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2 Cadre théorique

2.3 Description des principaux outils de mesure

2.3.1 Les principaux outils de mesure utilisés en sport collectif

La littérature scientifique ne semble pas comporter énormément d’outils de mesure spécifiquement conçus pour les sports collectifs, surtout en situation compétitive (Nadeau et al., 2008). En effet, une analyse récente de la littérature scientifique disponible en français et en anglais nous a donné accès à quelques outils de mesure de la performance en sports collectifs. Hormis le TSAP, on distingue principalement deux autres outils de mesure destinés aux sports collectifs que sont : le GPAI « Game Performance Assessment Instrument » (Oslin, Mitchell & Griffin, 1998), et le GPET « Game Performance Evaluation Tool » (García-López, González-Víllora, Gutiérrez-Díaz & Serra-Olivares, 2013).

L’intérêt de recenser les différents outils de mesure de la performance en sport collectif est pour connaitre quelles sont les différentes variables qui ont été utilisées jusqu’à maintenant par les chercheurs ainsi que les différentes stratégies qui ont été utilisées pour utiliser ces outils. Les variables utilisées peuvent justifier l’importance de les insérer dans une adaptation du TSAP pour le basketball et les stratégies permettent de comprendre quelles pourraient être les spécificités à prendre en compte pour respecter les conditions de jeu. Par exemple, un match de basketball est d’une durée fixe mais les joueurs qui participent au match n’auront pas tous le même temps de jeu. Il faut donc tenir compte de cet aspect dans les analyses.

À titre d’exemple, le GPAI est un instrument de mesure développé par Mitchell et collaborateurs (1995) permettant de mesurer l’aspect tactique de la performance des joueurs. Tel que le mentionne Nadeau (2001), cet instrument de mesure analyse les prises de décision des joueurs, leur capacité à se déplacer adéquatement et à exécuter les réponses motrices

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appropriées aux problèmes tactiques rencontrés (Nadeau, 2001). L’avantage principal du GPAI est qu’il permet de mesurer les actions motrices des joueurs porteurs aussi bien que celles des non-porteurs. Toutefois, tel que le mentionne Georget (2013), les observations des actions réalisées par les non-porteurs de balle et compilées par cet outil de mesure sont bien souvent très arbitraires et relativement subjectives à moins que les critères d’observations soient très spécifiques ce qui rend l’observation beaucoup plus difficile. Des choix doivent également être faits avant l’observation pour connaitre les variables qui seront observées car la grille deviendrait beaucoup trop complexe pour observer avec précision toutes les actions motrices des joueurs. Plus les critères d’observation sont détaillés et nombreux, plus long sera l’observation du match et l’analyse des données. Pour ces raisons, le GPAI peut difficilement être utilisé de façon régulière par les entraineurs en contexte compétitif. Cet outil convient davantage au contexte scolaire, aux enseignants en éducation physique, qui ciblent une ou deux actions motrices par observation et qui utilisent une observation par les pairs pour faciliter la saisie de données (Oslin, Mitchell & Griffin, 1998).

Par ailleurs, le GPET a été conçu par García-López et collaborateurs (2013) et a comme atout principal l’analyse de la prise de décision et l'exécution des habiletés tactiques en sport collectif (García-López et al., 2013). Cet outil évalue la manière dont les actions des joueurs s’adaptent aux principes tactiques, et sépare les composantes cognitives de la prise de décision et de la motricité (Bayer, 1992). Par contre, ces mesures sont encore une fois basées sur une appréciation de la performance comme le GPAI. De plus, le GPET ne tient pas compte du nombre d’actions effectuées, ce qui est un volet de la performance très important. Tout comme le GPAI, cet outil de mesure a été construit à partir d’une évaluation par les pairs, donc est plus adapté au contexte scolaire et beaucoup moins au contexte sportif compétitif, surtout en situation de match (García-López et al., 2013).

