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PRISE DE CONNAISSANCE

Lassa souriait. Elle était assise sur le coin d’un immense lit, à l’étage de la maison d’hôte de Magda, une petite quinquagénaire replète.

Après avoir récupéré les chevaux, ils s’étaient dirigés vers le centre-ville, traînant derrière eux la monture de l’inconnu et Kelvin avait décidé de faire une halte dans un magasin pour lui trouver des vêtements convenables pour leur rendez-vous du soir.

Ils avaient donc atterri dans une jolie petite boutique féminine où la patronne s’était fait un plaisir de guider Lassa vers un choix de ses plus belles robes. Se souvenant de comment était habillée sa mère lors de leurs séances d’imprégnation, elle avait porté son choix sur une robe droite qui lui descendait aux chevilles, blanche à liserés dorés et sur une ceinture assortie. Des petites chaussures lacées en cuir complétèrent sa toilette. La patronne lui emballa gentiment ses articles tout en la félicitant pour son choix. Elle avait également tenu à lui offrir un joli peigne en cadeau de bienvenue.

— Y a-t-il quelque chose que je doive faire en échange de ces vêtements ? avait demandé Lassa

— Ma petite chérie, avait répondu la patronne, même s’ils m’avaient coûtée une fortune, je te les aurais donnés. Cependant, tu m’as amplement remboursée déjà. Je vais immédiatement dupliquer le modèle car je sens que toutes les demoiselles du coin en voudront une.

— Vous êtes beaucoup dans le village ?

— En fait, pas si tant. On doit en être à trois cents personnes environ. Et il y a trois boutiques dans mon genre. Ici, ce n’est pas comme ailleurs dans ce pays, l’argent n’a pas cours. Mais

mes collègues seront verts de jalousie. Il faut bien que nous nous concurrencions sur quelque chose. C’est donc un concours de notoriété et de bon goût auquel nous nous livrons. Et là, ils sont hors jeu.

Ils avaient donc laissé la dame à ses rêves de célébrité et avaient remonté la rue jusqu’à la maison d’hôte et rencontré Magda. Pleine d’énergie, toujours à bouger, celle-ci avait été ravie d’avoir la compagnie de la Mère de l’humanité dans sa maison. Elle lui avait présenté sa fille Clara, une jeune demoiselle de dix ans, petite blonde qui lui avait fait une révérence gracieuse et avait pris son air timide.

Deux minutes plus tard, cependant, cette même Clara s’était lâchée. « La Mère de l'humanité ressemblait plus à une grande

sœur ». Elle avait donc d'autorité pris la main de Lassa pour lui

montrer la chambre. Elle s’était ensuite assise sur le lit pendant que Lassa rangeait ses affaires et lui avait décrit avec force détails ses deux amies, tout en lui posant des questions auxquelles Lassa avait été bien en peine de répondre.

Clara avait donc décrété sentencieuse avant de la laisser se préparer que « La vie doit être bien ennuyeuse toute seule ». Lassa s’en était accommodée mais la petite demoiselle lui avait vraiment fait ressentir ce qui lui avait manqué. La chaleur humaine.

Elle en était donc, après la douche, à se féliciter d’avoir changé d’environnement et se peignait les cheveux pour se présenter au mieux à la population du village.

Quelques coups à sa porte la sortirent de ses pensées. — Entrez…

La porte s’ouvrit sur un Kelvin vêtu de frais. Il avait fière allure et Lassa le lui dit.

— Merci, toi, tu es magnifique. Bien, il faut y aller. On va remonter la rue à pied jusqu’à la salle commune. Tout le monde est déjà présent et on n’attend plus que toi.

Ils sortirent et la fraîcheur du soir ravit Lassa. Ils marchèrent tranquillement et remontèrent la rue jusqu’à la place du village. Des lumières sur les murs des maisons éclairaient la rue d’une douce lumière diffuse.

— Comment maintenez-vous l’éclairage ?

