et sur le futur comportement de l’enfant (38). En effet, l’enfant a besoin, dès sa naissance, de la présence d’un adulte, attentif à ses besoins, avec lequel il développera un attachement sécurisé. Si ce lien ne se crée pas correctement, l’impact immédiat et futur sera important et il est donc nécessaire de l’évaluer précocement et de l’expliquer aux parents.

La guidance parentale peut permettre de détecter des anomalies du lien et de mettre en place des stratégies afin d’y remédier. Les médecins de notre étude qui sont à l’aise avec le soutien parental parviennent à travailler la question de l’attachement avec les parents au moment de la consultation. Étonnamment, d’autres médecins qui sont particulièrement vigilants à la relation parent-enfant, estiment cependant ne pas avoir de rôle dans le soutien du lien affectif, se sentant mal à l’aise où non légitimes. Cette forme d’implication leur semble trop difficile à mettre en place, comme s’ils ne pouvaient pas aborder une question aussi intime que le sentiment d’amour à l’enfant, au risque de culpabiliser le parent.

4.3. Sollicitations parentales :

Les médecins s’intéressent à la manière dont les parents stimulent le nourrisson. Par les questions posées, ils s’attachent à comprendre ce que les parents proposent quotidiennement au nourrisson (jeu, motricité, langage, lecture…). Par leurs observations en consultation, ils analysent l’attitude parentale, ce qui les renseigne sur les sollicitations faites à l’enfant (comment se déroulent le déshabillage, le portage, la manière de parler ou non à l’enfant…).

Nous savons que les acquisitions de l’enfant les premières années de vie ne sont pas uniquement génétiquement programmées mais dépendent directement des expériences proposées par l’environnement et donc des parents. Comme nous l’avons développé dans le contexte, les connaissances actuelles (13) montrent que l’enfant acquiert des compétences et intègre des représentations de lui-même et du monde qui l’entoure grâce aux expériences sensorielles et motrices qu’il vit, d’autant plus qu’elles sont accompagnées par l’adulte.

L’analyse des stimulations parentales par les médecins s’inscrit donc pleinement dans les fondements de la guidance parentale et dans un de ses objectifs qui est de soutenir le développement psychomoteur.