2.3.2 Les principaux outils de mesure spécifiques au basketball

La littérature scientifique consultée permet également de recenser trois principaux outils de mesure spécifique au basketball. Ainsi, on distingue le « Performance Rating System » (PRS) qui est un outil de mesure permettant de juger la contribution des joueurs (quantitatif de la performance) dans le jeu en recueillant des statistiques individuelles des joueurs et en essayant de les mettre en relation pour produire un indice de performance (Rose,

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2004). Cet outil permet d’évaluer aussi bien les performances offensives que défensives à travers des variables telles que tirs réussis, rebonds offensifs, rebonds défensifs, etc. Toutefois, le PRS ne tient pas compte de la qualité d’exécution des actions des joueurs et donc de l’aspect qualitatif de la performance. Donc, plus un joueur touche au ballon, plus élevé sera son score de performance. Or, cela ne tient pas en considération les actions où le joueur commet des erreurs et donne le ballon à l’adversaire d’une manière ou d’une autre… Cet aspect est essentiel à la mesure réelle de la performance d’un joueur.

Un autre outil issu de la littérature scientifique est le « Boetel Basketball Rating Scale » qui permet également de mesurer la performance des joueurs et aide les entraineurs dans le choix de sélection des joueurs afin de participer à une compétition (Boetel, 1981). L’avantage de cet outil est qu’il permet d’évaluer aussi bien les performances offensives que défensives à travers des variables regroupées en sept catégories à savoir : la capacité de tir et les mouvements offensifs, les mouvements et tactiques défensifs, le rebond offensif/défensif, vitesse et rapidité, contrôle et équilibre du corps, jeu de sol général. L’outil est également adaptable car chacune de ses catégories peut être pondérée en fonction de la philosophie de jeu et des besoins de l’entraineur. Par exemple, les variables évaluant la capacité de tir et les mouvements offensifs contribuent deux fois plus fortement dans la notation globale des joueurs que les variables évaluant les mouvements et tactiques défensifs, qui ne comportent que 3 éléments. Toutefois, à l’inverse du PRS, cet instrument de ne tient pas compte de la quantité moyenne ou totale des actions effectuées par les joueurs et ainsi du volet quantitatif de la performance.

Finalement, le « System of the performance evaluation criteria weighted per positions in the basketball game » quant à lui, est un instrument permet d’évaluer la performance des joueurs en fonction de leur poste au basket-ball (Trninić & Dizdar, 2000). Sur la base de l’expertise de dix experts du basketball, dix-neuf variables d’évaluation des performances (soit sept variables pour évaluer la performance défensive et douze variables pour évaluer la performance offensive) avec des coefficients de pondération relative aux positions dans le jeu ont été déterminées. À partir de ces variables, des indices de performance offensive et défensive sont calculés. Certes, cet instrument tient compte des positions de jeu des joueurs et évalue aussi bien les performances offensives que défensives,

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mais il comporte une très grande quantité de variables ce qui rend l’observation et l’analyse des matchs longues et fastidieuses. Le système de pondération des variables est aussi quelque peu arbitraire et ne convient pas nécessairement à tous les joueurs qui, bien qu’ils aient des positions identiques, n’ont pas nécessairement les mêmes rôles à jouer dans les équipes.

Le recensement de tous ces instruments de mesure met en lumière plusieurs aspects qu’il est important de prendre en considération pour mesurer la performance des joueurs de basketball. Premièrement, certaines actions motrices sont plus déterminantes pour la performance (comme les passes et les tirs) et concernent principalement les joueurs en possession du ballon. Deuxièmement, il est important de tenir compte du volume d’actions des joueurs mais aussi de la qualité des actions posées. Troisièmement, les observations doivent avoir un haut niveau d’objectivité pour s’assurer d’une fidélité suffisamment élevée entre les observateurs. Quatrièmement, un grand nombre de critères d’observation peut rendre la mesure fastidieuse, particulièrement s’il faut juger à chaque fois de l’action observée. Finalement, compte tenu de la vitesse des actions et de la quantité de variables à tenir en considération pendant un match réel, l’observation par les pairs n’est pas nécessairement possible, surtout au basketball universitaire.

2.4 Les constats des études qui ont traité du TSAP

L’instrument de mesure TSAP (Team Sport Assessment Procedure) (Gréhaigne et al., 1997) a été développé à l’origine pour obtenir des données objectives sur la performance des élèves en contexte scolaire dans des sports d’invasion et de filet (Richard, 1998). Au fil des années, quelques adaptations du TSAP en sports compétitifs ont été répertoriées dans la littérature scientifique (Nadeau, 2001; Nadeau et al., 2008; Georget, 2013). En effet, l’étude de Nadeau (2001) fut l’une des premières à adapter le TSAP pour les sports compétitifs en validant cet outil de mesure pour une utilisation en situation réelle de jeu au hockey sur glace (Nadeau et al., 2008).