— Une équipe se relaie toutes les deux heures et chaque homme est responsable d’un quartier du village. Ils maintiennent leur mot d'Avoir jusqu’à ce que d’autres les remplacent. C’est identique pour la barrière d’invisibilité. Mais si celle-là ne doit jamais cesser, les lumières sont éteintes après minuit.

La salle commune était une grande bâtisse, toute en longueur. C'est ici, lui avait précisé Kelvin que se déroulaient toutes les fêtes du village. « Ou les procès et les enterrements » avait-il rajouté en faisant une grimace. Lassa avait ri. Et il avait poussé les portes pour entrer.

Lassa ressentit comme un choc ; Tout ces gens qui se trouvaient ici, assis sur des bancs à discuter de l’événement. Cela faisait comme un gai brouhaha qui cessa soudainement à son apparition.

Toutes les têtes se tournèrent vers elle et elle se rapprocha de Kelvin. Il lui prit la main, lui sourit pour l’encourager, et ils remontèrent tous deux l’allée centrale alors que sur les bancs de chaque côté, les gens se levaient pour la saluer.

— On se croirait à mon mariage, lança Lassa pour amuser Kelvin.

— Pas du tout, répondit celui-là très sérieux. Sinon, je serais en train de t’attendre au bout de l’allée.

Lassa entendit mais ne répondit pas. Qu’avait-il voulu dire ? de

l’humour ?

Ils arrivèrent à l’estrade sur laquelle se trouvaient trois personnes derrière une grande table, qui s’étaient également levées.

Le docteur Kleine était là aussi qui la prit en charge, Kelvin allant s’asseoir dans la salle près d’un couple qui devait être ses parents.

Il lui fit monter les deux marches de l’estrade et ils s’installèrent tous deux à côté des trois notables qui avaient repris leurs sièges.

La communauté rassemblée là était silencieuse, enfants comme adultes, ils se rendaient compte de l’importance de l’événement.

L’homme bedonnant et jovial qui se trouvait au milieu se leva, s'éclaircit la gorge, fit un petit salut à la foule et prit la parole : — Sept cent vingt-huit ans. Le rendez-vous était pris pour poursuivre notre enseignement. Nous avons évolué grâce à Eléa, notre première Mère de l’humanité et nous accueillons aujourd’hui Lassa, qui, représentante de son monde, s’est fixée le même objectif. Je voudrais qu’aujourd’hui nous marquions la joie et le respect que nous apportons à cette visite ; Nous te disons bienvenue Lassa, notre Mère de l’humanité.

La parole de bienvenue fut reprise en cœur par tous et des applaudissements suivirent.

Lorsque le silence fut retombé, l’homme se présenta :

— Lassa, je m’appelle Ankthor et je suis le responsable du village. À mes côtés, Raven, notre institutrice qui enseigne aux enfants outre le calcul et la lecture, les trente-deux mots d'Avoir dont nous sommes si fiers ainsi que celui de notre sauvegarde qu’Eléa nous a donné avec sa vie. Je te présente également

Marx, notre représentant de la Justice qui avec deux assistants règle les petits conflits que nous avons.

Tu connais déjà le docteur Kleine qui ne tarit pas d’éloges sur tes connaissances qui vont nous être, je n’en doute pas, très utiles.

Notre petite communauté comprend des agriculteurs, des chasseurs, des commerçants, des artisans, ainsi que des attentifs, qui nous aident en mettant à notre disposition leur énergie dans tous nos besoins en mots d'Avoir utilisés sur une longue durée. On les appelle « attentifs » car ils ne doivent, pour notre sécurité, pas fléchir. Et maintenant, à ton tour, s’il te plaît, de te présenter.

Lassa s’y attendait. Mais cet honneur, elle l’aurait volontiers laissé à d’autres. Hier encore, elle n’avait jamais vu un humain et le lendemain, elle devait s’adresser à une foule de plus de trois cents personnes. C’était beaucoup lui demander mais elle se leva.

