Les résultats obtenus par l’approche empirique et par les expérimentations en laboratoires sont
résumés ici :
• Les communautés de macro-détritivores :
La diversité des macro-détritivores est faible (6 espèces de vers de terre, 6 espèces de
cloportes et 7 espèces de diplopodes) mais concorde avec les données couramment
publiées dans la littérature. Elle diminue avec l’âge du peuplement de hêtre et il
n’existe pas de succession d’espèce sensu stricto.
Les facteurs externes dirigeant la composition des communautés de
macro-détritivores sont principalement : (i) l’acidification du sol par le traitement en futaie
régulière de hêtre; (ii) l’absence d’essence à litière améliorante en fin de rotation;
(iii) l’ouverture de la canopée dans les phases d’amélioration et de régénération et
(iv) la forte variabilité de l’episolum humifère à l’intérieur d’un stade sylvicole.
Ces facteurs agissent respectivement en (i) empêchant la présence de vers de terre
endogés ou anéciques sensibles aux faibles pH, (ii) empêchant le changement
théorique de communautés lors d’une modification des ressources (apport de litière
améliorante), (iii) ayant un impact sur les retombées de litière et les conditions
micro-climatiques et (iv) permettant la présence, dans une parcelle donnée, d’espèces
dont les exigences écologiques diffèrent.
Deux principaux facteurs internes aux communautés ont été proposés pour expliquer
les assemblages obtenus à l’échelle du point de prélèvement (1 m²). L’interprétation
des résultats de la partie II.1.1 indique que la complémentarité de niche interviendrait
dans l’assemblage des espèces dans les phases de plantation et de croissance (<100
ans) alors la co-occurrence due à la ségrégation spatiale des espèces expliquerait les
résultats obtenus dans les phases d’amélioration et de régénération (>100 ans).
• La dynamique de la matière organique
Les stocks de C organique dans l’horizon minéral (0-Ce) ne varient pas au cours de
la rotation forestière (6,4 ± 0,1 kg m
-2), alors qu’ils augmentent dans l’episolum
humifère de la phase de plantation à la phase d’amélioration (2,82 à 3,30 kg m
-2,
respectivement) puis restent stables. Ces modifications interviennent principalement
dans l’horizon organo-minéral.
La séparation de l’episolum humifère en fractions physiques et la caractérisation de
ces fractions m’a permis de proposer des hypothèses sur la dynamique de la MOS de
la forêt d’Eawy.
II.3. Principaux résultats obtenus sur le sol de la forêt d’Eawy
o En premier lieu les traits de vie du peuplement de hêtre influencent les
conditions environnementales (pH) et les quantités de retombées de certains
pools qui diffèrent par leur décomposabilité (faines, bois, feuilles et racines).
o Nos résultats montrent que, sur 200 ans, le C associé aux matières organiques
particulaires (MOP) dans l’horizon A peut atteindre des valeurs importantes
(jusqu’à 68% du C total) participant ainsi fortement aux stocks de C.
o Les C/N de l’horizons A sont compris entre 15,8 et 17,0, ce qui place les
episolum humifères de cette étude à la limite entre les mull et les moder (C/N
de 10-15 15-25, respectivement).
o Dans le débat actuel sur l’effet de la futaie régulière sur la dynamique de la
MO, la forêt d’Eawy est un exemple d’effet neutre de la rotation sur les
stocks de C dans l’horizon minéral et d’une tendance à l’accumulation de C
dans certaines fractions de l’episolum humifère.
• L’effet des macro-détritivores sur la dynamique de la MOS
La confrontation des résultats empiriques ne permet pas de lier la diversité des
macro-détritivores aux stocks de C dans l’episolum humifère, cependant un relation
apparaît avec les MOP >200 µm des horizons holorganiques. J’ai donc testé l’impact
des macro-détritivores sur la biodégradation des feuilles de hêtre en conditions
expérimentales.
Les macro-détritivores ne sont pas capables de dégrader les feuilles récemment
tombées de l’horizon OL, leur action sur la litière de hêtre nécessite l’intervention
préalable des micro-organismes.
Les effets mesurés montrent qu’il est possible de séparer les macro-détritivores en
groupes distincts sur la base de leurs effets spécifiques sur la biodégradation des
feuilles partiellement décomposées de l’horizon OF.
L’augmentation du nombre d’espèces de 1 à 3 augmente la perte de masse et le
dégagement de C-CO
2des feuilles partiellement décomposées de l’horizon OF. Les
résultats des microcosmes contenant 4 espèces posent des problèmes d’interprétation
car un seul assemblage a été mis en place.
La diversité fonctionnelle, mesurée par la dissimilarité morphologique des espèces,
présente de très fortes relations avec la perte de masse des feuilles partiellement
décomposées de l’horizon OF. Une forte similarité morphologique au sein des
assemblages est associée à une faible perte de masse des feuilles, suggérant que des
interactions compétitives entre espèces morphologiquement proches abouti à de
faibles effets. Les performances les plus fortes sont observées pour des assemblages
II.3. Principaux résultats obtenus sur le sol de la forêt d’Eawy
présentant une similarité morphologique intermédiaire. Ce niveau optimal de
similarité pourrait correspondre à un point d’équilibre entre interactions compétitive
et complémentarité au sein des assemblages. Enfin, des valeurs plus élevées de
dissimilarité sont liées à une faible mais significative baisse de l’efficacité des
assemblages sur la perte de poids des feuilles. Cela peut refléter un effet négatif d’un
trop grand espacement entre les niches des espèces.
III. Agrosystème d’Yvetot
III. Relations entre la diversité des lombriciens et la dynamique des
matières organiques du sol de parcelles agricoles; le cas des sols
du LEGTA d’Yvetot.
III.1. Communautés de lombriciens du LEGTA d’Yvetot