Tout comme au hockey sur glace, une adaptation du TSAP a été créée et utilisée au soccer compétitif (Georget, 2013). À ce propos, les travaux de Georget (2013) révèlent que la performance offensive globale du joueur en situation réelle de jeu peut être mesurée de manière plus objective et systématique grâce à l’utilisation du TSAP (Georget, 2013). Bien que l’auteur a cherché à mesurer la performance des joueurs en considérant aussi les actions

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sans le ballon, ses résultats démontrent qu’une forte corrélation existe entre les résultats au TSAP soccer et les analyses du jeu sans le ballon. Les mesures des actions des joueurs sans le ballon, bien que beaucoup plus fréquentes au cours d’un match, demeurent sujette à plus de subjectivité et d’interprétation que les actions des joueurs avec le ballon telles que celles observées dans le TSAP (Georget, 2013).

Ensuite, d’autres adaptations du TSAP ont été créées par Hodzic et Abassi respectivement au basketball et au soccer, mais les travaux de leurs différentes recherches n’ont pas encore été publiés (Hodzic 2019; Abassi, 2019 documents non publié). Les travaux de Hodzic ont permis d’établir les différentes actions motrices qu’il est possible d’observer au basketball (elles seront décrites dans la méthodologie) alors que l’étude d’Abassi a porté sur l’évolution des performances durant une saison et les liens possibles à faire avec les performances en situation d’entrainement (Abassi, non publié).

Par ailleurs, le TSAP adapté pour le hockey sur glace compétitif a également été utilisé pour comparer la performance des joueurs de hockey de catégorie peewee (11 à 12 ans) évoluant dans des ligues où la mise en échec corporelle est autorisée (Alberta) comparativement à des ligues où elle ne l'est pas (Québec) (Fortier, 2014). Les résultats de cette étude révèlent que le niveau de performance des joueurs n’est pas influencé de façon significative par la mise en échec corporelle (Fortier, 2014). Compte tenu que la mise en échec corporelle est la principale source de commotions cérébrales et de blessures des jeunes joueurs, l’étude a pu aider les spécialistes à déterminer que cette action défensive n’est pas si importante dans le développement des joueurs de haut niveau et devrait être utilisée qu’à des niveaux supérieurs (Fortier, 2014).

Dans le même ordre d’idées, Kolstad et ses collaborateurs ont fait la même étude pour des joueurs de hockey de catégorie bantam (âgés de 13 à 14 ans) évoluant dans les ligues où la Colombie-Britannique est incluse et dans les ligues où la Colombie-Britannique n’est pas incluse (Kolstad, Nadeau, Eliason, Palacios-Derflingher, Goulet & Emery, 2017). Les résultats de cette étude révèlent également qu’il n’existe pas de différence significative en ce qui concerne la mise en échec corporelle entre la performance offensive des joueurs de hockey de catégorie bantam (âgés de 13 à 14 ans) évoluant dans les ligues où la Colombie- Britannique est incluse et dans les ligues où la Colombie-Britannique n’est pas incluse. Cela

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implique donc les mêmes conclusions que l’étude de Fortier (2014) à savoir qu’il est peut- être nécessaire de revoir la réglementation de l’application de la mise en échec corporelle chez les jeunes joueurs de hockey.

Ces conclusions démontrent qu’il est possible d’utiliser des adaptations du TSAP pour mesurer la performance des joueurs dans les sports collectifs comme le basketball par exemple. La polyvalence de cet outil le rend particulièrement intéressant pour qu’il soit utilisé à plus grande échelle dans les sports collectifs surtout à des niveaux de compétition élevés où les détails comptent et peuvent faire la différence sur la victoire ou la défaite. Il est toutefois nécessaire de valider la procédure et les éléments d’observation pour chaque activité afin d’être certain que les caractéristiques de ces sports sont tenues en compte dans l’observation des variables et dans le calcul des indices de performance.

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