— Merci à vous tous pour cet accueil chaleureux. J’ai appris hier les circonstances dramatiques qui ont suivi l’arrivée d’Eléa ; le choix douloureux que vous avez fait de vous exiler au fond de la forêt pour évoluer en utilisant les mots d'Avoir. Vous n’avez pas oublié votre part du marché et vous êtes venus, malgré les dangers, me chercher. Sans cela, je me serais inconsidérément approchée d’une ville et j’aurais été à la merci des prêtres de Ka. Tout ce que j’ai pu voir de votre village m’a paru merveilleux.

Un murmure approbateur traversa l’assistance. Ils étaient fiers de leur réussite, fiers de leur village et heureux que cela plaise autant à Lassa.

Elle sourit. Elle avait parlé avec simplicité, sans chercher à plaire mais elle sentit soudain qu’elle avait bien parlé. Il était important de montrer aux gens que leurs efforts avaient porté.

— Je n’ai que quatorze ans, reprit-elle. Dans la pensée des Fondateurs de notre monde, je ne devais pas me retrouver dans une telle situation. Je devais m’intégrer doucement à votre société pour bien comprendre vos motivations et vos coutumes pour ensuite apporter mes idées.

Cette évolution en douceur est comme qui dirait compromise. Votre pays souffre, en partie à cause de nous, et je me sens responsable. Je ne peux me permettre de laisser cette situation perdurer. Je ne suis pas adulte, je ne suis pas une guerrière mais il va falloir faire quelque chose car ma mission est destinée à votre monde en entier.

Les habitants du village l’interrompirent à ce moment là par des applaudissements et des hourras qui durèrent bien deux minutes.

Elle pouvait entendre également son nom prononcé ou le terme Mère de l’humanité dont ils l’avaient honorée. Ils attendaient beaucoup d’elle et elle ne savait par où commencer. Elle se tourna vers Ankthor et celui-ci comprit le message. Il se leva et le calme revint.

— Lassa, tu dois comprendre que cela fait longtemps que nous espérons ta venue. Nous ne sommes pas assez nombreux pour changer les choses mais nous n’avons pas perdu l’espoir de le faire. Je comprends qu’à peine débarquée, tu ne puisses nous trouver une solution miracle mais nous avons confiance en toi. Laisse-toi guider par tes connaissances. Nous t’aiderons de notre mieux.

Les hommes comme les femmes rassemblés ici hochaient la tête pour appuyer le discours de leur représentant. Ils voulaient du changement.

Marx se leva et toucha le bras de Ankthor. Celui-ci se rassit. — Chère Lassa, Merci. Merci d’abord pour nous redonner l’espoir. Vous savez, je m’occupe de régler les petits problèmes

de voisinage que nous connaissons mais je me suis également engagé avec plusieurs pour maintenir une surveillance serrée des agissements des prêtres de Ka. Et ce que je peux dire pour résumer la situation, c’est qu’ils ont le pays bien en main. Ils contrôlent tout et ils ont une armée puissante qui leur obéit. Cependant, la population est fatiguée d’être à leur merci et je sais qu’une étincelle pourrait changer toute cette situation. Et pour dire, vous n’êtes pas une étincelle jeune demoiselle, mais un soleil.

La foule applaudit aux paroles de Marx et Lassa sourit.

— Je n’ai pas la notion de ce que vous êtes capable de nous apporter dans cette lutte, vous ne savez pas non plus exactement ce qui a été engagé pour résister à cette situation. Je propose donc que l’on nomme un Comité pour que sortent les idées qui porteront notre avenir.

La foule applaudit de nouveau et Lassa approuva de la tête. — Mes petits gars, que j’envoie régulièrement aux nouvelles, sont devenus maîtres dans l’art de s’approcher au plus près des prêtres et de leurs alliés. Ils nous seront d’une aide précieuse. Je pense également qu'Ankthor, en tant que représentant du village devrait y participer, et je lance ici un appel à vous, mes amis, pour que ceux qui veulent apporter leur pierre à ce projet rejoignent le comité.

Kelvin se leva d’un bond. Il était volontaire. Ne serait-ce que pour rester au plus près de la Mère de l’humanité. L’aventure commençait et il ne souhaitait pas être laissé pour compte. Dans la salle, quelques personnes se levèrent aussi.

L’institutrice nota les noms sur une feuille de papier et Ankthor leur donna rendez-vous dès le lendemain dans cette même salle. Lassa sentait que le village dans son ensemble voulait porter le projet. Elle était le fédérateur qui leur manquait et elle se résolut à tenir ce rôle malgré son âge.

— Bien, lança-telle en se levant. Je me sens concernée comme je le disais car les mots d'Avoir ne peuvent être utilisés pour opprimer et soumettre. C’est même exactement l’inverse de pourquoi je suis ici. Donc je vous aiderais de mon mieux. Les habitants du village n’attendaient que cela. Ils se levèrent et applaudirent. Eux non plus ne souhaitaient pas que cette situation se perpétue. Ils voulaient que leurs enfants soient libres de circuler et d’utiliser leurs connaissances sans risque. Ils voulaient que tous aient les mêmes dons qu'eux et évoluent également.

— Oui, Mère de l’humanité, nous sommes avec toi… entendait-elle dans le brouhaha.

Lorsque le silence se fit, elle reprit.

— Je ne sais pas comment nous allons vaincre les prêtres de Ka mais j’ai quand même quelques petits apports immédiats en ce qui concerne les mots d'Avoir.

Nous n’avons tous la possibilité de n’utiliser qu’un seul mot d'Avoir à la fois. Mais comme vous êtes obligés de vous protéger sous l’invisibilité, vous êtes individuellement privés de Pouvoir en fait. Je vais donc vous apprendre à fixer un objet avec ce mot qui est nécessaire pour votre sauvegarde.

Cette bague, ce pendentif ou ce que vous voudrez, vous le porterez sur vous. Lorsque vous y penserez, vous le déclencherez. Vous pourrez ainsi sous couvert de cet objet utiliser un autre mot d'Avoir.

La salle resta muette quelques secondes, puis chacun se tourna vers son voisin ou en interpella un pour lui demander s'il avait bien compris.

— Le mot d’invisibilité contenu dans un objet ? résuma le Docteur Kleine

— Oui, confirma Lassa. D'une façon plus générale, nous allons procéder de même. Je pense qu’il suffirait de dresser des

poteaux autour du périmètre de votre village et de fixer un mot d’invisibilité dessus. Ils se chargeront indéfiniment de ce travail.

Même chose pour les lumières qui éclairent le soir vos rues. Je crois bien que l’équipe des attentifs ne doive se trouver une autre occupation.

L’euphorie était à son comble. Chacun se félicitait de cette possibilité et inventait déjà des utilisations à cette innovation. Ankthor demanda le silence et tous se rassirent pour l’écouter. — Voilà qui est parler Lassa. Que de progrès en quelques minutes. Nous allons tous réfléchir aux avancées que nous promet cette nouvelle possibilité. Je pense que notre réunion arrive à son terme. Je compte sur les volontaires demain soir dans cette même pièce. Lassa, bien que les attentifs prennent leur travail très au sérieux, c’est une tâche exténuante et le plus tôt sera le mieux pour mettre en place les protections. Que penses-tu de nous donner rendez-vous demain matin chez Selvin, notre charpentier. Il nous donnera des poteaux et nous irons directement les installer.

Sous ses airs bonhommes, Ankthor était un vrai gestionnaire et les gens l’écoutaient. Il donna encore quelques instructions et clôtura la réunion.

Les gens s’attardaient, discutant entre eux, et on les sentait animés par un même entrain. Ils se connaissaient tous et partageaient les mêmes préoccupations.

Lorsque Lassa descendit de l’estrade, ils la saluèrent gentiment sans toutefois l’accaparer ce dont elle leur fut reconnaissante. Kelvin, dans un coin, lui fit un signe et elle le rejoignit en se faufilant entre les groupes.

— Demain, je viens te chercher à huit heures pour t’emmener voir Selvin. Ça te va ?

— Oui, ce sera parfait. J’espère que Raven sera là pour apprendre à imprégner les objets. Elle pourra ensuite l’enseigner aux autres.

— Ne t’inquiète pas pour notre institutrice. Je la connais bien, elle m’a fait l’école. Elle est dévorée par l’envie de savoir et sa classe aura certainement congé demain. Elle ne manquera rien de ta prestation. Je voudrais te présenter mes parents.

Il se tourna vers le couple que Lassa avait remarqué plus tôt, accompagné cette fois par une jeune fille de l’âge de Lassa. Le couple lui sourit et s’approcha.

— Voici Jehor et Marcia, mes parents. Et cette petite princesse, c’est ma sœur Camille.

C’était vrai que Camille ressemblait à une princesse. Elle était charmante dans sa robe légère et ses longs cheveux bouclés châtains lui descendaient jusqu’à la taille. Son beau visage aux pommettes hautes s’éclairait par des yeux verts magnifiques. — Bonjour Jehor, Bonjour Marcia. Heureux de faire votre connaissance. Je ne connais Kelvin que depuis deux jours mais c’est un garçon très sympathique. Camille, tu es magnifique. — Merci Lassa. Tu n’es pas mal non plus. Par contre, si on m’appelait Mère de l’humanité à quatorze ans, je ferais des bonds de deux mètres. C’est horrible ce que ça peut faire vieillot.

— Bien d’accord avec toi, je préfère Lassa. Mais ils vont vite s’en rendre compte.

— Bon les enfants, on vous laisse. Je vais mettre la dernière touche au repas de ce soir. Tu manges avec nous Lassa ?

Lassa fut reconnaissante à la mère de Kelvin d’avoir pensé à elle.

Elle accepta chaleureusement.

Se retrouvant seuls, les trois jeunes décidèrent de flâner en remontant doucement vers la maison où la table les attendait.

Les rues étaient encore animées. Les gens rentraient chez eux mais la nouvelle de l’arrivée de Lassa était sur toutes les bouches et beaucoup s’arrêtaient pour discuter encore un peu avec un ami. Les boutiques, par contre, étaient fermées. Tous avaient abandonné leurs activités pour se rendre à la réunion. — Kelvin m’a dit que tu es seule depuis ta naissance naviguant dans l’espace avec, je n’ai pas bien compris, un objet qui parle et qui porte un nom ?

— Oui, Stilv est un ordinateur. C’est une boîte presque vivante qui contient toutes les informations connues et qui est capable de parler. On lui a donné les caractéristiques de mon père et il est très gentil avec moi.

— Et comment es-tu née toute seule ?

— Il y a dans le vaisseau une matrice artificielle ; elle est comme le ventre d’une mère. Elle peut faire grandir un bébé jusqu’à-ce qu’il soit prêt à naître. Il suffit donc au début de lui donner la matière : les cellules reproductrices de mes parents et elle s’arrange pour qu’un petit bébé en sorte neuf mois plus tard. Stilv n’avait plus qu’à lancer le processus.

— Incroyable ! répondit Camille médusée.

— Et en plus, elle peut lui parler par la pensée, n’est-ce pas Lassa ?

— Il est à l’écoute de tout ce que je ressens physiquement, de tout ce que je dis, de ce que j’écoute. Il entend en ce moment notre conversation et s’il a quelque chose à dire, il me parle en pensée.

— Et tu supportes ça ?

— C’est mon travail, si on veut. Il collecte ainsi toutes les